41 me Année.
Ko 4,200.
LE VIEUX PROSCRIT.
LE PROPAGATEUR
pour la ville 6 fr. par as,
4 fr. pour 6 mois, 2-50 pour
trois mois.
FOI CATHOLIQUE. CONSTITUTION BELGE.
pour le dehors fr. 7-50 par
an, 5 fr. pour 6 mois, 2-75
pour 3 mois.
7PF.S5, 30 Janvier.
revue politique.
S'il en faut croire une correspondance reçue
de Rome par la voie de Marseille, la police
pontificale avait saisi le fil d'un complot révo
lutionnaire qui devait éclater le i5 janvier.
Des rassemblements attendaient le mot d'ordre.
Nous ne prétendons pas garantir l'exactitude
de celte nouvelle. Seulement il est probable que
si le i4 l'attentat contre la vie de Napoléon III
avait réussi des tentatives de soulèvement
n'eussent éclaté en même temps sur plusieurs
points de VEurope. Il n'y a en effet qu'à se
rappeler cet autre complot tramé contre l'em
pereur des Français dans le courant du prin
temps de 1857, en coïncidence avec les émeutes
de mai Bruxelles, Anvers, Jemmapes, les
troubles de Gênes et de Pise, et l'expédition de
Pisacane.
Des individus arrêtés précédemment
Ascoli ontavoué, dit-on, qu'ils faisaient partie
d'une société secrète qui a commis cinquante
assassinats politiques depuis i85o.
Un décret impérial divise la France en cinq
grands commandements militaires exercés par
des maréchaux, dont les sièges sont Paris,
Nantes. Lyon, Toulouse et Tours. Cette con
centration a pour but de donner l'action de
l'armée plus d'unité et de force.
On parle très - sérieusement de la constitution
d'un Conseil de Régence, destiné prendre en
main la gestion des affaires pour le cas où
l'empereur viendrait mourir avant que le
prince impérial n'eût atteint l'âge de sa majo
rité politique.
Le projet soumis au Sénat et tendant
obliger les candidats au Corps législatif
prêter au préalable serment la Constitution,
non - seulement déclare nuls les suffrages
accordés aux éligibles qui n'auraient pas rem
pli les formalités requises, mais commine en
outre une pénalité contre ceux qui auraient
contrevenu ces prescriptions.
I.
Aux confias de la Sibérie, derrière ces intermi
nables forêts de bouleaux dont rien n'altère l'ef
frayante monotonie, s'élevait au commencement
du dix-huitième siècle, un petit village entouré de
terrains marécageux et composé d'une cinquantaine
de cabanes aussi chélives que les malheureux
qu'elles abritaient. Il s'appelait Besorowa et était
situé dans le désert d'Iabouska, a plus de quinze
cents lieues de Moscou. Ce village était, pour ainsi
dire, le supplément de Tobolsk, le rendez- vous des
exilés qui n'avaient pu trouver de place dans la
ville capitale de la Sibérie. Tous les paysans cou
verts de guenilles, tous les mougiks a barbe inculte
qui formaient la population de Besorowa avaient
connu un autre fortune et vécu longtemps dans la
prospérité.
Ces courtisans disgraciés étaient réduits a creu
ser des raines et uourrir de leurs sueurs des terres
infécondes. Mais, parmi les malheureux condamnés
passer leurs jours dans ce douloureux exil, il n'en
Le Tunes et le Moruing-Post assurent que
VAngleterre peut expul er les complices avérés
d'un crimemais qu'elle ne pourra jamais
expulser des réfugiés. Conlradictoirement
celte dernière assertion, le Pays attribuait der
nièrement la couronne d'Angleterre la préro
gative d'expulser des étrangers du territoire
britannique il invoquait ce sujet le témoi
gnage du Moruing-Post lui même. La feuille
impérialiste rappelait également /'alien bill,
par lequel le Parlement autorisa diverses
reprises le gouvernement anglais exiger de
tout étranger les garanties les plus sévères
avant que de lui accorder un permis de séjour.
Les nouvelles de Calcutta disent que sir
Colin Campbell rassemblait, Cawnpore, une
armée pour entrer dans l'Oude. Une lettre de
Londres mentionne un fait bien grave s il est
confirmé. L'insurrection aurait envahi tout le
Mysore, l'ancien royaume de Tippoo Saïb et
de Uaïder-Ali. qu'habite une population très-
énergique de 3 millions environ.
Quoiqu'il en soit l Angleterre en est encore
aux élans patriotiques de la joie que lui in
spire le mariage de la princesse royale avec le
prince Frédéric - Guillaume fils unique du
prince de Prusse et par conséquent destiné au
trône de ce grand pays.
CHAMBRE DES REPRÉSENTANTS.
La discussion du budjet de la dette publique a
donné lieu, dans la séance du 26, k des observations
sur les pensions militaires dont le chiffre s'accroit
d'année en année. MM. Rodenbach et Loos se sont
élevés contre le système actuel des mises la
retraite. L'honorable député de Roulers a réclamé
une interprétation plus économique que celle qui
est en usage aujourd'hui. Il y a, dit M. Rodenbach,
des officiers de cinquante-cinq ans et plus qui sont
très-valides et capables de rendre d'excellents
services. Pour les médecins, par exemple, ce n'est
guère qu'à cet kge, fixé par la retraite, qu'ils ont
était pas un qui le supportât avec plus de fermeté
qu'un vieillard dont la vie était restée couverte
d'un voile impénétrable. Soit qu'il craignît, en
révélant la cause de ses infortunes, de rouvrir des
blessures peine cicatrisées soit qu'il eût peur que
son nom ne lui ravit parmi ses compagnons la con
sidération dont ils entouraient ses cheveux blancs,
le vieux proscrit, comme on l'appelait 3 Besorowa,
n'avait jamais voulu divulguer le secret de ses
larmes.
Exemple de courage, modèle de résignation, il
avait élevé lui-même son nid dans le désert et sa
cabane, bâtie avec quelques branches d'arbres de
la forêt, décelait dans la forme de sa construction
une main dès longtemps expérimentée, ou rendue
savante par le malheur. Trois arpents de terre, une
vache et deux moutons de l'Ukraine composaient
toute sa fortune; un jeune garçon et deux belles
filles étaient tout ce qui lui restait d'une famille
jadis nombreuse et puissante.
Uu soir d'hiver de l'année 1742, le vieux pros
crit, ses trois enfants et un mougik dont les yeux
étaient a demi voilés par un monstrueux bonnet de
acquis toute l'expérience de leur difficile profession.
M. Loos a parlé dans le même sens. M. le ministre
de la guerre a promis d'examiner scrupuleusement
la question.
Le budjet de la dette publique a été voté et fixé
fr. 37,83o,555-84 c.
En séance du 27, la Chambre a voté un crédit de
942,000 fr. au département de la justice, un crédit
de72,3?4 fr. 64c. aux travaux publics, un crédit
de 392,683 fr. 25 c. au même département, pour
créances arriérées.
M. le ministre de la justice a présenté nn projet
de loi sur le pharmacopée belge.
Par rapport aux modifications que la Chambre
paraît disposée k introduire dans la loi sur les mises
k la pension militaire, le Moniteur de VArmée se
demande: Quand comprendra-t-on que ces oscil
lations incessantes que l'on imprime k nos institu
tions militaires, k ses lois d'organisation, jettent et
entretiennent une crainte et nne inquiétude conti
nuelles dans l'armée? Quand reconnaîtra l-on que
les dispositions que l'on montiek soo égard, tantôt
k propos d'économies, tantôt sons d'autres prétextes,
affaiblissent et ruinent sa force et son moral?
Comment veut on qu'elle possède cette foi en
elle même, cette énergie, ce dévouement sans bor
nes, si on la veut toujours dans un état précaire,
si son existence et ses lois sont tous les jours
remises en question
La loi générale des pensions admet l'âge de
soixante-cinq ans, comme celui de la retraite,
pour les employés civils. C'est celui où nos géné
raux de division doivent être pensionnés. Est-ce
que l'on trouvera que c'est trop tôt? quel est donc
l'homme qui, arrivé k cet âge, peut encore rester k
cheval sept k huit heures par jour et remplir
facilement et convenablement le service actif d'un
officier général?
Les officiers subalternes sont retraités k l'âge de
cinquante-cinq ans. Si leur service ne demandait
que la peine de s'asseoir dans un bon fauteuil
devant un bureau, dans une chambre bien chauffée
peau d'ours, étaient réunis autour d'un feu de bou
leau un sileoce profond régnait dans la cabane; il
n'était interrompu que par les aboiements éloignés
de plusieurs chiens de Sibérie, qui poursuivaient
dans les steppes uu renard noir ou un ours blanc
dont ils avaient la trace.
Le vieillard, assis par terre, raccommodait avec
une remarquable dextérité les mailles d'un filet
qui devait lui servir k pêcher quelques esturgeons
dans la rivière de Chalanga, taudis que le mougik
parcourait attentivement une petite Bible russe, sur
laquelle on voyait reluire les figures grossièrement
enlumiuées de saint Serge et de saint Alexandre
Newski. Tout k coup le loquet de bois qui fermait
la cabane se souleva, et un voyageur vêtu d'un
habit d'officier, qui par sa couleur ternie et ses
déchirures ne devait pas être d'une date rocente,
entra et approcha du feu ses uiains engourdies par
le froid.
Sois le bienvenu, dit le vieux proscrit en
attirant un banc auprès du foyer et en désignant au
voyageur une cruche d'bydromel et uoe miche de
pain noir, voila pour apaiser ta soif et ta faim.