de leur témérité. Lorsque le jeu régulier des instiiulioos amène un nonveau ministère, l'oppo sition qu'il rencontre est circonscrite dans la mesure de la minorité qui s'élè»e contre lui. Mais lorsque les portefeoilles sont le prix de la ruse et de la violence, voyez ce qui se passe: de l'intérieur, les ministres sont poussés vers les idées démagogiques, de l'extérieur, ils sont poussés vers les idées abso lutistes ils sont le jouet de deux courants qui se combattent, et entre lesquels ils risquent d'être abîmés. Les difficultés que rencontre le ministère du 10 novembre, n'émanent pas de l'opposition, elles naissent de la majorité même, elles naissent de l'esprit de désordre qui souffle sur toute l'Europe. La minorité se croise les bras et regarde passer les évèuemeuts. La punition du ministère consiste comprendre, après l'heure de la mêlée, qu'il est des triomphes qui compromettent plus qu'ils n'hono rent, qu'il est des alliés plus daogereux qu'utiles, et que l'on ne joue pas impunément avec le feu dans un petit pays qui touche aux frontières d'un peuple très-grand et très-inflammable. Aussi l'em barras, la gêne, la contrainte du ministère o'échap- pent-ils pas aux yeux les moins clairvoyants. Ces hommes de 18^7 ne sont plus reconnaissables eux, si loquaces, si hâbleurs, si osés, si entrepre nants, ils ne disent rien, ils ne font rien. Jamais ministres ne se sont trouvés dans une position plus fausse que celle de MM. Rogier et compagnie. Ils se posent en représentants du pro grès continu, c'est-b-dire, de la révolution per manente; c'est grâce b leur présence au pouvoir que la République de i848 n'a pas dû passer par la Belgique, et ils sont reportés au pouvoir b une époque où le monstre socialiste est mnselé parfont, b la grande satisfaction de tous les honnêtes gens; b une époque où, en Angleterre, les libéraux cèdent la place aux conservateurs, qui sauront bien réprimer et flétrir l'assassinat politique sans froisser les susceptibilités nationales. Chez les grandes nations, le pouvoir est replacé sur sa base. En France, en Autriche, en Angleterre, en Italie, le repos et le bien-être ont été ramenés avec l'ordre. Souffrira-t-on qu'en Belgique el en Piémont, deux orgueilleux parvenus, M. De Rogier et M. De Cavour, continuent de lâcher bride aux passions anti-catholiques et anti-sociales? Ils sentent bien que non. De la cette réserve, ce langage obscur pour cacher des palinodies, ces actes équivoques pour cacher des inconséquences. Les discours en faveur de la poursuite d'office en trois provinces d'Algérie, s'était rembarquée, et la division d'Oran eut bientôt b soutenir des attaques réitérées qui ue lui permirent pas de conduire b Tlemcen ce premier convoi de vivres dont l'absence commençait b se faire cruellement sentir. Quelques semaines après l'occupation, Tlemcen était complètement bloqué, et au bout de trois mois, 00 commençait b ne plus manger. Par exem ple, l'eau ne manquait pas. Il y en a partout, b Tlemcen, et de la meilleure, nous l'appellions la chainpagne de Tlemcen qui, aujourd'hui, fournit l'excellent vin auquel on peut véritablement donner ce nom. Si bonne qu'elle soit, l'eau ne nourrit pas trop, et la faim redoublait avec d'autant plus de fréoésie que, du haut des remparts et des minarets du Méchouar, la garnison pouvait, chaque jour, con templer d'inoombrables troupeaux venant tran quillement paître l'herbe toujours fraîche et tendre qui croît b l'abri des oliviers séculaires dont s'énor- gueillit cette riche province. Attaquer de vive force ces troupeaux, gardés par des myriades de cavaliers, c'était se faire tuer mal b propos, et le capitaine Cavaignac se serait bien gardé de sacri fier inutilement les hommes dévoués qu'il com mandait. Ce qui chagrinait le plus la garnison, c'était de ne pouvoir donner b ses quelques matière d'offenses envers les souverains étrangers, et les négociations avec le colonel Cbarras sont des exemples de leurs ténébreuses manœuvres. Ils sont entre le marteau et l'enclume: cette position n'est pas tenable. L'élection de M. Miiller b Liège est le triomphe de l'immoralité politique. Toutes les forces du libéralisme révolutionnaire se sont réunies contre le candidat catholique. La Tribune, qui accusait en 1851 M. Muller dl orgueil, de vanité, d'outrecuidance, de taquinerie, de haine et de basse vengeance, s'est rallié b l'élu du club et a aidé b élever tous ces vices sur le pavois. La Meuse, qui avait traité le Journal de Liège et son tédacteur Muller comme le dernier des parias, qui avait flétri maintefois la conduite louche et hypo crite de l'un et de l'autre, la Meuse s'est associée b cette œuvre misérable et a concouru ainsi b former des verges qui la flagelleront, elle, en première ligue. Lçs catholiques gagnent du terrain, ils en gagne ront encore, et ils auront un jour le plaisir de démolir la forteresse du libéralisme révolutionnaire. On écrit de Bruxelles, b la Patrie en date d'hier M. Rogier se trouve dans un grand embarras pour exécuter son projet relatif b la place de commissaire du district de Courtrai. Vous savez qu'il voulait destituer sournoisement M. Conscience et le placer comme professeur de littérature fla mande b l'université de Gand; mais les députés gantois qui ont leur candidat b eux, s'opposent formellement b cette combinaison. Votre ex-gouverneur, M. le baron De Vrière, en est tout mortifié ne voulant pas être taxé d'ingratitude par les siens, il avait en réserve, pour remplacer M. Conscience, un sien cousin, M. le vicomte Alex, de Nieuport, maquignon très expérimenté, dont les connaissances spéciales de voltige et de haute école n'ont jamais été révoquées en doute. C'était sur lui que le ministère avait jeté les yeux pour mener l'arroudissement de Coortrai b la chambrière. Mais deux obstacles se présentent le premier provient de l'opposition des députés gantois b ce que M. Conscience remplace b Gand M. Heremans, qui jusqu'ici a donné le cours de littérature fla mande; le second vient seulement de naître, et ce sont les journaux libéraux qui en ont mêlé le public. D'après eux, M. le vicomte de Nieuport, malades une nourriture capable de réconforter ces pauvres diables, réduits b manger une espèce de pain noir comme de l'encre, confectionné avec les balayures des silos au fond desquels une poule n'aurait pas trouvé le plus petit grain d'orge ou de blé. Comme bien d'autres j'ai mangé de ce pain-lb et je ne m'en porte pas plus mal; mais, cependant, j'ai bien des fois regretté les beaux croûtons de pain blanc de la maison paternelle! L'audace des Arabes s'augmentait en proportion de la diminution des subsistances. Ne voyant plus sortir de la place, pour aller au Pâturage, les trois ou quatre bœufs malingres conservés le plus long temps possible, ils eu augurèrent que la garnison, réduite b la dernière extrémité, ne tarderait pas b se rendre, et ils attendaient patiemment l'instant où tous les Français étant morts de faim, la ville ne serait plus difficile a prendre. C'était un assez bon calcul, mais ces braves Bédouins comptaient sans la compagnie des déterminés, que le capi taine Cavaignac venait d'organiser. II. La compagnie des déterminés. La compagnie des déterminés, son nom l'indique assez, était composée d'hommes de bonne volonté et de résolution, au nombre de cinquante, et le étant b Paris, aurait eu maille b partir avec la police française b cause de ses rapports avec les réfugiés résidant en Belgique et on l'aurait prié de repartir au plus vite. Or, vous comprenez que l'on ne peut mécon tenter M. Barrot au point de nommer commissaire d'un district-frontière un homme suspect a la police impériale. Tous les fruits de l'aggravation de la loi-Faider pourraient être gâtés. Mais aussi, pourquoi la presse libérale est-elle indisciplinée au point de commettre de pareilles indiscrétions? A la place de M. Rogier, je lui donnerais les étrivières et l'obligerais b démentir son récit. Ce serait ud expédient. Un autre serait de prétendre que le cousin de M. de Vrière n'est pas le vicomte de Nieuport dont la police parisienne est mécontente. Auquel s'arrêlera-t-on? Peut être au premier; peut-être b tous les deux a la fois. Quel que soit le parti qu'on adopte, M. l'échevin Herman, de Courtrai, qui est le concur rent de M. de Nieuport pour la place de commis saire de district, doit croire que par l'a ses actions vont hausser; le brave homme se trompe; il y a pour lui des obstacles non moins invincibles, et les plus graves ne viennent pas de ses adversaires ce sont ses amis qui les suscitent. Quelpartihoraogènequeleparti del'émeute.» Les routes et les plantations qui les bordent, les chemins vicinaux,les droits de barrières, les péages des ponts et des canaux, l'élagage, l'amélioration des rivières et la reconstruction de l'entrepôt d'Anvers, tels sont les divers objets dont s'est occupée la Chambre pendant sa séance de lundi. Le résultat positif acquis est l'application cer taine, aux chemins vicinaux, des sommes déduites des crédits pour la construction des grandes routes, qui, par la création et l'extension constante de nos voies ferrées, rendent b devenir chaque année moins nécessaires. M. le ministre de l'intérieur, interpellé par M. A. Vandenpeereboom, a volontiers consenti b ce transfert. On a publié une réclamation que le conseil communal et quatre-vingt-quatre habitants de Ste-Marie (Neufchâteau) ont adressée au Roi contre la révocation de leur bourgmestre, M. Dasnoy. Le Moniteur belge a donné b ce sujet quelques explications qui auraient pu faire croire que la mesure prise contre cet houorable citoyen n'avait lecteur ne va pas tarder b juger s'ils méritaient d'être appelés ainsi. Tout en s'approchant de la place, le gros des Arabes avait soin, pendant le jour, de se tenir hors de portée des canons du Méchouar, où les tnuDi- tions de guerre étaient un peu plus abondantes que les munitions de bouche; mais, le soir, les troupeaux entraient en masse sous le couvert de la forêt d'oliviers où par une belle nuit de prin temps se passa une scène de haut comique, joue'e par tous les artistes de la compagnie des détermi nés, au milieu de laquelle brillaient les premiers sujets composant la troupe dramatique chargée d'égayer la garnison, b force de comédies impro visées. A cinq heures du soir, une sortie générale avait eu lieuafin de masquer les préparatifs nécessaires b l'exécution du plan du capitaine Cavaignac. Les maraudeurs arabes qui rôdaient sans cesse dans les jardins dont les environs de b ville sont couverts, furent repoussés au-delà de'3 foret, et le détachemeut, après quelqces coups de fusil, rentra au fort, affaibli de cinquante bommes que nous allons retrouver tout b l'heure. A minuit, un calme profond régnait sous Ie5 ombrages épais des oliviers où, comme d'habitude, iles troupeaux étaient accourus aussitôt après b coucher du soleil. Les étoiles seules brillaient dans

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Le Propagateur (1818-1871) | 1858 | | pagina 2