41me Année
No 4,234.
4FR POUR 6 MOIS 2-50 POUR FOI CATHOLIQUE. CONSTITUTION BELGE. A», 5 FR. POUR 6 MOIS, 2-75
7FB.SS, 28 AVRIL.
LE PROPAGATEUR
fi 1V POUR LE DEHORS FR. 7-50 PAR
POUR LA VILLE G FR. PAR A?f. u n -,
POUR 5 MOIS.
TROIS MOIS.
REVUE POLITIQUE.
Quoiqu'on en ait dit, d'après des renseignements
erronés, les jurisconsultes de la couronne d'Angle
terre sont d'opinion que la saisie du Cagliari est
illégale. Une feuille libérale avancée, l'Opinione
de Turin, prétend avoir appris que lord Malmes-
bury accorderait au Piémont son appui moral dans
cette affaire. Elle trouve que c'est peu, et elle n'a
pas tort. M. de Cavour comptait évidemment sur
quelque cbose de plus.
La Chambre des Députés sardes a adopté en
principe la loi Deforesta la majorité de 129
voix contre 29.
Les nouvelles de Suède signalent une récru-
descence nouvelle du fanatisme protestant. Le
chancelier du royaume vient de remettre la cour
royale de Stockholm les pièces du procès intenté
en i8Ô2 h quelques pauvres femmes accusées
d'apostasie. Ces femmes, en d'autres termes, sont
revenues la vraie religion que leurs pères avaient
apostasiée, elles ont embrassé le catholicisme. Or,
dans ce pays où règne la religion du libre examen,
Vapostasie du luthéranisme est punie d'exil. On
espérait que les lois seraieni modifiées suivant les
vues sagement libérales et modérées du roi Oscar,
et l'instance est demeurée suspendue durant cinq
années. Aujourd'hui cependant la maladie du roi
et les opinions connues du régent invitent l'into
lérance luthérienne lever la tête. On ne peut
guère avoir de doute sur l'issue du procès les lois
sont formelles. Déjà les accusées ont beaucoup et
longuement souffert pour Jésus Christ, Dieu semble
leur réserver la gloire de souffrir encore. C'est
une gloire de plus, remarque un journal religieux,
qu'il veut donner son Eglise par ce témoignage si
héroïquement rendu par de pauvres femmes, et
c'est aussi une honte de plus que l'hérésie se pré
pare par cette iniquité qui viole la fois les droits
absolus et inaliénables de la vérité et ceux que,
sous le nom de libre examen et de liberté de
conscience, l'erreur elle-même reconnaît l'er
reur.
Les correspondances du Nouveau-Monde repré
sentent les forces américaines expédiées contre les
Mormons de l'Utah comme réduites l'inaction
jusqu'au retour de la belle saison et attendant des
approvisionnements, les vivres touchant leur fin.
Au Mexique, le pouvoir de Zoloaga se consolide
par les victoires de ses lieutenants. Près de Sala-
manca les tenants du parti libéral ont éprouvé une
déroute complète, et le général Ozollo, qui com
mande I armée présidentielle, s'est emparé de
Cuadalajarra, où il a fait prisonnier tout le person
nel du gouvernement de Tuarez. Cependant la
Vera-Cruz tient toujours pour le parti vaiucu.
S il faut s en rapporter au Times, l'Empereur
de la Chine aurait destitué Yeh, et lui aurait donné
un successeur chargé de traiter avec les Européens.
On sait les pompeux bulletins publiés par la
presse britannique et ses correspondants sur la prise
de Lucknow et leurs brillants commentaires ce
sujet. Un correspondant de la Gazette de France
expose sous un tout autre aspect l'état des choses
et le cours des événements. Le général anglais,
dit-il, a dû forcer des barricades et des maisons
percées de meurtrières, l'abri desquelles les
soldats indiens ont fusillé k leur aise et en toute
sécurité les soldats de la compagnie, dont pas moins
de 1,800 sont restés sur le terrain dès la première
attaque. Par contre pas un seul des combattants
indiens n'a été saisi mort ou vif, tant leur retraite
a été habilement ménagée et exécutée avec liberté.
En effet, c'est après avoir fait payer cher un
avantage illusoire que l'armée indienne s'est aisé
ment retirée en trois colonnes, au nombre de
62,000 soldats. Ces trois colonnes ont dû défiler
en bon ordre, avec canons, caissons, bagages, etc.
la vue des conquérants désappointés. Pour ne
rien saisir, pour ne rien détruire, enfin pour être le
seul perdant, Campbell s'est hasardé 700 milles
de Calcutta, qui est toujours sa base d'opérations,
pour rencontrer un ennemi leste, bien pourvu, et
dont la force et l'habilité croissent k vue d'œil...
Il doit donc bien vite retourner a son point de
concentration, qui est Allahabad, et tâcher d'y
vivre pendant les huit mois qui commencent et
qui seront mortels a passer.
Cependant les mutins vont énormément se
recruter. Ou vient même de constater que l'armée
iudienne compte déjk dans ses raogs vingt-deux
bataillons de formation nouvelle, qui, par leur
tenue régulière et leur équipement, ne cèdeut
en rien aux vieux régiments qui ont abandonné le
service de la Compagnie.
De même que nos adversaires prennent leur
orgueil pour du libéralisme, de même ils s'imagi
nent que la malignité est de l'intelligence.
Ils affirment audacieusement qu'il n'y a parmi les
hommes que des trompeurs et des dupes; et,
comme ils n'entendeot pas être dupes, ils n'hési
tent pas se constituer trompeurs.
Ainsi, pour le parti de l'émeute, l'intelligence
consiste conquérir, par la ruse ou la violence, la
fortune et les honneurs; a décrier les catholiques,
et leur nuire dans leurs intérêts, ou provoquer
leur destitution pour s'emparer de leurs plaoes.
Etes-vous catholique? on vous dénie jusqu'à la
moindre des qualités, jusqu'à la moindre des aptitu
des; si l'on ne réussit pas vous faire passer pour un
ignorant, on aura recours la médisance, même
la calomnie, pour ébrêcher votre estime et votre
considération. Il est des gens et des journaux de
bas étage qui ces rôles infimes sont départis?
Etes-vous libéral? oh! vous êtes né avec une
belle intelligence, vous possédez les qualités les
plus brillantes de l'esprit et du cœur vous avez la
science infuse; vous êtes apte aux plus hautes
fonctions. Le parti de l'émeute a organisé, depuis
longtemps, une société d'admiration mutuel
le. Excellente invention pour les miliciens de
l'avenir. Ils sortent de l'université et crient je
suis libéral. On répond médecin expérimenté.
Je suis libéral. Avocat distingué. Je suis
libéral, je suis libéral. Homme savant, savan-
tissime. Et voilà le secret de toutes ces incommen
surables intelligences.
Les prétendus libéraux se comptent, se réunis
sent et s'organisent; ils se préoccupent, non-
seulement des élections aux Chambres, mais aussi
des élections provinciales et communales; ils
abusent de la loi sur les patentes pour créer des
électeurs de leur bord, ils dégoûtent les électeurs
indépendants en exigeant des justifications difficiles;
ils faufilent leurs suppôts daus toutes les adminis
trations inféodées l'Hôtel-de-ville, même dans
les administrations de bienfaisance; ils pèsent par
tous les moyens imaginables sur les électeurs, et se
vengent impitoyablement de ceux qui résistent.
Yoilà pourquoi ils se disent intelligents!
Les conservateurs, au contraire, trop confiants
dans la vérité de leurs principes et la justice de
leur cause, ne se concertent pas et n'agissent pas
avec ensemble; leurs efforts sont isolés et partant
inefficaces. Ils ont été trahis par les libéraux
unionistes; ils ont vu le parti de l'intolérance
envahir successivement toutes les positions politi
ques et administratives; il est même des coryphées
de ce parti qui ont tenté des empiétements sur le
domaine religieux, et malgré les plus chaleu
reuses exhortations le parti constitutionnel s'endort
dans une fausse sécurité. Voilà pourquoi nos adver
saires nous lancent,en ricanant, la qualification de
crétins
Que les catholiques n'aient plus l'air de rougir
de leurs croyances, qu'ils traduisent leurs facultés
en actes, et le vice effronté et les faux-sages
cesseront bientôt de rire... ils grinceront des dents.
Dénaturer les faits, inventer même s'il le faut des
mensonges, telle est l'honnête tactique de certaine
presse pour dénigrer, calomnier le clergé; s'il n'est
plus donné ces misérables feuilles d'attaquer le
clergé de leur localité ou de leur voisinage, parce
qu'à l'instant leurs mensonges sont découverts,
elles supposent des faits arrivés ailleurs, car il faut
ces maniaques satisfaire au besoin d'aboyer la
soutane.
Ces réflexions nous sont suggérées par la lecture
de l'article suivant de L'Union de Louvain
Nous avons, dit ce journal, été indignés de voir
la manière dont le Progrès a annoncé un soi-
disant scandale qui se serait passé dans la succession
de la Dciu Hermans, marchande de fer en cette
ville.
Il n'est bruit, dit—il, en ville que du testa-
ment par lequel Mademoiselle Hermans, dé-
cédée il y a peu de jours, rue de Tirlemont a
institué pour son légataire universel un jeune
prêtre qui n'est pas son parent.
Les faits qui circulent sont gravesnous
ne les communiquerons nos lecteurs qu'après
nous être assuré de leur vérité.
Nous disons nous qu'une pareille annonce, faite
dans des termes dont od a soigneusement mesuré la
portée pour éviter les étrivières du Code pénal, est
un procédé malhonnête et indigne d'hommes qui
se respectent. Mais quand il s'agit d'aboyer la
soutane, quel est donc le moyen que la presse
libérale répudie.
Voyez quelle charmante antithèse une demoi
selle lègue un jeune prêtre! Comme cela prête
bien aux gloses et aux cancans!.... Par malheur la
demoiselle avait soixante et onze ans....
Mais le Progrès s'est bien gardé de le dire.
D'après des renseignements que nous avons pris