41me Année.
Samedi 8 Mai 1858.
No 4.23Î.
7??. 22 S, 8 Mai.
LIBERTE D'INSTRUCTION.
LE PROPAGATEUR
POUR LA VILLE 6 FR. PAR Alt,
4 FR. POUR 6 MOIS, 2-50 POUR
TROIS MOIS.
FOI CATHOLIQUE. CONSTITUTION BELGE.
POUR LE DEHORS FR. 7-50 PAR
AN, 5 FR. POUR 6 MOIS, 2-75
POUR 3 MOIS.
REVUE POLITIQUE.
L'existence du cabinet Derby, qui jamais
ne disposa beaucoup près, de la majorité
dans la Chambre des Communes, se trouve
gravement compromise. On s'attend ce que
la discussion du bill réformant le serment
parlementaire que les lords renvoyent amendé
aux Communes ne fournisse la seconde
Chambre une première occasion d'émettre un
vote défavorable sa politique ou du moins
ses tendances.
L'accord s'est néanmoins encore établi der
nièrement sur la question du gouvernement de
l'Inde. La Chambre et le ministère ont égale
ment accueilli le transfert du gouvernement de
l'Inde la couronne, sans tenir compte de
l'opposition intéressée de la Compagnie
On s'explique d'ailleurs aisément la défa
veur qui s'attache la gestion de cette dernière,
alors quelle se montre aussi impuissante
faire rentrer sous la loi de la mère-patrie les
contrées commises sa tutelle. En effet les
dernières nouvelles sont loin de représenter la
situation des Anglais comme favorablement
changée depuis la prise de Lucknow. On com
mence très-sérieusement craindre, dit une
correspondance de Bombay, que la répression
de l'insurrection ne dure encore une année au
moins. Les insurgés restent toujours réunis en
masses considérables, et bien qu'il ne soit pas
probable qu'ils puissent désormais se concentrer
dans une ville fortifiée, comme Delhi ou Luck
now, il est certain que, loin d'être découragés,
ils se proposent non seulement de prolonger leur
résistance, mais encore de prendre l'offensive.
Plusieurs échecs, dont deux peuvent être
assimilés des défaites ont été essuyés en
dernier lieu par les Anglais. Maintenant Sir
Campbelllaissant une garnison nombreuse
pour garder la ville déserte qu'il vient de con
quérir, va marcher sur Fyzabad, la seconde
capitale du royaume, dont la prise est indis
pensable pour assurer les résultats de la
campagne. Fyzabad occupé, il ne restera plus
l'insurrection d'autre point d'appui que
Bareilly. Mais la réduction de ces deux places
avant la saison des chaleurs ne paraît point
réalisableles chaleurs venues, il faudra bien
que le général en chef sursoit son entreprise
s il n y veut voir succomber le peu de troupes
européennes dont il dispose. Depuis le com
mencement de la révolte les combatsles
maladies et le climat ont déjà dévoré plus de
60,000 hommes.
Pendant que les cipayes bravent ainsi toute
la puissance et toutes les fureurs de leurs su
perbes oppresseurs, l'Angleterre et ses hommes
d Etat, en sont encore chercher chicane au
roi de Naples. John Bull s'indigne de ce que la
marine napolitaine ait mis la main sur le
Cagliari, au moment où, sous pavillon sarde, il
ne venait que de débarquer sur les côtes du
royaume une troupe d'insurgés et de bandits.
L'indignation de John Bull est toute simple il
convoite la Sicile bien qu'au besoin il lui suffi
rait de la voir aux mains d'un homme de
paille, tenant de lui sa couronne et partant
inféodé sa politique mercantile. Le duc de
Gênes frère de Victor-Emmanuelque les
révolutionnaires de 48 appelèrent un moment
régner, serait cet homme. Le chef du gouver
nement français a assujéti sa politique ces
vues intéressées. De son côté la presse pseudo
libérale fait assaut d'invectives et de calomnies
pour noircir le roi Ferdinand. Mats en dépit
de leurs haineuses assertions, il n'en n'est pas
moins constant que les Etats soumis la cou
ronne de Sicile l'emportent sous le rapport du
bien-être matériel même sur la plupart des
autres pays. Le tort du roi de Naples, c'est son
attachement au catholicismeet d'avoir su,
constamment tenir tête la Révolution. Dans
ces clameurs, dirons-nous avec l'un de nos
confrères dans ces clameurs incessamment
dirigées contre un prince qui travaille avec
persévérance au bonheur du peuple nous
voyons la preuve la plus manifeste de ses ver-
tusetdesa sagesse. En considérant l'opiniâtreté
avec laquelle on s'efforce de rendre odieux le
caractère de S. M. Sicilienne nous sommes
tentés de dire avec la reine Christine de Suède
que la gloire d'un souverain consiste être
calomnié pour avoir fait le bien.
RÉPONSE AU CONSEIL COMMUNAL.
Examinons les motifs et les allégations du Con
seil communal.
Nous avoDS démontré déjà que c'est tort que le
Conseil communal veut prouver son opinion et
légitimer 'l'action des administrations charita
bles de cette ville par l'art. 5 de la loi du 23
Septembre i842.
Confirmons encore notre démonstration par le
paragraphe suivant de la circulaire ministérielle du
20 Mai i844
D'après la loi, dit le ministre, l'instruction
gratuite n'est donnée qu'aux enfants de ceux qui
veulent en profiter les citoyens sont libres d'ac-
cepter on de refuser ce bienfait; une admiuistra-
tion communale ne peut contraindre les enfants
pauvres la fréquentation des écoles contre le
gré de leurs parents.
Dans toute la loi sur l'instruction primaire, il
n'y a pas d'autre article sur lequel le Conseil
communal puisse baser sa conclusion.
Restent donc l'amendement proposé et retiré
par M. Pirson dans la séance du 12 Août i842,la
déclaration faite ce sujet par M. Notbomb, et
l'instruction ministérielle du 20 Mai 1844.
Si cette base n'est pas formellement légale, elle
pourrait suffire cependant au Conseil couimuoal et
aux administrations charitables pour se former
l'opinion, qu'en droit rigoureux la radiation de la
liste des pauvres dont les enfaDts ne fréquente
raient pas l'école, ne leur est pas légalement
interdite.
Suffit-elle pour que cette radiation généralisée,
convertie en une mesure préventive équivalant h
une pénalité légale, soit l'acte d'une administration
sage, éclairée, interprétant et appliquant la faculté
qui lui est laissée, d'après le droit naturel, le bon
sens, les exigences du bien être de ses administrés,
d'après l'esprit libéral de nos institutions?
Nullement. L'amendement de la section centrale
qui donnait aux parents pauvres le droit de choisir
l'établissement d'instruction pour leurs enfants, ne
fut pas adopté pour le motif que la commune
devait faire les frais; mais son but réel celui de
respecter et de sauvegarder le droit, la liberté de
la famille, contioua de persister dans l'esprit de la
législature; il devait remédier h un esprit trop
exclusif qui règne dans certaines villes. M. De la
Coste qui lui-même parla et vota contre l'amende
ment de la section centrale, disait en se fesant
l'écho de l'opinion de la Chambre Ce but rentre
complètement dans mes idées; je pense que si la
population se porte vers différentes écoles, il est
d'une sage administration de venir au secours
des unes et des autres un corps administratif, en
effet, ne doit pas se considérer comme un entre
nt preneur d'instruction, mais il doit ambitionner
de la propager, et avoir un juste égard aux vœux,
aux mœurs, aux besoins des habitants. Il n'y a de
a bon gouvernement, de bonne administration que
celui, que celle qui agit dans ce sens-là.
Aucune contradiction nes'éleva dans la Chambre
contre ces paroles si sensées; aujourd'hui encore
tout homme sincère en reconnaît la justesse. Or
défendre aux parents pauvres, sous peine de se voir
rayer des listes de secours, d'envoyer leurs enfants
une école gratuite bien organisée, établie en cette
ville, est ce là l'acte d'une bonne administration?
la faculté que M. Notbomb a reconnu exister et que
dans son instruction du 20 Mai 1844, il range
parmi les moyens de persuasion, doit-elle servir
par son application absurde, produire un effet
contraire aux bons résultats qu'on est en droit d'en
attendre, lorsqu'on ne s'en sert que d'après l'esprit
de la loi?
Voici comment M. De la Coste, continua ses
considérations ce sujet
Un honorable député de Bruges MDevaux.
Discus. génér. séance du 9 Août) a dit que sur
sa proposition, on avait accordé dans cette ville
un subside aux frères des écoles chrétiennes. Je
voudrais que dans chaque Conseil communal il
y eut un homme, je ne dirai pas assez sage pour
adopter ce système, car je crois qu'il y en aura
toujours plusieurs, mais assez influent pour le
faire adopter; je crois qu'alors l'honorable M.
Brabant (l'auteur de l'amendement de la section
centrale) serait parfaitement satisfait, et je désire
vivement qu'il obtienne cette satisfaction. Mais
je me demande s'il ne serait pas préférable que
le but fut atteiot, comme je viens de le dire, par
n la persuasion. Ne ressortira-t-il pas de cette
discussion, que c'est une chose juste et raisonna-
ble, laquelle personne ici ne s'oppose? Les
administrations muuicipales et provinciales ne
finiront-elles poiut par se rallier partout cette
idée? M. le ministre de l'intérieur ne poorrait-il
pas employer, noo pas son autorité, mais son
influence dans ce sens?
Loin donc que la législature ait voulu par