41me Année.
No 4,239.
FOI CATHOLIQUE. CONSTITUTION BELGE.
T??.3S, 15 MAI.
LE PROPAGATEUR
POUR LA VILLE 6 FR. PAR AN,
4 FR. POUR 6 MOIS, 2-50 POUR
TROIS MOIS.
POUR LE DEHORS FR. 7-50 PAR
AN, O FR. POUR 6 MOIS, 2-75
POUR 3 MOIS.
REVUE POLITIQUE.
Le re'sullat du scrutin ouvert dans la cinquième
circonscription de Paris, pour la nomination d'un
députe' au Corps législatif, est de nature h susciter
de tristes appréhensions pour l'avenir en ce sens
surtout qu'il dénote chez la majorité des électeurs
un aveuglement aussi pernicieux qu'incurable. Le
candidat de l'opposition démocratique, M. Picard,
vient de l'emporter sur M. Eckcandidat du
gouvernement, par io,4o4 suffrages contre 8,983.
M. Picard, dit une correspondance de Paris du
Journal de Bruxelles, est un homme très-avaocé
dans ses opioionsqui professe des principes
violents et subversifs, mais qui les professe le
sourire sur les lèvres, un révolutionnaire fond de
la mauvaise espèce. Il est actuellement avocat, il a
la parole facile. On espère trouver en lui un
orateur qui formera un triumvirat républicain avec
M. Jules Favre et M. Olivier. Au reste le titre
suprême de M. Picard aux yeux des électeurs de
Paris c'a été d'être candidat de opposition, et
Jacques Bonhomme a saisi de grand cœur cette
occasion de faire niche l'autorité.
Nous avons rapporté daus notre précédente
revue l'acte de spoliation exercé par le gouver
neur général de l'Inde sur les teries des rajahs de
l'Oude. Le cabinet britannique avait énergique-
ment censuré cette mesure par trop despotique, et
lord Ellenborough, dans sa dépêche, avait
même manifesté des sentiments de bienveillance
envers les insurgés de l'Oude, qu'il représente
comme n'ayant pris les armes que pour la défense
de la cause nationale.
Nous devons reconnaître, disait-il, que dans
ces circonstances les hostilités qui ont eu lieu daos
la province d'Oude ont plutôt le caractère d'une
guerre légitime que d'une révolte, et qu'on doit
traiter avec indulgence le peuple d'Oude plutôt
que de lui appliquer des punitions qui dépassent
par leur sévérité et leur étendue presque tout ce
que raconte l'histoire des traitements appliqués
aux nations subjugées. D'autres conquérauts, après
avoir réussi vaincre la résistance, ont fait grâce b
quelques personnes qui avaient mérité des puni
tions; mais, par une politique généreuse, ils ont
étendu leur clémence la grande masse du peuple.
Vous avez agi d'après un principe différent.
Vous avez fait une exception pour quelques indi
vidus comme méritant une faveur spéciale, et vous
avez fait tomber sur les habitants du pays, en
masse, ce qu'ils considèrent comme la punition la
plus grave.
Sans doute l'Europe civilisée et chrétienne tien
dra compte au cabinet britannique de ses généreux
sentiments. Mais John Bull chez qui la raison d'in-
terêt domine toute autre considération, s'est senti
profondément blessé dans ses calculs ambitieux et
cupides. L'orage qui depuis quelque temps déjb
s amoncelait contre l'administration tory et n'at
tendait qu'une occasion d'éclater s'est déclaré
enfin. Le Parlement, où cependant les symptômes
d un espvit plus équitable et plus généreux s'étaient
produits l'origine de cette affaire, le Parlement
aujourd'hui se soulève en grande majorité contre la
ligne de conduite tenue par lord Ellenborough et
ses collègues.
Dans l'uue et l'autre Chambre des motions de
blâme sont annoncées et semblent devoir rallier
les nuances les plus dissidentes. En attendant
toute la presse de l'opposition éclate en impréca
tions contre le cabinet qui, dit le Morning-Post,
s'est fait l'allié des cipayes contre l'armée anglaise.
Quelque soit l'injustice de ces incriminations, il
faut néanmoins reconnaître que l'attitude prise en
cette circonstance par le gouvernement est de
nature a encourager les insurgés dans leur résis
tance. La succession de l'administration actuelle
semble devoir tomber aux mains de lord Palmer-
ston et de lord J. Russell. On ne sait ce que
deviendrait alors l'alliance française dont ce der
nier est l'adversaire, tandis que lord Palraerston
paraît avoir été fort sensible l'accueil sympa
thique fait en France b l'avènement au pouvoir de
ses successeurs. Déj'a l'on annonce la retraite de
lord Ellenborough, dont la Reine a accepté la
démission.
Le Pays parle d'une dépêche secrète de sir
C. Campbell, dans laquelle le général en chef
insiste vivement pour l'envoi de renforts indispen
sables la suite de ses opérations. Malheureusement
les engagements volontaires sont nuls en ce mo
ment en Angleterre. Lorsque sir C. Campbell prit
le commandement en chef, les troupes britanniques
aux Indes s'élevaient i4,ooo hommes. Mainte
nant elles se trouveraient réduites a 5,000hommes.
La retraite du ministre de l'intérieur en Espagne,
M. Diaz, que l'on De savait b quoi attribuer, se
rattache b un système de gouvernement plus éner
gique qu'il aurait voulu faire prévaloir auprès de
ses collègues. Aiosi il exigeait la destitution de
plusieurshautsfonctionnaires qui aux Corièsavaient
voté contre le cabinet. Le refus de ses collègues
d'entrer danssesvues a amenéune ruptureentr'eux.
A l'ordre du jour de la séance publique du
Conseil communal eu date d'aujourd'hui Samedi
i5 Mai, se trouvait la question des eaux, qui
préoccupe vivement l'attention du public; l'on
désire généralement que nos édiles emploient des
moyens énergiques et efficaces et ne se contentent
pas de demi-mesures.
L'on a découvert, paraît-il, dans nos environs
plusieurs sources dont les eaux pourraient très
aisément être conduites dans les fossés de la ville;
outre celle que l'on trouve sur le mont de Kemmel
et celle qui depuis le percement du viaduc au
moulin brûlé, coule sans interruption, il en existe
une b la Hooge dont les eaux descendent vers la
ville; conduites par divers fossés elles traversent le
pavé de Zonnebeke, et passant par la campagne de
M. Carton vont se jeter dans le bief supérieur du
canal d'Ypres.
Si l'on parvenait conduire toutes ces eaux vers
les réservoirs de la ville, la quantité en serait-elle
suffisante pour satisfaire aux besoins publics? Se
rait-elle assez considérable en proportion des frais
qu'entraîneraient les ouvrages faire?
Certes, il est bon de mettre b profit tous les
avantages quelque mioces qu'ils soient, que nous
procurent les petits cours d'eau descendant des
hauteurs environnantes; mais l'exemple delà ville
d'OsteDde ne doit -il pas engager notre administra
tion b faire exécuter chez nous des travaux qui
auraient ici beaucoup plus de chances de succès en
considération de notre position topograpbique?
Nous publierons la délibération du Conseil com
munal, aussitôt que nous en aurons connaissance.
Lors des fêtes qui ont eu lieu a Dixmude, b
l'occasion de l'inauguration du chemin de fer de
Lichtervelde b Furnes, il a été beaucoup parlé du
projet de relier ce railway par une ligne directe de
Dixmude b Ypres.
Ce projet rencontre beaucoup de sympathie chez
nos voisins, parce que la réalisation en serait pour
eux un nouveau moyen de raviver leur cité et d'en
faire le centre commercial de la partie occidentale
de notre province.
Si la ville d'Ypres, qui par sa position semble
releguée au coin du monde, ne veut pas s'isoler
entièrement du mouvement général, elle doit se
relier de toutes parts avec les localités importantes
qui l'avoisineot, non seulement par les moyens
ordinaires de communication, mais aussi par ce
mode de transport qui donne de nos jours une aussi
grande facilité, un aussi grand essor aux relations
commerciales.
Nous ne doutons pas que si une société sérieuse
se présentât pour exécuter le projet dont il s'agit,
les grands capitalistes de notre localité ne fournis
sent un concours efficace; mais il s'agit de donner
la première impulsion; or ce n'est pas de quelques
particuliers isolés qu'il faut attendre cette action;
c'est le corps administratif, c'est le conseil commu
nal qui doit user de toute son influence, qui doit
faire les premiers pas et marcher résolument en
avant.
Nous avons entendu émettre une autre idée:
c'est celle d'un projet de chemin direct d'Ypres b
Thourout. Cette ligne serait-elle plus favorable b
nos intérêts, que le railway qui nous relierait avec
Dixmude et le Furnes-Ambacht? C'est une ques
tion b examiner.
Jeudi d',b onze heures,a eu lieu pour la première
fois de cette saison, une prise d'armes de la garde
civique. L'exercice s'est fait b la Plaine d'Amour.
Plusieurs journaux annoncent que sous peu il y
aura de grands changements parmi les gouverneurs
de province.
La nomination de M. Vrambout b la place de
gouverneur de la Flandre occidentale serait, dit on,
définitivement arrêtée.
M. Teichman, gouverneur d'Anvers, M. De
Macar, gouverneur de Liège seraient mis b la
retraite.
M. Dubois, gouverneur du Luxembourg serait
changé de résidence.
Déjb l'on désigne les candidats aux places va
cantes; le gouvernement de la province d'Anvers
serait destiné a M. Carton commissaire de l'arron
dissement d'Ypres, et celui de la province de Liège
b M. Vandarame commissaire de l'arrondissement
de Gand.