41me Année. No 4,240. FOI CATHOLIQUE. CONSTITUTION BELGE. LE MANDARIN YEH. PROPAGATEUR POUR LA VILLE 6 FR. PAR A!*, 4 FR. POUR 6 MOIS, 2-50 POUR TROIS MOIS. POUR LE DEHORS FR. 7-50 PAR AN, 5 FR. POUR 6 MOIS, 2-75 POUR 3 MOIS. 7??.3S, 19 Mai. REVUE POLITIQUE. Une première victoire a couronné les efforts du ministère anglais dans la grosse affaire de la proclamation du gouverneur général des Indes. La Chambre des lords a rejeté la motion du comte Shaflesbury la majorité de 167 voix contre 152. La cause du cabinet gagne également du terrain la Chambre des Communes. Ainsi [on fait valoir en sa faveur que la dépêche de lord Ellenborough n'a été rendue publique que sur les provocations réitérées de lord Grand ville. IL n'appartenait pas, dit-on, l'opposi tion de faire peser sur le cabinet la responsabi lité d'une publicité qu'avait en quelque façon exigée un de ses principaux chefs. Ensuite si on rapproche des interpellations de lord Grand- ville la conduite de M. Vernon Smith, cachant au comte Ellenborough la lettre par laquelle lord Canning promettait des explications ulté rieures sur sa proclamation, il est bien difficile de ne pas voir dans la conduite de l'opposition une intrigue. Le Sun, qui certes n'est point tory, est fort decet avis, et soupçonne les ex ministres de s'être antérieurement rendus coupables d'autres et semblables détournements. Les observations de M. Smith, dit il, relativement a la lettre supprimée, ont été accueillies par des rires ironiques qui ont bien fait voir que la Chambre était convaincue que lui et lord Palmerston ont été coupables d'une basse intri gue ourdie pour tenir lord Ellenborough dans ignorance de la véritable situation de notre empire des Indes. Un des correspondants du Times a accompagné Yeh, le vice-roi de Canton, des côtes de Cbine jusqu'à Calcutta. Il écrit de cette dernière ville que l'étude d'un homme qui est le second personnage du Céleste-Empire, qui a exercé un pouvoir des potique pendant de longues années sur 3o millions d'habitants, qui a condamné mort 100,000 de ses concitoyenssans compter peu près trois fois autant de Chinois tombés dans les villes et les vil lages détruits par ses ordres et qui est voué l'exécration de l'histoire même de son pays, lui a semblé uo type assez remarquable pour mériter une élude particulière. Ce correspondant fait de ce personnage le por trait physique que nous avons déjà trouvé ailleurs; il ajoute que Yeh, sous prétexte que sa vie a été trop occupée, ne porte pas de longs ongles et que 's même motif l'a empêché de prendre l'habitude de se laver les mains. L ex-vice-roi de Canton semble dépourvu de courage moral. Son attitude, au moment de son arrestation, en est une preuve assez convaincante. |l est vrai que dans ce moment cinquante soldats bieo armés d'épées au clair l'entouraient et qu'il a pu croire alors que sa dernière heure avait sonné. Mais un homme qui a envoyé tant de monde la mort, cet homme, fût-il un Chinois, ne devait-il Pas, le cas échéant, attendre son châtiment avec plus de diguité? Maintenant qu'il est convaincu 'lue les Anglais n'en veulent pas sa vie, il a Au surplus si la majorité de la Chambre adopte la motion de MGardwell, lord Derby, d'après le Morning - Herald, organe du minis tère, lord Derby serait décidé dissoudre le Parlement. Les témoignages de sympathie ne font d'ail leurs pas défaut la conduite suivie par le cabinet. Ainsi dans un meeting nombreux Sheffeld, annexion de t'Oude a été dénoncée comme un acte de spoliation et la dépêche de lord Ellenborough citée comme un document modèle dont on ne saurait faire un trop grand éloge. Ainsi encore, dans un meeting ta salle de S1-James, ces paroles de M. Layard ont été vivement applaudies La dépêche de lord Ellenborough renferme deux principes que j'approuve entièrement. Ces principes sont formulés dans les termes suivants Nous désirons voir l'autorité britannique dans l'Inde s'appuyer sur l'obéissance volontaire d'un peuple satisfait, et il ne saurait y avoir de contentement là où il y a confiscation générale. Il faudrait écrire ces mots en lettres d'or, et les montrer dans tous les lieux publics de l'Inde, et si l'on s'en faisait une règle de conduite, il n'y aurait probablement plus d'autre insurrection. Il faut que dans le futur gouvernement de l'Inde il y ait un conseil qui agisse avec équitéc'est dans l'Inde qu'il faut gouverner l'Inde. Ce conseil doit être ouvert l'élément européen indépendant qui est dans l'Inde, et il faut l'ouvrir aussi l'élément indigène C'est par l'exemple qu'il faut effectuer la civilisation de l'Inde, et qu'il me soit permis d'ajouter par le christianisme. repris toute son arrogance. Il pousse même le ridicule au point de se croire toujours revêtu d'un caractère officiel, et, sons prétexte que le langage chinois écrit manque de précision et peut être facilement détourné du sens qu'on a voulu lui donner, il a refusé jusqu'ici de fournir la moiodre ligne de son écriture, ne fût-ce que comme auto graphe. Y'eh croit toujours qu'on cherche lui arracher des traités désavantageux ses vues de domination sur le pays de Canton. Le correspondant du Times lui a fait compren dre, par le secours de l'interprète qui l'accom pagne, qn'il appartenait la rédaction d'un journal de grande importance publié dans l'Europe occi dentale. La grandeur du format du Times a paru vivemeut étonner l'ex - mandataire du Céleste- Empire. Lorsqu'on lui fait une question, il répond ordinairement par un grngnemeut ou une grimace. Le correspondant du Times lui ayant adressé une demande de renseignements sur la Chine, Yeh lui a répondu par un grognement très-expressif. Les seules discussions que l'ex-vice-roi ait eues bord étaient relatives ses repas, il s'est plaint aussi de ce qu'une dame se fût présentée lui le cou découvert. A cette vue il a détourné les yeux. Pour le remettre de son indignation on lui a apporté un exemplaire de Vlllustraded-London- Netvs où on lui a montré que les dames d'Europe apparaissaient la Cour les épaules nues. Il a trouvé cela abominable. Comme homme privé, Yeh est un Chinois très- respectable. Il ne fume pas d'opium, ne boit que du thé chaud et ne fait usage de samsbu que comme Aussi le Standard s'applaudit il de ce que la dépêche de lord Ellenborough forcera le gouvernement de l'Inde agir avec plus de circonspection et ne pas compter sur l'appui aveugle du gouvernement de la métropole. Si Von avait agi ainsi avec lord Dalhousie dès la première annexion faite par lui, nous ne serions pas aujourd'hui réduits nous tracer pénible ment un chemin dans le sang. En attendant la situation des troupes bri tanniques ne se présente guère sous un aspect favorable. D'après le Times lui-même les insurgés sont en force et menacent l'arrière- garde du général Hugh-Rose. Il paraît aussi que les chaleurs commencent décimer l'armée anglaiseet quenonobstant les dénégations officielles du gouvernement britanniquele besoin de renforts se ferait impérieusement sentir. Enfin il n'y a plus d'espérance d'une compression de l'insurrection pendant cette campagne. Les nouvelles du Monténégro rapportent que les montagnards, après avoir essuyé quelques pertes, ont remporté une victoire complète sur les troupes ottomanes. Celles-ci ont perdu tous leurs canons et un de leurs généraux, Halil- Pacha, a été tué. Différentes dépêches annon cent que [insurrection dans les provinces occidentales de la Turquie a pris un grand développement. Les troupes turques, harcelées, battues par les Monténégrins et les raias réunis, sont partout en retraite. La presse libérale en est venue 'a ce point de dévergondage qu'elle excite le dégoût même chez les moins difficiles; d'excès en excès elle est arri- médecine. Il a une femme qu'il a mise sous la pro tection de son beau-frère, dans son village natal. Il a aussi quelques maîtresses, mais on n'en connaît pas le nombre, et ceux qui l'entourent n'ont pas osé s'en informer. Yeh n'a pas de fils, mais il a adopté un neveu, jeune homme de 24 ans, qui fait ses études Pékin. Ses dévotions consistent se tenir dans la pos ture d'un idolâtre chinois, les jambes croisées et la face tournée du côté de l'Orient. Il conserve cette attitude pendant dix minutes. Dans les premiers temps de sa captivité, il a expliqué qu'il tournait la face du côté de l'Orieot parce qu'il ne priait pas. Il regarde du côté de l'Orient parce que l'Orient est le Sêng-Chi, le principe de la vie, tandis que l'Occident est le principe de la mort. Yeh est, au surplus, un compagnon de voyage fort incommode; il crache, il fume, il et se mouche avec les doigts. Oo lui a donné un mou choir de poche, mais il ne s'en sert pas. Il se vante de porter depuis dix ans la même veste extérieure, qui, en effet, est raide de graisse. Lorsque la cha leur l'étouffé, il ôte cette veste et reste assis dans sa longue chemise jaune. Dans ce costume il est repoussant. Uo jour il demanda un bain; ce fut une joie générale pour ses compagnons de voyage. On s'empressa de mettre sa disposition une vaste baignoire. Mais ce n'était pas malheureusement là ce qu'il voulait. Il réclama ensuite un petit pot d'eau chaude, s'enferma seul avec ses domestiques, et lorsqu'on le revit dans sa veste graisseuse et son gilet sale, il était toujours aussi dégoûtant.

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Le Propagateur (1818-1871) | 1858 | | pagina 1