41,Tie Année.
Les administrations charitables de notre
ville, ont, comme tout le monde le sait ici,
menacé les parents pauvres inscrits sur
leurs listes de secours, de les en rayer,
s'ils envoient leurs enfants recevoir l'in
struction primaire gratuite dans l'établis
sement libre érigé depuis quelques mois,
rue de S'-Jacques.
Cette menace vient d'être exécutée
l'égard d'une famille pauvre. Joseph Vla-
mynck, sa femme iM.-J. Buyle et leurs cinq
enfants, demeurant rue aux Chiens n° 80,
ont été rayés des listes et ne reçoivent plus
aucun secours, pour n'avoir pas obtempéré
la défense susdite.
Nous engageons nos concitoyens se
souvenir de cette famille et de compenser
par des aumônes volontaires la perte des
secours officiels que lui fait subir une in
tolérance que tout le mondesaura qualifier
comme elle mérite de l'être.
No 4,246.
LË PROPAGATEUR
pour la ville 6 fr. par an,
4 fr. pour 6 mois, 2-30 pour
trois mois.
FOI CATHOLIQUE.
CONSTITUTION BELGE.
pour le dehors fr. 7-50 par
an, 5 fr. pour 6 mois, 2-75
pour 5 mois.
9 Juin.
revue politique.
Lesaffairesse compliquent en Candie,où,suivant
des correspondances de la Canée, se seraient passe's
des faits de la plus haute gravité. L'évêque de la
Canée, vieillard vénérable et d'un âge avancé,
invité par Vely-Pacha se rendre au camp des
insurgés pour les ramener a l'ohéissance, avait
refusé d'obtempérer b cet ordre. C'est alors que
Vely-Pacha l'aurait fait saisir et maltraiter. L'évê
que fut frappé d'une attaque d'apoplexie et expira
sous les coups de ses bourreaux. La nouvelle de la
mort de l'évêque de la Canée s'est répandue dans
toute l'île avec la rapidité de l'éclair, et un cri de
vengeance universel y a répondu. Partout les
populations chrétiennes se sont soulevées b l'ancien
cri de guerre Victoire la Croix.
Quoiqu'il en soit de la complète exactitude de
tous ces détails, empruntés d'ailleurs b des corres
pondances hostiles b la Porte, on signale dans les
provinces asiatiques de l'empire Ottoman, une
effervescence pareille b celle qui travaille les pro
vinces européennes.
Un conflit fort sérieux est sur le point de s'élever
entre le cabinet de Saint James et celui de Was
hington, au sujet de la visite exercée par des croiseurs
anglais dans le golfe de Mexique sur des navires
américains, toujours b l'occasion de la traite des
Degres. Le cabinet de Washington a pris feu; il a
demandé des réparations et des indemnités, et il a
envoyé sur le champ des frégates militaires pour
protéger les navires du commerce américain. Des
nouvelles ultérieures annoncent qu'un bill a été
présenté au Sénat, pour autoriser le Président b
obtenir satisfaction par la force et b user de
représailles. Entre-temps les armements militaires
continuent.
UNE FANTAISIE DE MARÉCHAL DE FRANCE.
II. Le repas de corps.
(Suite. Voir le u° du Propagateur.)
Le marquis de Sivry et le comte de Senneterre
s acheminaient le lendemain b pied vers l'hôtel du
maréchal duc de... b l'heure indiquée, cinq heures.
Dans la route, les deux anciens officiers au régiment
des gardes-françaises se livraient b un entretien
animé tout était pour eux dans Paris un sujet
d étonnement, et b chaque pas qu'ils faisaient dans
les rues leurs regards s'arrêtaient sur des monu-
'neots, sur des édifices dont ils n'avaient aucune
idée.
Tout en discourant les deux officiers aux gardes
étaient arrivés devant un magnifique hôtel du
frubourg Saint-Germain dont l'architecture
grandiose et sévère attestait le beau temps de
Mansard et de Louis XIV.
Nous voici b notre destination, marquis, dit
'e c°mte de Senneterre; si ma mémoire est fidèle,
tel hôtel a appartenu jadis au duc d'Aiguillon.
Oui, cher comte, mais entrons.
Les deux amis franchirent le seuil de l'énorme
porte armoriée, et un suisse b figure enluminée et
J 'entre rebondi les conduisit jusqu'au péristyle
Les correspondances de journaux reviennent
encore avec de plus amples détails sur les derniers
revers essuyés par les Anglais dans les Indes.
Actuellement l'intention du général en chef est
d'attaquer d'abord Bareilly, la plus grande
partie des insurgés sont concentrés. Les Anglais ne
doutent pas de pouvoir les chasser de Ib avec
beaucoup plus de facilité que de Lucknow et de
Delhi; mais après, les insurgés iront dans une autre
ville fortifiée, et ce sera b recommencer.
Au milieu de toutes les difficultés qui, tant b
l'intérieur qu'à l'extérieur, pèsent sur le gouverne
ment britannique, on serait tenté de s'étonner du
peu de condescendance qu'il témoigne b la France,
noramémeot encore dans la question de l'isthme de
Suez. C'est que M. Disraeli rencontre aussi sur ce
terrain cette passion publique, l'orgueil anglais,
avec laquelle il faut compter. Les ministres chan
gent en Angleterre, la politique anglaise ne change
pas. M. Disraeli ne voudra pas avoir l'air de faire
moins que lord Palœerston contre la France. Il ne
sera pas moins opposé au percement de l'isthme, parce
que la position du ministère tory est loin d'être
affermie au Parlement.
Mais ainsi que l'observe une correspondance,
la France ne peut pas servir de plastron aux
ministres anglais pour conserver ou pour conquérir
la majorité. Le gouvernement de Louis Philippe a
perdu plus qu'on ne saurait dire par les sacrifices
qu'il a fait b l'alliance anglaisev Je ne crois pas que
le gouvernemeut actuel veuille ou puisse l'imiter
sur ce point.
Au sujet de la condamnation de Proudhon le
même correspondant dit qu'elle est approuvée
par tous depuisqu'on a lu les considérants de l'arrêt.
Quelles doctrines, quelles idées! quelles aberra
tions, quelles abominations! C'est b Charenton
évidemment qu'il faudrait envoyer ce publiciste du
délire. Seulement on est confoudu et effrayé quand
de l'escalier d'honneur. Lb, un valet de chambre
vieux et poli les attendait et les conduisit b son
tour dans un salon spleudidemeut décoré où, b
leur grand étonnement, il ne se trouvait âme
qui vive.
Veuillez vous asseoir, messieurs, dit le
valet de chambre, qui remarqua la surprise des
deux invités, M. le duc et Mrao la duchesse ne
larderont pas b paraîtie.
Et le vieux serviteur approcha deux fauteuils
devant l'immense cheminée où brûlaient en pétil
lant d'énormes quartiers de hêtre, puis il se retira.
Eh bien! comte, que peusez-vous de cette
réception? fit le marquis. Ne vous semhle-t-il
pas, en entrant ici, que nous sommes dans le palais
enchanté de la Belle au Bois-Dormaot? Point de
domestique, un seul serviteur aussi vieux que le
maître, un silence morne, nulle assemblée... Par
ma foi, je commence b croire que le maréchal aura
oublié tout net l'invitation qu'il a faite, ou qu'il
ne nous a pas crus d'assez bonne compagnie pour
nous présenter b ceux qui fréquentent sa maison.
Mon cher marquis, répliqua le comte de
Senneterre, vous avez l'habitude de toujours juger
vite, et par conséquent vous ne jugez pas toujours
bien, permettez-moi de vous le dire. Quant b moi,
j'attends constamment le dénouement d'un ou-
on soDge que six mille exemplaires d'un pareil
livre, ont été écoulés en quelques jours. Où en sont
donc les esprits et les cœurs?
que l'INDÉPENDANCE en quête de lumières
vienne a ypres
\J Indépendance, qui jusqu'ici n'avait pas encore
pris part au débat soulevé dans la presse du pays a
proposdel'enseiguement obligatoire,déclare qu'elle
se range résolument, en principe, au nombre des
partisans de l'instruction obligatoire, sauf b s'occu
per plus tard des moyens d'appliquer cette réforme.
Quels seront ces moyens? comment sera-1-il
possible de les concilier avec la liberté garantie
par la Constitution? h'Observateur lui-même,
feuille libérale et ministérielle autant sinon plus
vrage ou d'une scène sociale pour formuler mon
opinion. J'attendrai donc.
Comme M. de Senneterre achevait de parler,
le vieux valet de chambre rentra.
Messieurs, dit-il en s'inclinant respectueuse
ment, j'ai un million d'excuses b vous faire...
Et de quoi donc? interrompit le marquis.
D'avoir laissé ici, avec vous, cette pauvre
bête; mais c'est aussi un vieux serviteur que M. le
maréchal et Mmt la duchesse aiment beaucoup.
Et le valet de chambre indiquait du doigt un
vieux chien, un vulgaire barbet, qui sommeillait
paisiblement sur un coussin de velours b l'on des
angles de la cheminée.
Ce chien est bien cassé et bien vieux, dit le
comte de Senneterre en regardant le pauvre
animal, qui, bien qu'au milieu des flammes comme
une salamandre, avait encore l'air de frissonner.
Je vous en réponds, monsieur, répliqua le
valet de chambre; M. le maréchal le possède
depuis vingt-sept atis. Mais tout vieux qu'il est, ce
pauvre chien, il connaît eucore son moude, et il
retrouve encore des forces pour caresser son
maître et sa maîtresse. N'est ce pas, Freluquet
ajouta le valet de chambre en s'approchaut du
chien, qui leva aussitôt la tète et remua la queue.