41 me Année.
Samedi 26 Juin 1858.
No 4,251.
FOI CATHOLIQUE.
CONSTITUTION BELGE.
T 3 S 26 JUIN.
LA GARDE CIVIQUE.
Il en est qui disent, pour expliquer cette situa
tion, que la Garde Civique est impossible en
Belgique, parce que, d'après eux, le peuple belge
n'a pas, comme le peuple français, l'esprit militaire.
Nous distinguons: Le peuple belge n'a pas les
instincts belliqueux, il n'est pas avide de combats,
de triomphes et de gloire acquise sur les champs de
bataille, mais il n'est pas moins vrai que, lorsque
les circonstances le réclament, la bravoure ne loi
fait pas défaut. En France, l'ardeur guerrière ne
s'eudort jamais; en Belgique, elle ne se réveille
qu'au cri d'indépendance et de liberté. Voilb
pourquoi les exercices militaires semblent être un
amusement pour les Français, tandis que les Belges
y voient une charge, b laquelle nul pourtant ne
LE PROPAGATEUR
POUR LA VILLE 6 FR. PAR AI*,
4 FR. POUR 6 MOIS, 2-50 POUR
TROIS MOIS.
POUR LE DEHORS FR. 7-50 PAR
AN, 5 FR. POUR 6 MOIS, 2-75
POUR 5 MOIS.
REVUE POLITIQUE.
La France et l'Angleterre se'parent de plus en
plus leur politique et leurs sympathies. Naguère
la France e'pousait,on ne sait trop pourquoi, la
politique tortueuse et ambiguë de son allie'e pré
tendue l'égard du roi de Naples. Aujourd'hui,
une feuille gouvernementale française, la Patrie,
reod justice au bon droit et b la conduite pleine
de dignité de ce monarque dans l'affaire du
Cagliari, et fustige dans la conduite du gouver
nement britannique précisément les qualités con
traires.
D'autre part, la superbe Angleterre, dont le ton
est tombé si bas devant la broyante colère des
Yankees d'Amérique, s'en prend b la France et b
l'Espagne pour se consoler de sa déconfiture;
l'Espagne, b qui elle cherche querelle, en vue de
Cuba qu'elle convoite, comme elle convoite du roi
Ferdinand la Sicile; la France, qu'elle déleste par
jalousie, par intérêt, par orgueil national et tradi
tionnel. L'immigration dans les colonies françaises
de noirs libresque d'ailleurs les recruteurs
n'eogagent que de leur pleio gré a contracter un
eogageruent de service, a donné lieu b de grossières
attaques dans la Chambre des lords contre la con
duite de la France que l'on a accusée de faire la
traite des nègres. Le Constitutionnel et la Patrie
l'un et l'autre organes officieux du gouvernement
impérial se sont élevés avec vivacité cootre l'atti
tude prise par la Chambre-Haute et contre les
paroles prononcées en cette assemblée par lord
Malmesbury, ministre des affaires étrangères. On
assure que le duc de MalakofI a dû remettre b
celui-ci une note demandant des explications sur
le langage tenu par loi b la Chambre des lords.
L'acquittement des libraires Truelove et Tchor-
newski par le jury de Londres est encore un fait
de nalure b entretenir les rancunes invélérées des
deux peuples. Les prévenus n'avaient pas l'inten
tion de mal faire en publiant leurs pamphlets contre
I Empereur, et regrettaient leur publication. Voilb
ce qu'on est venu déclarer devant le jury et ce qui
a fait abandonner l'accusation par l'attorney
général Avouoos, dit une correspondance, que la
justice anglaise est une singulière justice. Elle
acquitte Bernard non faute d'intention coupable.
Dieu merci, Bernard ne s'est pas gêné pour expo
ser ses doctrines politiques; mais faute de preuves;
et alors que la preuve est flagrante contre Truelove
et Tchoroewski, elle les acquitte faute d'intention
coupable.
Le fanatisme religieux qui s'est dernièrement
'éveillé avec un redoublement de tyrannie dans la
Suède, s'étend aujourd'hui b la Norwège, qui avait
josqu a présent tenu b houneur d'être régie par
UDe jurisprudence plus tolérante. Des poursuites
sont intentées contre le curé catholique de Chiis-
'iania, du chef d'une prétendue infraction b la loi,
e' le commissaire-rapporteur a requis du tribunal
de première instance sa déposition comme curé de
'a paroisse catholique de Christiania. Il est b
remarquer que celui-ci est le seul prêtre qu'il y ait
eu cette ville. Les mobiles des prolestants sont donc
aciles b démêler; et ce qui ajoute b l'iniquité de
eurs prétentions c'est que le curé de Christiania
D a rien de commun avec le gouvernement dont il
reçoit ni traitement ni nomination.
Toutes les institutions nationales doivent con
courir au même but, b la gloire et b la prospérité du
pays. Si une de ces institutions s'affaiblit, la société
s'en ressentira tôt ou tard, comme l'atrophie d'un
membre diminue les forces du corps humain. La
Garde Civique est une de ces institutions, et,
quoique l'on en dise, elle a des racines daos les
mœurs du peuple belge. Sa généalogie remonte
aux anciennes gildes, b ces corporations d'arbalé
triers et d'arquebusiers qui s'illustrèrent et illustrè
rent les provinces belges au moyen âge.
D'où vient-il que, depuis son organisation défi
nitive en 1848, il se développe insensiblement,dans
la Garde Civique, des germes d'une indifférence et
d'une apathie qui se rapprochent déj'a du dégoût
Lu réponse ne nous semble pas difficile b trouver.
Les pseudo-libéraux, les doctrinaires-orangistes
si l'on veut, gâtent tout ce qu'ils louchent comme
tant d'autres choses, ils ont organisé la Garde
Civique, non pas pour l'utilité du pays, mais pour
leur satisfaction personnelle. Les uns n'y ont vu
qu'une affaite de boutique: veudre du drap, des
sabres, des épaulettes, des képis, de la bière et du
genièvre,.... leur horison ne s'étendait pas plus
loin d'autres y ont en ire vu, en outre, la perspective
d'obtenir un jour une décoration le a5m" anniver
saire est venu combler les vœux secrets de quelques-
uns; d'autres enfin n'y cherchaient que les épaulettes
et le ceiRturon en argent, parce qu'ils aiment,
innocente vanité, b poser dans le monde sous uo
costume officiel quelconque. Cela donne entrée aux
bals de la cour, etc.
Or, le peuple belge est un peuple très-sérieux et
il prend au sérieux toutes les institutions qu'il s'est
données en i83o. Pour lui, la Garde Civique n'est
ni une entreprise industrielle, ni une occasion de
commerce et de trafic; la Garde Civique n'est pas
uo hochet entre les mains des orgueilleux'a quelque
classe de la société qu'ilsappartiennent; il considère
avec raison la Garde Civique comme un des bou
levards de nos libertés, de notre iodépendaoce et
de notre nationalité. Détournée de son but et de
son vrai caractère, par les chefs eux-mêmes, la
Garde Civique ne pouvait pas tarder b répugner b
l'esprit grave et droit des belges.
Voilà pourquoi l'enthousiasme de i848 s'est
refroidi, voilb pourquoi uue inerte impassibilité
succède aux premières ardeurs, par tout le pays et
notamment b Ypres.
chercherait b se soustraire, quand l'utilité en est
démontrée et sentie. Est-ce qu'en i83o et en
1848, la Garde Civique ne s'est pas organisée sans
effort, et n'a-t-elle pas rendu de services, ou n'a-
t-elle pas été prête b tout événement?
Ce n'est donc pas l'institution qui répugne aux
mœurs de la Belgique, ce qui répugue c'est l'abus
de l'institution.
Que la justice distributive préside b l'application
de la loi, et que l'on n'exempte plus les uns parce
qu'ils demeurent b telle distance, les autres parce
qu'ils ont été officiers; que l'on cesse d'y voir une
occasion de favoriser telle brasserie ou telle distil
lerie; qu'au lieu de faire poser le bataillon pen
dant plus d'une heure pour arriver b un aligne
ment sur le centre, que l'on donne aux gardes line
instruction solide et utile; et le découragement qui
s'est emparé d'eux se dissipera, et alors ils feront
des choix sérieux.
Mais ce u'est peut-être pas la ce que l'on désire.
La marche suivie inspire des doutes et des inquié
tudes. Pourquoi ces élections partielles, quelques
semaines avaut les élections générales? C'est com
pliquer au lieu de simplifier la besogne. Il est
évident qu'on homme qui se respecte ne permettra
pas qu'on l'élise officier, pour deux mois, par
exemple. Si l'on travaillait dans le but de faire
crouler l'iostitutioo, on ne ferait pas mieux. Qui
sait? Ou n'épargne pas même les déboires aux plus
énergiques, aux plus loyaux Chefs de l'armée.
Peut-être que la spontanéité foudroyante exige
la disparition de tous les obstacles.
Nous lisons dans la Patrie de Bruges
Uo de nos correspondants de Bruxelles a pu se
procurer une copie de la réponse adressée par
le miuistère b la chambre de commerce de Roulers,
qui, comme on sait, après avoir porté les plus graves
accusations contre les écoles dentellières, avait
demandé une enquête sur la situation de ces éta
blissements, et particulièrement sur les griefs
imaginaires signalés dans le Rapport général pour
l'année 1857.
Cette réponse que nous venons de recevoir mérite
d'être connue du public. On ne peut pas dire plus
catégoriquement et plus poliment b des importuns
qu'ils aient b s'en aller. Comme la chambre de
commerce de Roulers a tout intérêt b tenir ce
document l'ombre, nous croyons faire chose utile
en publiant cette nouvelle pièce d'un procès qui se
débat devant l'opinion publique. Les feuilles libé
rales qui ont publié la lettre adressée au gouverne
ment par les marchands progressistes de Roulers,
pourront compléter leurscommunicationsen trans
crivant la réponse que notre correspondant doit b
une indiscrétion très innocente. Voici cette pièce
Bruxelles, i4 ju in 18)8.
Ministère des affaires étrangères.
Messieurs
En réponse b votre lettre du 26 mai N' 1 98, j'ai
l'honneur de vous informer que le gouvernement
s'occupe en ce momeut de l'étude des bases d'une
enquête généralesur la condition desclasses pauvres
et sur les moyens existants déjà et a créer, d'amé
liorer cet te<con dit ion. Les écoles dentellières entrant
daos le cadre des institutions sur lesquelles devra
porter cette enquête, les faits, Messieurs, que vous
avez signalés pourront b cette occasion être vérifiés.
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