42me Année.
Mercredi 11 Août 1858.
Ao 4.264.
LE PROPAGATEUR
POUR LA VILLE 6 FR. PAR AN,
4 FR. POUR 6 MOIS, 2-50 POUR
TROIS MOIS.
FOI CATHOLIQUE.
CONSTITUTION BELGE.
POUR LE DEnORS FR. 7-50 PAR
AN, 5 FR. POUR 6 MOIS, 2-75
POUR 5 MOIS.
7 P S S H AOÛT.
REVUE POLITIQUE.
Le voyage de la Reioe Victoria a Cherbourg a
saiurellemenl occupe' ces jours derniers une large
place dans les préoccupations de la politique et
dans les colonnes des journaux. On a fort remarqué
les paroles prononcées par l'Empereur au banquet
■offert S. M. Britannique. Une correspondance
croit pouvoir dire que u les assurances pacifiques
du souverain de la France, acceptées et confirmées
par le prince époux de la Reine d'Angleterre ne
laissent plus aucuo doute snr la ferme volonté
qu'ont les deux gouvernements alliés, de maintenir
leur ancienne entente, et de lutter avec persévé
rance contre les effets regrettables de quelques
incideots malheureux auxquels l'Empereur
Napoléon a fait allusion avec fermeté et franchise.»
Arrivée devant Cherbourg, le 4, la Reine Victoria
ea est repartie, le 6. Contrairement une opinion
fort accréditéela Souveraioe de la Grande-
Bretagne o'a pas dédaigné de fouler le sol français;
elle est descendue pour quelques heures sur la côte
de Cherbourg.
Au reste, en ce moment même, les succès re
cueillis dans les mers orientales par les efforts
combinés des flottes britanniques et françaises
viennent cimenter propos l'alliance un peu fictive
des deux peuples. La ville de Tieo-Tsin, dout on
s'est emparé, est située sur la rivière de Peï-ho,
»iogt-six lieues de Pékin. Sa population dépasse,
comme celle de Canton, un million d'habitants, et
son commerce avec l'intérieur de l'empire est
considérable. Cette conquête a décidé le gouver
nement de Pékio ouvrir plus sérieusement les
négociations. Deux plénipotentiaires chinois sont
arrivés b Tien-Tsin munis de pleins pouvoirs. La
première entrevue devait avoir lieu le 4 juin.
Un véneraent non moins heureux pour l'An
gleterre industrielle, quoique d'une nature bien
différente, c'est la réussite de la pose du câble
transatlantique, opération gigantesque, qui désor
mais place les îles britanniques et l'Europe entière
quelques minutes de distance de l'Amérique.
Avaot que de clore notre chronique de ce jour
remontons de la sphère où s'agitent les intérêts
matériels, aux sphères élevées où dominent les
graudes questions de la liberté et de la conscience
religieuse. Tout le monde se rappelle encore l'arrêt
de bannissement prononcé en Suède contre quel—
Çties femmes coupables d'avoir embrassé le catho
licisme. Le journal officiel de Stockholm annonce
qu avant l'expiration du délai d'appel, les six
"ctiroes ont été prévenues que, si elles consentaient
"gner un recours eu grâce, leur demande serait
favorablement accueillie par le régent. Mais les
pieuses femmes, qui ont bravé les rigueurs d'uûe
'êgislatioD sauvage pour confesser la foi catholique,
ot>t noblemeut repoussé un expédient si peu com
patible avec sa dignité.
Le vote émis par la majorité de la Chambre
dans la séance du 4 août a sauvegardé l'avenir de
'a Rationalité belge et préservé nos finances d'une
débâcle certaiue.
Atusi que plusieurs orateurs, MM. Percerai,
Loos et d'autres, l'ont fait comprendre, le projet
d'embastiller la métropole commerciale était dû
une cause secrètedes influences mystérieuses
on ne se le cachait plus, c'était la politique perfide
de l'Angleterre qui jouait derrière les rideaux; la
Belgique devait servir d'avant garde b no peuple
dont le gouvernement est devenu un objet de
répulsion non-seulement dans l'Europe, mais aussi
dans les régions les plus reculées du monde, et qui
pour faire sournoisement pièce b un voisin redou
table, tentait d'imposer la Belgique le sacrifice de
ses intérêts les plus chers; de plus, la jalouse
Albion voit d'un mauvais œil la prospérité toujours
croissante d'un des premiers ports de l'Europe;
elle ue sait que trop bien que le siège d'Anvers et
sa défense par une flotte étrangère suffiraient pour
détruire son commerce au moins peudant un long
espace de tempspuisqu'ils équivaudraient b la
fermeture de l'Escaut.
En rejetant le projet mioistériel la Chambre a
fait justice d'une idée dont la réalisation pouvait
amener la destruction de notre nationalité; en
fesani courageusement son devoir elle a bien
mérité de la Patrie.
Pour faire passer le triste plan de défense sug
géré par une politique astucieuse, le cabinet belge
lui avait accouplé un ensemble de travaux pour la
plupart d'une utilité fort contestable. Il y avait Ib
des travaux de luxe qui pouvaient facilement être
remis b des temps meilleurs; il y en avait d'autres
qui n'étaient compris dans le projet que pour
leurrer les populations, par exemple, le port de
refuge de Blankeubergbeque le ministère lui-
même n'a jamais pris au sérieux, et qui était sim
plement une réclame électorale en faveur de M. de
Vrière. Il y en avait enfin qui ne figuraient Ib que
pour faire jeter encore des sommes considérables
dans les égoùts des rues de Liègeaprès les
millions que M. Frère avait déjà fait dériver dans
la Meuse. C'était, en un mot, comme le disait M.
Rogier b une époque où il n'était pas ministre, un
appel corrupteur fait aux appétits locaux, que le
gouvernement excitait par des manèges indignes
de lui. La Cbambrea repoussé cette coalition contre
la fortune publique, et grâce b l'opiniâtreté aveugle
du ministère, le pays se voit délivré d'un projet
qui devait jeter pour de longues années le désarroi
dans nos finances.
Eu effet, n'était-ce pas le comble de l'impru
dence (nous prenons le terme le plus adouci
possible), que d'engager l'excédant des budgets
jusqu'en i864? N'était-ce pas une œuvre imbécile
que de vouloir faire décréter que, pendant six aus,
il devait y avoir un boni de cinq b six millions?
N'était-ce pas violer les règles de la comptabilité
de l'Etat que d'aliéner les ressources financières
pour un terme aussi long? N'était-ce pas priver les
successeurs du cabioet de la faculté de faire
n'importe quelles dépenses extraordinaires? Il y
avait dans tout ce projet une somme telle de
déraison, de corruption et de coupable imprudeoce,
qu'il faut admettre les motifs mystérieux dont on
a tant parlé b gauche pour expliquer la conduite
du ministère.
Heureusement pour le pays, la fermeté de la
majorité a dissipé les périls dont nous étions mena
cés. Le «ote de mercredi nous délivre b la fois
d'un plan défensif absurde, d'une augmentation
infaillible de contributions, du gaspillage d'une
soixantaine de millions de francs. Ce vote a cour
roucé le cabinet, il mécontentera John Bull, mais
il a réjoui la Belgique.
Le libéralisme ministériel fait uo crime la droite
d'avoir voté pour l'ajournement de la loi des 6o
millions. Il ne veut pas reconnaître qu'en cela
l'opinion catholique a fait, comme toujours, preuve
de modération. En ajournant le projet, elle deman
dait a s'éclairer. Non, disent les ministériels, c'était
une tactique pour faire écarter le projej d'une
manière indirecte. Donc, il fallait, pour faire plaisir
au ministère, voler contre l'ajournement.
C'est ce qu'ont fait les amis du cabinet, mais
d'autres libéraux, qui se disent indépendants, ont
repoussé aussi l'ajournement. Nous en comptons g
qui ont voté d'abord contre l'ajournement et puis
contre le projet de loi. Ce sont MM. Allard,
Ansiaux, de Chentinnes, D'Hoffschmidt, Frison,
Grosfils, Laubry, Nélis et Sabatier. Ces neuf mem
bres, parmi lesquels se trouve uu ancien collègue
deM. Rogier ira ministère,étaient plus que suffisants
pour déplacer la majorité sur l'article premier du
projet. Huit voix auraient fait pencher la balance
du côté du ministère, puisque la majorité contre le
système des fortifications a été de i4. Ce sont donc
les amis du ministère qui lui ont porté ce coup,
taudis que les conservateurs, en votant l'ajourne
ment, s'absteoaient seulement sur le projet, jusqu'à
ce qu'on fût tombé d'accord avec la ville d'Anvers
et les hommes compétents. La gauche, au contraire,
Ia dit: Pas de délai; rejet immédiat! Évidemment
la conduite de la droite a été des plus modérées, si
on la compare b celle de la gauche. Les conserva
teurs belges se sont montrés tels qu'ils ont toujours
été.
Cela n'empêche pas les amis du ministère de les
attaquer, ne fût-ce que dans l'espoir de rallier de
nouveau les deux fractions du libéralisme, d'après
les conseils de M. Dolez.
Mais il sera prouvé, une fois de plus, que la
prétendue homogénéité de la gauche est purement
négative, que c'est une affaire de commande et
d'intérêt, une véritable question de parti.
Il sera établi avec une nouvelle évidence que le
bataillon, qui s'ouvre pour faire jouer sod artillerie
contre ses chefs, et se referme ensuite, pour les
ramasser, morts ou vivants, et les remettre de
nouveau b sa tête, ne mérite pas qu'on lui confie le
drapeau national et le timoD des affaires.
Ce parti n'est fort en Belgique qu'en donnant la
main au parti conservateur. (Journ. de B'rux.)
ACTES OFFICIELS.
Par arrêté royal du 20 juillet, concession est
accordée a la ville d'Ypres des propriétés indiquées
ci-après
i* La caserne b l'abri de la bombe avec ses
dépendances. Pour le logement de la garnison;
20 L'esplanade devant cette caserne. Pour
servir de plaine d'exercice b la troupe;
3° Les bâtiments de la manutention, rue Saint-
Jacques. Pour servir de boulangerie militaire;
4" L'infirmerie militaire avec les logements
occupés par le directeur et les autres employés,