42me Année.
No A.265.
LE PROPAGATEUR
pour la ville 6 fr. par an, p0lr le dehors fr. 7-50 par
4 fr. pour 6 mois, 2-50 pour FOI CATHOLIQUE. CONSTITUTION BELGE. an, 5_fr. pour G mois, 2-75
trois mois. p0cr mois.
7? B.31S, u Août.
revue politique.
Nous n'avous qu'un faible contingent de nou
velles b enregistrer au bulletin de ce jour. Les
journaux el leurs correspondants paraissent encore
sous l'e'molion de la visite de la Reine Victoria. S.
M. Britannique, arrivée le 9 a Anvers, a traversé
la Belgique se rendant auprès de la jeune princesse
de Prusse, sa fille. L'empereur Napoléon et l'impé
ratrice ont dû partir pour le pélérinage de S'° Anne
d'Auray, suivant eu cela les traces d'un grand
ootubre de leurs prédécesseurs sur le trône de
France. C'est ainsi que Mrae la Dauphioe s'y rendit
eo 1823, et M"" la duchesse de Berry en 1828.
Marie-Thérèse et Marie - Caroline de Bourbon
écrivirent leur nom sur le livre de la Confrérie,
dans les pages duquel elles retrouvèrent les noms
de Marie Leczinska, la pieuse épouse de Louis XV,
côté de ceux d'Anne d'Autriche et d'Henriette de
France, veuve de Charles I".
Pendant que la paix semble consolidée pour
longtemps entre les puissances occidentales, la
question d'Orient devient de jour en jour plus
épineuse. Si l'on en croit certaines rumeurs qui
s'accréditent, la situation du gouvernement turc,
même a Constantinople, deviendrait on ne peut plus
perplexe. L'agitation des Musulmans, leurs cris de
fureur contre les chrétiens en masse, y compris les
Française! les Anglais,entraînent dit on,ou effraient
les plus hauts dignitaires de la Porte. Il ne manque
rait plus, pour compliquer tout b fait la situation,
qu'il ne survînt des désordres a Constantinople
même. D'autre part, suivant des nouvelles reçues
des frontières du Monténégro la situation y empire,
les parties belligérantes se tiennent sur le qui vive
et se préparent b la lutte.
Des nouvelles fâcheuses pour le parti de l'ordre
nous arrivent du Mexique. Vidauri, chef de l'armée
révolutionnaire avait pris San-Lnis de Potosi, et le
président Zuloaga aurait abandonné Mexico.
LES FAITS ET LA LOGIQUE LIBÉRALE.
Remoutons d'une année le courant des faits.
Au 27 Mai 1857 la Chambre adopta par 64 voix
contre 411es art. 71 et 78 du projet de loi sur les
fondations charitables; l'on sait que ces articles
constituaient l'une des bases fondamentales du
projet, en consacrant le principe des administra
teurs spéciaux.
Dès le même jour, les provocations des journaux
et celles de quelques membres de la Chambre, se
'raduisirent en faits déplorables que le libéralisme
a désignés sous le beau titre des effets de la
spontanéité foudroyante.
L on justifiait les attaques contre la majorité de
ta Chambre et soutenant Qu'elle n'était pas
H expression du pays; que le projet de loi était
s "^populaire et antina'ional, qu'il fallait un appel
au pays.
Pendant cinq mois l'on vit les organes du libéra-
l,;>nie l'œuvre pour répandre et populariser cette
idée.
'•e 9 novembre vit surgir un Douveau ministère
-□oisi dans la minorité.
La dissolution de la Chambre fut arrêtée le 12
novembre et les élections du 10 décembre amenè
rent une nouvelle majorité libérale de 66 membres
et une minorité conservatrice de 3g.
Le cabinet Frère-Rogier-Tesch et sa majorité se
flattaient depuis lorsd'êtiel'émauation sympathique
du pouvoir royal et du pouvoir électoral; par
conséquent les actes des ministres et les votes de la
majorité devaient être infailliblement l'expression
de la volouté du pays.
Y avait-il b redire a cette conclusion?
Mais voilb que le 4 août 1S58, cinquante-trois
votes contre 3g rejettent le projet des fortifications
d'Anvers, élaboré et défendu par le cabinet.
Or, les organes ministériels soutiennent que
ce projet était éminemment natioual, qu'il jouissait
d'une popularité incontestable même dans les
localités doot les représentants se sont montrés
hostiles a la volonté ministérielle.
Donc ils ont posé un acte antinational, impopu
laire tous ceux qui ont voté cootre le 1" du
projet de loi.
Dooc la majorité actuelle n'est plus l'expression
du pays; par conséquent il faut dissoudre la Cham
bre et eu appeler du Parlement b la Nation, de la
Chambre aux électeurs.
La dissolution parlementaire est une mesure
essentielletnenl libérale.Si les ministres n'y prennent
recours aujourd'hui, pourquoi l'ont ils fait en
novembre d'?
Les positions sont les mêmes, pourquoi donc
deux poids et deux mesures?
«-g r.
INTRIGUES MINISTÉRIELLES.
Le correspondant bruxellois de ta Gazette de
Liège donne les détails suivants sur les intrigues
employées par le ministère pour faire adopter le
projet de loi relatif aux fortifications d'Ariveis:
Il faut que la pression du cabinet ait été bien
forte puisque de l'aveu même de la correspondance
ministérielle de la Patrie de Paris, S. M. a en des
entrevues avec des membres de la droite b la suite
desquelles on avait pensé qu'une fraction de la
droite garderait au moins 'la neutralité.
Voilb,d'aprèsla Patrie, l'explicatiou des audiences
accordées ces jours derniers b MM. de Theux, De
Decker, Malou, de Liedekerke, etc.
Pour assurer le succès du cabinet, M. Frère-
Orban avait fait dresser des batteries sur tous les
points culminants de la place. Quatre grands com
mandements de pression avaient été créés. MM.
Rogier et de Vrière s'étaient chargés des Flandres
et de la province d'Anvers; M. Tesch du Limbourg
et du Luxembourg; M Frère des provinces wal
lonnes et du Brabant,deconcert avec M. Verhaegen.
Les rôles étant ainsi distribués, le feu fut mis aux
poudres et chacun des commandements s'évertua a
remplir son rôle avec le plus de zèle possible.
D'abord on s'est attaché b s'assurer sinon du
concours au moins du silence de quelques membres
influents de la Chambre. Au début, on ne savait pas
quelle attitude prendrait M. H. De Brouckere; mais
on a fini par lui faire comprendre que le projet
étant national, il devait absolument l'appuyer. Cet
honorable membre s'est laissé faire. On comptait si
peu sur son coucours que le Précurseur, dans une
correspondance Bruxelloise du 11 juillet, faisait
une charge b fond contre l'aocien chef du cabinet
du 3o octobre, l'accusant de sourdes menées contre
le ministère, dans le but exclusif de revenir au
pouvoir. Ce fait indique parfaitement dans quelles
dispositions d'esprit on croyait a cette époque M.
H. De Brouckere.
Ou n'a pas réussi aussi bien auprès de M. Ch.
De Brouckere. Il a été impossible de fléchir l'hono
rable bourgmestre de Bruxelles et de l'amener a
composition; tout ce que l'on a pu obtenir de lui,
c est qu'il ne voterait pas. Il a en effet demandé un
congé au moment où il pressentait l'ouverture de
l'appel nominal. M. de Baillet-Latour n'a pas voulu
céder non plus, et, au momeut du vote, il deman
dait aussi un congé... pour cause d'indisposition.
M. Alp. Vanden Peereboom, s'il avait été préseut
le 4, aurait émis un vote négatif; voilb du moins ce
qu'affirment ses amis, et que je n'éprouve nulle
peine b croite.
Toute la députation de Gand était hostile
d'abord; peu b peu cependant elle s'est amollie et
a fini par être unanime (moins M. Ern. Vanden
Peereboom) en faveur du projet de loi. Le jour
meme du vole, M. Manilius devait prononcer,
assure-t-on, un discours contre le en discussion
ruais il a été vaincu b la dernière heure. S'il faut en
croire ies bruits qui courent, on lui aurait en
quelque sorte donné un blanc-seing pour des
nominations et des destitutions dans la Flandre
orientale. On sait comment M. Neyt a été alléché.
Le National s'est chargé de faire l'histoire peu
édifiante de la nomination inattendue du fils de cet
honorable membre au poste de vice consul d'Espa
gne b Gand. Que M. Neyt se débrouille a vec l'organe
des républicains.
M. Vander Sticheleu était si opposé de prime
abord b l'œuvre du cabinet, qu'il crut devoir faire
un jour une visite b M. Loos, pour assurer an
chai eureux défenseur des intérêts d'Anvers qu'il
n'était pas disposé du tout b voter le projet; que ce
que l'on disait b cet égard n'était que pure calomnie.
Et M. Vander Slichelen a cependant dit oui le 4.
N'est-il pas vrai qu'il ait fait b M. Loos la visite
dont je parle?
On avait cru pour on instant que le vote aurait
lieu le samedi 3i juillet, et l'on avait mandé aux
députés ministériels absents de Bruxelles qu'ils
devaient être b leur poste pour cette date. M.
Delexhy, qui se trouvait b Tongres, occupé b ses
préparatifs de mariage, se rendit b Bruxelles au
jour dit; mais le vote n'eut pas lieu; la discussion,
par suite d'une habile tactique de M. Verhaegen,
fut même ajournée au mardi suivant. Cette fois M.
Delexhy tint bon et resta tout entier b ses affaires
matrimoniales.
Des trois députés de Charleroi, deux ont voté
contre le projet; un seul, M. Cb. Lebeau, s'est
rallié au cabinet au dernier moment. Il paraît que
l'honorable bourgmestre de Charleroi n'a cédé qu'à
une pressante prière de M. Frère, qui lui aurait
adressé une lettre confidentielle, dans laquelle M.
le ministre des finances aurait fait entrevoir, en cas
de succès, le démantèlement de la ville administrée
par M. Ch. Lebeau. Ce fait est-il vrai?
Est-il vrai que M. Allard, se trouvant au
département de la justice quelques jouis avant le
vote, b l'effet de recommander une personne b
laquelle il s'intéresse, aurait été violemment admo
nesté par M. le ministre de la justice, duquel il
aurait eu b essuyer les plus amers reproches con
cernant son hostilité au projet de loi?
Est-il vrai qu'on député du Brabant, qui a
prononcé un long discours favorable au projet,
aurait reçu la promesse d'être créé... baron?
Est-il vrai que l'on aurait promis b un député
du Hainaut (il en est qui parlent de M. Van
Leempoel) de le nommer, en temps opportun,
officier de l'Ordre de Léopold?
Est-il vrai que l'on aurait reproché b un
député wallon de ne vouloir pas voter en faveur du
malencontreux paragraphe, au moment où l'on