Année.
Mercredi 18 Août 1858.
No 4,266.
42™e
LE PROPAGATEUR
pour la ville 6 fr. par an,
4 fr. pour 6 mois, 2-50 pour
trois mois.
FOI CATHOLIQUE.
CONSTITUTION BELGE.
pour le dehors fr. 7-50 par
an, 5 fr. pour 6 mois, 2-75
pour 5 mois.
7PB.31 S, *8 Août.
revue politique.
La Confédération Germanique se montre de'ci-
demment dispose'e b entrer en accommodement
avec le Danemarck au sujet de la question holslei-
ooise. Au sein de la Diète, le Hanovre, Oldenbourg,
Saxo-Meiningen et les villes libres orit seuls repoussé
les propositions conciliantes de la commission.
Rien de comparable b l'activité que déploie le
gouvernement russe pour réparer les pertes de la
dernière guerre et donner l'empire un nouvel
essor de prospéi ité. Nous avons naguère dit quelque
chose des immenses travaux qu'il fait exécuter
simultanément sur tous les points de l'Empire, du
littoral de la mer Noire et de la Baltique, jusqu'aux
rives du fleuve Amour, l'extrémité orientale de
l'Asie. Les immenses difficultés qu'il rencontre
dans l'abolition du servage ne ralentissent guère son
ardente activité. On prépare encore en ce moment
au ministère des voies et communications un projet
grandiose. Ii s'agit d'établir une voie directe de la
ballique a la mer Noire. Mais on hésite si on
établira uo canal de ia Vistule au Dnieper, ou du
premier de ces fleuves au Dniester. Dans le premier
cas, ce serait Odessa, dans le second, Kherson, qui
serait l'abouiissant du canal. L'exécution de ce
projet aurait en tous cas des avantages immenses
pour le commerce de l'Orient.
Les dernières nouvelles reçues de l'Inde par
Calcutta permettent de donner cours aux plus
fâcheuses prévisions. Malgré les succès partiels des
Anglais, et les exécutions sommaires qui les accom
pagnent, le parti de la révolte se grossit chaque
jour de nouveaux adhérents.Confinée d'abord dans
la régence de Delhi, elle s'éteud aujourd'hui
jusqu'au Bengale inférieur. La reine de Jbansi,
qu'on représentait comme tuée lors de la reprise de
Gwalior, a au contraire présidé l'évacuatiou de
la ville par les troupes iusurgées, et elle se trouvait
a a5 lieues environ d'Agra, b la tête de 18,000
combattants. Nena-Saïb se trouve aussi toujours
dans le Rohileund avec un corps respectable.
Walker recommence ses menées et prépare, b
ciel ouvert, une nouvelle expédition de flibustiers
contre l'Amérique centrale. Il dit tout haut que le
général Cass a plus d'une fois encouragé ses projets,
et lui a proposé de joindre ses flibustiers aux
troupes de Comonfort.
Dans la séance du 4 août le ministère libéral
issu des pavés de Mai, subit une humiliante défaite.
Pour s'assurer le succès, il avait lié l'adoption de
I eiubastillement d'Anvers qui lui était suggéré par
une puissance étrangère, a une loi encyclopédique
de travaux publics, a une espèce d'appel aux
appétits locaux, par une distribution générale de
millions.
Ce qu'il prévoyait ne pouvoir obtenir de la
raison et de la valeur de son projet, il avait espéré
'obtenir en mettant en jeu l'intérêt des localités,
en engageant la responsabilité ries députés vis - a—
'ts de leurs commettants auxquels uue partie du
gâteau était promis.
Avec un art perfide il avait ourdi uue superbe
'rame d'intrigues, il avait exercé une pression
violente sur les membres de sa chère majorité, il
avait fait intervenir un auguste personnage par sou
iufluerree sur les chefs de la minorité.
Enfin en désespoir de cause, dans une question
qu'il disait lui-même comprendre notre existence,
comme nation, notre commerce, l'honneur, la
dignité du pays, il avait fait miroiter aux yeux des
députés libéraux ce qu'il appelle l'intérêt sacré du
parti.
Et malgré tous ses efforts, le cabinet voit repousser
le ier de l'art. i" de son malencontreux projet
par 53 voix, dont 22 appartiennent b la gauche
et 31 b la droite.
Ce résultat déplait au ministère; nous le com
prenons; MM. Rogier et Frère se mettent en colère,
nous le comprenons encore; malgré leurs manœu
vres et la complaisauce de leur chère majorité, ils
se trouvent, leurs illusions évanouies, devaut une
triste léalité.
Ils se sont calmés, la nuit leur a porté conseil;
b leur réveil ils se sont dit Fesons boone mine
contre mauvaise fortune et ils ont ordonné
b leurs organes d'imprimer Que le ministère
loin d'être aflaibli par le vote du 4 août, s'était au
contraire honoré, fortifié aux yeux de l'étranger.»
Et les badauds qui sont eu majorité dans le pays
intelligent du libéralisme, de croireb celte assertion.
Mais restait une autre question a vider, celle de
la désunion de la majorité libérale. Il n'y a rien
d'aussi brutal qu'un chiffre et celui de 22 membres
de la gauche qui avaient voté le rejet de l'embas-
tillement d'Anvers était l'a, réalité incontestable.
Bah! ont dit les ministres; nous n'avons, il est
vrai, rien de solide b répliquer, mais nous crierons
Au clérical
Ce pelé, ce galeux, d'uù nous rient tout le mal
et nos badauds qui ont gobé la mouche, avaleront
aussi ce ebatneau,et nous amènerons une diversion
dans leurs idées.
El là dessus, ordre est donné b tous les organes
du libéralisme petits et grands, d'accabler la mino
rité conservatrice de leur courroux, de leur indi
gnation, de courir sus au clérical.
Et l'Yproise feuille de carton d'accuser les
membres de la droite et M. Malou en particulier,
de manquer de patriotisme, d'avoir obéi non pas
leur conviction mais a un mot d'ordre parti tout b
la fois des six palais épiscopanx de la Belgique!!
Oh! beaux Messieurs du Progrès, il faut que
vous soyez bien convaincus que le plus grand
nombre de vos lecteurs n'ont pas même l'honneur
d'appartenir b la race des crétins, pour oser leur
débiter des billevesées pareilles!
S'il y a quelque part une foi aveugle c'est bien
la vôtre! Vous obéissez b un mot d'ordre, en
publiant des contes dont vous ne croyez pas vous-
mêmes le premier mol; mais vos maîtres ont parlé
et vous êtes obligés de vous faire l'écho de leurs
extravagantes sottises.
Une correspondance bruxelloise assure que
M. A!p. Vamdenpeereboom, s'il eut été présent
a la séance du 4 août dernier, aurait émis un
vote négatif voilà du moins ce qu'affirment
ses amis, et ce que nous n'éprouvons nulle peine
croire.
Dans ce cas, l'accusation ridicule d'ailleurs
lancée par le Progrès contre les membres de la
droite, d'avoir en volant contre le projet des
fortifications d'Anvers, manqué de patriotisme,
d'avoir obéi un mot d'ordre parti de l'arche
vêché de Matines, tombe de tout son poids sur
le député libéral d'Ypres.
Si au contraire, M. Alp. Vanclenpeereboom
eut voté en faveur du projet, comment qualifier
son absence de la Chambre au moment du vole
important d'où le Progrès fait dépendre l'indé
pendance, la nationalité du pays?
Que le Progrès explique cette conduite; puis
qu'il a tant de perspicacité pour sonder les
intentions de ces hommes qu'il est si peu même
de connaître, il sera mieux encore nous décou
vrir les motifs qui font agir ceux avec lesquels
il est uni de cœur et d'dme.
Dans l'espèce, le Progrès est obligé fournir
l'explication par son attaque inconsidérée con
tre la droite, il a compromis l'honneur politique
d'un homme, que malgré la différence de nos
opinions, nous prenons toujours au sérieux.
Il plaît b MM. les libéraux de révoquer en doute
le patriotisme de la droite, parce qu'elle a voté
contre le projet ministériel des fortifications
d'Anvers.
Toute la discussion a fait ressortir quels senti
ments anime le parti conservateur.
Après les injustices et les avanies dont les libé
raux exclusifs avaient abreuvé les conservateurs,
on pouvait croire que ceux-ci profiteraient des
maladresses du ministère pour prendre une revan
che politique et culbuter leurs adversaires sur le
terrain où ils les rencontraient. L'occasion était
belle, la tentation pouvait paraître séduisante.
L'opinion conservatrice n'y a point cédé. De
prime abord elle a déclaré qu'elle ne voulait point
traiter la question des fortifications d'Anvers
comme une question de parti, mais comme une
question nationale; qu'elle faisait abstraction de
ses griefs et de ses sujets de plainte pour le juger
au point de vue de l'intérêt général.
Quand la discussion eut rais a nu les côtés faibles
du projet ministériel et démontré a chacun l'impos
sibilité de le voter, ce furent les conservateurs qui
suggérèreut l'idée d'un ajournement. Le ministère
constamment aveuglé b son détriment, n'accepta
point cette porte de sortie il monta ses ainis contre
la proposition d'ajouruement et finit par succom
ber lourdement sous le poids de plus de soixante
voix hostiles.
Ainsi l'opinion conservatrice ne s'est laissée
émouvoir dans toute celte affaire que par ses sen
timents patriotiques. Elle a même annoncé, par
l'organe d'un de ses principaux orateurs, que, si
jamais le pays était en danger, elle oublierait ses
griefs contre l'opinion exclusive et soutiendrait au
besoin ses adversaires politiques, dussent ceux-ci
renouveler le spectacle de leur noire ingratitude.
Par cette noble conduite le parti conservateur a
fait preuve du patriotisme le plus éclairé; il a
considérablement grandi dans l'opinion de la Bel
gique et daus celle de l'Europe; il a donné au
ministère et au parti libéral une bonne leçon de
générosité et d'indépendance, Inde irce
La Patrie parisienne a donné au cabinet Ro
gier- Frère des témoignages de sympathie aussi
nombreux et aussi éclatants que peu mérités
selon nous. L'opinion de ce journal ne saurait
donc pas être suspecte nos adversaires.