A» 4,277. 42me Année. 7 3 S 25 Septembre. Depuisl850les administrations libérales se sont évertuées créer autant de bourses d'études que possible. Convaincus que les établissements d'instruction moyenne ne jouiraient jamais de la confiance des familles, elles ont tâché de suppléer l'absence de popularité par des prodigalités administratives. Au furet mesure qu'elles voyaient augmenter le chiffre des élèves des établissements privés, les administra tions publiques votèrent de nouvelles bour ses d'études, afin d'acheter, force d'argent, les élèves qui ne leur venaient pas spon tanément, etde préserver certains athénées et écoles moyennes d'une désertion com plète. Comme les familles libres et indépen dantes fuyaient généralement les établisse ments officiels, legouvernement ne pouvait guère compter que sur les enfants de la petite bourgeoisie, qui n'ont point, par eux-mêmes, le moyen de s'engager dans les carrières libérales. Pour obtenir des élèves de cette classe, il fallait de l'argent et beaucoup d'argent. On a donc voté des bourses et beaucoup de bourses. Depuis quelque temps s'étaient introduits des abus qui avaient pris des proportions telles, que le gouvernement a cru devoir y obvier en partie, en fixant 7 ou 8 ans la jouissance des bourses d'études. C'est l'objet de la circulaire relative aux bourses publiée il y a peu de jours. Puisse la mesure ministérielle arrêter un scandale vraiment criant Il y aurait un remède plus efficace et plus rationnel employer ce serait de réduire le nombre exagéré des bourses votées pour l'enseignement officiel. Au jourd'hui on n'établit pas des bourses pour aider les jeunes gens qui étudient mais on cherche partout des élèves pour les faire jouir des bourses qui ont été votées. C'est là un désordre, un gaspillage, un vrai scandale public. Pour ne point parler de la révolution sociale que ce système prépare, en opérant un déclassement dangereux des conditions, pour la ville 6 fr. par an, 4 fr. pour 6 mois, 2-50 pour trois mois. FOI CATHOLIQUE. CONSTITUTION BELGE. pour le dehors fr. 7-50 par an, 5 fr. pour 6 mois, 2-75 pour 5 mois. revue politique. Malgré le calme appareot qui règne la surface de l'Europe, les sicaires de la révolution D'en poursuivent pas moins leurs ténébreuses menées et préparent de nouveaux complots aux gouverne ments endormis dans une funeste quiétude. L'Italie est encore loin d'être tranquille et, de fait, c'est do seiu de ces populations impressionnables et rerouantes que doit partir le signal. Mazzini, dont nos feuilles libérales admirent volontiers la grande figure, voire même la vertu elle talent, Mazzini, dit un de nos journaux, songe moins que jamais k s'endormir. Tout en tenant, comme d'ha bitudesa courageuse personne très-grande distance du danger, il stimule partout le fanatisme des siens. Aujourd'hui, il s'est rapproché des socialistes proprement dits, avec qui il paraissait, en i852, en dissidence, affectant 'a cette époque de vouloir avant tout la révolution de la péninsule italienne. Il n'y a pas jusqu'au gouvernement anglais qui n'ait a redouter les vipères qu'il réchauffe au soleil des franchises britanniques. Les réfugiés politiques qui ont trouvé sur le sol de l'Angleterre, un abri contre la vindicte des lois de leur propre patrie, usent de tous les moyens pour soulever l'esprit des masses, aussi bien contre le ministère Derby, que contre le ministère Palmerstoo. Mais pour faire voir clair aux gouvernements qui ne vivent que d'expédients et se reposent de tout sur l'habilité de leurs agents et la force des bayonnettes, il faudrait que la lumière se fit la flamme de quelque conflagration sociale; pour faire entendre raison la bourgeoisie, qui se croit libérale et n'est que voltairieuue, il faudra la voix d'oo de ces cataclysmes politiques, tel que celui qui en i848 la vint réveiller de ses illusions au bord d'un abîme. En effet, la bourgeoisie libérale rentre de plus en plus dans ses anciens errements. LA CONTREBANDE SOUS L'EMPIRE. (Suite et fin. Voir le n° 4>27^ du Propagateur.) Il y eut cependant une occasion et peut-être ce fut la seule, où il passa condamnation sur une infraction aux droits de la douane, et pourtant cette fois il ne s'agissait pas d'un acte de contrebande ordinaire. Les grenadiers de la vieille garde, sous les ordres du général Soulès, revenaient en France après la paix de Tilsitt. Arrivés Mayence, les douaniers veulent faire le devoir, et par conséquent visiter les fourgons de la garde et du général. Toutefois le directeur des donaoes cherche mettre des procédés a sa mission, et va prévenir ce chef de corps de la nécessité qui le contraint h faire exécuter les décrets bien explicites de l'empereur ce sujet. La réponse de Soulès k cette ouverture courtoise fut énergique et simple Si un seul de vos gabelous, dit-il au direc- 'eur, ose porter la main sur les caissons de mes lapins, je les fais tous f.... dans le Rhin, comme ■les petits chats. Aujourd'hui, le parti orléaniste, dout elle constitue la masse et qui représente toutes ses tendances, le parti otléaniste, après avoir rompu avec les légitimistes, opérerait sa fusion avec les républi cains modérés. Sans doute espère-t-il ménager de nouveaux étais k la fortune du comte de Paris mais, qu'il se le tienne pour dit, tôt ou tard il sera dupe de ses alliés. Ceux-ci accepteront son con cours pour la lutte, mais le renieront le lendemain de la victoire. Ou ajoute également que la presse et la diplo matie anglaises et peut-être même l'or anglais travaillent k une restauration orléaniste. Quoiqu'il en soit de cette assertion, toujours est-il que la politique de l'Angleterre c'est de voir sa rivale naturelle aux mains d'un gouvernement trop tiraillé au-dedans par les luttes des partis, pour être k même de lui causer jamais au dehors quelque sujet d'appréhensions. Notre chronique politique esl aujourd'hui sobre de nouvelles proprement dites. Il oous reste toute fois k signaler les succès que viennent de remporter les Russes dans le Caucase sur Schamyl et ses Circassieus. A la suite d'une première escarmouche, où déjk il avait éprouvé d'assez fortes pertes, Schamyl n'eu attaqua pas moins, le il août, les forces moscovites pour uoe action plus décisive. Mis en déroule par le général Mischtehenko, les Circassiens laissèrent sur le champ de bataille 370 morts, tandis que la perte des Russes ne serait, dit-on, que de i4 morts et 16 blessés. LE SCANDALE DES BOURSES D'ÉTUDES. Le directeur hésite les douaniers sont en grand nombre, et résolus de procéder k la visite, quand le général fait former son régiment en carré, la baïonnette croisée et les fourgons au milieu. Le directeur, n'osant alors passer outre, se retire et adresse k la direction générale des douanes, k Paris, un rapport qui est mis sous les yeux de l'empereur, avant même l'arrivée de la garde k Courbevois, sa garnison ordinaire. En toute autre circonstance, le cas eût été grave; mais Napoléon, k son retour dans sa capitale, avait été plus que jamais salué par les acclamations de tout un peuple enivré de sa puissance; mais cette vieille garde revenait resplendissante de gloire; elle avait été si belle k Auslerlitz, k Iéna, k Eylau! sou commandant y avait cueilli tant de lauriers! Tout cela se réunit pour faire tomber la colère de I empereur: et ne voulant pas punir, dès-lors il n'avait qu'k récompenser; il ne prit pas au sérieux l'infraction faite, par menace, k ses lois de douanes; et Soulès, qu'il aimait beaucoup, fut mandé a son lever aussitôtson arrivée k Courbevoie. Le général arrive, Napoléon le reçoit très-bien. Puis après quelques propos relatifs k la comp- tabilité et k la discipline de la garde, il ajoute: A propos, dis-moi doue, Soulès, tu eo as fait de belles Ik-bas, k Mayence?... Comment! tu voulais jeter mes douaniers dans le Rhin Franchement, est-ce que tu l'aurais fait? Oui, sire, répond Soulès avec son accent allemand. Bah! tu plaisantes, ajoute Napoléon avec beaucoup de gaîté. Je vois ce que c'est, tu as fait la contrebande. Moi! sire. Oui, toi! tu as acheté du linge en Hanovre pour monter ta maisoo, parce que tu as pensé que je te ferais sénateur. Sire... m Tu De t'es pas trompé; mais De recommenre pas la même plaisanterie une autre fois, car je te donne aussi ma parole d'honneur d'empereur, moi, je te ferais fusiller... Allons, va commander ton costume de sénateur. El Napoléon avait prononcé ces derniers mots avec un acceot et un regard qui firent passer au général toute idée de contrebaude pour l'avenir. Ceci nous rappelle que peu de temps après que

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Le Propagateur (1818-1871) | 1858 | | pagina 1