42me Année.
No 4,282.
FOI CATHOLIQUE.
CONSTITUTION BELGE.
??.2S, 13 Octobre.
UNE GUERRE DOMESTIQUE.
Il nous reste, avant que de clore cette revue
politique b faire mention de l'avèneinent du prince
de Prusse b la régence du royaume, en vertu d'un
ordre royal. Le ministre de l'intérieur, M. de
Weslphalen, a quitté le ministère et a été remplacé
par M. de Hottwel, ancien ministre des finances.
La Marseillaise des athénées, écoles
moyennes, ateliers d'apprentissage etc.
vient d'être reproduite dans les colonnes
de la feuille ministérielle publiée dans
notre ville.
pour la ville 6 fr. par a*,
4 fr. pour 6 mois, 2-50 pour
trois mois.
pour le dehors fr. 7-50 par
an, 5 fr. pour 6 mois, 2-75
pour 3 mois.
revue politique.
Les nouvelles de Lisbonoe annoncent l'arrivée
devant celte ville de deux bâtiments de guerre
français, VAusterlilz et le Donawerlh, dans le
but de soutenir les réclamations de la France dans
l'affaire du Chartes-Georges. Ce navire, du port
de Nantes, avait été autorisé par le gouvernement
impérial entreprendre l'émigration de noirs libres
pour les colonies françaises. Le Charles-Georges,
ayant son bord un commissaire do gouvernement,
avait complété sa cargaison, lorsqu'il fut saisi par
an navire portugais de la station de Mozambique,
non sous l'accusation de traite, comme on l'a cru,
mais sous le prétexte que les noirs engagés avaient
été pris sur le territoire de Mozambique. Une déci
sion du tribunal de ce pays déclara la capture
régulière et le navire fut envoyé Lisbonne. Par
contre le gouvernement impérialaprès avoir
obtenu du capitaine et du commissaire qu'il avait b
bord les preuves que les engagements avaient été
faits sur territoire libre, réclama énergiquement la
restitution du navire capturé. Ce sont les refus
réitérés du cabinet de Lisbonne qui ont déterminé
de la part du gouvernement français la démonstra
tion belliqueuse dont il s'agit.
Ce conflit acquiert une importance plus grande,
en ce que derrière les actes de mauvais vouloir du
cabinet portugais les esprits prévenus croient dé
mêler les intrigues et les instiguations de l'Angle
terre. Tout le monde, dit une correspondance
française, connaît les rapports iutimes du Portugal
avec l'Angleterre. Le gouvernement portugais
actuel a été fondé par les Anglais, ces protecteurs
de Don Pedro contre Don Miguel. L'alliance de ces
deux puissances inégales est devenue si étroite,
Sur les bords du Rhin, dans la partie inférieure
de son cours,existe un petit village propreet agréa
ble voir, où l'on ne connaît pas la misère; car
les champs et les prairies sont fertiles, les habitants
laborieux et économes. Le plus riche paysan de
l'endroit était le vieil André. Sa maison et ses éta
pes se trouvaient près du fleuve, là où le chemin
du halage passe devant la bourgade. Lorsqu'il
mourut, tous ses biens échurent ses deux fils,
lout l'aîné s'appelait Gaspar et le plus jeune Zébu-
Ion.
Depuis son enfance, Gaspar était robuste et plein
de santé: quinze ans, il guidait une charrue,
maniait la faux aussi bien que n'importe quel
homme, et le soir, lorsqu'il rentrait pour prendre
son repas,il lui fallait autant de soupe et de pommes
de terre qu'au plus vigoureux laboureur du pays.
Zébulon, au contraire, avait été un enfant rachi-
'"]ue, et pendant trois ans avait avalé plus de ti-
■auue que de bière. Toutes les maladies auxquelles
e jeune âge est snjet, l'avaient d'ailleurs tourmenté.
Quand il eut quatorze ans, il se fortifia, mais ses
jambes demeurèrent torses et vacillantes, et il fut
a°e mauvaise pratique pour le barbier, car il n'eut
Jamais un poil de barbe. Ne montrant aucun goût.
qu'il y a non-seulement déférence, mais dépen
dance d'un côté, non-seulement protection, mais
suzeraineté de l'autre. D'autre part l'Angleterre
n'a point caché son opposition systématique h
l'essai que nous tentons, de recrnter le travail colo
nial au moyen des engagements libres. Elle a flétri
cet essai en l'assimilant h la traite. N'est-il pas per
mis d'appréhender que l'obstacle mis par les auto
rités portugaises de la Mozambique au recrutement
des travailleurs libres, n'ait été suscité par l'Angle
terre? N'est-il pas au moins vraisemblable que le
cabinet de Lisbonne a consulté le cabinet de Saint-
James avant d'opposer une fin de non-recevoir
aux justes représentations de notre cabinet?
Au reste, tout le monde chez nos voisins du
midi ne partage pas cette dernière opinion. C'est
ainsi que la Pairie, feuille impérialiste, dit que
tout doit faire supposer que le gouvernement de
Don Pedro ne recevra du côté de l'Angleterre que
de sages conseils.
Pour nous, nous rechercherions plutôt les causes
de l'attitudeinalveillaate du ministère- Louléenvers
le gouvernement impérial, dans la pression écrasante
qu'il subit de la part des loges maçonniques. Ce
sont elles, qui dernièrement encore l'ont réduit
jouer un rôle misérable dans l'affaire des sœurs
françaises de la Charité. Ces nobles filles de S'
Vincent de Paul s'étaient vues appelées en Portu
gal, la suite des ravages du choléra de 1856, et
on leur avait confié la charge de recueillir et
d'élever les nombreux enfants que l'épidémie avait
rendus orphelins. Un décret royal approuva et
autorisa leur entrée eu Portugal. Elles accoururent
au moment où la fièvre jaune sévissait avec fureur,
et l'une d'elles mourut victime du fléau. Leurœuvre
rencontra tout d'abord l'appui généreux de la
famille royale et un tribut unanime d'éloges chez
tous les hoonêtes gens de tous les partis. Mais tout
pour les travaux de la ferme, il aimait rester près
du poêle, où il s'amusait avec les enfants du voisi-
uage, quoique beaucoup plus jeunes que lui; son
principal plaisir consistait b leur fabriquer toute
espèces de jouets, b réparer les têtes et les jambes
cassées des animaux de bois, b coudre des habits
pour les poupées. Voyant qu'il serait inutile dans
les champs, le vieil André l'avait mis en appren
tissage chez un tailleur. Il mania bientôt l'aiguille
avec adresse; avant la mort de son père, il tra
vaillait déjà pour son compte et faisait assez bien
ses affaires. Les jeunes filles évitaient cependant sa
rencootie, celles mêmes dont il avait jadis babillé
les poupées; elles se moquaient de lui et l'avaient
surnommé maître Jambes-Torses, par suite de la
conformation vicieuse de sesextrémitésinférieures.
Ces plaisanteries le découragèrent; il finit par re
noncer aux projets d'amour, et reporta toute son
affection sur son frère, qui, s'étant marié de bonne
heure, seloD l'usage des campagnes, augmentait
chaque année sa famille.
Lorsque le vieil André mourut, ses enfants s'ac
cordèrent sans peine pour le partage de ses biens
Gaspar prit toutes les terres labourables; la maison,
le jardin potager, les prairies voisines furent le lot
de Zébulon. Il céda le rez-de-chaussée b son frère,
qui le nourrissait en guise de loyer; il habitait lui-
même le premier étage, où il avait une belle grande
b coup, en juin, il semble qu'un mot d'ordre ait été
donné. On crie dans la presse libérale que le monstre
de la réaction religieuse a fait son entrée en Portu
gal; on essaie de souiller la réputation des Sœurs;
on entasse calomnies sur calomnies; jusqu'à ce
qu'enfin par une progression logique et inévitable
l'on passe aux voies de fait, et que dans les rues
d'une ville catholique ces anges de paix et de
charité chrétienne se voient assaillies de coups de
pierres, de poings et de bâton. C'est b un an d'in
tervalle la répétition des scènes de mai 57 b
Bruxelles, b Anvers, b Jemmapes. Le ministère-
Loulé laisse se commettre impunément au grand
jour ces violences indignes d'une nation civilisée.
Bien plus il s'engage vis-à-vis des fauteurs de
désordre dans des concessions que l'on méprise et
qui ne font qu'enflammer les passions. Aujourd'hui
de tous les points du royaume de nombreuses péti
tions demandent le maintien des Sœurs et réclament
justice pour elles, tandis que les loges n'oublient
rien pour effrayer un ministère accoutumé b subir
leur ascendant. On anoonce toutefois que sur les
observations de M. de Lisle,ambassadeur de France,
le président du Conseil a promis, au nom de son
gouvernement, que les Sœurs de S' Vincent de Paul
jouiraient b l'avenir d'une pleine et entière sécurité.
cha mbre, dont une large fenêtre donnait sur la rue
principale du village, et l'autre sur un pré, le long
du Rhin. C'était la que se trouvait son établi et que
fonctionnait son aiguille; il ne pouvaitrieuse passer
b son insu dans les environs. Chaque batelier qui
prenait terre devait échanger avec lui quelques
mots et lui donnait des nouvelles toutes fraîches de
Mayence ou d'Emerich. Ses jours se passaient d'une
manière agréable, et il devint un vieux garçon sans
s'en apercevoir.
Les deux frères vécurent vingt années en bonne
harmonie, b la grande joie des enfants de Gaspar,
qui étaient, du matin au soir, dans la chambre de
leur oncle, regardaient par les fenêtres et le cajo
laient pour qui leur fît des poupées et des poli-
chinels, quand le crépuscule venait suspendre son
travail. Etaient-ils en âge de fréquenter l'école, ils
devenaient impertinents, parce qu'ils entendaient
leurs camarades tourner Zébulon eu ridicule. Ils se
montraient moqueurs et agressifs, jusqu'à ce que le
pauvre tailleur les prit par la main et leur dit
d'aller faire un tour de promenade au rez-de-chaus
sée. Il avait l'habitude de les expédier de la sorte
ou inviduellement ou tous b la fois.
Les choses en étaient là, quand le diable trouva
moyen de mettre le pied dans celte famille. Gaspar
avait douze enfants, de taille diverse, comme les
tuyaux d'un orgue. Prudent et frugal, il avait accru