42me Année.
No 4.288.
7 F. S S 27 Octobre.
QUESTION DES EAUX A PARIS.
pour la ville 6 fr. par a."!, p0ur le dehors fr. 7-50 par
4 fr. pour 6 mois, 2-50 pour FOI CATHOLIQUE. CONSTITUTION BELGE. an, 5 fr. pour 6 mois, 2-75
trois mois. pour 3 mois.
revue politique.
La grande nouvelle du jour est l'arrangement
conclu Lisbonne entre la France et le Portogal.
Le Charles - Georges est rendu, le capilaioe,
condamné par le tribunal de Mozambique a deux
ans de fers, est mis en liberté, et l'indemnité sera
payée, sans qu'il soit besoin d'avoir recours un
arbitrage.
Depuis quelque temps déjà les grands journaux
quotidiens du pays et de la France ont longuement
commenté un incident arrivé a Bologneet qui
d'abord ne nous avait point paru avoir l'impor
tance et le caractère requis pour trouver place dans
une simple revue politique. Aujourd'hui le bruit
qu'on a fait autour de cette affaire; les haineuses
déclamations des feuilles antireligieuses et rationa
listes nous engagent a notre tour exposer dans
toute sa simplicité l'événement dont il s'agit.
Le juif Mortara de Bologne avait a son service
une servante catholique. Celle-ci, voyant l'un des
enfants de son maître, âgé de six ans, en péril
immineot de mort, croyant n'obéir qu'à un devoir
impérieux lui conféra secrètement le baptême.
Cependant l'enfant releva de sa maladie. Deux
années se passèreot sans que personne dans la
famille soupçonnât ce qui avait été fait par la
servante mais celle-ci, ayant quitté le service de
Mortara, crut devoir dénoncer le baptême de l'en
fant juif l'Archevêque de Bologne. S. E. le
Cardinal Viale Prela dût alors appliquer les canons
et les bulles de l'Eglise sur les enfants entrés dans
son sein par le baptême, ou courir le danger d'un
immense scandale aux yeux des catholiques.
L'autorité fit donc demander Mortara s'il
entendait élever son fils chrétiennement on lui en
offrit les moyens et ils étaient capables de concilier
ses droits paternels avec ceux de l'Église. Après
des refus réitérés, l'Archevêque ne consulta plus
Del'eau pore,salobreetenquantitésnffisante, est
l'un des plus pressants besoins des hommes, isolés
ou réunis en société. Aussi chez tons les peuples,
anciens et modernes, aucun soin, aucune dépense
n'ont été épargnés pour satisfaire celte nécessité
de premier ordre.
Dans l'ancienne Rome, neuf aqueducs, dont la
longueur dans l'ensemble est évaluée, par différents
auteurs, de 38o 520 kilomètres, fournissaient aux
babi'ants de la ville étemelle une masse d'eau que
les estimations les plus modérées portent 370,000
et que le savant Prony évaluait plus de 787,000
métrés cubes par jour. Trois de ces aqueducs
restaurés versent encore dans la Rome moderne
180,000 mètres cubes d'eau par jour: c'est pour
'es 170,000 habitants de cette ville environ cinq
fois plus que ce dont peuvent disposeren ce moment
les 1,200,000 habitants de Paris.
La plupart des grandes ou anciennes villes de
1 Europe, Ségovie, Tarragone, Poitiers, Nîmes,
que sou devoir. L'enfant fut conduit Rome au
catéchuménat, non pas l'effet de lui faire rompre
ses liens naturels, ni de lui imposer par la con
trainte corporelle ou morale une profession de foi,
mais seulement afin de lui procurer dans une
maison, qui n'est pas autre chose qu'un pensionnat,
une instruction religieuse suffisante pour le faire
correspondre, s'il le voulait, la grice de son
baptême. Ajoutons que chez ce jeune enfant se
manifestent déjà visiblemenl les signes d'une voca
tion raisonnée an christianisme. Son père, qui a pu
voir son fils et communiquer avec lui aussi souvent
qu'il l'a voulu, a pu se convaincre par lui-même
que, bien loin d'être contraint par des influences
extérieures, l'enfant obéissait au mouvement de la
grâce avec la plus admirable spontanéité. De son
côté le Souverain-Pontife, qui a voulu voir l'inté
ressant néophyte, l'a comblé des témoignages de
sa bonté paternelle et de son auguste protection.
Il u'est donc point question en tout cela de
baptême imposé de force, non plus que de persé
cution religieuse. De tout temps Rome fut la terre
la plus hospitalière pour les Juifs. Là ils trouvèrent
un refuge assuré lorsqu'ils étaient persécutés,
dépouillés, brûlés en masse partout ailleurs. Au
jourd'hui encore, il y a Rome 10,000 Juifs, (et
par conséquent 3 ou 4 mille enfants de cette
nation,) lesquels peuvent exercer leur culte en
toute liberté.
Cependant l'affaire Mortara, qui en d'autres
temps eut passé inaperçue, sert de texte aujourd'hui
aux récriminations furibondes et insensées de la
presse rationaliste et prétendue libérale. Rien
d'étonnant, puisqu'il entre dans le système général
d'agression conçu et exécuté de toutes parts contre
le gouvernement pontifical, de travestir le vrai,
d'accumuler le faux, de profiter des moindres
incidents pour faire ressortir les prétendus vices de
ce gouvernement et le représenter comme une
anomalie politique, un anachronisme au sein de
l'Europe du XIX" siècle. Chose uoter cependant,
Lyon, Metz, Reims, etc., ont conservé des restes
d'aqueducs considérables; quelques-uns, tels que
ceux de Samos et de Pétra, remontent la plus
haute antiquité.
De nos jours des travaux gigantesques ont été
accomplis dans le but de fournir de nombreuses
populations des quantités d'eau en rapport avec
leurs besoins. On connaît le système d'arrosement
de la ville de Londres. Pour donner de l'eau aux
habitants de Philadelphie, on a barré le Schuykill.
Marseille, peuplé de moins de 3oo,ooo habitants,
a dépensé 20 millions pour amener dans ses murs
les eaux de la Durance. Des villes d'une moindre
importance, Reims, Poitiers, Béziers, etc., n'ont pas
craint de s'engager dansdes dépenses qui semblaient
hors de proportion avecleurs ressources financières,
pour se pourvoir d'eaux potables. On ne saurait
donc trop applaudir aux efforts tentés par M. le
préfet de la Seine et par le conseil municipal, pour
doter enfin la ville de Paris d'une quantité d'eau
proportionnée la grandeur de cette cité et au
nombre de ses habitants.
Mais après avoir rendu justice au mérite de cette
tentative, il doit nous être permis d'examiner et de
<>ênes il se passe en ce moment on fait absolu
ment semblable celui de Bologne. Pourquoi donc
trouver tyrannique dans les Etats Romains, ce
qu'on tolère sans souffler mot dans les États Sardes?
C'est que tout est au mieux, quoiqu'il advienne,
sous le gouvernement de M. de Cavour, aux yeux
de ce libéralisme bâtard, inconséquent et meoteur,
qui chez nous, nonobstant la Constitution, prétend
imposer de par la loi aux familles Belges l'ensei
gnement sceptique et rationaliste de l'État.
On est généralement plus surpris d'entendre
certains journaux français semi-officiels, le Con
stitutionnel notamment, faire chorus avec la presse
voltairienne. Rappelons-nous toutefois qu'en plus
d'une circonstance il a paru de bonne guerre aux
feuilles impérialistes d'affecter des allures de libres-
penseurs,et que le gouvernement français lui-même
a souvent cru d'une habile politique de ne point
rompre ouvertement avec les préjugés ou les
engouements les plus antipathiques, même ses
propres conditions d'existence. Le Constitutionnel
donc parle d'une intervention diplomatique de la
France comme d'un fait qu'il suppose accompli, et
prétend avec une outrecuidance, digue de Gros-
Jean qui en remontre son curé, prétend apprendre
au Pape et l'Église ce qu'Elle doit faire ou ne pas
faire.
L'unité s'est refaite, dit une correspondance
légitimiste, entre les publicistes du gouvernement
parlementaire et les publicistes habituels du gou-
vernetueut actuel. Pendant trois semaines, on a vu
sous un régime en présence duquel un journal ne
peut impunément critiquer un sous-préfet, tous les
journaux de Paris et des départements attaquer
l'Église et la papauté avec une violence, une
témérité qui n'ont point été surpassées socs le
régime de la liberté de la presse, au plos fort de la
lutte contre l'Eglise. Les journaux des diverses
nuances ont dit hautement que le rôle de l'Église
était fini, qu'il appartenait au gouvernement de
prendre la direction des intelligences comme celle
des intérêts, et que le pouvoir spirituel devait
passer dans ses mains.
rechercher les raoyeus les plus propres la faire
réussir.
Rendons-nous compte d'abord de la quantité
d'eau nécessaire Paris; nous verrons ensuite
comment on peut se la procurer.
La superficie de Paris, en dedans du mur d'octroi,
est de 3,44o hectares, plus de deux lieues carrées;
et le recensement de 1856 porte sa population
intra-muros 1,174,000 habitants. Mais il nous
paraît impossible que,dansun avenir très-prochain,
les communes de la banlieue comprises en dedans
de l'enceinte fortifiée ne soient pas administrative-
ment réunies la ville de Paris. Lors même que
cette réunion ne devrait point avoir lieu, il n'y a
pas de raison valable pour laisser en de-hors des
prévisions administratives, en ce qui concerna
l'arrosement et l'usage des eaux, toutes les villes
importantes qui touchent Paris, et qui, en réalité,
sont des dépendances de cette ville.
Passy, Anteuil,Neuilly, lesThernes, Batignolles,
Montmartre, la Chapelle, la Villette, Bel le» ille,
Bercy, la Gare, Montrouge, Vangirard, Grenelle,
toutes ces localités ont besoin d'eau comme Paris. Il
n'y a pas de raison sérieuse pour considérer leurs