LE PRÉSENT ET L'AVENIR. Au Congrès on distinguait l'opinion libérale de l'opinion catholique; il y avait même trois opinions tranchées, car il s'y trouvait quelques hommes qui voulaient la suprématie du pouvoir laïque sur le pouvoir de l'Eglise; mais c'était une faible traction, et elle ne fut point écoutée. La grande majorité des libéraux d'alors recon naissait hautement la nécessité d'un pou voir religieux, indépendant, comme moyen de gouvernement. L'un d'entre eux disait qu'un bon curé vaut mieux dans une commune, pour y maintenir l'ordre et la paix, qu'une brigade de gendarmerie. Comment cet esprit de sagesse s'est-il évanoui? Des écrivains catholiques, en jetant uu coup d'oeil sur 1 histoire de nos luttes politiques,classent encore aujourd hui les Belges en deux grands partis, les catholi ques et les libérauxquelques uns y ajou tent même les doctrinaires. Celte classifica tion nous semble fautive. D'abord quant aux doctrinaires, ils n'ont jamais formé chez nous un parti ils n'ont été que des hommes de bascule ou d'expédients, sans principes politiques et sans convictions, ménageant telle ou telle opinion selon le vent dominant et n'obtenant la confiance de personne. De tels hommes peuvent avoir une certaine valeur personnelle cause de leurs talents; ils n'en ont aucune cause de leurs systè mes.Cela est si vrai, qu'aprèsavoirdéfendu le catholicisme pendant les premières annéesde notre révolution,ils sont devenus les alliés les plus dévoués de ses ennemis, du jour où ils l'ont vu chanceler dans l'arène politique. Il n'est pas exact non plus de dire que la Belgique est aujourd'hui divisée en deux grands partis. Non: il faut enfin appeler ies choses par leurs noms. Les libéraux ne sont plus un parti potiliqiie; ils ont cessé de l'être depuis qu'ils se sont unis des hommes qui ont déclaré une guerre mort aux princi pes éternels de l'ordre social; depuis que ceux qui sont la tête du pouvoir ont fait cause commune avec les fauteurs du désor dre en les acceptant pour auxiliaires ou pour maîtres. Aujourd'hui plus d'équivoque possible; le prestige est dissipé; dijons le hautement; la vérité le veut: les deux partis en présence sont le parti du bien et le parti du mal c'est l'antique lutte qui n'a jamais cessé d'exister, tantôt sous un nom, tantôt sous un autre: le libéralisme, au jourd'hui, c'est le parti du mal, caché sous un nom séducteur, qui llatle l'esprit et les passions du siècle. Ceci paraîtra sans doute étrange cer tains esprits novices, qui croient leurs accointances fort innocentes parce qu'ils ne sont pas ennemis déclarés de la religion et de l'Eglise. Mais ceux-là vont où on les mène, et ne comptent pas dans le parti la question est de savoir ce que veulent les chefs, ceux qui entraînent tout? Or, les faits parlent assez haut ce qu'ils veulent, c'est la ruine du catholicisme divisés profondément sur beaucoup de points; ils sont tous d'accord sur celui-ci. Le libéra lisme n'a répudié ni Froudhon; ni Quinet, ni les journées de mai; il n'a répudié que le Christ et l'Église. Les libéraux,associés aux francs-maçons, font outrager par leurs adeptes, les Sœurs deSaint-Vincent-de-Paul Lisbonne; insul ter les Jésuites et les Petites-Sœurs des pauvres Bruxelles; torturer et brûler les Frères de la Doctrine Chrétienne Jemma- pes. Voilà les hommes du parti libéral, ses amis, ses agents, ceux dont il accepte ou proclame volontiers la coopération. Qui s'inquiète encore parmi nous des senti ments patriotiques et des services rendus au pays dans des temps périlleux? Des hommes connus pour avoir publiquement conspiré contre l'indépendance de la Bel gique jusqu'en 1839, aujourd'hui hissés au pinacle du pouvoir, sont devenus les pro tecteurs et les protégés du ministère, |e5 organes de la presse libérale et des clobs Le libéralisme n'est plus qu'une secte fana! tique, irréligieuse, exclusive, intolérante cynique, violente, ou, pour l'appeler par son nom, une intrigue, une rouerie, or^a- nisée pour le rapt du pouvoir main armée. On a ses adeptes et ses afiidés; on suscite des émeutes, on lanee des pavés on des bombes incendiaires ses adversaires- on terrifie les uns, on chasse les autres, et on prend leurs places, et on appelle encore cela l'ordre légal! Ces hommes ignorent ou feignenld'igno. rer qu'il y a désormais deux époques bien tranchées dans l'histoire de notre Belgimg constitutionnelle celle qui a précédé les journées de mai, et celle qui les a suivies. Les journées de mai sont une tache indélé bile la robe libérale qui la macule, qui la perce jour, que rien ne saurait effacer. Les journées de mai sont le triomphe, et la honte du libéralisme! Oui, la honte, car elles l'ont tué! Il est triste pour des hommes qui aiment leur pays d'avoir dévoiler de telles turpitudes qui souillent le passé et la gloire de la nation et compromettent jamais son avenir. Mais il le faut; elles ne sauraient échapper au fouet vengeur de l'histoire. Les journées de mai en enfante ront bientôt d'autres, peut-être plus san glantes. Non contents d'exercer le monopole du pouvoir, ils veulent dominer sur les intelligences et les consciences; ils veulent ravir l'enseignement du peuple l'Eglise, qui l'a reçu d'une puissance plus haute que la leur. Ils ignorent, ces grands esprits, que jamais le peuple ne devient philosophe: il est croyant ou il est impie: impie, il devient socialiste et révolutionnaire, et la fin il dévore ses maîtres. Ces hommes ne parlent que d'instruire lepeuple,d'éclairer le peuple et de dissiper les ténèbres de l'ignorance qu'ils regardent comme la cause de tout mal et ils ne par lent jamais de l'éducation et de la morali- sation du peuple,sans laquelle toulescieDce est fausse et incomplète, et n'est qu'un levier de plus aux mains des passions. Ils ne savent pas qu'un homme instruit, et mal instruit, c'est-à-dire,sans principes,devient nécessairement l'ennemi de la société, qu'il cherche bouleverser dans l'espoir d'y trouver la place qui lui convient. La justice, cette lot fondamentale des Etats, sans laquelle aucun gouvernement, libre ou despotique, ne peut durer, et qui doit rester étrangère tout parti politique, est ouvertement violée par eux dans les nominations de l'ordre judiciaire. On ne vous demande plus quels sont vos services et vos titres; mais si vous êtes libéralet pour qui vous votez? Le maire d'Amiens «ient de prendre la même mesure. N'esi-ce pas là tia exemple suivre? Si les boulangers son! soumis line laxe qui règle la vente du pain pourquoi les bouchers seraient-ils libres de conserver la viande un prix exoibitant et de constituer euir'eux nue espèce de mooopule aux de'pens du public? L'Observateur revient la note par laquelle M. Rogier a vonln justifier la nomination de M. Kékulé comme professeur ordinaire l'Université de Gand La Belgique, dit-il, a en souvent b se plaindre de la manière dont ses hommes les plus distingués ont été appréciés l'étranger. Il serait regrettable que la note du Moniteur déclarant qne le gouver nement n'a pu trouver, dans le pays, un chimiste capable de remplacer M. Mareska b l'Université de Gand fût considérée comme constatant fidèlement notre état intellectuel et scientifique. A de vagues allégations, nous avons voulu répondre par des faits. u Voici la liste des principaux ouvrages publiés par les chimistes les plus distingués de la Belgique. (Suit la liste de 43 ouvrages publiés par MM. Sias, Koene, Vanden Broeck, Melsens et Donny; puis y Observateur ajoute) M. Donny a remplacé M. Mareska pendant sa maladie; il a été nommé professeur extraordinaire le même jour que M. Kékulé a été nommé profes seur ordinaire. Ajoutons qne M. Koene a donné des confé rences publiques sur la question de l'influence des diflféreutes fabrications sur l'agriculture, et que ces couférences ont eu un grand succès. Nous ne voulons pas continuer la polémique au sujet de la nomination d'un étranger a l'Univer sité de Gaud. Mais une accusation injuste émanée de haut, nous avons voulu opposer la justification des savants belges. Depuis quelques semaines la question de fortifier Anvers revient b l'ordre du jour: on prête au ministère le dessein de représenter son projet quelque peu modifié, au Parlement, où, grâce b des manigances libérales, il aurait gagné des voix qui le 4 août dernier lui ont été hostiles. On a de la peine b ajouter foi a ces bruits; mais pour qui connaît le cabinet de niai-novembre, ils n'ont rien d'invraisemblable. Il y a d'ailleurs un précédent qui montre le ministère disposé b se raidir contre la volonté de la représentation nationale, c'est celui de la loi sur les successions il fut soumis une seconde fois b la Chambre, après qu'elle en eut déjà rejeté la principale base, celle du serment. Il est donc possible que le projet d'embastiller Anvers revienne devant le Parlement; l'Angleterre le désire, et nos ministres, si hautains et si arro gants b l'intérieur du pays,se montrent b l'extérieur des hommes souples et serviles. [Patrie.) (Suite. \oir le n° 4^84 du Propagateur.) Dans l'ordre civil il n'y a plus d'autorité; nous voguons en plein vers ta démocratie pure et l'anarchie. Maintenant, nous le demandons, est-il sage de diriger toutes les forces du gouvernement, conjurées avec les passions révolutionnaires, si hardies pour le mal, contre Caulorité religieuse, la seule qui demeure intacte, la seule qui ait conservé sa puissance de coaclion morale, la seule qui maintienne encore notre édi* ûce social la seule qui commande l'obets-

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Le Propagateur (1818-1871) | 1858 | | pagina 2