7??,SS, 13 Novembre.
La session législative ordinaire s'est
ouverte le 9 de ce mois avec le cérémonial
d'usage.
Le discours royal ne semble pas de na
ture faire sensation. Il ne dépasse pas
l'attente du parti de l'ordre, mais il ne
répond pas celle du parti du désordre.
Toute la portée politique de ce discours
se résume dans le projet de loi qui tend
restreindre la liberté de la bienfaisance.
Les fondations avec administrateurs spé
ciaux seront proscrites. Il ne sera désor
mais plus permis de disposer au profit des
pauvres, si ce n'est par les mains des
doctrinaires, en attendant que ce soit par
la main des socialistes. Cette mesure
législative approuvera, au fond, la con
duite des émeutiers de mai-décembre,
comme la disgrâce du général Capiaumont
l'avait approuvée dans la forme.
Puis, comme pour faire oublier la ques
tion de l'enseignement obligatoire, dont le
discours ne parle pas, il propose tout un
programme de travaux auxquels la ses
sion suffira d'autant moins qu'elle sera
forcément plus courte que d'ordinaire
cause des élections du mois de juin pro
chain.
Dès qu'elles auront voté les budgets, les
Chambres auront s'occuper de la loi
relative la contrainte par corps et de
l'accomplissement de la réforme du Code
pénal; et une loi sur l'organisation judi
ciaire sera soumise leurs délibérations.
En outre, le discours annonce un projet
de loi pour garantir d'une manière plus
complète et plus efficace les droits des
écrivains et des artistes; un autre pour
réduire la patente des bateliers; un autre
pour assurer une meilleure répartition de
la contribution foncière; un autre pour
faciliter les prêts sur marchandises et la
vente publique des denrées et matières
premières qui alimentent principalement
le commerce maritime; un autre pour
introduire dans l'institution de la caisse
de retraite des modifications indiquées par
l'expérience et pour instituer sur de larges
bases un bon système de caisses d'épar
gne; un autre enfin pour l'amélioration de
la voirie vicinale et de l'hygiène publique.
Le discours royal ne dit mot de la
question des octrois; il annonce que le
Gouvernement s'occupe des réformes
introduire dans la législation sur la
milice, et que le dernier receusement
décennal a constaté une augmentation de
population, dont une des conséquences
doit être l'accroissement des membres de
la représentation nationale. Est-ce que
cette augmentation de population devrait
avoir d'autres conséquences, parmi les
quelles il faudrait placer la restriction des
incompatibilités parlementaires?
Tel est le résumé des tendances gouver
nementales des ministres des 12 août-10
décembre. Il y a dans l'attitude qu'ils
prennentdevant les Chambres deux choses
remarquer la première qu'ils ne font
aux révolutionnaires qu'une seule conces
sion, c'est le projet de modifier l'article
84 de la loi communale; i! est vrai que
celte concession est très-importante par
elle-même et qu'elle emprunte une gravité
particulière aux circonstances violentes
qui l'ont arrachée aux ministres comme le
salaire de leur élévation. La deuxième
réflexion que le programme inspire, c'est
que le ministère n'est pas allé plus loin
parce qu'il ne se sent pas encore assez
raffermiet qu'il se réserve d'accorder
d'autres satisfactions aux progressistes
s'ils se conduisent vaillamment aux pro
chains comices électoraux.
42me Année.
No 4,291.
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pour la ville 6 fr. par an,
4 fr. pour 6 mois, 2-50 pour
trois mois.
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CATHOLIQUE. CONSTITUTION
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BELGE.
pour le dehors fr. 7-50 par
an, 5 fr. pour 6 mois, 2-75
pour 3 mois.
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Le discours que le Gouvernement a placé dans
la boncbe du Roi, est l'expression parfaite de la
positioo politique, des allnres, des vues et des
embarras du ministère issu de l'émeute de Mai
1867.
Le ministère Frère-Rogier est au pouvoir; il en
goûte les douceurs; il est encensé par cenx qui
obtiennent ou espèrent quelque chose de lui; il est
satisfait et voudrait qu'on lui laisse paisiblement
parcourir son honorable carrière. Oubliant qu'il
n'est entré dans l'enceinte du pouvoir qu'au moyen
de bris de clôture, clôture qui est brisée et qu'il ne
peut réparer, il se promène agréableineut entre les
roses du jardin ministériel. Il dit donc que les
circonstances sont toutes favorables au pays, an
double point de vue de la situation intérieure et de*
relations avec les pays voisins. Cela est-il bien
vrai? Le ministère ne s'en inquiète guères, pourvu
qu'oo veuille bien le croire ou supposer ainsi. C'est
pourquoi, soit qu'il se fasse illusion lui-même,
soit qu'il mente sa conscience ou qu'il veuille
tromper le pays, le ministère dit que la situation
est excellente. Et cependant les puissances
étrangères sont inquiètes et ont l'œil ouvert sur la
Belgique; et cependaot la Belgique se trouve
dans une situation des plus dangereuses et peut
être des plus fatales, sous les étreintes d'une émeute
triomphante dont le principe domine et le Gouver
nement en premier lieu et le parti libéral au
pou»oir;les loges maçonniques,ceutres permanents
du désordre organisé, sont maîtres du pays; les
loges, elles-mêmes, soût dominées par le parti
radical et révolutionnaire, qui a pour loi la com
plicité des vieux libéraux et l'ardeur passionnée du
jeune libéralisme; celui-ci a le verbe haut, rédige
ses programmes et forme ses projets destructifs,
humilie le ministère et prétend lui faire la loi. Le
désordre et la division sont parmi les libéraux qui
ne s'accordent plus, sinon pour combattre le
catholicisme, premier principe de vie pour la
Belgique. Un esprit de partialité et d'aveugle
ment scandaleux préside la distribution des fonc
tions publiques dont on exclut les hommes religieux,
vertueux et capables, pour y nommer les hommes
des clnbs et de l'émeute qui n'ont d'autres titres
que ceux qui devraient les en éloigner. Le parti
catholiqne, conservateur, si dévoué, si généreux, s j
inébranlable dans son amour pour la Patrie, est
profondément alarmé et comprend qu'il doit être
prêt a faire face b une situatioo grave.
Et c'est alors que le ministère entonne un chant
d'optimisme
Le ministère est an ministère de parti, et d'un
bien triste parti qui ne vit que de division et
d'intolérance, dans un pays fondé par l'Union et la
Liberté. Il n'annonce que des mesures de parti;
loin de reconnaître le droit des électeurs de la
campagne, il proposera l'augmentation des repré
sentants, pour renforcer l'influence des grandes
villes trop souvent assez orgueilleuses et assez
stupides pour envoyer aux Chambres lesindividos
les plus avancés et les plus dangereux. Il fera
une loi de charité libérale où il consacrera les
principes de la circulaire de Haussy, d'odieuse
mémoire, et soufflettera en même temps le bon sens,
le bon droit, toutes les institutions et les lois
charitables de l'Europe, sur les joues de la Magis
trature belge, pour sanctionner l'émeute et spécu
ler libéralement sur la misère des pauvres et des
malheureux. En même temps le ministère
prendra b cœur l'enseigoement libéral de la jeunesse
et dira plutard comment.
Le ministèie n'a pas de bons principes; il veut
vivre d'expédients et de détours, satisfaire et berner
tout le monde; il a peur des priocipes subversifs du
jeune libéralisme franchement reconnus et appli
qués; il est comme le vieox libéralisme lui-même,
illogique et inconséquent en pratique; mais les
radicaux, enfants légitimes des libéraux, deviennent
puissants et hardis; il faut les ménager, les con
tenter ou les apaiser autant que possible, sans
marcher trop vite vers l'abîme où l'on mène le pays.
On leur donnera donc la charité catholique et la
liberté de la charité pour pâture; on fera vague
ment miroiter devant leurs yeux l'enseignement
public, réservé un temps plus opportun alors on
aura l'air de résister aux révolutionnaires, de ne pas
plier devant les exigences de lenr programme, de
faire preuve de conciliation en ne pas proposant
encore l'enseignement obligatoire; et l'on dira aux
catholiques Réjouissez-vous de ne pas vous voir
condamnés être écorchés et ne mettez point
l'agitation dans le pays en vous montrant mécon
tents. Cette question de la charité ne sera
point résolue par une loi longuement et conscien
cieusement discutée et élaborée; le terrain est
glissant. On changera, on interprétera l'art. 84 de
la loi communale, et tout sera dit.
Mais dira-t-on, les libéraux, eux-mêmes, avant
que de prendre les pavés en main, ont demandé
que la haute et importante question de la charité ne
fut décidée qu'après une enquête ouverte dans tout
le pays. Bah! Bah dit le miuisière, nous dirons
u que l'eoquèie ne doit porter que sur les établis
sements officiels de bienfaisance qui seront piéala-
blement inveslis du monopole; qu'une loi posté
rieure h l'enquête viendra réglementer la confisca
tion de la liberté de la charité belge, chrétienne et
constitutionnelle.
Après cela, le ministère annonce quelques ques-