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depuis sa récente recomposition, elle ne serait pas
l'interprète fidèle du sentiment public, si ses pre
mières paroles n'exprimaient une gratitude et un
respectueux dévouement.
Nous aimons a le reconnaître avec V. M.: la
Belgique est en droit de se féliciter de sa situation
fiorissaote.Sous l'égide d'institutions heureusement
appropriées au caractère national, les citoyens de
toutes les classes et de toutes les opinions jouissent
des libertés les plus complètes; l'ordre règne sur
tous les points du royaume; une prospérité toujours
croissante atteste la fois l'influence féconde de la
paix, la sagesse de l'administration du pays, l'es
prit d'ordre et de progrès de ses laborieuses
populations.
Attentif b respecter les droits des autres Etats,
ayant pour tous une politique également sincère
et bienveillante le gouvernement de V. M.
recueille a bon droit les témoignages de leur
estime et de leur confiance.
La Chambre examinera les traités qui lui seront
soumis avec le désir d'affermir et de resserrer ces
utiles relations.
Les questions qui se rattachent aux droits des
écrivains et des artistes pourront être résolues, nous
l'espérons, de manière concilier dans une juste
mesure les intérêts divers qu'elles embrassent.
Le gouvernement a raison de mettre an rang de
ses attributions les plus élevées, la mission que la
Constitution et les lois lui ont faite en matière
d'enseignement public. Pour l'accomplir, il peut
compter sur notre sympathique concours. Déjà la
Chambre s'est empressée dans sa session dernière de
voter les allocations qui devaient apporter une
notable amélioration au sort des professeurs et des
instituteurs dont la position était la moins favora
ble. Elle est également disposée b hâter la construc
tion de maisons d'écoles dans les communes où
les locaux sont insuffisants.
Eu dounant récemment, dans une solennité
pleine de touchantes émotions, un affectueux
témoignage d'iutérêt la jeunesse de nos écoles,
V. M. a pu reconnaître que les sentiments de la
Belgique envers son Roi ne s'altèrent pas en se
transmettant d'une génération b l'autre et qu'ils
sont déjà passés l'état de traditions dans les
familles.
Une enquête approfondie sur la situatiou de la
classe indigente et sur l'efficacité des moyens mis
en usage pour la soulager est nécessaire au gouver
nement et aux Chambres, afin de résoudre l'ensem
ble des questions qui se rattachent l'organisation
de la bienfaisance publique. Il est toutefois une de
ces questions qui a trop vivement ému la Belgique
pour en laisser plus longtemps la solution indécise.
Une interprétation donnée a l'art. 84 de la loi
communale nous oblige b fermer immédiatement
cette voie b des abns dont l'administration do bien
des pauvres doit être garantie.
L'utile influeoce de nos chemins de fer vient de
s'étendre b une partie du pays où leur exécution
avait longtemps paru difficile. C'est une voie nou
velle qui s'ouvre b notre commerce vers les pays
étrangers. Puisse-t-elle être en même temps pour
la prospérité de la province de Luxembourg le
point de départ d'une transformation analogue b
celle qui s'est accomplie, b l'autre extrémité du
royaume, parmi les populations naguère souffrantes
de la Flandre. Nos provinces tendent ainsi se
rapprocher d'un même niveau de bien-être.
La situation des finances de l'Etat a ressenti les
heureux effets du progrès de la richesse publique.
L'excédant de ressources qui en est résulté a été
utilement consacré b rendre cette situation plus
régulière encore par la diminution de la dette
flottante-
La Chambre examinera avec intérêt les moyens
de faire droit aux plaintes de l'industrie des
bateliers.
Plusieurs de nos provinces attachent nne grande
importance b la révision de la répartition de la
contribution foncière. Nous nous occuperons avec
sollicitude de cette révision, qu'on pourra étendre
ultérieurement aux autres branches du revenu
public qui en paraîtraient susceptibles.
Dans l'examen des projets de loi ayant pour but
de faciliter les prêts sur marchandises et la vente
publique des denrées et des matières premières, la
Chambre aura égard aux intérêts du commerce
maritime, qui n'ont pu tousse soustraire aux effets
delà crise commerciale dont souffrent les transac
tions internationales de tous les pays.
11 est peu de mesures plus utiles b la classe
ouvrière que la bonne organisation des caisses
d'épargne. La Chambre aidera le gouvernement a
en résoudre les difficultés et b asseoir l'institution
sur des bases solides. La caisse de retraite doit, dans
les mêmes intentions recevoir les modifications
dont l'expérience a démontré la nécessité.
La Chambre s'associera aux sentiments de phi
lanthropie qui font désirer au gouvernement de
pouvoir donner une nouvelle impulsion b l'amé
lioration de l'hygiène publique.
Il est daos cet ordre d'idées deux mesures que
nous recommanderions dès aujourd'hui b la sollici
tude qui anime le gouvernement envers la classe
ouvrière, si nous ne pensions que l'enquête qui
nous est annoncée constatera avec plus de précision
les abus auxquels il s'agit de porter remède; nous
voulons parler des moyens législatifs propres b
limiter le travail industriel des enfants et b res
treindre l'abus des liqueurs fortes.
Nous comprenons les grands avantages de l'amé
lioration des voies vicinales; la Chambre secondera
avec faveur les intentions du gouvernement pour
donner plus de développement aux progrès consi
dérables qui, sous ce rapport, se sont accomplis
depuis quelques années.
Nous nous occuperons sans retard des lois im
portantes dont nous sommes déjà saisis concernant
la contrainte par corps et la punition des crimes et
délits. La loi sur l'organisation judiciaire viendra
compléter cette partie de nos travaux.
Des changements aux lois sur la milice sont
vivement désirés depuis longtemps. Le gouverne
ment nous en sommes persuadés, cherchera b
introduire dans les détails de cette législation les
modifications qui peuvent concilier l'intérêt parti
culier des citoyens avec le grand intérêt de la
défense du pays.
Une fête d'un caractère national vient de faire
ressortir les louables sentiments d'union qui
régnent entre la garde civique et l'armée. Ces deux
éléments différents de la force publique se recom
mandent aux sympathies de la représentation
nationale, autant par le patriotisme qui les aoime
que par le but même de leur institution.
V. M. nous anoonce une loi destinée b étendre
le nombre des représentants et des sénateurs. La
Chambre ne se séparera pas sans rétablir, sous ce
rapport, entre la population et la représentation
nationale, l'équilibre que la Constitution a déter
miné.
Sire, dans les nombreux travaux auxquels elle
va se livrer, la Chambre des Représentants s'effor
cera d'accomplir tous ses devoirs constitutionnels.
Les intérêts de la Belgique et le vœu du corps
électoral, dont la Chambre est b la fois la libre
émanation et l'expression sincère, lui imposent,
daos le cercle de ses attributions, l'obligation de
défendre la société belge contre le retour des abus
d'un autre âge de veiller b l'indépendance de
l'autorité laïque, b laquelle seule la puissance pu
blique a été confiée par la Constitution. Cette
mission, la Chambre saura la remplir avec fermeté,
mais sans esprit de violence ou d'exagération, sans
blesser le droit des consciencesen respectant
scrupuleusement toutes les libertés constitution
nelles, en maintenant les ministres de la religi0D
dans toutes les franchises que les lois leur accor
dent, en satisfaisant par les allocations du budget
tous les besoins du culte, en s'efforçant de conser.
ver aux rapports du clergé et des pouvoirs de
l'État cette bienveillance et ces égards que
convenances commandent aussi bieu que l'intérêt
public.
La Chambre désire vivement que, dans toutes
les branches de l'administration, des efforts d'amé
lioration et de perfectionnement se fassent sentir
sans relâche; mais elle redoute les bouleversements
et n'appelle pas les innovations aventureuses. En
gouvernement patriotique et éclairé ne demeure
jamais immobile, mais il ne s'avance que dans les
voies praticables dont les obstacles ne le forceront
pas b revenir sur ses pas.
C'est dans cet esprit, Sire, qne la Chambre
coopérera avec zèle et dévouement la consolida
tion de la nationalité et de la monarchie belges,
l'affermissement des libertés du pays, au progrès de
son bien -être et de sa civilisation. Nos efforts dans
l'accomplissement de cette tâche s'uniront ceux
du gouvernement de V. M., auquel nousassuroDs
Dotre concours actif et notre loyal appui.
NOUVELLES DIVERSES.
Hier mardi a été célébré b Bruges le mariage
entre M. Max. De Nécker et demoiselle Célestine
Jooris; la bénédiction nirptiale a été doooé aux
époux par Mgr De Necker.
11 avait été procédé lundi dr b la formalité civile
devant l'officier de l'état-civil.
S. Em. le cardinal Wiseman est arrivé de
Douvres par la malle de samedi matin. Après
quelques instants de repos b Ostende, S. Em. s'est
dirigée sur Bruges. Un assez grand nombre de
personnes, prévenues de l'arrivée de l'illustre
prélat, se trouvaient b la station du chemin de fer
et l'ont accueilli avec les marques du plus profond
respect. Les deux vicaires généraux du diocèse de
Bruges ont accompagné Mgr WisemaD au palais
épiscopal.
On assure que pendant sou séjour en Belgique,
S. Em. visitera le petit séminaire de Roulers et
l'Université catholique de Louvain. La visite du
prince de l'Église qui occupe une position si dis
tinguée dans la hiérarchie catholique, est un pré
cieux témoignage d'intérêt pour nos établissements
libres d'instruction. C'est en particulier une marque
d'estime pour Mgr Malou, b qui ia science ecclésias
tique et les publications sur le protestantisme ont
acquis une si légitime renommée parmi les catholi
ques d'Aoglelerre.
Son Emiuence a assisté dimanche eu costume
officiel aux offices de la cathédrale, célébrés par
Mgr l'évêque de Bruges. Lundi elle a visité les
principaux établissements de la ville. Mardi elle
s'est rendu b Maliues, pour avoir une enlrevueavec
S. Era. le cardinal Sterckx. Après cela le prélat
anglais honorera de sa présence le petit séminaire
de Roulers et le collège de S'-Louis, b Bruges.
Nous apprenons avec surprise et chagrin que
plusieurs villes, pour rétablir l'équilibre rompu de
leurs finances, vont augmenter encore leurs droits
d octroi, déjà trop lourds. Il sera curieux de voir
un cabinet progressiste favoriser ce mouvement en
arrière.
Rien de curieux comme le chapitre des fautes
d impression. Un journal de Bruxelles annonçait
naguère la vente d'une belle femme, au lieu d une
belle ferme, ce qui est fort différent. Une feuille
flamande, le Zondagblad, porte cette annonce-ci
en gros caractères Merkivaerdige EOEKKN-
venditie, te Bellem herigt aen de liefhebbcrs,
ce qni signifie Remarquable vente de paysans,
Bellem, avis aux amateurs suivent les con
ditions pour abattre les paysans, les couper, Ie5
scier, etc. Le lecteur devine qu'il ne s'agit pas ici
de traite humaine, qu'il n'est pas question de
rétablir chez nous le servage et l'esclavage, quoique
le parti clérical soit uu peu accusé de tout cela pa*
la presse ministérielle. Le journal flamand a toui
simplement imprimé boeren pour boomen, pc)/"
sans au lieu arbres. Tout s'explique ainsi b
l'avantage du clérical.