communauté religieuse De pouvant supporter une
charge aussi lourde, fermera son école et les enfants
se trouveront abandonnés eux-mêmes pour la
fabrication de la dentelle. Le résultat final sera la
cessation de l'apprentissage en commun sous des
maîtresses habiles et la perte de toutes les bonnes
ouvrières; en d'antres mots, l'anéantissement
d'une industrie florissante qui met des milliers
de familles l'abri de la misère.
Confiants dans votre patriotisme et votre
sollicitude pour toutes les classes de la société, nous
osons espérer, Messieurs, qu'il suffira d'avoir appelé
votre attention sur les faits que uous venons d'ex
poser', pour que la Chambre prenne des mesures qui
mettront l'industrie et le commerce de la dentelle,
cette branche si importante de l'activité nationale,
l'abri des perturbations dont ils se voient menacés.
Agréez, Messieurs, l'expression de notre
profond respect.
Gand le 19 janvier 1859.
[Suivent les signatures.)
Nous croyons qu'il est difficile de répondre aux
arguments si puissants invoqués dans la pétition
qui précède. On le voit, c'est une industrie impor
tante, doonant le pain b des milliers de familles,
qui se trouve menacée dans son avenir.
Nous publions, sous les actes officiels, un arrêté
royal qui refuse aux hospices civils de Gand
l'autorisation d'accepter pour les pauvres la dona
tion des sommes provennes de la souscription
primitivement destinée b offrir one épée d'honneur
au général Capiaumont. On appréciera l'esprit qui
a inspiré ce refus a la lecture du considérant suivant
de l'arrê'é royal
Considérant au surplus que la libéralité
prend son origine dans des faits dont il n'y a
pas lieu de perpétuer le souvenir.
C'est brutal, mais de la part du ministère de
mai-novembre, c'est logique. Un ministère issu de
l'émeute, ne pouvant consacrer le souvenir d'actes
qui avaient maintenu l'ordre b Gand; un ministère
qui a le pillage et le bûcher de Jemmapes dans son
blason, ne pouvait pas vouloir qu'une libéralité
rappelât la défaite de l'émeute, lui qui a dû passer
sur un las de pavés pour arriver au pouvoir.
Nous le répétons, c'est bt utal, mais c'est logique.
Les amis de l'ordre, rapprochant l'arrêté du Roi
du 20 janvier de celui que Sa Majesté signa le 3i
juillet i85o, s'affligeront du nouveau progrès que
le gouvernement vient de faire dans la voie de la
révolution. [Patrie.)
C'est vrai;... et puis la maison de mon oucle
est bien animée... Ce sera un chagrin de plus
pendant qne je vivrai dans les fêtes, tu seras ici,
tonte seule, ma Cécile!
On n'est ni seule ni triste quand on se donne
a Dieu, répondit la jeune fille.
Vrai? Tu n'as pas de regrets?Ta De désires
pas retourner au monde?
Ce temple est mon pays, je n'en connais point d'autre.
dit Cécile avec un sourire; je n'ai plus de parents
que ma bonne tante, et je prononcerai dans la joie
de mon cœur les vœux qu'elle a prononcés. Comme
elle, je n'appartiendrai qu'au Seigneur. C'est une
grande et belle destinée!
Tu me rassures, tu as la vocation, comme
diseut ces dames... Je ne suis pas aussi sage que
toi, ajouta Aurélie en hochant sa tête mutine, je
désire bien voir un peu le mondeAh! si je
pouvais me partager entre l'abbaye et la maison de
mou oncle!
Tu viendras nous voir souvent; tu es l'eDfaat
de la maison, et la chère petite brebis sera toujours
bien venue au bercail. Tu me raconteras ta vie, les
occupations, les plaisirs;... et puis lu te marieras,
toi la nièce et l'héritière du plus grand négociant
Le Moniteur publie, dans sa partie officielle, la
convention télégraphique conclue b Bruxelles entré
la Belgique, la France et la Prusse et l'arrêté royal
qui appliq'ùe aux correspondances télégraphiques
b l'intéitétir les dispositions réglementaires de cette
convention internationale.
La mise b exécution est fixée au 1" février 185g.
Il y a b peine dix ans, M. Frère se plaignait en
pleine Chambre, que les exemptions du droit de
patente étaient trop restreintes il fallait dégre
ver, disait il, les classes inférieures de la société,
dont les revenus sont précaires, incertains ou
très modiques, et voici que obéissaut b la haine
aveugle qu'il porte b l'élément religieux, ce même
homme vient disputer illégalement b 4o,ooo filles
pauvres, une partie de leur trop modique salaire
Nous nous considérerions coupables de lâcheté,
nous croirions avoir manqué b notre devoir si nous
ne leur donnions pas le conseil de résister, par tous
les moyeus légaux, b une exigence aussi injuste
qu'inhumaine.
actes officiels. (Extraits du Moniteur.)
Le Moniteur contient aujourd'hui l'ai rêté royal
ci-après, concernant la donation, faite aux hospi
ces civils de Gand, d'une somme de 8,000 fr.;
destinée daDS le principe b offrir an général
Capiaumont une épée d'honneur. Voici in extenso
le texte de l'arrêté royal
LEOPOLD, Roi des Belges,
A tous présents et b venir, Salut.
Vu l'expédition de l'acte, passé devant le notaire
Lammens, de résidence b Gand, le 7 mai i858, par
lequel, i° le sieur Emmanuel Balliu, avocat b la
cour d'appel de cette ville; 2" le chevalier Jean-
Baptiste de Ghellinck-Piers, propriétaire b Zwyn-
aerde; 5° le sieur Théodore de Villegas, adminis
trateur de la Banque de Flandre, et 4° le sieur
Frédéric Vanderbruggen-de Naeyer, propriétaire,
ces deux derniers domiciliés b Gaud, tous membres
d'un comité de souscription, dont le produit était
primitivement destiné b offrir une épée d'honneur
au lieutenant-général Capiaumont, mais qui,
d'aptes les intentions de celui-ci, doit être affecté
b une œuvre de bienfaisance au profit de l'armée,
font donation b la commission administrative des
hospices civils de Gaud, d'une somme de 8,000 fr.,
savoir
a. Une somme de 3,000 fr., pour fonder un lit
dans l'hospice Van Caneghem, eu faveur d'on
militaire aveugle, ayant fait partie de la garnison
de ladite ville, étant Belge d'origine ou naturalisé;
d'Avignon tu seras alors une dame riche, bien
faisante, belle, honorée...
Et toi, tu seras abbesse, comme ta tante tu
porteras la crosse et l'annead, tu seras bien noble,
bien imposante...
Les deux jeunes filles s'interrompirent par un
éclat de rire.
Quels châteaux en Espagne! dit Aurélie.
Laissons l'avenir b la volonté du bon Dieu,
ajouta Cécile.
Elles restèrent un moment silencieusesse
regardant avec tendresse.
Tu ne m'oublieras pas, dit enfin Aurélie.
Peux-tu le penser? Ma mémoire est fidèle...
Mais, tiens, je 111e suis occupée de toi; accepte ce
petit travail, comme un gag#- de mon amitié...
Bientôt je n'aurai plus rien b te donner.
El la jeune fille remit b sa compagne un sac b
ouvrage, brodé avec goût, où les chiffres réunis
s'enlaçaient au milieu d'une guirlande de fleurs
des champs.
Que tu es bonne et attentive! s'écria Aurélie;
tu penses b tout, et moi, je n'ai rien b te donner...
Ah! si... Et, détachant la riche épingle qui fermait
son fichu, elle la présenta b sou amie eu ajoutant
Et b, une autre somme de Sjooo fr., pour fonder
un lit dans l'hospice des vieillards, en faveW d'un
militaire nécessiteux, ayant fait partie de ladite
garnison, né b Gand, ou y ayant résidé pendant
vingt ans
A la condition expresse que l'un et l'antre de ces
militaires seront reçus dans les établissements
prénommés sur la présentation du général com
mandant la divisiou territoriale des Flandres;
Vu la délibération, en date du 25 octôbVé 1857,
par laquelle la commission administrative des
hospices civils de Gaud demandé l'autorisation
d'accepter cette donation;
Vu les avis du conseil communal de cette ville
et de la députation permanente du conseil provin
cial de la Flandre orientale, du i4 juin et du
5 juillet 1858
Vu les art. 910, 937 du Code civil, l'art. 6 de
la loi du 16 messidor an VII, l'arrêté du 16
fructidor aD XI, et les art. 76 3° et paragraphes
derniers, ét 84 2°, dertiier aliéna de la loi cora-
munalé
En ce qui concerne la fondation des lits fondés,
laquelle est réservée au général commandant la
division territoriale des Flandres:
Considérant que l'art. 6 de la loi du j6 messidor
an Vil statue que les commissions des hospices
civils soDt exclusivement chargées de l'admission et
du renvoi des indigents;
Considérant qu'il t'est dérogé b cette règle, par
l'arrêté du 16 fructidor an xi, qu'en faveur des
fondateurs de lits et de leurs représentants, et
encoré b la condition qne le fonds affecté b chaque
lit fondé, soit d'un revenu net de 5oo fr. pour les
malades et de 4oo francs poor les incurables;
Considérant, par suite de ce qui précède, qu'il
est légalement impossible de sanctionner la fonda
tion dont il s'agit, tant sous le rapport de l'insuffi
sance delà dotation que quanta la collation réservée
b l'officier supérieur préindiqué, qui n'est pas le
représentant des donateurs,collation d'ailleurs dont
ceux-ci foot une condition expresse;
Considérant au surplus que la libéralité prend
son origine dans des faits dont il n'y a pas lieu de
perpétuer le souvenir;
Sùrfa proposition de Notre Ministre de la justicé,
Nous avons arrêté et arrêtons
Article unique. La commission administrative
des hospices civils de Gand n'est pas autorisée b
accepter la donation prérappelée.
Notre ministre de la justice estchargé de l'exécu -
lion du présent arrêté.
Donné b Ardenne, le 20 janvier 1859.
LÊOPOLD.
Par le Roi
Le ministre de la jostice,
Victor Tesch.
Ma mère l'a portée, garde-là pour l'amour de
moi.
Et notre vœu de pauvreté? tu l'oublies donc,
ma bonne Aurélie? dit Cécile avec une douce
moquerie va, ton épingle est trop brillante pour
attacher le voile de serge d'une pauvre religieuse.
Je De puis donc rien te donner? dit tristement
Aurélie.
N'aurai-je pas ton souvenir tonjoors présent
dans ces lieux que lu as habités? Pourrai-je aller
au dortoir, au préau, b la chapelle, sans penser b
toi? Ah ce n'est pas ici que l'on oublie!
Ni dans le monde; car nulle part je ne trou
verai one amie telle que tri.
Une sœur converse survint.
Monsieur votre oncle vous attend, mademoi
selle, et la révérende mère Agathe vous recom
mande de vous hâter.
Il faut donc nous dire adieu! prie bien pour
moi, Cécile! je De te verrai pas demain b mon
réveil
Du courage, chère Anrélie, dit Cécile d'une
voix étouffée sois heureuse et pense b nous
Toujours! ma Cécile. Adieu!
[Pour être continué.)