arrière le reste. Les doctrines de Copinion libérale triompheront leur heure, sans doute lorsque la majorité actuelle aura été suffisamment.épurée par le décès des vieux et les mésaventures électorales. On voit quel gâchis se couvre sous cette prétendue conciliation entre les diverses nuances des compagnons d'armes de mai. Nous ne savons si les jeunes seront satis faits du futur contingent qu'on leur pré sente dans les limbes de l'avenir. Mais les vieux sonl excessivemenl modestes et can dides, s'ils croient avoir tout gagné parce qu'ils ont obtenu un répildes plus précaires. Le fait leur est acquis au jour le jour peut être. Mais le principe est concédé pour plus tard. Or le tard pourrait arriver beaucoup plus tôt qu'on ne pense, grâce au développement continu des doctrines du parti. Dans la Chambre des Représentants, il a été agité, propos d'une pétition et d'une manière incidente, une grave question sur laquelle il est bon d'attirer l'attention sérieuse des électeurs et du pays. Ils'agitd'une nouvelle réforme électorale dont on parlait depuis quelque temps sous le manteau de la cheminée, et que M. Muller, l'un des organes du parti ministé riel, a produite la tribune. C'est un ballon d'essai et une menace. Le parti conservateur a prouvé qu'il le comprenait, et MM. De Theux, Dumortier et Malou ont clairement indiqué le but de parti que l'on poursuivait. Au lieu du vote par commune, M. Muller et M. E. Vandenpeereboom (un vieux et un jeune libéral) proposent de substituer le vole par arrondissement d'après l'ordre alpha bétique, général des électeurs. C'est une réforme électorale en deux lignes, mais dont les conséquences seraient graves et funestes. Elle compléterait l'unique sys tème de 1848 qui a assuré la suprématie des villes sur les campagnes, système que le grand réformiste Anglais, Lord John Russell, a proclamé le plus détestable de tous. Il est difficile de comprendre comment leparti ministériel aitle courage et l'audace de proposer une nouvelle innovation dans la loi électorale, après le bouleversement opéré en 1848 et en 1849, l'aide d'une déloyale surprise. La prudence devrait lui conseiller de jouir en silence des résultats de cette surprise et de ne pas réveiller une question que tôt ou tard on agitera contre lui. La réforme électorale de 1848, consa crant le cens uniforme 20 fl., fut un acte révolutionnaire, destiné assurer la domi nation d'un parti sur Cautre; M. Frère lui même l'avait condamné comme une injustice et comme un acte dostracisme contre une fraction du pays. Le résultat en fut de réduire les campagnes lutter contre les villes dans la proportion de dix et demi contre quinze; il fut encore aggravé par la loi du 1er décembre 1849 modifiant l'échelle de l'impôt sur le débit des boissons, et par celle du 2 juillet 1851 établissant un droit de débit sur le tabac; ces deux impôts furent déclarés des impôts directs devant compter dans le cens électoral. 11 y a en Belgique 63,000 débitants de genièvre et de tabac; on comprend les conséquences de ces réformes qui donnè rent au cabaret la prépondérance sur l'émeute agricole. Presque tous les cabare- tiers en Belgique sont électeurs et les cultivateurs locataires ayant une position d'aisance bien supérieure, sont exclus du système électoral. La majorité ministérielle veut tenter aujourd'hui une nouvelle réforme élec torale ayant pour but de rendre la domi nation des villes chefs lieux définitive et complète. Par le vote par listealphabélique générale, on supprime les communes, on isole les électeurs, pour les livrer l'in fluence agitatrice des meneurs du chef-lieu. [Pour être continué.) nouvelle tentative pour sacrifier les campagnes aux villes. dait les familiarités. Elle alla s'asseoir auprès d'une vieille dame, qui ne leva pas même la lêie son approche. Cécile la regarda, et vit avec compassion qu'elle tenait, enlacée dans ses mains, une mèche de cheveux d'un noir brillant, sur laquelle ses yeux étaient attachés avec une douloureuse fixité; de temps en temps elle murmurait Mon fils! mon pauvre fils! La novice, tristemeot émue, détourna le visage. Mais sou nom répété auprès d'elle attira son attention. Cécile! c'est donc toi que je retrouve! dit une voix bien connue. Aurélie était auprès d'elle, la serrait dans ses bras, l'accablait de questions, et riait et pleurait b la fois, ballottée par des sensatious diverses. Aurélie! chère Aurélie! répondit enfin Cécile, comment le retrouvé-je ici! Quel temps malheureux, mon Dieu! que celui qui nous rassemble dans la cour d'une prison, nous séparées sur la terre Ton oncle, où est il Ils l'ont assassiné! répondit Aurélie, frémis sant b ce souvenir. Il avait des ennemis, ou plutôt des envieux, car sa richesse avait attiré les yeux sur lui; et, comme il n'aimait pas les principes de la révolutioo, on s'est servi de ce prétexte pour le mettre b mort. 0 mon oncle! mon bon oncle! Je l'ai vu! Quelles souffrances il a endurées! Il est mort mille fois «vaut de mourir... Moi, je n'y pouvais rieo; inais, comme je pleurais beaucoup, un de ces hommes s'est irrité, et il m'a amenée ici. Que j'ai eu de mauvais jours, de mauvaises nuits, dans cette prison! Le jour, je tremblais h chaque pas; la nuit, je croyais voir mon oncle, avec ses cheveux blancs ensanglantés et ses yet;x ouverts, dans^la dernière agonie, se pencher sur moi. Avant, j'étais si heureuse! Et toi, ma Cécile, et ta bonne tante? Hélas! j'ose peine te demander de ses nouvelles. Elle est morte, dit la novice eu levant les yeux au ciel morte saintement, comme elle a vécu... Nous avons perdu toutes deux les protec teurs de notre jeunesse; Notre Père qui est aux cieux les remplacera. Cécile con'a ses tristes aventures h son amie; mais, lorsqu'elle prononça le nom d'Estève Gorsaz, elle crut voir une fugitive rougeur se répandre sur les joues pâles d'Aurélie Estève Gotsaz répéta celle-ci, mou oncle le connaissait, il venait souvent chez nous c'est le fils d'un notaire de notre ville; mais, au lieu de succéder l'étude de son père, il a pris le mousquet, quand la guerre s'est déclarée, et alors mon oncle n'a plus voulu le voir. Cécile o'iosista pasl'heure de la promenade était finie d'ailleurs; elle alla trouver le geôlier, et obtint la permission de partager sa cellule avec Aurélie. Cette réunion adoucit pour elles les L'Écho de Bruxelles annonçait, il y a quelques jours, qu'il est question de porter de 3i,ooo 3o,ooo francs le traitement des ministres. Cette utile réforme serait sans doute le couron nement des œuvres ministérielles, elle ne nous étonnerait nullement. Nous avons répété assez souvent que l'article principal du programme des libéraux ministériels est de manger le plus fonde ment possible le budget. Nos Excellences de Mai-Novembre ont d'ailleurs promis d'organiser h leur façon la charité. Or, charité bien ordonnée commence par soi même. [L'union de Courtrai Uo journal satirique de Bruxelles publie un article très-piquant où il met en scène les jeunes et les vieux libéraux. Il représente le char ministériel conduit par le vénérable Verbaegen qui est désigné sous le nom de Père Laroutine. Sur le char se trouvent les libéraux ministériels, les vieux, les repus et les satisjaits. Ceux-ci conjurent le Père Laroutine.de faire marcher le véhicule au pas, au tout petit pas et de mettre le fouet de côté de peur d'effrayer les chevaux et de faire verser le char qui menace déjà fortement de culbuter. A côté du char, au contraire, marcheot MM. Defré et Goblet qui s'égosillent crier En avant, vieux, en avant, Père Laroutine; vous vous endormez, vous êtes un vieux farceur. Tout cela est décrit dans un style plein de ▼erre et de gaîté. On remarque aussi Bruxelles que l'on com mence b faire circuler des caricatures sur les libéraux budgetivores. - -T ouverture du parlement anglais. Jeudi la Reine Victoria a ouvert la session du Parlement anglais. Dans les conjonctures où nous nous trouvons, le discours royal devait être l'objet d'une attention toute particulière; on remarque que la Reine insiste beaucoup sur la tâche dévolue b l'Angleterre Maintenir, dit-elle, avec une foi inviolable les traités publics, contribuer, autant que peut s'étendre notre influence, a préserver la paix généraletels sont les soins qui occupent ma constante sollicitude. Ainsi l'Angleterre ne veut point la guerre; elle travaille constamment b maintenir la paix; c'est déjà une grande garantie que cette attitude du gouvernement britannique. craintes et les ennuis de la captivité; voyageuses sur un navire près de sombrer, elles se serraient pins étroitement l'une contre l'autre, et s'aimaient d'autant mieux qu'elles souffraient davantage. Elle s'excitaient mutuellement au courage; la Dovice fortifiait son amie par l'onction e| la fermeté de son âme; Aurélie ramenait parfois le sonrire" aux lèvres de sa compagne, par un rayon de son ancienne vivacité mais ces moments étaient rares car cette jeune fille supportait alors une épreuve trop forte pour elle; elle que tout semblait convier au bonheur. Les scènes de mort auxquelles elle avait naguère assisté avaient laissé une tiace pro fonde eo sa mémoire; des craintes mortelles, d'affreux abattements succédaient b ces courts instants de galté; alors elle pleurait, et, tout en larmes dans les bras de Cécile, elle se crampon nait b la vie; elle redemandait ses joies, ses senti ments, ses plaisirs, près de lui échapper. Durant ces jours de désespoir, Cécile lut jusqu'au fond de l'âme de son amie, et y découvrit une affection qui peut être s'ignorait elle-même. La novice sup portait mieux le poids uniforme des jourset envisageait, sans pâlir, la terrible perspective qui s'ouvrait devant elle, La mort ne pouvait effrayer celle qui avait taut de fois médité sur le néant de la vie, et qui, d'avance, eo avait abdiqué toutes les jouissances et embrassé toutes les rigueurs.

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Le Propagateur (1818-1871) | 1859 | | pagina 2