42me Année.
Samedi 19 Février 1859.
No 4,319.
FOI CATHOLIQUE. CONSTITUTION BELGE.
7FKS3S, 19 Février.
LE PROPAGATEUR
pour la ville 6 fr. par an,
4 fr. pour 6 mois, 2-50 pour
trois mois.
pour le dehors fr. 7-50 par
an5 fr. pour 6 mois, 2-75
pour 5 mois.
revue politique.
Le dénouement de la crise actuelle reste toujours
indécis et pendant. Mais défaut de solution, il y
a ajournement. Cet ajournement parait s'expliquer
surtout par l'attitude très-arrêtée de l'Angleterre
contre la guerre et ses fauteurs éventuels, et par
les dispositions pacifiques de l'esprit public en
France.
Pendant que la question italienne semble me
nacer moins immédiatement la paix, voici que la
question Moldo-Valaque devient plus épineuse.
Les deux Principautés ont Dominé le même bos-
podar, le colonel Couza. La Conférence de Paris
qui avait décidé qu'il y aurait deux hospodorats,
admettra-t-elle que ces deux hospodorats peuvent
être réunis sur la mêine tête? Lb encore la politi
que autrichienne et la politique française vont se
trouver en conflit. Toutefois ce coup de tête des
Moldo-Valaques, ourdi en haine de la Porte et de
la politique séparatiste, pourrait bien être pour le
moment un coup manqué, le colonel Couza ne
remplissant pas les conditions d'éligibilité.
Au reste il est certain maintenant, et le Moniteur
français l'annonce, que les membres de la Confé
rence relative aux Principautés danubiennes se
réuniront prochainement Paris pour l'examen des
événements qui viennent de s'y accomplir. Or, si
le Congrès de Paris se réonit, il est évident que les
autres questions qui agitent l'Europe y seront
abordées. La question d'Italie s'y présentera natu
rellement. Ce n'est pas une certitude de paix, sans
doute, mais c'est une chance pour ja diplomatie
d arriver avut la guerre. q f; s(,slsut nmusvsv.
Quoiqu'on en ait dit en sens opposé, l'attitude
de l'Allemagne entière se dessine nettement en
faveur de l'Autriche. On dit que le cabinet de
Vienne fait en ce moment une démarche d'une
haute gravité. Le comte de Buol aurait adressé aux
JUDli LÂ*M@yi1©Ea
(Suite et fin. Voir le n» 4>'"7 du Propagateur.)
ooaï m»v•«'iwojKrf
derniers moments.
Anrélie attendait son amie avec impatience;
celle-ci l'embrassa et lui dit simplement:
M. Gorsaz t'attend au parloir; va, je me flatte
que ce sont de bonnes nouvelles.
Aurélie rougit jusqu'au front et balbutia quelques
mots; Cécile l'embrassa encore pour l'encourager,
et le porte-clés, ouvrant la porte brusquement,
s'écria
Arrivez donc, citoyenne, le capitaine Gorsaz
va perdre patience. Il est bien avec les autorités,
celni-lb! Il a des permissions pour voir nos prison
niers et l'on dira qu'il n'y a plus de privilèges
Allons donc I la citoyenne
Lorsque Aurélie fut au seuil de la porte, Cécile
lui serra la main et répéta le mot adieu; puis la
porte se referma, ses gonds grincèrent, le bruit lé
ger des pas de la jeune fille se perdit daus le long
corridor, et Cécile resta seule.
Etats de second ordre, b commencer par la Bavière,
une circulaire par laquelle, après s'être félicité des
maoifestatiops qui se sont produites depuis le
commencement de l'aDnée eo Allemagoe, et tout
en reconnaissant que le moment de porter la
question devant la Diète n'est pas encore venu, il
exprime l'opinion qu'il convient de constater, dès
b présent, quelles seraient les dispositions des
gouvernements allemands pour le cas d'une guerre,
soit avec la Sardaigne seule, soit avec la France
seule, soit avec la France et la Sardaigne réunies.
Ce ne sont pas les art. 395, 396 et suivants
du code pénal qui, b la séance du 1 fi de la Cham
bre, se sont trouvés sur la sellette, c'est M. le
président Verhaegen qui a passé de mauvais quarts
d'heure.
Le séréojssime grand-maître avait été mis en
scène par M. Malou, qui avait parlé; d'un avocat
Verhaegen, défenseur de prêtres poursuivis sous
le gouvernement hollandais en vertu d'articles
draconiens que le même M. Verhaegen voudrait
rétablir aujourd'hui contie les prêtres.
Le député de Bruxelles est donc venp s'expliquer
hier sur cette palinodie; mais pourquoi ne s'est-il
pas tu? Pourquoi a-t-il provoqué de nouvelles
révélations qui ne seroot pas les dernières?
C'est M. B. Dnmortier qui s'est chargé d'exécuter
le chef de la loge il a exhumé les journaux de
l'époque, et il a fait bondir Mt Verhaegen sur son
banc lorsqu'il l'a montré, demandant, en 1831, en
pleine cour d'assises, si l'on entendait ajouter
encore aux dispositions odieuses de Bonaparte,
et cela sous le gouvernement paternel d'un
bon Roi. Cet enthousiasme de M. Verhaegen
pour le bon et paternelRoi Guillaume a causé dans
la Chambre une indicible sensation. Le logie-baes
était l'a atterré, se débattant en vain contre les
souvenirs accablants qu'exhumait M. B. Dumortier,
en les assaisonnant de traits de boD goût.
L'honorable député de Roulers a pris alors b
partie les dispositions proposées par le ministère
Une heure s'écoula; heure d'incertitude et d'at
tente, et qui parut d'une longueur mortelle b la
pauvre prisonnière. Enfin la femmedu geôlier eDtra
poussant les exclamations
Et voila donc mamselle Aurélie partie! Le
capitaine Gorsaz l'a emmenée chez sa mère, et
l'on dit qu'il l'épousera devant la municipalité....
Comme ça, elle est libre c'est tout simple, la
femme d'un capitaine! Mais, tout de même, elle
pleurait bien; elle disait qu'elle voulait retourner
auprès de vous, M11" Cécile, qu'elle oe voulait
pas vous quitter. Le citoyen disait Nous la
délivrerons.
Mais, quoique ça, il avait l'air bien triste pour
ttn nouveau marie*** Oh! qu'il était pâle! ça fera
un beau couple, quand ils auront l'air un peu plus
gai...
Françoise, interrompit Cécile, j'ai on service
b vous demander Si je meurs ici,... vous me com
prenez? faites parvenir b Aurélie ce petit livre et
ce chapelet, je les laisserais sur ma table;... elle se
chargera de vous récompenser. Adieu, Françoise.
Que Dieu vous rende les bontés que veus avez eues
pour moi!
pour détruire la principale de nos libertés. Notre
liberté b vous, a-t-il dit aux ministres, c'est la
liberté de Figaro: pourvu qu'on ne parle ni du
gouvernement, ni des hommes, ni des choses, on
est libre. En terminaut, M. Dumortier a adjuré
la Chambre de ne pas détruire l'œuvre de i83o
Voulez-vous rendre le pays invulnérable s'est-il
écrié, laissez les choses comme le Congrès les a
faites; maintenez intactes toutes les libertés; c'est
le vrai moyen de défendre la patrie.
La discussion continuera aujourd'hui.
Séance du 16. Encore une séance consacrée
b la discussion du Code pénal révisé. La Chambre,
qui comptait entendre M. Dumortier, a été quelque
peu désappointé quand, au commencement de la
séance, M. Verhaegen a demandé la parole pour un
fait personnel.
M. Verhaegen a la main malheureuse, depuis
quelque lemps. Il a toujours b se plaindre de
quelqu'un; avant-hier c'était de M. Defré; hier
c'était de M. Malou.
M.: Malou s'était livré, paraît-il, b certaines
insinuations qui ont ému l'honorable président; M.
Verhaegen éprouvait le besoin de refaire sa bio
graphie. Il a donc dit b la Chambre pourquoi il a
plaidé pour les vicaires généraux de Gand, en
1839, et pourquoi il n'a pas plaidé pour M. l'abbé
De Smet, b la même époque.
Du reste M. Verhaegen s'est défendu d'avoir
concouru en quoi que ce fut b la révolution de
i83o. Pas n'était besoin d'insister sur ce point.
Chacun sait combien le représentant de Bruxelles
était attaché au régime libéraldu gouvernement
hollandais qu'il n'a répudié que très-tardivement
après. Depuis il s'est constamment opposé b ce qu'il
appelle les empiétements du clergé.
Il aurait pu rappeler ici l'histoire de la dîme et
de la main-morte. C'eut été un argument irrésis
tible. Celte tâche, a-t-il ajouté mélancoliquement,
je me suis efforcé de la remplir avec zèle et j'espère
qu'elle sera bientôt b son terme.
Françoise, émue, sortit tout en larmes.
Cécile regarda autour d'elle, visita des yeux la
chambre solitaire et muette, puis se dit tranquille
ment
Tout est fini, Aurélie est sauvée; elle va ap
partenir b celui qu'elle aime; Estève sera beureux
par elle, tout est bien; il De me reste plus qu'à
mourir, et Dieu va m'y aider. Il me pardonnera, je
l'espère, la lutte que j'ai ressentie eD voyant que
j'aurais pu être heureuse, même ici-bas... Son
amour a triomphé, et maintenant je lui appartiens
pour jamais! A vous, mon Dieu, toute b vous, et b
toujours!
Elle s'assit; vaillante ouvrière, elle avait ac
compli sa jourpée, elle attendait le salaire promis b
ses labeurs il ne tarda point. Le soir meme, la
novice fut citée devant le tribunal révolutionnaire,
malgré les efforts inouïs qu'Estève avait tentés en
core auprès des autorités de la ville suspecte
et fanatiç/ue, noble de naissance, religieuse de
profession, la sentence ne pouvait être douteuse, et
elle l'entendit avec ce calme intrépide qui avait été
le cachet de son caractère et de sa vie entière...
Ici finit notre lâche nous ne la suivrons pas dans