42me Année.
Mercredi 2 Mars 1859.
No 4,322.
FOI CATHOLIQUE.
CONSTITUTION BELGE.
TPB.ES, 2 MARS.
Suite de la lettre de Mgr l'Évêque de
Bruges M. le Bourgmestre Boyaval.
LE PROPAGATEUR
POOR LA VILLE 6 FR. PAR AN,
4 FR. POUR 6 MOIS, 2-50 POUR
TROIS MOIS.
POOR LE DEHORS FR. 7-50 PAR
AN, 5 FR. POOR 6 MOIS, 2-75
POOR 3 MOIS.
REVCE POL1T1QCE.
Les illusions que ton s'était faites au sujet
des dispositions pacifiques du gouvernement
français, se dissipent graduellement. On en est
venu croiVe généralement que C attitude équi
voque gardée par le cabinet des Tuileries n'a
pour but que de préparer les esprits ta guerre
et de travailler fopinion publique qui ne
désire que la paixDans tous les cas celle
querelle engagée avec C Autrichecomme
naguère avec le roi de Naples, sans causes
sérieuses et apparentes ne témoignent pas
d'un grand éloignement pour les extrémités de
la guerre, et dénotent unplan arrêté sur C Italie.
Déjà le langage des feuilles impérialistes
devient de plus en plus agressif Elles s'insur
gent contre les traités de 18 i 5. que la France,
les en croire, ne saurait pardonner. Bien
entendu, qu'on n'en veut ni la Russie, ni la
Prusse, ni l'Angleterre, qui aussi bien que
l'Autriche, et même avant elle, entrèrent dans
la grande et légitime coalition de l'Europe
contre le despotisme napoléonien, VAutriche
seule, expiera le tort qu'eut C Europe de se
libérer. Il est vrai que, tenter une descente en
Angleterre serait chose par trop chanceuse on
réessaiera pas non plus d'entamer la Russie,
depuis l'expédition de Crimée devenue C alliée
intime de la France, et il n'y a rien gagner
s'en prendre la Prusse, bien que constam
ment hostile la politique française, la Prusse,
que des liens trop étroits unissent encore la
Russie, l'Angleterre et tous les Etals pro
testants, et où les masses, au premier signal
d'une agression, ne manqueraient pas de se
serrer autour du Souverain. L'Autriche, avec
sa population hétérogèneoù des éléments de
révolte ne demandent que l'occasion d'éclater,
l'Autriche ne paraît point offrir a l'attaque
celte même force de résistance. D'un autre
côté, M. de Cavour s'est avancé au point de ne
plus savoir reculer, et le cabinet sarde qui s'est
voué complètement la politique française,
céderait volontiers la France la Catholique
Savoie, qui le gêne, en échange de la Lombardie.
Puis encore ce n'est point une prise d'armes
ni contre t Angleterre libérale, ni contre la
Prusse protestante, ni contre la Russie persé
cutrice du catholicismeque le libéralisme
rouge ou bleu verrait avec faveur. Mais une
guerre contre la grande Puissance, essentielle
ment conservatrice et catholique rencontrera
partout et toujours f appui des forces révolu
tionnaires, et la Révolution, en Italie surtout,
est aussi une Puissance.
Telle, est la pente où le parti de la guerre
s'attache pousser le gouvernement impérial.
Au point ou en sont les choses, il faudrait pour
s'arrêter encore a temps toute Vénergique
volonté de l Empereur, puissamment soutenue
par l'opinion publique, et jointe la mena
çante perspective d'une coalition anglo alle
mande. Cependant le gouvernement britanni
que s'efforce de mérïager un rapprocheni'eà'i
entre les partis par voie diplomatique, et l'on
s'est fort préoccupé ces jours-ci d'une mis
sion de lord Cowley auprès delà cour de Vienne.
Sans doute elle se rapporte la grande ques
tion du jour mais quant a la nature ou la
teneur des propositions du cabinet de Saint-
James, c'est ce que personne ne saurait encore
préciser.
Une importante nouvelle a paru dernière-
menlau Moniteur français. Le cardinal Anlonelli
a annoncé par ordre de SaSainleté aux ambas
sadeurs de France et d'Autriche que le Saint-
Père, plein de reconnaissance pour le secours
que lui avaient prêté jusqu'à ce jour les deux
Souverains, croyait devoir les prévenir que,
désormais, son gouvernement était assez Jort
pour suffire sa propre sécurité, et se décla
rait prêt entrer en arrangement avec les
deux puissances pour combiner, dans le plus
bref délai possible, l'évacuation simultanée de
son territoire.
Au-delà des mers, dans le Nouveau-
Monde, le Mexique présente toujours le même
spectacle d'anarchie et reste en proie a la
guerre civile. Cinq ou six prétendants se dis
puter.t en ce moment la présidence. Miramon
paraît avoir le plus de chances de l'emporter
sur ses compétiteurs, et sans doute le triomphe
de ce jeune général, aussi heureux que sincère
ment catholique, serait désirable pour assurer
quelque repos ce malheureux par S. Déjà ses
victoires ont permis plusieurs évéques expul
sés par les prétendus libéraux, de revoir leurs
diocèses.
Vous admettrez volontiers, Monsieur le bourg
mestre, que les complots, tels que celui dont dous
nous occupons, sont défendus par les règlements de
l'athénée.- Vous me permettrez de croire qu'après
les scènes de vendredi, de nouvelles défenses ont
été faites de se rendre devant le collège de S'-Louis
et d'y recommencer les manifestations de la veille.
Je me rappelle en ce moment que, dans votre
lettre, vous déclarez avoir pris des mesures avec M.
le Préfet des étndes, dans la matinée du samedi,
pour calmer l'agitation qui s'était manifestée. Eh
bien, soixante- dix élèves de l'athénée, en dépi: des
règlements, se sont rendus, le vendredi, devant
notre collège et s'y sont livrés sans retenue ni
pudeur aux plus abominables excès le samedi,
malgré vos défenses, malgré les mesures que vous
aviez prises de concert avec M. le Préfet des
études, vingt des plus grauds élèves sont revenus
le soir la même place, et ne se sont retirés,
comme l'atteste le rapport de MM. les commis
saires, que sur les injonctions de la police.
Ne sont ce point là, Monsieur le bourgmestre,
des actes d'insubordinatioo et de désordre?
Ces actes sont déplorables aussi par la violence
dont ils sont empreints. Le tapage et les menaces
ont été si loin, que non seulement les voisins du col
lège en ont été effrayés, mais que la plupart de dos
élèves, qui devaieot rentrer chez eux, u'ont pas dsé
sortir de la maison; ils sont restés prisonniers dans
la cour jusqu'à ce que le désordre eût cessé.
La gVdvilé de cés madifestations résulie enfin dé
l'opiniâtreté et de la persistance que les auteurs y
ont mises. Comme je le disais l'instant, ils sont
revenus detix jours de suite au collège de S1- Louis,
malgré (otites les défenses qui oui pu leur être
faites. Quoique le second jour ils o'aient point jeté
de clameurs, leur présence seule, sur le théâtre des
exploits de la veille, était une menace et une
provocation. La police, qui était sur pied ce jour
là, l'a si bien compris, qu'elle les a obligés de partir.
Vous me dites, Monsieur le bourgmestre, que
ces élèves étaient venns devant le collège, le
second jour, en curieux.
Celte excuse est elle sérieuse? Pourrait-on
indiquer un objet digue de la curiosité de ces
jeunes gens, en dehors de leurs propres exploits
Là police savait très bien qo'il s'agissait de toute
àutre chose que de curiosité, lorsqu'elle mil sur
pied, le samedi, tous ses hommes disponibles,
dirigés et guidés par MM. les commissaires en
personne.
r Vous dites encore, Monsieur le bourgmestre,
que le samedi la force publique n'a pas dû
intervenir.
C'est un poin1! où vous vous trouvez eu contra
diction formelle avec MM. les commissaires de
police, qui disent dans leur rapport que quelques
élèves, parmi les plus grands de l'athénée, se
sont concertés pour aller se poster devant le
collège de S' Louis; qu'ils ont formé un groupe
devant la rue de Su Walburge, et que le sergent
de la garde municipale Mles a invités
poliment se retirer. Ils ont obéi ses injonc
tions sans proférer le moindre cri, mais non sans
grommeler, ni sans proférer un jurement, comme
l'atteste M. le Principal pour l'avoir distinctement
entendu.
Tout homme de bonne foi conviendra donc,
Monsieur le bourgmestre, qu'il s'agit ici de toute
antre chose que d'uoe dispute d'écoliers et que ce
n'est point saos motif que M. le Principal et les
pareots de dos élèves se sont émus la vue de ces
manifestations, et que moi, je me suis empressé de
vons prier d'en prévenir le retour.
Je viens de faire, dans ces tristes événements, la
part des élèves de l'athénée. Examinons maintenant
les griefs que vous mettez charge des élèves du
collège de S'-Louis.
Avant tout, il faut rappeler ici que ce collège
est divisé eo deux sections la section supérieure
où sont données les classes latines et le cours de
commerce; elle forme le collège proprement dit et
la sectioo inférieure, où sont données les classes
françaises, flamandes et élémentaires; elle com
prend généralement les élèves les plus jeunes.
Celte section est placée dans ud local assez éloigné
des bâtiments du collège. Les élèves de l'atbénée
distinguent parfaitement nos deux maisons, car ils
ont troublé l'étude du soir dans l'une et dans
l'autre.
Eh bien, je vous ferai remarquer ici que ni votré
lettre, Monsieur le bourgmestre, ni le rapport de
MM. les commissaires de police, ni les résultats de
l'eDquète, ni qui que ce soit, n'élève, ne peut
élever la moindre plainte, formuler le moindre
reproche contre les élèves de la section supérieure
ott du'collége proprement dit. Il n'y a leur charge,
ni un seul acte d'agréssiotrapparente, ni même no