42me Année.
Samedi 26 Mars 1859.
N° 4,329.
FOI CATHOLIQUE. CONSTITUTION BELGE.
TRIBULATIONS D UN GASTRONOME.
LE PROPAGATEUR
POUR LA VILLE 6 FR. PAR AN.
4 FR. POUR 6 MOIS, 2-50 POUR
TROIS MOIS.
POUR LE DEHORS FR. 7-50 PAR
AN, 5 FR. POUR 6 MOIS, 2-75
POUR 5 MOIS.
7FB.SS, 26 MARS.
REVUE POLITIQUE.
Les appréhensions de goerre ont généralement
décliné, et a*ec elles cette surexcitation croissante
d'ardeur belliqueuse qui s'était emparé d'une partie
delà presse; l'on remarque qu'à Paris il n'y a plus
que deux jnuroaux la Pairie et le Siècle qui
veuillent la guerre h tout prix. La proposition russe
pour la réunion d'un Congrès des cinq grandes
Puissances, en vue de prévenir les complications
que l'état de l'Italie pourrait faire surgir, a ouvert
une perspective nouvelle en faveur du maintien de
la paix générale. La France y a adhéré la première;
les cabinets de Londres et de Berlin n'ont pas tardé
b la suivre; l'acceptation de l'Autriche parait pro
bable. Le Mémorial diplomatiquedont les
informations sont ordinairement exactes, affirme
que l'Autriche consent b soumettre la situation
politique de l'Italie b l'examen collectif des grandes
puissances, en apportant cette réserve que le résul
tat de cet examen ne pourra porter atteiote ni aux
traités de i3t5, ni aux traités spéciaux qui en sont
les corollaires oaturels, ni aux droits iuhéreots b
l'indépendance souveraine de chaque Etat. Au
nombre de ces derniers droits, ajoute le Mémorial,
il faut surtout comprendre celui de contracter des
alliances avec d'autres États- Il forme tellement
l'essence de l'indépendance souveraine de chaque
gouvernementque même les États d'Allemagne
composant la Confédération en ont expressément
stipulé la garantie dans l'acte de la Constitution
fédérative signée le 8 juin i8t5.
Les journaux de la gauche, enlr'autres le Siècle,
accueillent avec un sourire de dédain ces ouver
tures de l'Autriche. Du moment qu'elle stipule le
maintien des traités de i8i5, nulle concession de
sa part De sera jugée acceptable par les amis de M.
de Cavour. Ce qu'il leur faut, b eux, c'est no re
maniement de la carte de l'Europe, uo agrandisse-
(Suite. Voir le n° 4f3?8 du Propagateur.')
Voilb de petites mauviettes assez gentilles, dit le
charretier, mais j'aimerai mieux de la choucroute.
Des mauviettes, s'écria le courrier Roussel, d'uo
air dédaigneux, des mauviettes! ce sont, des bec-
figues.
Des becfigues! dit Cambacérès, qui tenait déli
catement le dernier entre l'index et le pouce.
Oui, papa Dncotnuo, des becfigues!... C'est une
honnêteté que dous fait M. le préfet de la Gironde.
A moi?
A nous tous.
Ah ça! comment cela? dit Cambacérès qui
commençait b entrevoir la vérité; je n'ai pas l'hon
neur de connaître M. le préfet de...
Ni moi non plus, dit Roussel, tuais je suis très—
lié avec son cuisinier, qui m'a remis de la part de
M. le préfet noe bourriche que je dois apporter au
prioce archichaocelier Cambacérès.
Ah!ah!
ment territorial eu faveur du Piémont, voire même
de la France. On dit bien que les traités de 1815
ne sont pas destinés b vivre éternellement. Mais
qui donc, b l'heure qu'il est, croit avoir intérêt b
les briser, si ce n'est les fauteurs de troubles et les
ambitieux qui se font leurs complices? Oo dit
encore que déjb l'œuvre de 1815 s'est vu mainte
fois entamée, que ces traités ont subi plusieurs
remaniements. Mais il ne faut pas s'exagérer l'im
portance de ces remaniements. En Italie on n'y a
pas touché. Eu Pologne, l'union avec l'empire
moscovite est devenue plus étroite, et l'œuvre de
i8i5 a été consommée. La Belgique, il est vrai,
s'est séparé de la Hollande; mais les deux tronçons
du royaume des Pays-Bas n'en resteot pas moins,
pai la force des choses, les alliés naturels de l'An
gleterre et de l'Allemagne, et constituent eocore
(surtout depuis la chute du trône de juillet,) une
barrièie contre la France.
Dans ce dernier pays eofiu, les changements de
dynasties et de régimes qu'il a subis depuis 1815,
n'ont point altéré sa situation eu Europe, et ces
dynasties successives se sont mis au lieu et place de
la Restauration et se sont engagées b respecter les
traités de i8iâ devenus la loi diplomatique de
l'Eur pe. Ces traités n'ont doue pas été changés
jusqu'ici dans leur essence, c'est b dire que la force
proportionnelle et comparative des puissances n'a
pas chaugé. Ni l'Angleterre, ni l'Autriche, ni
la Piusse, ni la Russie u'ivpt vu diminuer leur
puissance en Europe, et la France n'y a pas
augmeuté la sienne.
Pour en revenir au projet de réunioo d'un
Congrès soumis par la Russie aux autres Puissan
ces, od y remarque en particulier que la Sardaigne
n'y serait poiot admise, bien qu'elle ait figuré aux
Conférences de Paris comme ayant pris part b
la guerre d'Orient. Celte exclusion fort naturelle
en la circonstance présente, est uo gage donné b la
cause de l'ordre et aox principes conservateurs.
Mais, ainsi que l'observe une correspondance,
la grande préoccupation des catholiques daDS
Oui, uu homme qui a le bras long et qui est
gourmaod.
Et vous ne craignez pas, dit Cambacérès, furieux
d'avoir partagé ses becfigues entre un courrier et
un charretier, et qui fut sur le point de se trahir,
et vous ne craignez pas que le prince qui est gour
mand comme vous dites...
Alors la figure de Roussel prit une expression
d'iroDie singulière.
Les princes, papa Ducomun, dit-il, on leur en
ferait voir bien d'autres.
Vraiment, répliqua Cambacérès, qui avait repris
tout son saug-froid, et comment ferez-vous pour
apaiser le prince qui par la lettre d'envoi verra
bien qu'il manque quelque chose b sa bourriche?
Il y a daos la bourriche, dit avec un sérieux
imperturbable Roussel, des sardines de Royao,
deux lièvres b côies rondes de la Brideet trois
chapons truffés de Barbezieux. Cela suffira.
Mais les becfigues, malheureux, les becfigues!
s'écria Cambacérès.
Les becfigues, dit encore Roussel en se versant
un grand verre de vin du Rhin, nous les avons
mangés, papa Ducomun.
l'éventualité dune guerre eD Italie, se porte
naturellement sur le Saint-Père, et ce n'est pas sans
raison. Le Siecle qui doit être dans le secret des
révolutionnaires italiens dit, avec cet accent d'ironie
qui raillait le Christ dans sa passion Quelque
soit l'issue do débat entre la France et l'Autriche,
l'Église, la religion n'ont rien b craindre. Nou»
disons cela avec d'autant plus de conviction
que, pour nous, le chef du catholicisme n'a qu'à
gagner renoncer un pouvoir temporel qui a
été pour l Église la cause de tant de guerres et
de tant de scandales. Vous l'eDtendez, dans
leur zèle pour la religion, les révolutionnaires
veulent détrôner le Pape. Les Tartuffes du ratio
nalisme veulent soulager le Souverain-Poulife du
poids de la souveraiueté temporelle, pour mieux
lui prouver leur dévouement. C'est ainsi qu'ils
entendent couper court au scaudale.
Il y a eu Dimanche 20 mars t85g, séance
publique du Conseil communal de notre ville;
nous en reproduisons le compte rendu.
La séance est ouverte b midi, sous la présidence
de M. Alphonse Vandenpeereboombourgmestre,
et en présence de M. Pierre Beke, échevin, Théo
dore Vanden Bngaerde, Charles Vande Broute,
Legraveraod, Eruest Merghelyuck, Pierre Léopold
Boedt, Charles Becuwe, Auguste Maieur, Charles
Lannoy Paul Bourgois Louis Vanalleynues
conseillers.
M. le président fait connaître qoe le bol de la
convocation est de procéder s la prestation du
serment du nouvel échevin, M. Paul Bourgois, et
de l'installer en celle qualité; il annonce que S. M.
le Roi, par un arrêté royal, a daigné compléter
l'administration en élevant b la dignité d'écbevin,
M. Paul Bourgois. Ce n'est pas on homme nouveau
qui vient d'être l'objet de cette faveur. M. Bourgois,
après avoir fourni une belle et longue carrière
militaire, a le Doble avantage de ponvoir utiliser
l'expérience acquise daDS l'intérêt de sa ville
natale.
Voilb précisément ce que ne vous pardonnera
jamais le prince.
Le prince, papa Ducomun,le prince a vu comme
nons l'orage qui m'a empêché d'arriver aujourd'hui
b Paris b cinq heures et demie, comme je le devais,
et l'orage a fait tourner les beefigoes, et je les ai
jetés; dans une tempête, on jette nne partie de la
cargaison b la mer pour sauver le reste.
Et vous aurez l'audace de dire cela b l'archi-
chancelier
Sans doute, et s'il hésite b me croire, je vous
appellerai en témoignage, papa Ducnmoo.
A ce dernier trait, Cambacérès fit un éclat de
rireet il ne put Déaumoins s'empêcher de dire
il faut avouer que ces pauvres princes sont bien
malheureux; ou les trompe toujours!
Je vous conseille de vous plaindre, lui dit
Roussel, vous b qui j'ai fait maoger une chose dout,
sans moi, vous n'auriez goûté de votre vie.
Mon père a eu tort, dit alors Rose, et c'est
malgré moi qu'il a ouvert uue bourriche qui lui
était confiée.
Cepeudaut Cambacérès réfléchissait b l'audace
des hommes du Midi, qui fout si peu de cas delà