42me Année.
M o 4,330.
4 FR. POUR 6 MOIS, 2-50 POUR FOI CATHOLIQUE. CONSTITUTION BELGE. AN, 5 FR. POUR 6 MOIS, 2-75
TRIBULATIONS D'UN GASTRONOME.
LE PROPAGATEUR
POUR LA VILLE 6 FR. PAR AN, P0UR LE DEHORS FR. 7-50 PAR
TROIS MOIS. P0DR 5 MOIS.
7PB.23S, 30 MARS.
REVUE POLITIQUE.
Avant même qne les cinq grandes Puissances
eussent acquiescé a la proposition du cabinet de
S'-Pétersbourg concernant la réunion d'nn Con-
grès,on avait soulevé celte question si laSardaigne,
et par suite les autres États italiensy seraient
admis. La proposition de la Russie, telle que les
grandes Puissances l'ont adoptée unanimement, ne
comprenait point une pareille clause. Cependant
les feuilles gouvernementales de Fraoce ont
répété, sans les combattre, les affirmations si posi
tives du Nord dans le sens de l'admission de la
Sardaigne. Si l'Autrichedit la Patrie élève
d'abord quelque difficulté, elle ne peu* manquer
de se rendre au désir exprimé par les autres
v puissances. Cette question nous semble donc b
peu près décidée.
La Patrie ne parle que de la seule admission du
Piémont; le Pays qui o'a pas les mêmes motifs
pour restreindre la Sardaigne cet honneur, croit
que les États italiens seraieot traités sur le pied
d'égalité avec le Piémont, et que celui-ci, comme
les autres, s'ils n'étaient appelés b participer aux
travaux du Congrès, ce que personne ne saurait
affirmer, du moins ils s'y feraient entendre.
Cette opinion se rapproche des renseignements
recueillis par le Mémorial diplomatique. Uoe
proposition intermédiaire aurait chance de préva
loir. On commencerait par donner b tous les Etats
italiens indistinctement toute facilité pour faire
arriver au Congrès leurs griefs, leurs vues et leurs
idées; puis, ils pourraient être admis ultérieure
ment b ratifier dans une négociation finale les
décisions sur lesquelles un accord préalable se
serait établi entre les grandes puissances.
Toujours est-il qu'on ne pourrait raisonnable
ment supposercomme l'ont imaginé certaines
feuilles révolutionnaires ou impérialistes, que l'on
accepte le Piémont dans le sein des conférences
(Suite. Voir le n° 4*329 du Propagateur
Il eut alors une idée qui lui parut lumineuse
Si vous vouliez me permettre, dit-il b Roussel,
de vous payer un bol de punch
Le courrier remua la tête en signe de non
consentement.
Du tout, du tout, papa Ducomun, et je m'étonoe
qu'un hrtnme de votre âge fasse une proposition
semblable changer de vin est dangereux le punch
d'ailleurs porte b la tête et attaque les nerfs...
Mon médecin me l'a défendu.
Cependant le vin commençait b produireson effet
ordinaire. Le charretier se mit h parler de la
blonde Lisbeth, et Roussel rappela M. Ducomun,
qu'il lui avait promis de chanter la Gasconne
mieux que Martin et qu'Elleviou.
Mais avant, dit-il, il convient de porter une
santé, c'est celle de l'archichancelier Cambacérès;
car, voyez-vous, il ne faut jamais être ingrat. Son
vin est boa et ses becfigues étaient excellents.
comme puissance délibéranteb l'exclusion des
autres Etats italiens; ce serait la reconnaissance,
en faveur du Piémont, d'un droit de primaoté dans
la péninsole, qui n'existe ni en principe ni en fait.
Nous croyons, de plus, que l'on ne se décidera pas
davaotage b admettre Rome, Naples, Parme, -
Modèoe, la Toscane, b prendre part aux délibéra
tions de l'assemblée, parce que ce serai: constituer
immédiatement la majorité dans un sens qui n'est
peut-être pas celui de certaines puissances.
Quoiqu'il en soit, certains journaux, tel que la
Patrierattachent le voyage que M. de Cavour
vient de faire b Paris, b l'admission des plénipo
tentiaires sardes aux prochaines conférences. L'en
trevue du premier ministre de Victor Emmanuel avec
l'Empereur donne lieuégalementbd'autres versions.
Pour les uus, l'Empereur aura promis de faire
triompher, quoiqu'il advienne, la question italienne
telle que l'entend M. de Cavour; pour les autres,
au contraire, on aura fait comprendre au ministre
piéraontais qu'il était temps de rentrer dans les
voies de la raison.
Le Mémorial diplomatique ne croit pas être
éloigné de la vérité en rattachant le voyage du chef
du cabinet de Turin b la nécessité reconnue par les
grandes puissances d'un désarmement préalable en
Italie. Ce que l'Angleterre et la Prusse ont
obtenu sans difficulté de PAutriche, la Fraoce
ne peut manquer de l'obtenir du Piémont. M. de
Cavour comprendra qu'en demandant au Piémont
de désarmer, la France se constitue la gardienoe de
sou honneur, de même qu'elle s'est déjb rendue
garante de son indépendance.
Il a été déjb question, comme l'on sait, d'obliger
comme mesure préliminaire d'une discussion paci
fique les deux nations aujourd'hui armées en
guerre, sinon b désarmer, au moins b éloigner de la
frontière commune les troupes qu'elles y ont
massées.
L'Autriche, s'il faut en croire plusieurs corres
pondants,aurait accédé b ceitederoaode; le Piémont
seul montrerait quelque résistance.
Roussel conseilla eosnite b sa fille d'aller se
coucher, et dès que Rose fut partie, il se mit
b parler du prince archichancelier avec toute la
liberté d'un homme b demi-gris.
La France n'avait point alors la liberté de la
presse; elle se dédommageait du mutisme forcé des
feuilles publiques par la liberté des conversations
particulières les anecdotes de la cour impériale se
colportaient de bouche en bouche et grossissaient
en se répétant; et pour nous servir d'un proverbe
indien qui exprime parfaitement notre pensée, on
faisait un pilau tout entier d'uo grain de riz.
Parmi tous les personnages d'alors, un des plus
maltraités était Cambacérès; on faisait tomber sur
lui uoe pluie de brocards; quoiqu'il ne manquât
ni d'esprit, ni surtout d'instruction, sa figure était
commune, son geste embarrassé, sa démarche
gauche; c'était d'ailleurs un pétin, et un vieux
pékin, ce qui le livrait nécessairement b tout ce
qui était militaire, l'avait été ou voulait l'être; on
se disait b l'oreille les bons mots qu'on prétendait
qoe Napoléon avait faits contre lui; il était le sujet
des caricatures clandestines qui se vendaient sons
le manteau.
Nous avons montré, tout récemment encore,
quel but on se flatte d'atteindre par le vote alpha
bétique. Cette disposition sous une apparence
anodine, ne :eod b rien moins qu"a bouleverser le
système électoral en vigueur dans notre pays. C'est
un piège trop grossier pour qoe les conservateurs
s'y laissent prendre. Leur aoéaotissement, voilb le
beau idéal du parti doctrinaire; et cepeodant sa
chute sera plus prompte encore. Du jour où les
conservateurs disparaîtront de la scène, les doctri
naires auront peine b se compter au milieu des
éléments nouveaux qui envahiront l'enceinte légis
lative, et ils seront certainement trouvés trop
légers dans la balance do pouvoir.
En attendant, ils se hâtent de dévorer leur règne
d'un jour, sans se douter qu'ils mettent le comble b
l'impatience et au mécontentement qui gagne tous
les esprits. Qu'ils travaillent donc, avec l'opiniâ
treté d'un aveugle, b fixer la suprématie d'uo parti
sur l'autre, ce qui, aox yeux do Roi, serait no
immense danger pour le pays. En supposant qoe la
mansuétude do parti conservateur décooragé leur
permette d'atteindre ce but, ils se réveilleront le
lendemain tout étonnés de se voir refoulés eux-
mêmes dans C autre, c'est-b-dite dans le parti
dont ils auront procuré la défaite.
Voici quelques réflexions du Journal Anvers
qui méritent d'être reproduites. Elles rentrent
dans la manière de voir que nous avons exposée b
diverses reprises
Le parti doctrinaire vent écraser le parti con
servateur; après l'avoir chassé du Parlement b
coups de pavés, il veut maintenant porter le scalpel
révolutionnaiie dans la loi électorale. Il a l'inten
tion, en effet, b propos d'une loi concernant une
augmentation du nombre des membres du Sénat et
de la Chambre des Représentants, de modifier la
loi organique sur les élections daos nn de ses
principes les plus essentiels. Il veot substituer nu
mode de vote en vigueur, le vote par ordre alpha
bétique, parce qu'il croit trouver dans cette com-
Tout ce bruit, toutes ses railleries, toutes ces
anecdotes hasardées, Roussel en régala M. Duco
mun, qui, certes, se serait bien passé de ces
confidences et qui tâchait vainement d'arrêter te
conteur en s'écriant de temps en temps
Comme on trompe ce pauvre peuple!
Comment, M. Ducomun, vous qui demeurez rue
S'-Denis, vous ne savez pas tout cela?
Pas un mot, je vous assure, et je n'y crois pas,
ajoutait Cambacérès avec assurance.
Eh bien! vous êtes le seul incrédule de votre
rue.
Mais, mon Dieu! dit alors Cambacérès d'une
voix piteuse, que vous a donc fait ce pauvre
archichancelier? vous mangez ses becfigues, vous
buvez son vin et vous en dites des choses que je
serais honteux de répéter.
Moi! répondit Roussel avec le sang-froid d'un
ivrogne et sans se douter qu'il aggravait ses torts
envers Cambacérès, je dis ce que dit tout le
monde et, d'ailleurs, je lui en veux...
Ah! ah! voilb pourquoi vous le calomniez.
Il a un filleul, coutiuua Roussel en poursuivant
son idée.