tempsde meure un terme cet état de vertige dans lequel s'agitent les hommes qui semblent s'être cramponnés au pou voir perpétuelle demeure, et qui sont occupés jouer, dans l'intérêt de leur égoïste ambition, les belles et heureuses destinées de la Belgique? La politique de la triple sincérité n'est de fait que la politique du triple mensonge. La devise du ministère est a mentez, mentez toujours, il en restera au moins quelque chose. La Belgique est gouvernée dans ce mo ment, en apparence, par six ministres, en réalité par trois seulement. Les ministres effectifs sont MM. Rogier, Frère et Tesch, qui ne veulent voir que des doublures dans leurs trois collègues. L'avocat Vander- sticbelen a consenti devenir le premier commis de M. Frère; le général Berlen a refusé d'être l'humble serviteur de M. Rogier; le plébéien Tescb met du foin dans ses bottes, pendant que le baron de Vrière aligne des décorations sur sa poi trine. Il est évident que dans les régions ministérielles, la suprématie des provinces wallones sur les provinces tlamandes, des libéraux sur les catholiques est fixée en dépit de la volonté royale. Et pour peu que les desseins de cette haute sagesse soient complètement dé- joués, il ne manque plus qu'une seule chose, c'est l'ordre alphabétique dans les élections. Or, l'ordre alphabétique est le désordre le plus complet en matière élec torale; car c'est la licence octroyée aux rusés et aux fourbes de surprendre jus- qu'au dernier moment du vote la confiance et la bonne foi de la plupart des électeurs. L'insatiable orgueil de M. Rogier, qui un seul portefeuille ne suffit plus, perdrait la Belgique, si la Belgique pouvait être perdue. Un homme, dont l'intelligence est plus vaste et plus élevée que celle de M. Rogier, fut comme lui plusieurs fois et longtemps ministre et sa dernière chute entraîna la chute de son roi. Mous formons des vœux pour que M. Rogier lise avec fruit les Mémoires pour servir Chistoire de mon temps, par M. Guizot. Peut-être n'est-ce pas encore trop tard. Sans doute, sans doute, monseigneur. D'Aigrefeuille fit on petit saut du fauteuil où il s'était assis jusque sur le parquet, et il sortit du cabinet avec aussi peu de bruit qu'il y était entré. Roussel comprit que l'homme qui n'était que gourmand venait de sortir et qu'il allait se trouver tête k tète avec un homme qui aimait fort les plai sirs de la table, mais qui était en outre un homme d'État et surtout on hotnme poissaot on n'allait donc parler ni de vin du Rhin, ni de becfigues, ruais ou allait lui faire payer et peut-être très- chèrement l'irrévérence avec laquelle, loi Roussel, avait parlé d'un des grands dignitaires de l'empire, dans la petite auberge d'Arpajon. Roussel avait raison, au fond, il se trompait dans la forme Cambacérès était trop habile pour rappeler des plaisanteries, des sarcasmes, des calomnies même, si l'outrage avait été poussé jusque-là, et pour vouloir se venger. Il prit un détour de meilleur goût, mais qui arrivait an même but Vous me reconnaisses, dit-il, d'un too glacé h Roussel. Non, monseigneur, non...; c'est-à-dire, je sais devant qui j'ai l'honoeur de me trouver; mais.... Je suis M. Ducomun. Roussel était uo homme intelligent; il vit le Nous apprenons que, parmi les pétitions qui circulent dans un grand nombre de communes du pays, pour réclamer contre la nouvelle injustice dont on menace les électeurs de la campagne, se trouve la suivante. Nous la recommandons nos amis pour que, traduite en langue flamande, elle se trouve, par leurs soins, répandue dans les com munes pour y être soumise la signature des intéressés. Les pétitions adressées soit au Sénat, soit la Chambre, doivent être écrites sur papier libre, et il n'est pas nécessaire d'en affranchir l'envoi. A Messieurs les membres du Sénat et de la Chambre des Représentants. Messieurs, Le Congrès national, en décrétant le cens diffé rentiel, avait voulu répartir impartialement les droits politiques entre les populations des villes et des campagnes il a voulu fonder l'avenir du pays sur la représentation sincère et vraie des diverses classes et de leurs intérêts parfois distincts. Cette pensée de patriotisme et de justice n'existe plus dans nos lois électorales. Le cens uniforme adopté au milieu de la tour mente de 1848 l'adjonction d'électeurs par catégories, l'inégalité dans le mode d'exercice du droit ont profondément altéré notre régime représentatif. Eu 1847, il y avait, sur mille habitants des villes, i4 électeurs 74/100; en 1857 il y en avait 5i 5/io. Mille habitants des campagnes avaient, en 1847, neuf électeurs 56/ioo; ils en ont seize aujourd'hui. La force électorale des villes relativement leur population est double de celle des campagnes. Lorsqu'un droit spécial de débit sur les boissons distillées a été établi, toutes les opinions ont été unanimes pour ne comprendre cet impôt de con sommation dans aucun cens électoral. Quelques années plus tard, il a été compris daos le cens pour tous les degrés d'élection. La minorité des populations possède presque partout la majorité des suffrages. A l'ioégale répartition des droits politiques vient se joindre une inégalité injuste et vexatoire pour l'exercice de ces droits. La partie de la population, dotée d'une puis- danger qu'il courait il fallait ou courber la tête, ou ne pas permettre Cambacérès de dire un mot de plus.... Il leva les yeux sur le portrait de Napoléon et prit hardiment la parole Mooseignenr, je ne m'en doutais pas. Je le sais bien. Sans cela Je le crois. El je suis bien aise de le savoir. Vraiment. Oui, parce que monseigneur ayant oublié son bonnet de nuit (et il lira de sa poche le bonnet de coton laissé par Cambacérès dans l'auberge d'Ar pajon), et sachant que M. Ducomun venait de chez M. S**, avec lequel il avait passé plusieurs heures tête tête, je comptais aller moi-même k Saint- Cbéron. C'est bien Saint-Cbéron que se nomme le lieu qu'habite M. S**? Je complais aller lui rendre, dis-je, le bonnet de colon de son ami. Et en parlaot ainsi, Roussel regardait le portrait de Napoléon, et semblait lui adresser la parole, comme s'il eût voulu se faire entendre de ce maître absolu et redouté. Cambacérès changea de couleur; sa figure, ordinairement d'un pâle cuivré, devint pourpre, il se leva, il laissa tomber sa tabatière. sance électorale doublevole sans peinesans déplacement, sans frais. Les électeurs, qui représentent les intérêts des S,548,ooo habitants des communes rurales sont soumis a des déplacements onéreux, dont la mino rité privilégiée est en grande partie affranchie. La législation d'aucun pays n'offre d'exemple d'une telle partialité. Du moins jusqu'à présent la loi avait-elle pres crit de former les sections par groupes naturels, en maintenant l'unité de la commune qui forme, pour ainsi dire, la famille administrative. Il s'agit aujourd'hui de confondre tous les élé ments, de placer les électeurs devant les bureaux qui ne peuvent les connaître tous, de séparer les membres d'une même commune. A toutes les injustices du système électoral, on ajouterait ainsi la moins motivée et la plus incroya ble des injustices, de manière k fixer irrévocable ment la prépondérance de la minorité. Le prétexte de ce bouleversement des habitudes, de cette atteiote portée k de sérieux intérêts ne peut être de soustraire l'électeur k des influences que l'on redoute, car ces influences ne s'exercent point au bureau électoral; mais le résultat réel sera de livrer l'électeur aux influences illégitimes qui s'y exercent, de favoriser les fraudes et non de les réprimer, de tenir éloignés du scrutin le plus grand nombre possible d'électeurs des campagnes. Animés du sincère désir de maintenir l'égalité, de droit et de fait, entre toutes les classes de ci toyens et d'assurer ainsi la vérité do régime repré sentatif nous combattons énergiquement cette innovation qui fausse nos institutions; nous de mandons que les Chambres, loin d'aggraver la situation actuelle au préjudice des intérêts des populations rurales, facilitent k tous l'exercice de leurs droits de citoyens et notamment que la loi, sans fractionner les collèges, sans diviser l'unité communale, établisse, pour le vote, de nouvelles circonscriptions, formées de la réunion de deux ou trois communes voisines. Nous sommes, Messieurs, avec le plus profond respect, Vos très-humbles et très obéissants serviteurs. En vue des injustices que l'on prépare, on ne saurait mettre trop d'empressement k pétitionner contre les propositions relatives au vote par ordre alphabétique cette mesure est une des plus dan gereuses qui ait jamais menacé le pays. La nomination du généraTChazal comme minis tre de la guerre, soulève les colères de la Broeder- min, l'organe de la coterie démocratique qui trône Vous connaissez Saint-Cbéron? Ouimonseigneurjoli petit village k trois lieues d'Arpajon. Vous connaissez M. S**? Oui, monseigneur, uo Eh bien! moi, continua Cambacérès, je ne le connais pas. Comme il vous plaira, monseigneur. Il ne s'agit pas de dire comme il vous plaira, je ne le connais pas, vous dis-je, je ne sais qui c'est, je ne sais de qui vous voulez parler. A la bonne heore, monseigneur. Et, continua Cambacérès toujours hors de loi, vous avez parlé k tout le monde d'une visite... que je n'ai pas faite. A personne, monseigneur, k personne, je vous l'assure, et j'ai eu du mérite k agir ainsi. Pourquoi cela? dit Cambacérès d'un air fin. Parce qne cè petit moosieur tout rond qui m'a introduit daos votre cabinet m'a assez fait d'agace ries pour me faire parler. Au même moment, la porte du cabinet s'ouvrit k deux battants, et un huissier annonça Le déjeuner de monseigneur. D'Aigrefeuille se précipita en roulant daos le cabinet

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Le Propagateur (1818-1871) | 1859 | | pagina 2