Au début de la séance d'hier, M. Rogier, minis
tre de l'intérieur, au milieu de précautions oratoires
de tout geore, a déclaré que, dans les circonstances
actuelles, le cabinet ne pouvait se rallier b ces
propositions, quoiqu'il les admettait eu principe. Il
a allégué des difficultés d'application, il a mis en
doute l'efficacité des tnoyeos mis en avant par la
section centrale pour atteindre le but qu'elle
se propose; en un mot, il s'est attaché b démontrer
que le vote par liste alphabétique générale était un
avorton, quelque chose qui n'était pas oé viable.
Toute cette oraison funèbre a été accompagnée
d'eau béuite non pas de cour, mais de cabioet, et
si le parti libéral veut se contenter de promesses, il
trouvera facilement daDS le discours de M. le
ministre de l'iutérieur de quoi se repaître.
Pour que le ministère en ait du mérite, aucuns
pourront trouver la reculade ministérielle un peu
tardive; quaut nous, nous sommes du nombre. Il
y a trois semaines que la résolution de la section
centrale est connue; il y a quinze jours qu'officiel-
leineot elle a été portée b la connaissance de la
Chambre, M. le ministre de l'iotérieur a été appelé
dans le sein de la section centrale, des débats
préliminaires sur la disjonction ont eu lieu, la
discussion générale a commencé samedi, et c'est
hier que M. Rogier est venu déclarer le refus du
cabinet d'adhérer aux propositions de la section
centrale.
Avec la meilleure volonté du monde, nous ne
pouvons trouver dans cette reculade quelque mérite
pour le ministère; la spontanéité y manque, et nons
inclinons en attribuer la cause et b l'attitude
décidée de l'opiuion conservatrice et b certaines
circonstances non inconnues des hommes de mai-
novembre.
Enfin, le vote par liste alphabétique générale est
allé rejoindre la révision de la loi sur l'enseigne
ment moyen, l'abolition delà convention d'Anvers,
l'instruction obligatoire, la réforme postale et
cœtera, et coetera.
Après la déclaration de M. le ministre de
l'intérieur, MM. Rodenbacb, Malou, De Thenx et
Tack, ont combattu les propositions de la section
centrale qu'ont défendues MYI. Muller et E. Van
deu Peereboom.
M. Malon a déposé plusieurs amendements qui
tendent b former des bureaux électoraux au moyen
de plusieurs communes contigues et b faciliter
l'exercice du droit électoral.
Ces amendements ont été renvoyés, avec les
explications de M. Rogier, b la section centrale.
mes pauvres serviteurs, blessés en me défendant,...
pais, des pas pesants retentirent sur l'escalier de
marbre... La pierre gémissait sous la sandale ferrée
des soldats... La porte s'ouvrit je m'élançai.»
J'ignore ce qui se passa, seigoenr je fus repous
sée, foulée aux pieds; et quand, après de longues
heures, je revios b moi, j'étais conchée sur mon lit,
entoorée de rues femmes en pleurs,... de mon mari
désespéré... Je demandai mes fils et, comme on
ne m'obéissait pas, je me levai, je les cherchai
moi-même;... je les trouvai étendus dans leur
berceaujonchés- des fleurs avec lesquelles ils
jouaieot naguère... Je voulos les embrasser ils
étaient glacés;... j'ouvris leurs vêlements de
larges blessures déchiraient leur poitrine; tous
deux;... tous deux étaient morts!
Je me souvieos qu'en apprenant ce massacre,
César-Aogusle s'était écrié Mieux vaut être le
pourceau d'tlérode que son fils! dit l'empereur
avec ou sombre sourire
Il est vrai! Bourreau de toutes les mères, il
u'épargoa pas même son propre sang... Il envoya
La tradition rapporte que deux fils d'Hérode
furent compris dans le massacre des Innocents.
L'Indépendance ne sait comment déguiser le
dépit que lui inspire l'altitude du cabioet relative
ment au vote par liste alphabétique. C'est Ib,
dit-elle, un fait assez imprévu puis elle raille
le scrupule de dignité et de délicatesse, que le
ministère a allégué, et c'est avec une vive douleur,
qu'elle range cette questioo a côté de celles dont
l'avenir promet la solution
On écrit de Bruxelles,en date de mardi d':
Les ministres d'État ont dîné hier b la Cour
les modifications proposées par le parti libéral b la
loi électorale, fesaient l'objet de presque toutes les
conversations; ou a surtout remarqué une pbilip-
pique prononcée par M. Henri De Brouckere
contre l'inopportunité de déchaîner cette nou
velle tempête sur le pays, au moment où les
événements extérieurs prennent tous les jours un
caractère de plus en plus grave. [Patrie.)
Le vote par ordre alphabétique est une inven
tion de la démagogie pour bouleverser le pays.
Il faut être aveugle pour ne pas le voir.
Aussi n'est-ce point seulement dans l'intérêt
de notre opinion motif très-légitime et
suffisant du reste, que nous le combattons,
c'est aussi par un sentiment de pur patriotisme
et pour prévenir des commotions certaines.
Quelque redoutable que jût celte machine, le
ministère libéral a commencé par la contem
pler d'un regard de complaisance. Il a mani
festé Cintention de la faire joueril a encouragé
ceux qui ont pris fait et cause pour elle. Toutes
les nuances du libéralisme ont applaudi au
projet de la section centrale. Un pétitionnement
en Javeur de ce projet a été organisé par les
agents électoraux du ministère. On pouvait
croire jusqu'au dernier moment que la fraction
doctrinaire pousserait C aveuglement jusqu'à
approuver une mesure qui devait lui porter,
elle comme nousun coup mortel.
Heureusement, elle a vu Vabîme entrouvert
sous ses pas et a reculé. Le ministère a déclaré
la Chambre que\ vu les circonstances, il ne
pouvait se rallier la proposition, et qu'il
voulait le statu quo en ce qui concerne la légis
lation électorale.
Il a bien fait, mais c'est peine si le pays
peut le remercier d'avoir détourné le coup.
Sa résolution a été bien tardive.
Ses motifs sont bien peu louables. Ce n'est
point tintérêt du pays qui le guide, c'est
l'égoïsme. Il a fini par voir que le vote par
au ciel les prémices des martyrs. Ces enfants
furent immolés au Christ... Heureux, heureux de
recevoir dès le berceau une palme immortelle, et
de jouer d'une main innocente avec les couronnes
des élus! Leurs mères seules étaient b plaindre.
Pour moi, je vécus, mais sans vouloir être consolée.
Mon époux et moi, nous nous environnâmes d'une
retraite profonde, où se nourrissait mieux le deuil
de nos cœurs... De longs jours s'écoulèrent, et nos
années chancelantes ne s'appuyèrent pas sur ces
enfants respectueux qui sont la couronoe des
vieillards. Mon mari, plus accablé de chagrins que
de jours, mourut le cœur rempli de joie, tel qu'un
voyageur lassé qui arrive au terme de sa course...
Je restai seule dans la maison muette que le com
pagnon de ma vie avait quittée b jamais, et je
vécus de prières et de larmes.
Vers ce temps, une de mes pareotes, qui habi
tait le pays de Sidon, vers les bords de la mer,
vint me visiter; et je fus surprise de la voir, car
depuis longtemps une grave maladie l'enchaînait
sur sa couche. Elle semblait forte et bien portante,
comme si la sève de la vie eût coulé en ses veines
plus abondante qu'autrefois.
Un grand prophète est venu parmi nous,
ordre alphabétique lui serait fatal, et comme
sa conservation personnelle est sa loi souve
raine, il a repoussé la mesure. Ses mérites ne
vont pas plus loin.
Sous le régime électoral qui nous régit et qui
met plus ou moins obstacle la ruse et la
violence, M. Rogier, le chef officiel du parti
ne sait plus dans quel arrondissement électoral
porter sa candidature. Depuis longtemps les
conservateurs ne lui doivent plus rien et ne
font rien pour lui', mais ce n'est point des
catholiques que lui viennent ses embarras ce
sont ses chers amis, les libéraux avancés
qui menacent sa position et son avenir. Accor
dez ces messieurs le vole par ordre alphabé
tique et la première victime du nouveau
système sera M. Rogier.
Ses partisans les doctrinairesqui n'ont
plus d'amis ni droite ni gauche, et qui se
fixent dans un milieu impossible, sauteront
immédiatement après lui, et qu'il nous soit
permis de le dire, ils sauteront avant nous et
peut-être sans nous.
Voilà ce que le ministère a vu enfin, et voilà
ce qui l'a fait reculer.
Aussi ne justifie-t-il point le parti qu'il
vient de prendre par des motifs d'intérêt géné
ral il n'invoque ni la nature du projet, ni les
désastreux effets qu'il devait produire il
plaide les circonstances et les difficultés d'ap
plication, c'est-à-dire, un motif accessoire,
fortuit, qui peut disparaître demain. Il laisse
la voie ouverte aux partisans du vole par liste
générale alphabétique et il se ménage
lui-même une porte pour y revenir.
Quoi qu'il en soit, la mesure qui menaçait
l'ordre public, est sinon écartée, au moins sus
pendue et l'instinct désorganisateur qui
anime le libéralisme intolérant et exclusif
aura se porter sur un autre projet. (Patrie.)
La section centrale s'est réunie mercredi
pour la forme afin de faire un prétendu examen
de la proposition de MM. Malou, de Theux,
De Naeyer, etc., relative au vote par circon
scriptions composées de communes voisines
nous disons, pour la forme, car il a suffi de
moins d'une heure pour conclure au rejet et
pour rédiger le rapport que M. Moreau est
venu lire au commencement de la séance
publique.
Quant aux explications de M. le ministre de
l'intérieur, la section centrale a déclaré quelle
dit-elle, en répondant b mes questions empressées;
écoutez ce qui m'est arrivé J'étais malade depuis
douze ans et je n'espérais plus la guérison, lorsque
j'entendis répéter autour de inoi que Jésus de
Nazareth faisait les œuvres de Dieu, et guérissait
par sa paroleson attouchementou sa senle
volonté, tous les malades qu'on apportait b ses
pieds. Mon ame fut réjouie b ces paroles; et,
apprenant que Jésus était non loin de ma demeure,
j'essayai de sortir. Sans doute un des esprits qui
sont devant la face du Seigneur me prêta son aide
je fendis la foule, je vis de loin Jésus, son front
majestueux, sa main qu'il élevait pour bénir. Je
me rapprochai, je me prosternai derrière lui, et,
pleine du désir d'être guérieje louchai la frange
de son manteau... Au même instant, Séraphia, je
me trouvai guérie; ma force première était revenue,
la source du sang que je perdais était sécbée, et le
Maître, se tournant, dit b haute voix
Qui est-ce qui a touché mes vêtements?
Ses disciples lui dirent Maître, vous voyez
que la foule vous entoure de tous côtés, et vous
demandez qui vous a touché?
Mais Jésus dit Quelqu'un m'a touché, car
j'ai reconnu qn'nne vertu est sortie de moi.