La paix européenne sera-t-elle troublée?
telle est la question que chacun se pose et
qui est peut-être déjà résolue par le fait.
Malgré la neutralité de la Belgique,
malgré la distance qui nous séparerait du
théâtre de la guerre, si elle éclatait, les
événements extérieurs n'en viendraient
pas moins compliquer la situation inté
rieure du pays.
La neutralité, garantie la Belgique
par les traités, est une neutralité armée
qui puisse, en cas de besoin, concourir
la défense de son territoire et de son indé
pendance. Les circonstances qui se prépa
rent sont de nature réclamer des sacriGces
patriotiques, et les hommes qui sont au
pouvoir, les hommes qui devraient propo
ser ces sacrifices, sont précisément ceux
qui ont énervé le sentiment national par
les divisions qu'ils entretiennent dans les
esprits.
Le ministère et sa majorité servile
quelque antipathie que leur origine incon
stitutionnelle inspire la nation, parvien
dront lui arracher les millions qui ont
été refusés il y a quelques mois; mais la
nation les payera sans confiance et unique
ment en acquit d'un grand devoircelui
qu'impose l'amour de la patrie.
Et quelle confiance les Belges pour
raient-ils accorder des ministres qui
tiennent constamment le pays sur une
pente fatale, et le poussent obstinément
vers le bord du précipice? La politique
doctrinaire belge n'est que la contrefaçon
de la politique doctrinaire piémontaise.
M. Rogier n'est pas un inventeur, c'est
tout simplement le plagiaire de M. de
Cavour.
Or, voyez où M. de Cavour vient de con
duire la Sardaigne et tremblez pour la
Belgique. Entre les deux pays, il n'y a plus
qu'une seule différence, c'est que les vingt
mille sicaires sous les ordres de Garibaldi
et au service de Mazzini, se sont abattus
sur la Sardaigne en attendant qu'ils vien
nent s'abattre sur la Belgique. Quel lléau
pour l'Europe! et qu'il est plaindre le
pays qui sert de refuge ces réprouvés de
toute civilisation. Y a-t-il moyen de faire
la paix avec une race qui ne respire que
le feu et le sang? Nous souhaitons que la
sagesse et la fermeté des grandes puissances
n'échoue point dans une entreprise qui
parait être au-dessus des forces humaines.
imprudemment en cause, la braocene va-t-elle
pas les voir de uouveau solennellement consacrés,
sanctionnés par le vole européen du fulur Congrès
qui maintiendra la paix ou qui suivra la guerre?
On descend de la suprématie européenne b
laquelle on touchait, pour retourner h l'isolement
dont ou était sorti. On abandonne la voie tracée
par la Providence et où ou avait rencontré lesuccès
pour entrer dans la voie où le premier Empire
s'est égaré et perdu. Si l'on fait un pas de plus dans
cette voie, on va se trouver dans celle position
fatale de n'avoir plus qu'une paix humiliée b
accepter des mains du Congrès, b cause des espé
rances et des prétentions impossibles qu'on aura
permis de soulever et dont on restera solidaire, ou
de n'avoir plus b faire qu'uue guerre révolution
naire et injuste, une guerre sans cause et que
personne ne peut définir ni comprendre, une guerre
saus autres résultats que des périls, avec l'Europe
contre soi avec l'opinion contre soiet sans
l'enthousiasme de la France. Paix humiliée ou
guerre révolutionnaire, politique pusillanime ou
provocatrice, abaissement ou chutevoilà le di-
lerane vers lequel la politique du Piémoot pousse
l'empireet aux deux bouts de ce dilemne je
n'aperçois que la raine.
Comment des hauteurs de l'alliance occidentale
est-on tombé au bord de ce précipice? Nous
l'avons expliqué en s'écartaot de la ligne droite,
de la grande route dans laquelle on marchait,
pour prendre les chemins de traverse de la poli
tique, dans lesquels on s'égare.
Baisse éoorme sur les fonds étrangers, nombreu
ses faillites b Londresmanifestations en Toscane
contre le grand-duc qui a, dit-on, abdiqué, bruits
contradictoires sur la question d'existence d'un
traité d'alliance offensive et défensive entre la
France et la Russie, tel est le résumé des nouvelles
que ooos apporte le courrier de hier matio.
La conduite de la France provoque déjà une
manifestation révolutionnaire dans la Toscane; le
grand-duc se voit obligé d'abdiquer et le Roi de
Piémont est proclamé dictateur de ce pays. En
vertu de quel droit? Ni la conquête, ni la puissance
ne le lui a conféré; mais si le droit le repousse, la
révolution le couroone.
Le Constitutionnel, de Paris, prétend que la
nouvelle concernant la conclusion d'un traité
d'alliance offensive et défensive entre la France et
la Russie n'a aucun fondement; le Times confirme,
au contraire, cette nouvelle, produite d'abord dans
la Gazette nationale de Berlin. Nous ne croyons
pas, jusqu'à preuve contraire, b l'existence de ce
traité; d'après nous, ce qui peut avoir donné lieu b
cette nouvelle, c'est que la mission spéciale dont le
comte Karolyi a été chargé b Saint-Pétersbourg
par le cabinet antrichieu, a échoué; c'est du moins
ce que prétend une correspondance du Journal
des Débats, laquelle annonce définitivement la
formation sur la frontière gallicienne d'un corps
d'armée d'observation russe.
Jusqu'à ce momeot, nous u'avons aucune nou
velle certaine sur le point de savoir si les hostilités
ont commencé contre le Piémont.
Noos lisons dans la Patrie
Ou nous signale quelques manœuvres électorales
que pour le moment, nous nous abstenons de
qualifier.
Un électeur de l'arrondissement de Bruges,
notoirement connu pour appartenir b l'opinion
conservatrice, voit tout b coup sans rime ni raison
attribuer une partie de sa contribution personnelle
a sa mère et b sa sœur, il se trouve ainsi ne pins
payer le sens. Vainement prouve t-i) par des pièces
authentiques, qu'on lèse injustement ses droits; on
n'a aucun égard aux preuves qu'il fournit. Alors
il s'adresse b M. le gouverneur de la province
et voilà plus de trois semaines qu'il attend et
réclame vainement de ce haut fonctionnaire une
réponse.
M. le baron d'Anethan signalait naguère au
Sénat une négligence semblablequi paraît
dégénérer en système.
Ou nous signale encore d'autres manœuvres.
Des électeurs appartenant b l'opinion conservatrice
se voieot rayés de la liste, parce qu'il a plu au
fisc de diminuer spontanément le taux de leur
pateute, quoique ces électeurs n'aient rien changé
soit b leur déclaration, soit au nombre d'ouvriers
qu'ils emploient, soit b leur profession.
Tout cela se pratique afio d'assurer an parti
libéral une supériorité qui est prête b lui échapper.
On lit dans VÊcho de Bruxelles
M. le prince de Chimay est arrivé aujourd'hui b
Bruxelles. Il s'est rendu immédiatement b Laeken.
Le prince vient de repartir pour Paris, après
avoir eu un long entretien avec Sa Majesté.
Si nous sommes bien informés, les communica
tions faites au Roi par le prince de Chimay sont de
nature rassurante. Elles portent sur la certitude,
où l'on est b Paris, que la guerre sera purement
locale.
IM—g
Nous lisons dans le Journal dAnvers
Un fait excessivement grave vient de se passer b
Bruxelles. La commission des fortifications s'est
prononcée en faveur de la grande enceinte par une
majorité de 25 membres contre 5.
Il a été décidé en outre que la petite enceinte
serait maintenue jusqu'à l'achèvement de la
grande. Un membre a fait remarquer que les mil
liers de maisons construites dans les faubourgs,
loin de nuire b la défense, y contribueraient admi
rablement. Si elles ne s'y trouvaient pas, a-t-il
ajouté, on devrait les créer; car elles arrêteront la
marche de l'ennemi lorsqu'il se sera emparé des
fortifications extérieures, et il faudra un temps
assez considérable avant que ces iuoombrables
bâtisses aient été détruites par le canon.
Nous ne saurions préciser les termes dans les
quels cette opinion a été formulée, mais une per
sonne en qui nous croyons pouvoir mettre la pins
grande confiance, nous donne l'assurance qu'elle
a été émise.
Un avis plus favorable b notre ville a été énoncé
par le général Renard, qui, paraît-il, s'est pro
noncé pour la centralisation de la défeose du pays,
c'est-b-dire pour la fortification de Bruxelles.Cette
idée gagne tous les jours des partisans; c'est la
seule raisonoable.
A quoi bon en effet appeler sur Anvers tous les
dangers d'un bombardement? A quoi bon néces
siter, en cas de guerre, la présence d'une escadre
anglaise d'une douzaine de navires et d'une gar
nison étrangère d'au moins 10,000 hommes?
Deux membres de la commission se sont vive
ment disputés b cet égard, l'un maintenant, de
toute la puissance de ses poumons, le principe de
la fortification d'Anvers, l'autre se prononçant
énergiquement pour la centralisation de la défeose.
Nous ne tarderons pas b apprendre où cela va
nous conduire.
'-B 6 <'n
Dans la liste des jurés qui connaîtront des
causes comprises dans la première série de la
deuxième session pour 1859, qui s'ouvrira
Bruges lundi 16 maisous la présidence de
M. le conseiller Ferbare, nous remarquons les
noms suivants
MM. J.-B. Verletnotaire Mnorslede.
Gobbrecht, négociant S Warnêtou.
P. De Grendel, négociant Poperingbe.
Van den Bussche, huilier Clcrcken.
J. Ghnelle, savonnier Dixmode.
NOUVELLES DIVERSES.
Mercredi matin il a été procédé b l'hôtel provin
cial de Brnges b l'entreprise des ouvrages d'entre
tien des caoaoxde la province (travaux provinciaux)
du 1" avril i85g au 3i mars 1862.
Canal d'Ypres b l'Yser. Devis estimatif fr.
2,4i4. Ont soumissionné MM. F. Gerste,
d'Ypres, lr. 2,414 moyennant un rabais de t3 fr.
60 p. c.; N. De Moor,de Boesinghe, fr. 2,55o
moyennant un rabais de 5 fr. 3 c. p. c.
Canal de Loo et celui de Bergues. Devis esti
matif i,410 fr. Ont soumissionné MM. P. De
Zwarte, de Nieuport, 1,375 fr., rabais de 3 p. c.
pour les travaux extraordinaires; E. De Keyser, de
Dixmude, 1,370 fr., rabais de 5 p. c.
Canal du Moerdyck et de Bourgogne. Devis
estimatif 6o5 fr. A soumissionné M. L. Darras,
d'Eernegbem, 6o5 fr., au prix de bordereau.
Un malheur a marqué londi soir le passage
des voitures, sur le chemin de fer de la Flandre-
occidentale, se rendant de Courtrai b Ypres, pour
aller prendre dans cette ville, les soldats du 1"
lanciers. Entre Menin et Wervicq, un homme qui
se trouvait couché sur la voie ferrée, a été littéra
lement coupé en deux.
On écrit de Bruxelles b Y Union commerciale
d'Anvers J'apprends de source certaine que,
dans sa séance du 23 coûtant, la grande commission