PROCLAMATION.
L'Empereur au peuple français.
En effet, pendaot la guerre d'Orient, l'Autriche
a rendu h la France et h l'Angleterre un immense
ABROGATION DE L'ARTICLE 8i DE LA LOI COMMUNALE.
Aux pavés de mai 1857, qui ont déjà reçu
plud'une sanction administrative, le ministère
veut donner aujourd'hui une sanction légale.
A la violence de la rue il veut ajouter la
violence du Parlement.
Tout heureux d'avoir échappé par lémeute
la confirmation d'un droit inscrit jusque dans
notre loi communale, il veut se venger du
danger qu'il a couru, en effaçant l'article qui
le condamne et en rayant de nos codes un prin
cipe de droit public constamment appliqué en
Belgique par tous les gouvernementsdepuis
un demi siècle environ.
Cet acte de violence, cette œuvre de réaction,
le ministère n'a pas le courage de t avouer.
Pour couvrir ses projets, il a recours aux
subterfuges les plus misérables, aux artifices
les plus grossiers, aux manèges les plus bas.
Ainsi son exposé de motijs porte pour titre
Nouvelle rédaction de l'article 84 de la loi
communale, absolument comme s'il s'agissait
d'une affaire de grammaire, d'une question de
forme. Cest là une bassesse et une maladresse
tout la fois. Le ministère pense-1 il, par
hasard, que le pays est assez aveugle pour ne
pas apercevoir et assez peu honnête pour ne
point blâmer d'aussi grossiers tours de passe-
passe
Un gouvernement qui se respecte, un minis
tère qui veut être au sérieuxne se permet point
de pareilles jongleries.
Présenter comme une simple affaire de
rédaction une question de principe qui a sou
levé les colères des clubs, fait surgir une
émeute, compromis une majorité parlementaire,
amené un ministère de minorité, c'est tout bon
nement se moquer de la législature et du pays.
La discussion de la loi anéantissant la
liberté de la charité, a commencé jeudi la
Chambre. Cette fois ci la majorité issue de
Cémeute, semble vouloir rester conséquente avec
elle même en mai 1807, son parti a usé de
coups de pavé, en mai 185g, elle veut employer
les coups de vote. Brutalité matérielle jadis,
brutalité morale aujourd'hui.
Au commencement de la séance, M. Fan
Overloop a prononcé un discours contre le projet
de loi dont il a démontré les vicesil a signalé
la contradiction qui existe entre le projet de loi
et le rapport de la section centrale, et a prouvé
que légalement l'interprétation de C art. 84 ne
pouvait avoir lieu dans les circonstances où se
trouve la question.
Après le discours de M. Fan Overloop
aucun membre de la gauche, ni aucun ministre
ne s'est levé soit pour répondre l'orateur, soit
pour défendre le projet de loi. La majorité
voulait voter immédiatement: ceux de ses mem
bres qui ne parlent jamais pour certaines rai
sons, criaient: aux voix,aux voix! Ils voulaient
étouffer une des libertés les plus précieuses,
celle de faire le bien. M. B. Dumortier a pris
alors te parti de présenter un amendement,
portant qu'en aucun cas la volonté du testateur
ne pourra être violée.
La discussion a continué vendredi.
A la fin de la séance, la Chambre a adopté
la convention qui proroge pour deux années le
traité conclu avec la France,
g i? ifrg --
Les journaux de Paris oous apportent ce matin
la proclainaliou de l'Empereur Napoléon au penple
français, A propos de la guerre d'Italie. Voici ce
document
Français!
L'Autriche, en faisant entrer son armée snr
le territoire du roi de Sardaigne, notre allié, nons
déclare la guerre. Elle viole ainsi les traités, la
justice, et meoace nos frontières. Toutes les grandes
puissances ont protesté contre cette agression. Le
Piémont ayant accepté les conditions qui devaient
assurer la paix, on se demande quelle peut être la
raison de cette invasion soudaine c'est que l'Au
triche a amené les choses h cette extrémité qu'il
faut qu'elle domine jusqu'aux Alpes, ou que l'Italie
soit libre jusqu'b l'Adriatique; car, dans ce pays,
tout coiu de terre demeuré indépendant est un
danger pour sou pouvoir.
Jusqu'ici la modération a été la règle de ma
conduite; maintenant l'énergie devient mon pre
mier devoir.
Que la France s'arme et dise résolument h
l'Europe: Je ne veux pas de conquête, mais je veux
maintenir sans faiblesse ma politique nationale et
traditionnelle; j'observe les traités, b condition
qu'on ne les violera pas coutre moi; je respecte le
territoire et les droits des puissances neutres, mais
j'avoue hautement ma sympathie pour un peuple
dont l'histoire se confond avec la nôtre, et qui
gémit sous l'oppression étrangère.
La France a montré sa haine contre l'anarchie;
elle a voulu me donner un pouvoir assez fort pour
réduire l'impuissance les fauteurs de désordre et
les hommes incorrigibles de ces anciens partis qu'on
voit sans cesse pactiser avec nos ennemis; mais elle
n'a pas pour cela abdiqué son rôle civilisateur. Ses
alliés naturels ont toujours été ceux qui veulent
l'amélioration de l'humanité, et quand elle tire
l'épée, ce n'est point pour domiuer, mais pour
affranchir.
Le but de cette guerre est donc de rendre l'Italie
b elle-même et non de la faire changer de maître,
et nous auroos b nos frontières un peuple ami qui
nous devra son indépendance.
Nous u'allons pas en Italie fomeoter le désordre
ni ébrauler le pouvoir du Saint-Père, que nous
avons replacé sur son trône, mais le soustraire b
celte pressioo étrangère qui s'appesantit sur toute
la Péninsule, contribuer b y fonder l'ordre sur des
iutérêis légitimes satisfaits.
Nous allons enfin sur cette terre classique, illus
trée par tant de victoires, retrouver les traces de nos
pères; Dieu fasse que nous soyons dignes d'eux!
Je vais bientôt me mettre b la tête de l'armée. Je
laisse en France l'Impératrice et mon fils. Secondée
par l'expérience et les lumières du dernier frère de
l'Empereur, elle saura se mootier b la hauteur de
sa mission.
Je les confie b la valeur de l'armée qui reste en
France pour veiller sur nos frontières comme pour
protéger le fojer domestique; je les confie au
patriotisme de la garde nationale; je les confie
enfin au peuple entier, qui les eotourera de cet
amour et de ce dévouement dont je reçois chaque
jour tant de preuves.
Courage dooc, et uoioo Notre pays va encore
montrer au monde qu'il n'a pas dégénéré. La
Providence bénira nos efforts; car elle est sainte
aux yeux de Dieu la cause qui s'appuie snr la
justice, l'humanité, l'amour de la patrie et de
l'indépendance.
Palais des Tuileries, le 5 mai i85g.
NAPOLÉON.
La proclamation de l'Empereur Napoléon fera
parmi les sincères amis comme parmi les loyaux
adversaires de ce prince une pénible impression
c'est une triste énumération, péniblement faite, de
griefs imaginaires que personne ne prendra au
sérieux. En effet, qui croira que c'est l'Autriche
qui viole les traités et la justice? qui admettra
qu'elle menace les frontières de la France?
Où, quand et comment cette menace s'est-elle fait
jour? Où, quand et comment le désir de conquête,
de domination jusqu'aux Alpes s'est-il manifesté?
Nul ne saurait le dire; mais ce que beaucoup diront,
c'est que le gouvernement impérial de France
montre b l'égard de l'Autriche une ingratitude b
laquelle celle-ci ne devait pas s'attendre.
service, en leur assurant une victoire bien difficile
b ob tenir sans son intervention et en payant ce
service par l'épuisement de ses finances et par les
rancunes de la Russie qui pèsent aujourd'hui sor
elle 1*)
Il est donc inexact de dire que l'Autriche menace
les frontières de la Fiance et qu'elle rêve des con
quêtes c'est 00 argument qu'avec plus de fonde
ment elle peut rétorquer contre sm ennemi.
La proclamation impériale se demande quelle
peut être la raison de l'invasion soudaine de
l'Autriche en Piémont; mais l'interpellation a le
tort de venir après la réponse que chacun connaît,
et qui gît dans les dix années de provocations et
d'actes malveillants posés par le Piémont b l'égard
de l'Autriche.
Pendent dix ans, le gouvernement impérial
d'Autriche a toléré ces criminelles tentatives
Ainsi l'invasion soudaine n'est Ib que pour
colorer une intervention injustifiable et que ni les
contemporains ni la postérité n'absoudront pas.
if II 1 l|i li»l imi 11
La plupart des journaux allemands accom
pagnent la production du manifeste de l'Em
pereur Napoléon de réflexions très-sérieuses.
Ils font remarquer que le langage tenu par la
France dans ce moment-ci ressemble beaucoup
a celui que tenaient les républicains français
du siècle dernier et plus lard le général Bona
parte, aux populations qu'ils se proposaient de
subjuguer, mais auxquelles ils commençaient
par promettre la liberté, l'indépendance, la
civilisation, le progrès, etc. Ces journaux en
tirent la conclusion que ce qui s'est fait précé
demment, pourra se faire encore aujourd'hui,
et qu il importe que t Allemagne veille plus
que jamais pour montrer qu elle n'a rien oublié
du passé et que le présent lui a beaucoup
appris.
Une correspondance de Paris apporte des
nouvelles très-importantes.
L'ambassadeur d'Angleterre aurait demandé des
explications sur la proclamation impériale.
Les ministres français ont blâiné la réponse que
voulait faire l'Empereur, et ont en définitive offert
leur démission.
COUPONS DE MÉTALLIQUES.
Selon un extrait du Handelsblad, d'Amsterdam,
le gouvernement autrichien prélèverait uu impôt
de 5 p. c. sur les coupons des métalliques et autres
fonds de l'Etat. La Gazette de Cologne n'admet
pas que le décret ait cette portée. Voici ce que dit
cette feuille.
Les ordonnances financières publiées aujour
d'hui par la Gazette de Fienne procurent la
rassurante conviction que l'Autriche peot satisfaire,
même daos les difficiles circonstances actuelles, b
l'engagement de payer en espèces les intérêts de
l'emprunt national. Quant b l'impôt que l'on
prélève b la présentation des coupons échus, il n'est
que d'un pour cent, et sa perception ne donne pas
lieu b la moindre réclamation.
Le Sénat est convoqué pour mardi prochain, 10
de ce mois, a deux heures.
Le colonel Catinellidans les remarquables Études sur
la question italienne qu'il a publiées et que le dnoteur Henri
Scbiel vient de traduire, établit d'une manière irréfutable
1" que sans l'Autriche, la guerre d'Orieut non-seulement
n'aurait pas arrélé la chute de l'empire Ottoman, mais qu'elle
l'aurait plus tôt occasionnée et accélérée, en provoquant l'in
surrection générale des sujets chrétiens de la forte que l'Au
triche a empêchée en occupant les Principautés et intimant,
avant la guerre,son ultimalum du 6février r854 aux Serviens
et aux Monténégrins révoltés; a» que si l'Autriche n'avait pas
occupé les Principautés, l'expédition de Crimée n'aurait pu
avoir lieu que dans la seconde moitié de l'anuée i855, et
l'armée d'Omer-Pacha ne serait pas devenue disponible pour
les autres théâtres de la guerre en Crimée et en Asie; 3» que
sans l'armée de 100,000 hommes que l'Autriche a placée en
Gallioie et dans la Bukovine, les 100,000 Russes échelonnés
vers la frontière de Pologne se seraient portés en Crimée et
auraient rendu impassible la continuation du siège de Sébas-
topol.