LA VÉRITÉ, RIEN QBE LA VÉRITÉ. Paris, lundi matin, 6 juin. La dépèche suivante est affichée dans Paris L'KUPrat:rn i.impkhatrice. Magenta, 5 juin. Hier l'armée devait se diriger sur Milau en franchissant le Tessin près de Turbigo au moyen de ponts jetés sur la rivière. L'opération a été exécutée avec succès. Mais l'en nemi, qui avait repassé le Tessin en grand nombre, dous a opposé la plus vive résistance. Les débou chés él.»';nt étroits. La garde impériale a soutenu le choc elle seule pendant deux heures. Dans le même temps le général de Mac-Mahon prenait Magenta. Après une série de combats sanglants nous avons partout culbuté l'ennemi. Nous avons environ 2,000 hommes hors de combat. Oo estime la perte de l'ennemi i5,ooo tués ou blessés, et le nombre des prisonniers 5,000. 5 au soir. Voici en résumé les résultats de la bataille de Magenta. Sept mille prisonniers au moins, vingt mille Autrichiens hors de combat. Trois canons et deux drapeaux pris. Aujourd'hui, l'armée se repose et s'organise. Nos perles sont d'environ trois mille tués ou blessés. L'ennemi nous a pris un canon. Paris, lundi, 6 juin, 1 heures. On a affiché aujourd'hui dans Paris la dépêche suivante L'CHPEREl'R A L'IMPÉRATRICE. Quartier général, lundi, huit heures du matin. Milan s'est insurgé; les Autrichiens ont évacué la ville et le châteao, laissant derrière, dans la précipitation de leur retraite, des canons et les caisses de l'armée. Nous sommes eocombrés de prisonniers; nous avons douze mille fusils autri chiens. Paris, Inndi soir, 6 juin. D'après la Patrie, les généraux Espinasse et Clerc anraient été, dit-on, tués dans la bataillle de Magenta. Le Pays dit que, d'après les dernières nouvelles, l'Empereur se trouvait quatre kilomètres de Milan. On fait Paris de grands préparatifs pour de grandes ill*..ninations. Beaucoup de maisons sont pavoisées. DÉPÊCHES ANGLAISES. Londres, lundi matin, 6 jnin. Le Daily-News confirme l'arrivée du comte Eslerhazy de Vienne avec une mission do gouver nement autrichien. Le Morning-Star annonce que Kossuth quitte Londres mardi prochain, en compagoie de trois cents Hongrois. Avant son départ, l'ancien dicta teur de la Hongrie a eu une conférence avec l'ambassadeur de France, M. le comte de Persigny. DÉPÊCHES ITALIENNES. Vérone, lundi, 3 juin. Voici des nouvelles authentiques données par les autorités Hier matio une vive lutte a été engagée près de Magenta entre l'ennemi, qui s'était porté en forces considérables sur la rive gauche du Tessin, et les troupes du 1" et du 2* corps d'armée. Le combat a été conliooé jusqu'à la nuit avec des chances successivement favorables, tantôt d'un côté, tantôt de l'autre. Les détails manquent, parce qoe la lutte continue encore aujourd'hui autour du théâtre de la lutte d'hier. Des témoins occulaires racontentque les troupes se rendent au combat en poussant des cris d'allé gresse, qu'elles fou preuve d'une bravoure soutenue et qu'elles se conduisent d'une manière digne de l'armée de l'Empereur. DÉPÈCHES SUISSES. Berue, dimanche soir, 5 juin. Le quartier-général franco-sarde est Magenta. Les avant-postes seront ce soir Saoto-Otto, près Milan. Les Autrichiens battent en retraite sur tous les points. Le corps principal de Garibaldi était hier encore Côme. DÉPÈCHES AUTRICHIENNES. Vienne, dimanche, 5 juin. La Correspondance autrichienne assure que depuis les derDières informations officielles, la positioo de l'armée est restée sans changements, et elle dit qu'il ne faut accorder aucune créance aux renseignements donnés par les bulletins ennemis. "Vienne, lundi, 6 juin. La Correspondance autrichienne dit qu'on attend encore une communication anlhentique du quartier-général autrichien sur les détails et l'issue dëfioitive de la rencontre qui a eu lieu près de Magenta. Elle assure que, d'après d'autresnouvelles dignes de confiance, le quartier-général a été transporté du 4 au 5 Abiategrasso. Les mêmes nouvelles, ajoute le journal semi- officiel, portent que l'affaire est restée indécise et qu'une bataille ultérieure est imminente. Vienne, lundi soir, 6 juin. Par suite de l'arrivée opportune du corps du général Clam-Gallas sur le champ de bataille, les Autrichiens, après une vive lutte, sont restés vainqueurs, et les Français ont été rejetés de l'autre côté du Tessin. -y <m Depuis quelque temps, c'était passé en mode de crier contre Rome, de débiter mille mensonges contre le gouvernement papal; afin de rendre ce gouvernement odieux toutes les nations. Nos révolutionnaires, quelques protestants prévenus et surtout nos feuilles, libérales eo calomnies, répé taient chaque jour: que les affaires, Rome, allaient très-mal. Heureusement le temps des mensonges est passé. Depuis que des protestants moins prévenus ont vengé le Saint Siège de toutes ces diatribes, le bien est sorti du mal. Nous avons devaDt les jeux des pièces officielles, des statistiques, des témoignages d'ambassadeurs et d'écrivains véridiques, qui nous montrent, ne pouvoir eu douter; que toutes ces accusations, lancées avec tant d'assurance contre le Saint Siège, étaient au moins très-exagérées, pour De pas dire .complètement fausses. Rome est dans un état prospère, malgré les conjonctures difficiles où se trouve ootre Saiot Père le Pape; et cela, notez-le bieD, après uoe révolu tion qui, après avoir tout bouleversé, avait attiré sur le pays des dettes éoormes. Des témoins occulaires attestent que le peuple, c'est-à-dire la classe ouvrière, y est plus heureuse que dans tout autre pays. Les vivres y sont meilleur marché. Les contributions y sont moindres en comparaison de celles des antres états. A Rome il n'y a qu'un seul pauvre sur 4o habitants; tandis qu'en France on en trouve on sur 12; et en Belgique et en Angleterre un sur 6. Les établissements de bien faisance, pour toute sorte d'infortune, y sont pins nombreux que partout ailleurs; et 4e travail y manque rarement. Les beaux arts et les sciences y fleurissent daDS tout leur éclat; Dulle part on les trouve poussés une plus grande perfection. Sans doute qu'on y rencontre parfois quelques abns, comme on en rencontre, et même de plus grands, dans tons les pays; mais ces abus, loin d'infirmer notre dire, ne font que le confirmer. Mais dira-t-on: La liberté? Le peuple est-il libre Rome? Nous savons depuis longtemps que ce mot magique Liberté, a fait tourner plus d'nne tête, et même des pins fortes. Mais les peu ples, vivent-ils seulement de libertés? Et qu'est-ce que la liberté de nos jours, si ce n'est, ooe licence qui la tue; vu bien une servitude qui lie nos soi- disauts indépendants au pouvoir des clubs? Voyoos cependant si la liberté, sous le gouver nement pontifical, n'est pas aussi réelle, et peut être plus réelle, que dans tous ces pays qui se piquent d'avoir une liberté pleine et entière. Il est vrai, le peuple dans les états du Pape, n'a pas la liberté de la licence, ni celles des émeutes ou des pavés de mai comme dans notre libre Belgique. Mais en revanche n'a-t-il pas la liberté de la parole évangélique dans la chaire de vérité, la liberté de la bienfaisance dans le soulagement do malheur et de la souffrance, la liberté du repos après la mort daus un cimetière, que nos croqueurs de libertés ont su nous chiper? Il est vraf que ce peuple n'a pas la liberté de la discussion, dans des chambres législatives, qui tirent leurs pouvoirs delà nation; parce qu'à Rome, on est encore si simple, de ne pas croire le peuple souverain et sujet en même temps; là on fait encore distinction entre gouvernants et gouvernés. Mais si le peuple n'est pasmaîtreà Rome, il y est cependant consulté, il donne ses avis daus toutes les affaires importantes, et cela avec beaucoup plus de liberté que chez nous. Car enfin, disons-le la bonté de dos soi-disaots libéraux Nos chambres législatives, soDt-elles encore libres? Parle-t-on encore là selon sa conviction personnelle? Ou plutôt n'y parle-t- on pas selon les ordres intimés par les clnbs et les franc-maçons? Nos députés, ne sont-ils pas pour la plupart de véritables mannequins, dont on fait remuer les ressorts volonté? Et si parfois, l'un on l'autre député, fort de sa conscience et du bou droit, ose émettre une opinioD contraire celle du parti qui nous domine, n'est-il pas mis l'instant même au banc des proscrits; ou bieD les crienrs d'jfhou, cette classe intelligente gants jaunes, ne savent- ils pas coups de pierres, mettre cet imprudent la raison suprême des fraoc-maçoDS? Il est encore vrai, que la presse Rome n'est pas libre. Notre régime constitutionnel proclame cette liberté, et malheur celui qui voudrait y porter une main sacrilège! Qooiquecependant cetteliberté nous fasse souvent plus de mal que de bien. Mais Rome qui est régie par d'autres lois que nous, doit-elle ddnc suivre en tout le régime des gouver nements constitutionnels? Ne nous prévalons pas trop de notre liberté de la presse! nos gouvernants despotes ont su museler cette liberté, en molestant les uns, en destituant les autres, n'accordant les places lucratives qu'à ceux qui les louent, et affi- cbant au pilori des incapables, indignes d'occuper le moindre poste, ceux qui oseraient émettre une opinion contraire la leur. Encore une fois, disons- le la honte du parti dominateur qui nous gou verne; et qui nous enlève une uoe nos libertés les plus précieuses. La presse Rome est plus libre que dans le gouvernement constitutionnel du Piémont, ce gouvernement modèle, selon le ministre Frère, qui nous est proposé comme un exemple imiter; et qo'il faudrait, au dire de ce même ministre, introduire chez nous, si l'occasion se présentait. Enfin Rome, la liberté de l'enseignement ne se trouve pas encore écrite sur un morceau de par chemin ou de papier, crmme daos la libre Belgique; mais qui est devenue une lettre morte depuis que nos doctrinaires y ont posé la main. Cette liberté vous donne en effet le pouvoir d'ouvrir des établis sements d'instructions que vous entretiendrez bien entendu de «os propres écus, côté de ceux de l'état qui absorberout par an des raillions, prélevés sur votre bourse, et cela, notez-le bien, pour écraser vos propres établissements. 0! la belle liberté, digne des libéraux qui nous l'ont octroyée! Elle est semblable celle de tous nos voituriers qui, pour les transports de voyageurset de marchandises, peuvent concourir leur aise avec les chemins de fer de l'état. Mais croit-oD, peut être qu'il n'y a pas Rome de liberté d'enseignement? Interrogez les témoins occulaires? Ils vous répondront qu'il y a là UDe

HISTORISCHE KRANTEN

Le Propagateur (1818-1871) | 1859 | | pagina 2