42me Année. Mercredi 29 Juin 1859. N° 4,356.
4 FR. POUR 6 MOIS, 2-50 POUR FOI CATHOLIQUE. CONSTITUTION BELGE. AN, 5 FR. POUR 6 MOIS, 2-75
TFB.BS, 29 JUIN.
REVUE POLITIQUE.
TROIS VISITES AUX INVALIDES.
(Suite. Voir le n° 4 >353 du Propagateur
Les faiseurs du Progrès n'en de'mordent
point. Ils ont déjà barbouillé trois carrés
de papier pour établir comme quoi M.
Malou a été éliminé, non pas par les
libéraux qui ont voté contre lui, mais par
les catholiques qui ont voté pour lui. Quel
que habitué que l'on soit aux sopbismes et
aux paradoxes des feuilles libérales, il n'y
LE PROPAGATEUR
POUR LA VILLE 6 FR. PAR AN, P0BR LE DEHORS FR. 7-50 PAR
TROIS MOIS. P0DR 5 MOIS.
(.^Les nouvelles de la bataille, que les Français
viennent de remporter au village de Solferino, sur
la rive droite du Mincio, absorbent naturellement
la principale part d'intérêt dans la chronique de
la semaine. On attend avec une curiosité ardente
les détails de cette grande journée, où près de cinq
cent mille combattants se sont heurtés pendant
seize heuresde quatre heures du malin jusqu'à
huit heures du soir sur une ligue de cinq lieues
d'étendue.
L'armée autrichienne, qui, après avoir aban
donné ses positions sur la Chiese, s'était massée
sur la rive gauche du Mincio, a repassé cette
rivière sur quatre points k la fois, pour aller atta
quer les forces eonemies.
Les alliés se replièreot d'abord vers la Chiese et
la bataille ne s'engagea réellement qu'k dix heures
du matin. C'est surtout pour la prise de Solferino
que la lutte a été des pins vives et c'est la prise de
ce village qui parait avoir décidé du sort de la
journée.
Tandis que l'aile droite des Autrichiens culbu
tait les Piémontais, leur aile gauche, que comman
dait le général Wimpflfen, se vit cernée au village
de Solferino par les masses ennemies. Les pertes
essuyées en cet endroit contraignirent l'armée
autrichienne k battre en retraite sur toute la ligne.
Elle s'effectua en bon ordre, sans que les alliés, trop
affaiblis eux-mêmes, songeassent k l'inquiéter.
Suivant des nouvelles particulières de Paris, c'est
en essayant de couper les corps Nie! et Mac Mahon,
envoyés comme avant-garde, que les Autrichiens,
s'engageant entre ces deux corps et le gros de
l'arméeauraient été pris entre deux feux et
auraient succombé k nue double attaque.
Les pertes des deux côtés sont énormes. Il im-
1705-1806-1840.
Papa, l'étape n'est pas longue et la route est
magnifique c'est tout pavés, répliqua-t-il en
levant au ciel, en ce moment scintillant d'étoiles,
son œil unique; ce temps-lk me rappelle l'illustre
Dugommier, mon ancien général!
Et, passant en même temps k la gauche du
centenaire, il ajouta avec gaîté
Je reprends ma place de bataille et mon poste
d'honneur, suffit.
Oui, monsieur Cyprien, dit eo s'éloigoant un
peu Napoléon, qui jusqu'alors s'était borné k écou
ter la justification de l'invalide, celte place ést
maintenant pour vous un véritable poste d'hon
neur que vous devez vous montrer jaloux de ne
céder k personne.
Il est positif, mon colonel, que j« n'abandon
nerais pas plus celui-l'a aujourd'hui que je n'ai
abandonné les autres jadis.
Je le crois. A quelle affaire avez-vous donc été
martyrisé ainsi?
porte toutefois de ne point s'en rapporter aux
bulletins sardes ni même français, toujours disposés
k exagérer les revers de l'ennemi. Une première
dépêche portait k 35,ooo hommes les Autrichiens
mis hors de combat, sans compter i5,ooo prison
niers, k 16 drapeaux et k y5 canons d'enlevés.
Une seconde dépêche plus modeste ne compte
plus que 7,000 prisonniers, 3o canoos et 3 dra
peaux. Il y aura sans doute quelque chose encore
k rabattre de ce calcul. Noos ignorons jusqu'où l'on
suppute les perles des alliés. D'après des rumeurs
généralement accréditéesplusieurs généraux
français auraient été mis hors de combat et l'on eu
citait nominativement. La quatrième division de
l'armée de Pariscommandée par le général
Fririon, se dispose k aller combler en Italie les
vides que la bataille a fait dans les rangs de l'armée
française. On conçoit d'ailleurs que le nombre des
blessés et tués soit énorme, et par la dutée de l'ac
tion, et par le chiffre élevé des forces entrées en
ligne, et par l'acharnement indomptable, l'héroï
que constance déployés de part et d'autre.
L'Empereur François-Joseph se troovait durant
l'action sur le théâtre du combat. D'après une
dépêche de Turin, il commandait eo personne.
On s'attend toujours k ce que la Prusse se pose
en médiatrice entre les parties belligérantes, et, en
cas que la France rejette ses propositions pacifiques,
k ce que l'Allemagne entière prenne ouvertement
fait et cause pour l'Autriche, k moins que la crainte
de voir la Russie se liguer 1**eC la France u'ariète
encore les gouvernements allemands.
En effet la Rossie, qui depuis comme avant la
guerre de Crimée n'a cessé de convoiter Coostan-
tinople et les deux rives du Bosphore, assurerait
volontiers son appui k la politique française en
Occident pour prix de la connivence de l'empereur
Napoléon k l'égard de ses vues k elle sur l'empire
de l'Orient.
L'agitation qui se manifeste dans le royaume de
la Grèce en faveur de la cause italienne, et dans les
Mon colonel, k la bataille de Fleurus, gagnée
sur les Autrichiens par le général Jourdan, aujour
d'hui maréchal de l'empire. En nous précipitant
sur les pièces ennemies, une d'elles, chargée k
mitraille, me rasa le menton comme vous voyez,
me décrocha un œil et me débarrassa de mes deux
jambes sur le même temps. Mais, dit Cyprien en
frappant sa large poitrine de ses deux mains,
l'estomac est resté intact et le cœur n'a pas été
touché; aussi figure-t-il sur le contrôle du corps
commejouissant complètement delasolded'activité.
Napoléon sourit k ce propos de Cyprien. La
journée de Fleurus, lui demanda-t-il, n'eut-elle
pas lieu le 26 juin 179^? Oui, mon colonel.
Il y faisait plus chaud qu'k cette heure, je vous en
réponds! C'était déjk du temps de Bonaparte,
dit le centenaire. Grand-père, reprit Cyprien
avec vivacité, dites, sans vous commander, de
l'empereur Napoléon le Graod ce sont ses noms
de baptême, et on ne l'appelle pas autrement k
l'hôtel. Oui comme feu Sa Majesté Louis XIV.
Eh! grand-père! s'écria Cyprien avec impa
tience en pirouettant sur une de ses jambes; laissez-
nous donc tranquilles avec ce monarque de l'ancien
régime qui ne faisait la guerre qu'en perruque et
provinces danubiennes k l'encontre de la domina
tion ottomane, lui fourniraient dès maintenant un
prétexte d'intervenir et une occasion de réaliser les
desseins qu'elle caresse depuis si longtemps.
D'autre part, il est k présumer que la France qui
prétend substituer sa propre prépondérance en
Italie k celle de l'Autriche n'exige an préalable son
expulsion complète de la Péninsule, du Tessin k
l'Adriatique tandis que l'Autriche ne saurait aban
donner les positions formidables qu'elle s'y est
ménagées de longue date, et notamment Vérone, la
clef de l'Italie,sans au moinsessayer de les défendre.
Des nouvelles d'une nature plus satisfaisante,
quoique peut-êtie trop peu décisives nous arrivent
des Etats de l'Eglise. Une dépêche de Rome, la
date du a5 juin, annonce que Ferrare, Ancône,
Ravenne, Forli et les autres villes iusurgées ont
été replacées sous l'autorité du Pape, par l'inter
vention des troupes pontificales. Par contre on
mande de Gênes, k la même date, que Céséna et
Sinigaglia se seraient k leur tour mises en état
d'insurrection.
Est-il besoin d'observer que les feuilles anti
religieuses,qui hier encore s'indignaient de l'inertie
du gouvernement pontifical et trouvaient l'épée du
Piémont seule capable de protéger les populations
des Etats de l'Eglise, secourroucent fort aujourd'hui
de ce que le Pape remette par ses propres forces
l'ordre dans ses Etats et fasse rentrer dans son
obéissance quelques villes troublées par une mino
rité infime de factieux.
en bas de soie! Votre Louis XIV n'était qu'un
roi enrubaoé et empanaché, bon tout au plus k
commander les anciens du camp de la lune! Est ce
que vous pouvez le comparer k Napoléon, empe
reur des Français, roi d'Italie? A la bonne heure,
voilk nu pur monarque! Lui, il porte des bottes,
une capote, les cheveux courts et un chapeau
comme les nôtres! Celui-lk est un héros consolidé,
et de plus ficelé selon l'ordonnance! N'est-ce pas,
mon colonel?
A celte interpellation, l'empereur avait froncé
le sourcilet de cette voix grave qui dictait les
destinées du monde, il répondit froidement
Vous vous trompez, M. Cyprien; Louis XIV a
été un grand roi! C'est lui qui a élevé la France au
premier raogdes nations de l'Europe; c'est lui qui,
le premier, a eu 4oo,ooo bommes sur pied et cent
vaisseaux en mer. Il accrut la France du Roussillon,
delà Franche-Comté et de la Flandre; il assit un
de ses enfants sur le trône d'Espagne; enfin c'est
lui qui a créé l'hôtel des Invalides. Depuis Cbarle-
magne, il n'y a pas de roi de France qu'on poisse
lui comparer
En entendant NapoléoD faire ainsi l'éloge du
prince pour lequel il professait une sorte de culte,