42me Année. Samedi 2 Juillet 1859. No 4,357 Erratum. En 1857, les libéraux ont opposé, comme candidats représentants, MM. Carton et Forrest MM. Malou et Van Renynghe, et non MM. Malou et Vandenpeereboom, comme nous l'avons dit par erreur. F R 3 S2 Juillet. REVUE POLITIQUE. Monsieur le Rédacteur du Propagateur d Y près]. LE PROPAGATEUR pour la ville 6 fr. par an, pour le dehors fr. 7-50 par 4fr. pour 6 mois, 2-50 pour FOI CATHOLIQUE. CONSTITUTION BELGE. an, 5 fr. pour 6 mois, 2-75 trois mois. pour 3 mois. Les renseignements snr la bataille de Solferino n'arrivent qne peu peu. Il serait impossible de calculer jusqu'où s'élèvent les pertes essuyées de part et d'autre. Toujours sont-elles considérables. Ainsi que déjà nous l'avons dit, la défaite des Autrichiens n'a ressemblé en rien une déroute; ils se sont retirés au-delà du Mincio en bon ordre, faisant sauter derrière eux le pont de Goito, et enlevant les nombreux ponts de bateaux qu'ils avaient jetés sur la rivière pour aller la rencontre des Franco-Sardes. Ceux-ci épuisés par uoe lotte des plus sanglantes, n'ont pu ni les poursuivre ni embarrasser leur mouvement rétrograde. Durant tout le cours de l'action, les Autrichiens ont admirablement défendu leurs positions jusqu'à cinq heures du soir. Ce n'est qu'à partir de ce moment qu'ils ont commencé plier. Il parait qu'ils auraient déployé leur ligne de bataille sur uoe trop grande étendue et qu'ils auraient négligé de donner assez de solidité et de profondeur leur centre. C'est par le centre que la bataille a été perdue pour eux; sur les deux ailes I'avant8ge leur est resté jusqu'au dernier moment. Le centre pliant, on a dû donner l'ordre de retraite, qui s'est opérée en bon ordre. La politique du nouveau cabinet britannique se dessine davantage. Lord Jobn Russell, dans un discours ses électeurs, annonce le maintien de la neutralité armée. Il ne cache d'ailleurs pas ses sympathies pour la révolution triomphante en Italie. A l'en croire, le motif et la caose première de la guerre, c'est l'odieuse administration que les gouvernements font peser depuis quarante ans sur le pays. Au reste, lord John ne fait ici que correspondre aux vues de la coalition qui renversa lord Derby, noo point en vue de ressusciter l'alliance française, mais en haine de la politique des lorys favorable au maintien des gouvernements conservateurs et l'alliance de l'Autriche. Le Morning Post, organe de lord Palmerston, premier ministre actuel, for mule les vues et les tendances de ses patrons. Il n'épargne point l'Autriche ses acrimonieuses sorties. Elle a eu le tort, aux yeux du Post, de n'avoir poiot cédé devant les exigences de la Sar— daigne son influence séculaire sur l'Italie, elle y perdra jnsqu ses possessions territoriales. La feuille ministérielle oublie de dire que celte in fluence tant reprochée l'Autriche, sans doute parce qu'elle consolidait les trônes et la tranquillité publique de la Péninsule, l'Angleterre l'accapare rait volontiers pour elle-même, eri vue de ses intérêts mercantiles, de ses avantages commerciaux et de sa propagande révolutionnaire et protestante. Remarquons, en passant, que l'article du Morning-Post porte un cachet officiel et repré sente, en quelque sorte, le programme de la poli tique extérieure du gouvernement. Il admet donc que l'Autriche doive se résigner la perte de ses possessions italiennes, échues de droit au Piémont, et ne fait pas d'objection ce qu'oD adjuge encore cette dernière, la Toscane, Parme, Modène, voire même les Légations. Naples resterait probablement dans le statu quo, en attendant, ajouterons-nous, que lord Palmerston trouve l'occasion favorable de réaliser ses vues sur la Sicile en l'annexant l'An gleterre. Qoant au Pape on sécularisera son gou vernement, pourvu qu'on ne lui impose en même temps quelque charte constitutionnelle qui lui fasse prêter son nom et sa signature toutes les billeve sées du libéralisme doctrinaire et rationaliste. En attendant que ces beaux rêves se réalisent, les troupes pontificales ont déjà rétabli l'ordre dans plusieurs localités révoltées. Ne pouvant les cor rompre, le parti révolutionnaire n'a rien trouvé de mieux faire que de les calomnier. Mais les fables que les feuilles piémontaises et toscanes ont inventé au sujet des prétendues horreurs qui auraient signalé la prise de Pérouse par les Suisses la solde du Saiut-Siègesont démenties par les correspon dances de Rome, plus dignes de créance tous égards. La situation s'est également améliorée Rome même, depuis que le général Je Goyon s'est décidé sortir de sa position équivoque entre la papauté et la démagogie et rompre ouvertement les espé rances qu'avaient fondées sur lui les fauteurs du mouvement. On rapporte que le commandant de la garnison française aurait ainsi changé d'altitude la suite d'une entrevue avec Pie IX. S. S. ayant eu connaissance d'une conspiration ourdie pour s'emparer du gouvernement, manda aussitôt le général, et ne lui cacha point la douleur qu'il avait de voir l'abstention, l'hésitation, l'attitude incer taine des chefs de l'armée française, non plus que les doutes mêmes qu'il ne pouvait s'empêcher d'avoir sur la conduite de plusieurs de ses membres. Le bruit a même couru que le Saint-Père se serait écrié: Seriez-vous par hasard destiné être le Radet de Pie IX? Le général frappé du langage du Pontife, eut bientôt l'occasion de rompre en visière avec les meneurs, en leur déclarant catégo riquement qu'eu cas de sédition il les réprimerait par tous les moyens sa disposition. 29 Juiu 1859. Je viens de lire dans votre estimable Journal, que lors des dernières élections en votre ville, des élèves du collège communal, chargés de bulletins électoraux, étaient apostés aux portes, et s'intro duisaient même dans les salles d'élection, et cela sous les yeux de M. Alph. Vandenpeereboom chef de la commune et par suite directeur né du dit établissement. J'ai lu plusieurs fois le passage, ne pouvant croire de mes yeux ce qui y était relaté; et je dois dire en toute sincérité, que ma surprise a été bien grande. J'avais toujours cru moi, dans ma simplicité, qu'un établissement d'instruction était comme une sorte de sanctoaire, d'où devait être impitoyable ment banni, tout ce qui peut entretenir des passions fiévreuses; et troubler ce séjour tranquille des Muses; que jamais, soos aucun prétexte, on pût surexciter, par des considérations politiques, l'ima gination trop ardente de la jeunesse, qui a de mal assez pour apprendre son Virgile ou son Tite-Live. Mais j'ai compté sans les intérêts du parti domi nateur. Pour le temps qui court, ce qu'il parait, tout devient licite, honorable, bienséant même, quand il s'agit du profit des libéraux. Pas de moyensquelque déloyaux ou ridicoles qu'ils soient, qui ne deviennent très-hoDDêtes, et qui ne soient marqués au coin du bon sens, une fois qu'ils ont passés par les mains de ces hommes intègres. Malheureusement pour eux tous ne sont pas du même avis. Aussitôt que le savoir de vos bambins fut ici connu, c'était qui faire le plus de questions. Est-ce maintenant la mode, dirent les uns, que les grands soient conduits par les petits? Que de jeunes blancs-becs de 12 i5 ans fassent la loi des hommes d'expérience? La place de ces lutins, n'est-elle pas naturellement sur les bancs du col lège, avec un Télémaque ou un Cornélius Nepos en main? Nous sommes curieux de savoir, combien de sacs de bombons, la commune et le gouverne ment voteront ces libéraox de nouvelle espèce. Les autres, ne pouvant contenir leur juste indig nation, s'écrièrent Nos collèges, sont-ils donc devenus des clubs politiques, et les jeunes geos qui les fréqoenteot ont-ils déjà assez de front, pour imiter de loin nos braves miliciens de tavenir? Les sommes énormes qu'absorbent ces établisse ments et qu'on prélève sans miséricorde sur nos bourses, ne servent-elles donc qu'à prociéer quel ques jeunes courtiers électoraux? D'autres enfin, riant de bien bon cœur de ces inqualifiables puérilités, ajoutèrent pour conclu sion «Que voulez-vous? c'est un progrès comme tout autre. MM. les libéraux nous ont accoutumés tant de progrès, pourquoi ne pas admettre celui- ci? Nous avons le progrès de la liberté de la chaire, de la presse, do repos dans un cimetière après la mort, le progrès des pavés, des bûchers, de l'invio labilité des domiciles; tous ces nobles progrès nous ont été octroyés avec profusion par nos généreux libéraux, ne fallait-il pas les couronner par celoi des bamboches et do monde renversé? Chacun disait sou petit mot et voulait enchérir sur les observations de sod voisin. Quant moi j'étais absorbé dans de bien tristes réflexions. Pauvre société me disais-je! Vous êtes travaillée par plus d'un travers. L'astuce et la fourberie se civilisent de nos jours. L'impudence, provenant d'une perversion de la conscience publique qui a cessé de réprouver les désordres des particuliers, marche la tête levée. La malice même est raisonnée et justifiée par des systèmes. Dans les collèges l'enfance doit avoir connaissance de tout; des Langues, de l'Histoire et de la Géographie, des Mathématiques, des Jeux gymnastiques, etc., etc., tout cela est essentiel; quant la connaissance de la Religion, Oh! c'est une autre question; cette science doit être facultative; d'ailleurs la jeunesse n'en a nullement besoin. Et un tel système absurde est constitué par les lois de l'État; et ce système 1 porte déjà ses tristes fruits savoir l'indifférence

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Le Propagateur (1818-1871) | 1859 | | pagina 1