RAPPORT PROVINCIAL
La population de notre province s''élève
maintenant 645,121 âmes, dont 191,126
qui habitent les villes et 455,995 qui habi
tent la campagne. C'est 2,555 âmes de
plus qu'en 1857.
Pendant le courant de l'anne'e 1858, il y
a eu 18,988 naissances, non compris les
enfants morts-nés au nombre de 1,058.
C'est 44 plus qu'en 1857.
Les naissances illégitimes sont au nom
bre de 1,140. Une naissance illégitime sur
Il dans les villes; et une sur 21 dans ia
campagne. C'est peu près le double dans
les villes que dans les campagnes. Sans
doute parce que les habitants des villes
sont doublement éclairés par les vives
lumières du vieil et du jeune libéralisme,
et que les habitants des campagnes ne
sont que des éleignoirs. (Sic.)
Nous devons aussi constater avec la
Gazette de Thielt que les naissances illégi
times, depuis quelques années, augmen
tent dans les villes, tandis qu'elles dimi
nuent dans les campagnes.
En 1858 le nombre des mariages s'est
élevé 4,861, c'est 407 moins qu'en 1857.
La proportion entre le nombre des nais
sances et celui des mariages est comme
quatre un.
Il y a eu dans cette province, l'année
passée, trois divorces.
Le nombre des électeurs en 1858 s'est
considérablement accru. En décembre
1857 il y avait 11,552 électeurs dans toute
la province; et la ûn de l'année 1858 il
y en avait déjà 11,984, donc 452 de plus.
Les 15 villes de notre province, prises
ensemble, comptent un électeur sur 42
habitants; tandis qu'à la campagne on
trouve peine un électeur sur 65 habi
tants.
C'est une injustice criante qui montre
clair comme le jour, qu'on a voulu sacri
fier les campagnards aux citadins; et cela
contre le vœu exprès du Congrès. Mais
qu'est-ce que cela fait aux yeux des libé
raux, quand il s'agit de la prédominance
de leur parti, tout est bonmême les
systèmes les plus injustes et les plus
absurdes. Nous savons bien qu'on objecte
que les villes sont plus éclairées. C'est ce
que nous n'admettons pas. S'il en est ainsi,
pourquoi les électeurs des villes, envoient-
ils ordinairement les plus grands zéros au
Parlement? Pourquoi sont-ils seuls capa
bles d'éliminer de la Chambre, les mem
bres les plus capables et les plus dignes?
Mais supposez que les électeurs des villes
soient plus éclairés que ceux de la cam
pagne, nos lois organiques n'ont pas pris
les lumières pour base de l'exercice du
droit électoral. D'ailleurs, dit M. DePotter,
s'il est vrai que les villes soient plus éclai
rées, il est aussi vrai qu'elles sont plus
corrompues. Des électeurs corrompus
enverront rarement aux Chambres de
bons représentants.
Les villes qui sont les plus favorisées
dans notre province, par rapport au droit
électoral, sont
IDixmude, un électeur sur 25 habit.
Furnes, 28
Cellesqui sont les moins favorisées sont:
Wervicq, un électeur sur 61 habit.
Tbielt, 54
Les arrondissements les plus favorisés,
sont
L'arr. de Furnes, un élect. sur 47 hab.
Dixmude, 59
Les arrondissements les moins favorisés,
sont
L'arr. de Bruges, un élect. sur 71 hab.
Thielt 68
De 11,984 électeurs de notre province,
on trouve
Laboureurs5,252.
Cabaretiers1,467.
Marchands et boutiquiers. 1,506.
Artisans875.
Industriels568.
Rentiers475.
Négociants465.
Propriétaires441.
Meuniers404.
Fonctionnaires et employés 585.
Prêtres575.
Brasseurs525.
Aubergistes251.
Boulangers222.
Médecins et chirurgiens 206.
Comme on ne compte qu'un petit nom
bre d'électeurs parmi les autres états ou
fonctions, nous n'en faisons pas mention.
Ce qui frappe ici les yeux, c'est qu'en
additionnant les électeurs aubergistes au
nombre de 251 et ceux des cabaretiers au
nombre de 1,467 on trouve un total énorme
de 1,694. Ou voit clairement que les caba
retiers et les aubergistes sont beaucoup
plus favorisés que les fermiers. Presque
tous, les cabaretiers et les aubergistes, ont
le droit de suffrage que possèdent fort
peu de fermiers s'ils ne sont pas en même
temps propriétaires. Encore une fois, c'est
une injustice qui saute aux yeux des
moins clairvoyants. Qui oserait soutenir
que les fermiers soient moins aptes que
les cabaretiers exercer leurs droits civi
ques? Soyez honnête fermier, procurez du
travail et du pain maint ouvrier, vous
n'êtes pas électeur. Faites banqueroute,
quittez votre ferme; travaillez chez votre
voisin et vendez quelques pots de bière,
vous devenez électeur patenté. C'est ainsi
que lors de nos dernières élections un bon
fermier de l'arrondissement dût mettre la
main la charrue, son valet de ferme
ayant venir déposer son suffrage dans
l'urne électorale; et pourquoi celle bizar
rerie? parce que la femme dudit valet
vendait de la bierre et du genièvre; tandis
que celle du fermier ne va vendre au
marché que son beurre et ses œufs. Mais
encore une fois, que voulez-vous? Ne
suffit-il pas que le parti y trouve son avan
tage cette grossière anomalie?
dénaturé calmer ces légitimes appréhensions.
Sans encourir ni avertissement ni communiqué,
elle a pu ces jours derniers encore déverser les
flots de ses amères critiques sur le gouverne
ment du Saint-Père, lui reprocher ses sympa
thies pour Autriche elle a osé faire entendre
Pie IX des menaces de révolution et lui
intimer qu'on attend des réformes gouverne
mentales de sa part.
Ajoutons cependant que quelques jours après
que la Patrie eut débité toutes ces impertinences,
un autre journal impérialiste, le Payspubliait
un éloquent plaidoyer de M. Granier de Cassa-
gnac, en faveur du pouvoir temporel du Pape.
Une feuille, peu notée d'ultramonlanisme, la
Gazette d'Augsbourg, a également vengé le
gouvernement papal des incriminations odieu
ses et passionnées de ses ennemis. Si les lois et
les institutions, dit-elle, ne sont pas parfaites
elles sont cependant de beaucoup supérieures
celles des autres pays, quant la philosophie et
la sagesse de la législationLes Papes
avaient sous les yeux le type le plus parfait de
l'ordre social et politique. Il y a sans doute des
lacunes et des défauts dans le système actuel
du gouvernement pontifical, mais ni les unes
ni les autres ne peuvent disparaître par Us
soins de l'étranger ou d'un CongrèsLa
Papauté, dans sa législation, a procédé lente
ment, mais elle est arrivée une hauteur
laquelle aucun autre État du monde n'est
encore parvenu. Il u'y a pas au monde de législa
tion qui ait plus respecté la liberté de l'homme que
celle qui est eu vigueur daus les États de l'Église.
Tout ce qui ne trame pas des conjurations ou ne
suscite pas des nouveautés religieuses est sur
d'y vivre en paix. La parole, notamment, y est
plus libre qu'en aucun autre lieu, et c'est
précisément celle liberté si large qui est la
cause principale de tant d'injures et d'accusa
tions qui se déchargent tous les jours sur l'État
pontifical.
Le 8, est décédé le roi Oscar I" de Suède et
Nortvège. Son fils, régent depuis la maladie de
son père, lui succède sous le nom de Charles
XPDès son avènement la régence, le prince
royal avait déçu les espérances que les inten
tions généreuses du feu Roi avaient Jait conce
voir aux amis de la liberté religieuse, et était
revenu aux errements du passé, consacrant la
suprématie de l'intolérance protestante. Aucune
amélioration n'est donc encore prévoir dans la
situation de ce malheureux pays.
DE LA FLANDRE-OCCIDENTALE. SESSION DE 1859.
rmuTtov.
Electeurs.
La suspensioo d'armes conclue entre les Empe
reurs d'Autriche et de France, au momeut où l'on
s'attendait b une nouvelle effusion de sang, a
agréablement surpris tout le monde, et on a été
unanime pour voir dans ce fait un pronostic de
paix. Le Moniteur française! les feuilles parisien
nes semi-officielles ont eu beau vouloir atténuer la
portée de cet événement, le public ne s'y est pas
trompé, et il a salué de cris de joie l'armistice qui
doit mettre fin a l'effroyable massacre auquel
la guerre donnait lieu en Italie. La bourse a déjb
pour ainsi dire, escompté la conclusion définitive:
les métalliques ordinaires qni, le 7 courant, se
cotaient encore b Bruxelles, b 43 3/4, s'y vendaient
le 9 b 59 1/2, donc une hausse de près de 16 p. c.
Le premier moment de satisfaction passé, on a
recherché qui des deux grandes puissances belli
gérantes avait pris l'initiative pour proposer l'ar
mistice. Rien de très précis u'esl encore connu b ce
sujet; mais tous les renseignements arrivés d'Italie
et de Vienne s'accordent b dire que l'Empereur a
proposé le premier la suspension d'armes, que
l'Empereur d'Autriche a acceptée. Une dépêche de
Vérone dit qu'une lettre autographe de Napoléon
a l'Empereur François Joseph a déterminé la
conclusion de I armistice; uri journal viennois
confirme cette nouvelle et ajoute que la convention
a été signée avectoutes les conditions proposées par
l'Empereur d'Autriche. Diverses correspondances
de Paris parlent dans le même sens. Uu seul
journal parisien, la Patrie, fait entendre une voix
discordante: il dit que l'initiative a été prise par
l'Empereur François-Joseph; mais c'est Ib un dire
isolé qui a grand besoin de confirmation.