FRANCE.
PRUSSE.
I
Dans tous tes cas, il faut s'applaudir du fait
accompli, parce qu'il peut mener au rétablissement
de la paix; mais quels peuvent être les motifs qui
ont amené l'Empereur Napoléon k proposer une
suspension d'armes? On en assigne plusieurs de
diverse nature.
D'abord, et cela est très probable, oo prétend
que l'armée française, fatiguée a l'excès et ayant été
cruellement décimée k Solferino et Magenta,
souffre d'une manière horrible d'une chaleur Iro-
picale persistante et des maladies qu'elle engendre;
le service sanitaire suffit k peine, ajoute-t-on aux
besoins des hôpitaux de tout genre où fourmillent
les blessés, et de nouvelles batailles ne pourraient
avoir lieu sans compromettre gravement le sort de
ceux qui sont tombés blessés sur le champ de
bataille et des malheureuses victimes que la guerre
frapperait encore. Ce serait donc avant tout une
question d'humanité qui aurait déterminé la trêve
signée ces jours derniers.
D'antres motifs sout mis en avant l'Empereur
Napoléon, dit-on, a pu apprécier de près les partis
italiens; il a éprouvé de graves déceptions; les
complications survenues dans les Ëiats pontificaux
lui ont ôté une partie de ces illusions, et il voudrait
réparer dans l'avenir les fautes du passé.
C'est peut-être un peu tard; mais quoi qu'il
arrive, nous acceptons l'armistice comme d'un
heureux augure pour la conclusion d'une paix
prochaine. {Patrie.)
S. A. R. le Duc de Brabant a fait demander,
par l'intermédiaire de la légation belge k Rome,
la bénédiction du Saint-Père pour le fils que la
Providence vient de lui donner. C'est le 20 juin
que M. de Terschoereo, chargé d'affaires de Bel
gique en l'absence de M. de Meester, s'est rendu
au Vatican pour faire cette demande k laquelle le
Saint-Père s'est empressé d'accéder avec la pater
nelle bonté qui le distingue.
ACTES OFFICIELS.
Par arrêtés royaux du 6 juillet 1859
M. A. Soenen, juge de paix du canton de
Messines, est nommé juge de paix du premier
canton d'Ypres,en remplacement du sieur Delerive,
décédé;
M. L. Van Graeve, docteur en droit et commis
greffier au tribunal de première instance d'Ypres,
est nommé juge de paix du canton de Messines, en
remplacement du sieur Soenen.
NOMINATIONS ECCLÉSIASTIQUES.'
M. Welvaert, vicaire de S'-Sauveur k Brnges,
est nommé curé de Pervyse.
Sont nommés vicaires:
A S1-Sauveur Bruges: M. De Bruille,
vicaire de Notre- Dame k Courtrai.
A. N. D. Courtrai: M. Van Coillie, vicaire
k Avelghem.
A Avelghem M. Dalle, vicaire k Pollinchove.
A Pollinchove M. Sonvarlé, vicaire k Pervyse.
A Pervyse: M. De Volder, vicaire k Eerneghein.
A Eerneghem M. Heene, vicaire k Thourout.
A Thourout: M. Van Belleghein, vicaire de
S'-Jacques k Ypres.
A S1-Jacques Ypres: M. Ferrant, coadjnteur
k Bovekerke.
A Sweveghem M. Planckaert, coadjutenr k
Pervyse.
M. Benoot, coadjuteur k Ramscapelle passe en la
même qualité k Bovekerke.
NÉCROLOGIE.
M. Vermandere, vicaire de Slc-Walburge k
Bruges, est décédé hier, k l'âge de 38 ans, après
une longue et cruelle maladie.
M. Renée, du Constitutionnel, apprécie dans
les termes suivants la suspension d'armes signée k
Villafranca
L'Empereur a tenu la parole qu'il avait donnée,
au début de la guerre, dans cet éloquent Manifeste
où il disait k la France
Jusqu'ici la modération a été la règle de ma
conduite; maintenant l'énergie devient mon pre
mier devoir.
Ces paroles ont reçu, comme tout le monde le
sait, une consécration nouvelle de la bouche de
l'Impératrice lorsque, s'adressant au Corps légis
latif, ellea dit que l'on pouvait compter, lorsque
le moment serait venu, sur la modération de
l'Empereur
Pendant ces deux mois d'une rapide et vic
torieuse campagne, on a vu le souverain de la
France déployer k la tête de l'armée cette énergie
aussi forte que le sentiment du devoir, jointe k ces
hautesqualités qui distinguentlesgrandscapilaioes.
Dans la suspension d'armes qui vient de nous
être annoncée reparaît aujourd'hui cette vertu, qui
est encore on signe de la force, et par laquelle
Napoléon lit s'est élevé si haut dans l'estime du
monde: la modération. C'est au milieu des plus
retentissants succès, au leudemain même de la
victoire, que l'Empereur vient d'en donner un
nouveau gage.
Comme nous le dit le journal officiel, le
champs redevient libre aux négociations, et si l'on
ne peut, dès k présent, prévoir la fin de la guerre,
il est permis du moins d'exprimer le vœu qu'après
les grandes journées qui ont marqué cette campa
gne comme autant d'illustres étapes, la voie des
négociations nous conduise vers un but que la
guerre nous ferait atteindre sans doute, mais au
prix de sanglants sacrifices.
La paix est un si graod bienfait, que les plus
éclatantes compensations de la gloire ne peuvenLen
détourner la pensée, et personne ne s'étonnera
qu'un cœur magnanime ne s'efforce, quand le
temps est venu, d'en bâter le retour.
On lit dans la Patrie: On annonce que les
canonnières destinées au bombardement de Pes-
cbiera ont été lancées sur le lac de Garda.
La nouvelle de la suspension d'armes consen
tie par les deux Empereurs est arrivée au quartier
général sarde au moment même où l'artillerie pre
nait ses dispositions pour commencer le siège de la
place. ^j.
Les journaui de Londres annoncent le rem
placement de lord- Chelsea, premier secrétaire de
l'ambassade britannique k Paris. Ils ne cachent pas
que les dispositions malveillantes de lord Cbelsea
pour le gouvernement français ont dû déterminer
ce changement.
Sous ce titre Une Chasse aux Folies-
Dramatiques, le Droit, raconte ce qui suit
<1 Un incident des plusétranges a émotionné hier
au soir le public du théâtre des Folies-Dramatiques
nn lièvre, poursuivi par des chiens tout le loog des
boulevards, s'est précipité dans la salle, sans
s'arrêter au contrôle. Haletant, épuisé, il est arrivé
jusqu'à l'orchestre. Tout le monde s'est levé et a
pris part k une chasse improvisée. On était k
l'eotr'acte, sans quoi les musiciens eussent pu
sonner une fanfare, et avec un décor représentant
une forêt, l'illusion eût été complète.
Le lièvre franchissait trois ou quatre banquettes
k la fois. C'était un spectacle des plus curieux de le
voir éviter les atleiotes de tous ceux qui s'étaient
mis k sa poursuite. La salle retentissait des cris des
chasseurs. A la fin, l'agile animal parvint k regagner
la roule par laquelle il était entré et se réfugia dans
on coin du vestibule où le sergent de ville Delmont
s'empara de lui.
Ce lièvre pesait 3 kilogrammes et demi; 00
iguore d'où il venait.
La Gazette de Cologne publie un article inti
tulé Armistice et guerre. Après avoir cité la
dépêche de Francfort, annonçant que l'Autriche a
demandé la mobilisation de tout le contingent
fédéral et la remise do commandement supérieur
de l'armée au prince-régent de Prusse; après avoir
fait remarquer tout ce que celte dépêche contient
d'alarmant pour la paix, la feuille rhénane men
tionne la dépêche de Valeggio, annonçant une
suspension d'armes, et elle ajoute
Un armistice a été convenu entre l'Empereur
d'Autriche et l'Empereur des Français. Cette nou
velle est d'autant plus heureuse que les avantages
de l'armistice, k première vue du moins, sont ponr
l'Autriche. Nous ponvoos le dire maintenant,
d'après nos nouvelles, et elles proviennent de
bonne source, la situation de la brave armée autri
chienne est déplorable. Un commandement incer
tain et malhabile lui a toujours donné l'infériorité,
en dépit de ses ardents efforts. Jamais elle n'a fui,
jamais elle n'a été poursuivie, mais elle a toujours
été battue, et reculer constamment doit finir par
décourager le soldat le plus valeureux. La Lom-
bardie est perdue; le Mincio lui-même n'a plus le
prestige qui s'attachait k son nom. Les Franco-
Sardes l'ont franchi, comme le premier fleuve venu,
et ils se sont mis k dépouiller le célèbre quadrilatère
de l'épouvante qu'il avait inspiré jusqu'ici, en
assiégeant toutes ses forteresses k la fois.
Dans l'armée autrichienne ce n'est pas le
découragemeut qui règne, mais le désordre, une
confusion extrême. L'alimentation est pire que
dans le camp ennemi. La guerre a été commencée
avec le désordre dans les finances, et la nécessité
de se procurer de l'argent a déjà engeodré des
mesures deséspérées. De plus les Autrichiens, sur
leur propre territoire, se troovent dans un pays
hostile; la trahison les entoure. Et sur leurs der
rières, les Français, au moyen de leurs flottes,
envoient,des troupes de débarquement et se
disposent k assiéger Véoise.
Eo outre, si l'Empereur d'Autriche porte ses
regards plus loin, au-déjk de l'Adriatique, dans ses
propres États, ce qu'il y voit n'est pas fait pour le
consoler. Partout éclate le mécontentement pro
voqué par le système de gouvernement pratiqué
jusqu'ici, la voix du peuple réclame la destitution
des hommes qui ont occupé les plus hautes places
dans l'État, dans l'Église, dans les affaires civiles
et militaires, et la Hongrie surtout menace de se
transformer en une autre Lombardie. Un armistice
doit donc être le bienvenu pour l'Autriche, et
d'aotant plus qu'il lui fournit la possibilité de ce
concilier de nouveaox alliés pour empêcher la
Fraoce d'étendre ses vues au delà de l'Italie.
L'empereur des Français doit également avoir
maintes raisons de ne pas prolonger la guerre.
Jusqu'ici il a été vainqueur, mais pour lui, il le
fallait; une bataille perdue peut encore compro
mettre sa couronne. Il sait que le succès de ses
armes a excité les inquiétudes des puissances,
notamment celles de l'Allemagne. S'il allait trop
loin, il sait que pour mettre un terme ses désirs
de suprématie, l'Europe pourrait avoir recours k
son ancienne ressource, la coalition.
En s'arrêlant, avant d'avoir accompli son
ambitieux programme de délivrer l'Italie jusqu'à
l'Adriatique, il vise k la gloire de se montrer
modéré.
Il a aussi rencontré déjà quelques difficultés
dans l'exécution de ses projets. Entre le Roi de
Sardaigne et lui, il s'est élevé déjà certaines dis
cussions qui étaient inévitables. Le Roi Victor-
Emmanuel ne souge qu'à l'agrandissement de la
Sardaigne, qui est loin d'être dans l'intérêt de la
France. Les plus grands obstacles viennent des
États de l'Église, on les Français doivent réprimer