42me Année. Samedi 16 Juillet 1859. No 4,361. FOI CATHOLIQUE. CONSTITUTION BELGE. REVUE POLITIQUE. TROIS VISITES AUX INVALIDES. LE PROPAGATEUR POUR LA VILLE 6 FR. PAR AN, 4 FR. POUR 6 MOIS, 2-50 POCR TROIS MOIS. POUR LE DEHORS FR. 7-50 PAR AN5 FR. POCR 6 MOIS, 2-75 POCR 3 MOIS. 7PE3S, 16 Juillet. DÉPÊCHES TÉLÉGRAPHIQUES. DÉPÊCHES FRANÇAISES. Paris, jeudi, 14 juillet. Une dépêche de Tarin, qai arrive h l'instant, annonce que le comte de Cavour, ministre des affaires étrangères, a donné sa démission. Cette démissioo a été acceptée par le Roi. Le comte Arese est chargé de former un nouveau cabinet. DÉPÊCHES SUISSES. Berne, jeudi soir, >4 juillet. Le Conseil fédéral licencié,tontes les troupes et ordonné de rendre les vapeurs autrichiens et de rendre également les canoos et autres armes au-, Uich'ennes et sardes. Le Conseil a aussi levé la mesure contre l'ex portation des armes, des munitions et des chevaux. Le dénouement assez inopiné du conflit qui; hier encore, meuaçait l'Europe d'une conflagration générale, restera longtemps la grande nouvelle du jour. A Villafranca, les deux Empereurs ont posé les bases de la paix, en-dehors des autres puissan ces, qui s'étaot teoues h l'écart dorant la lutte, aspiraient cependant h intervenir en qualité d'ar bitres et de médiateurs. Le Congrès qui probable ment devra se réanir, n'aura qu'b sanctionner les arrangements intervenus et h régler les questions moins importantes. Le parti révolutionnaire sera médiocrement satisfait de la manière dont se termine la gnerre d'Italie. Les ennemisdu Saint-Père perdent l'occa- 1705-1806-1840. (Suite. Voir le n4.358 do Propagateur.) Chemin faisant, l'empereur ayant témoigné le désir de parconrir la lingerie, toujours accompagné de Rapp, du gouvernenr et de son état-major, il commença par visiter celte partie essentielle de l'établissemeot alors confiée h une personne que Napoléon connaissait Mm° Charles En entrant il s'extasia tout d'abord sur l'ordre admirable qui régoait dans les cases numérotées, où élaieut ran gés les chemises et les mouchoirs des soldats. Il questionna la directrice sur l'emploi et la dorée de chaque chose, avec tonte la sollicitude d'une femme de ménage; enfin il demanda a Mm° Charles: Combien chacun d'eux a-t-il des chemises? Trois, sire. Trois! Une sur le soldat, une au blanchissage et l'autre dans la case, ce n'est pas assez, Madame, je veux que dorénavant vos pensionnaires en aient cinq. Et se retournant vers le gouverneur enten dez-vous, monsieur le maréchal, cinq chemises! je décrète cela. Cette dame avait un cautionnement de 5o,ooo fr.ce qui ne doit pas surprendre si l'on vient songer que le maté riel de la lingerie des Invalides vaut plus de 200,000 fr. A F école de Saiut-Cyr, c'est la veuve d'un colonel ou même d'uu tnaréchal de-camp qui remplit cet emploi. sioo qu'ils recherchaient si ardemment de le molester dans l'exercice de sa puissance temporelle, soit en suscitant contre lui dans ses propres Etals, la révolte et la trahison, soil eo l'enveloppant dans les filets de la diplomatie protestante et schismati- que. Les princes actuellement dépossédés de Toscane, de Modène et de Parme recouvreront probablement lenrs États. L'Autriche qui cède fa plus grande pariie de la Lombardîe, celle qui s'étend jusqu'au Mincio, ne perd rieir par là en puissance réelle, puisqu'elle conserve ses forteresses et n'abandonne qu'un pays ouvert, antipathique aujourd'hui b sa domioatioo, et qui nécessitant une occupation militaire formidable, constituait une charge ruineuse pour ses finaoces. Elle coBserve sou quadrilatère, que l'Allemagne regarde comme l'ouvrage avancé de ses frontières méridionales; elle reste eu possession de la Véoétie, bien mieux disposée sou égard que la^ Lombardîe. Vénise d'ailleurs se sentira revivre en devenant, de porlioD secondaire, qu'elle était, du Lombardo- Véoitien, la capilale d'un nouveau royaume. Le royaume de Vénise, en effet, se trouve constitué en-dehors de l'empire d'Autriche et formera l'uo des Etats de la Confédération Ilalieuoe. Il semble, au premier aspect, que les échecs essuyés par l'Autriche dans la dernière guerre aient dû lui enlever beaucoup de son prestige et de sa prépoo- déraucedans la péninsule. Quine conçoit cependant que par le fait seul de son enlvûe dans la nouvelle Confédération, les forces qu'elle possède en propre et l'appui qu'elle rencontrera de la pArt de tous ses confédérés, le Piémont excepté, ne lui assurent une ioflueoce prépondérante dans la politique exté rieure et intérieure de l'Italie. Ajoutons que la conservation de Vénise, concurremment avec la possession de Trieste et des côtes de Dalmatie, sauvegarde sa domination sur l'Adriatique. Après s'être entretenu un iustaol encore avec la directrice, il fit quelques pas pour sortir, mais arrivé h la porte, il s'arrêta et dit b cette dame Lorsque votre linge revieDt du blanchissage, dans quel ordre le placez-voos dans les cases? Celle-ci ayaDt souri de la singularité de la ques tion, Napoléon en souriant lui-même, ajouta: Pourquoi riez-vous? Mais, sire, je place toujours mon linge tel que Votre Majesté l'a vu. Ce n'est pas cela que je veux savoir ce que j'entends, c'est qu'il faut toujours mettre le linge qui revient sous l'ancien. De cette façon il se trouve également fatigué et arrive en même temps b son dépérissement. Et puis le soldat le trouve parfaitement sec; me compreDez-vous? Parfaitement, sire; c'est toujours ainsi que nous faisons. Mais, sans doute, Votre Majesté me per mettra de lui exprimer mon étonnement de ce qu'elle a connaissance de soins qui ne sont le fait que d'une mère de famille. Ma chère dame, c'est que le général doit être la mère du soldat, comme il en est le chef. Il est de son devoir de s'occuper de tout ce qui peut amé liorer un état qui n'est pas inoius malheureux en réalité pour être le premier état du inonde dans l'histoire. Vous devez me comprendre. Le Pape, enfin, que les puissances contractantes appellent b la présidence honoraire de la Confédé ration, ne se trouvera point en conséquence astreint, il faut l'espérer, b des devoirs peu compatibles avec M position de cbef de PÉglise, ou b des actes atten tatoires b ses droits de souverain temporel. Que si l'on se demande maintenant si le résultat obteou par la France est bien en rapport avec les sacrifices supportés, il n'y a qu'à se rappeler que cette façon de conduire et de terminer un différend paraît rentrer daos les idées Dapolé"nieones, que lors de la guerre de Crimée, malgré deux défaites sanglantes et la perle de Sebastopol, la Russie n'eot b fournir que des concessions illusoires. On dit bien aussi qne Napoléon III, au spectacle de l'avidité toujours croissante du gouvernement piémonlais, qui, sans l'aveu de personne, ne son geait qu'à annexer de nouvelles provinces, et b la vue des effrayantes proportions qu'ont prises de jour en jour les forces révolutionnaires, od dit que Napoléon III a cru qu'il était temps de s'arrêter tout court, d'apprendre au roi de Piémont b ne plus compter saDS son bote et de dégager sa politique d'une trop compromettante solidarité avec la révolution. Ce n'était certes point Ib ce que s'étaient promis les fauteurs de bouleversement. Déjb leur dépit se fait jour. Un télégramme de Turin anoonce la retraite- de M. de Cavour. Le roi, ayant accepté sa démission, a chargé le comte Arèse de composer un nouveau cabinet. En Angleterre, la conclusion de la paix a causé nne joie immense dans la population. La plupart des journaux, au contraire, imbus de préjugés protestants et voués b la franc-maçonnerie, ont accueilli cette nouvelle avec un certain mécon tentement. Mm' Charles avait fait la révérence, sans ajouter nn mot. Napoléon avait commencé cette réponse avec une sorte de gaîté, mais aux dernières paroles, sa physionomie avait pris uoe expression grave. Il porta la main b son chapeau et sortit de la lingerie eu laissant ses habitantes heureuses et charmées de cette apparition. C'était b l'infirmerie qu'il se dirigea ensuite. Aa moment d'y pénétrer, il hésita: il semblait crain dre de franchir cette porte au delb de laquelle un spectacle affligeant allait bien certainement s'offrir b ses yeux. Enfin il entra; mais ceux qui étaient près de lui et qui observaient sou visage le vireot pâlir lorsque ses regards parcoururent cette triple rangée de lits où tant de braves achevaient de mourir. Napoléon alla droit b un malade qu'il vit en-' touré de plusieurs personnes parmi lesquelles se faisait remarquer l'abbé Pichot (*j. Il assistaii aux derniers moments d'un vieux sous-officier plus que ceoteuaire. Cet iuvalide avait fait toutes ses cam pagnes saus avoir reçu la moindre blessure; l'âge seul l'avait amené lentement sur cette couche de douleur; ses petits-enfants, en pleurs étaient agenouillés au pied de sou lit, car le médecin s'était éloigné du moribond en disant au prêtre Cet homme n'a plus affaire qu'b vous! L'empereur Alors premier aumônier des 'uvalides.

HISTORISCHE KRANTEN

Le Propagateur (1818-1871) | 1859 | | pagina 1