C'est une tactique des libérâtres de nous
prêcher la modérationalors qu'ils se
trouvent dans l'impossibilité de refuler nos
arguments, et que cette modération leur
est absolument nécessaire, pour parvenir
leurs vues ambitieuses. Voient-ils que
l'opinion publique se déclare contre leur
fourberie; toute suilel'uneou l'autrefeuille
proqressiste, sonne l'alarme, prononce le
mot modérationdont elle ne comprend pas
même le sens;et tous les bénévoles lecteurs,
touslesbadaudsentonnent la même kyrielle
avec un ensemble admirable. Cest bien
dommage que ces feuilles ne prêchent pas
d'exemple, que l'accusation qu'elles nous
lancent si gratuitement retombe d'aplomb
sur elles mêmes.
La modération est une retenue, une
vertu qui nous porte garder une sage
mesureen ton teschoses. Quiconque s'écarte
de celte retenue de celte sage mesure,
s'écarte naturellement de la modération.
Or nous le demandons tout homme de
bon sens, nos libérâtres observent ils cette
retenue et dans leurs écrits, et dans leurs
paroles, et dans toutes leurs actions?
Examinez leurs feuilles, écoutez leurs sor
nettes de cabarêt voyez les l'œuvre dans
les élections. N'est-ce pas dans les feuilles
libérales qu'on traîne dans la boue, les
prêtres, les religieux et jusqu'aux hommes
les plus inoffensifs pour peu qu'ils profes
sent leur religion autrement que de nom?
N'est-ce pas contre ces personnes, qu'on
invente les choses les plus abominables,
dans l'unique but de les rendre odieuses?
De quoi se moque t-on ostensiblement et
tout propos, n'est-ce pas de l'Eglise, de ses
doctrines et de ses cérémonies? Parle-t-on
jamais avec respect de ce qui tient la
religion? Reconnaît-on jamais le dévoue
ment des prêtres et des laïcs catholiques?
Combien n'est-on pas furieux contre tout
ce qui a été institué au nom de l'Eglise:
contre les collèges, les écoles dominicales,
les écoles dentellières, les sociétés de S'-
Vincent-de Paul, de S'-François de-Régis,
de S'-Jean-Baptisle, ou toute autre institu
tion, qui contribuent tant au bien-être et
la prospérité de la patrie? Eh bien! toutes
ces institutions on les baffoue, on les
injurie! Et dans les élections, la modération
de ces Messieurs est au niveau de leur
hypocrisie, de leur fourberie et déloyauté.
Et n'eussions-nous que les dernières élec
tions d'Ypres, elles suffisent amplement
pour démontrer clair comme le jour l'ex
travagant exclusivisme de nos libérâtres.
Qu'on vienne après cela prêcher la
modération aux feuilles catholiques, c'est
ne pas y croire, c'est se moquer de ses
bénévoles lecteurs. Comment! Nous enten
drions outrager, calomnier sans relâche,
tout ce que nous catholiques estimons le
plus, et nous ne pourrions pas exprimer
avec quelque chaleur notre profonde indi
gnation? Nous ne pourrions pas faire voir
nos compatriotes, l'abîme qui s'ouvre
tout béant sous leurs pieds? Arracher le
masque aux hypocrites, s'en allant raconter
avec un air et un ton béat, qu'ils aiment la
religion; pour en imposer aux simples;
mais travaillant des pieds et des mains,
pour la détruire dans notre Belgique? Mais
qui persuaderait-on ces balivernes? Nous
savons bien que de temps autre on vient
nous débiter le mot de charité fraternelle,
et nous le disons avec peine, nos amis, par
ce mot d'ailleurs très-respectable, donnent
quelque fois dans le panneau, en ne l'appli
quant pas là où il doit être appliqué. Nous
le disous hautement, les catholiques, sous
le rapport de charité fraternelle, ne doivent
pas recevoir des leçonsde MM. les libérâtres.
Voulez-vous savoir comment parle le
savant Evêque de Genève S'-François-de-
Sales, dont personne ne peut contester la
douceur de caractère?
Médire, dit il, est un vice, mais pour
éviter ce vice, on ne peut pas favoriser,
choyer, entretenir des vices contraires. On
doit ouvertement dire du mal, de ce qui est
mal; et blâmer les choses qui méritent
d'être blâmées. Quant aux ennemis publics
1 de Dieu et de son Eglise, il faut autant que
possible faire diminuer l'estime qu'on leur
porte; c'est une œuvre de charité de crier
au loup qui entre dans la bergerie.
El l'Homme-Dieu.notredivin législateur,
qui était cependant si modéré dans ses
expressions; comment Lui, nomme-t-il les
libéraux de son temps? Quoique nous
soyons peu versés dans lesdivinesécritures,
il nous semble, par tout ce que nous avons
entendu expliquer dans la chaire de vérité,
et si notre mémoire ne nous trahit pas
qu'il les nommait des loups affamés; des
hypocrites; des insensés; pleins de
corruption; des malheureux; des
trompeurs des enfants deSatan etc., etc.
Mais pourquoi rapporter ici cette doc
trine? Elle est bonne tout au plus des
crétins. Quant MM. les libéraux, leur
haute raison peut facilement se passer de
ce crétinisme.
IS'il en est ainsi, voici un témoignage que
ces Messieurs nedédaigneront pas, puisqu'il
vient d'un auteur qui n'a pas été beaucoup
près canonisé, et qu'ils citent parfois eux-
mêmes.
C'est le témoignage de Pascal qui dit
Quel nouveau genre de charité, de
trouver mal qu'on flétrisse les erreurs les
plus patentes; et de souffrir facilement que
ces mêmes erreurs détruisent la morale! si
ces Messieurs courraient danger d'être
assassinés, trouveraient-ils mal qu'on les
en avertisse? Et au lieu de s'éloigner du
danger, s'amuseraient-ils faire des jéré
miades de ce qu'on montre si peu de charité
fraternelle, en faisant connaître les inten
tions perverses des assassins? Ou si l'on
devait leur dire Ne vous rendez pas en
telle ville, la peste y règne; ces Messieurs
se mettraient-ils en colère? Pourquoi donc
nous reprocher notre peu de charité frater
nelle, quand nous dévoilons les doctrines,
pernicieuses la religion, tandis qu'eux-
mêmes soutiennent que c'est transgresser
le devoir de charité lorsqu'on ne fait pas
connaître les choses nuisibles la santé et
la vie? C'est parce que de l'un côté ils
tiennent beaucoup la vie; et de l'autre ils
sont fort indifférents de connaître la
vérité.
A ce sujet, nous nous rappelons une
anecdote curieuse, un fait arrivé entre
Louis Philippe et Mgr. Clausel de Montais
évêque de Chartres. Le roi des Français se
plaignait beaucoup de la manière de parler
et d'écrire des catholiques Sire, répondit
l'Évêque, ni les ennemis de Votre Majesté,
ni ceux de la Religion n'approuveront
jamais notre manière d'agir dans ces points
qu'ils nous contestent en principe.
Voilà comment parlait ce savant prélat,
et il avait raison; car les ennemis de
la religion ne souffriront jamais; que nous
défendions lesprincipes religieux, lesdroits
de l'Eglise. Ne pouvant réfuter nos raison
nements, ils veulent en détruire l'effet en
nous accusant de forfaire la modération;
mais pour peu qu'on y réfléchisse, on voit
bientôt, nous le répétons, que l'accusation
retombe directement sur les accusateurs.
prouvons par des chiffres, abstraction faite des
bulletins qui ont été substitués.
Il y a eu i4g9 votes valables.
M. Mazeman a obtenu. 145g votes.
M. Malon755
M. Van Reninghe 754
M. Vandenpeereboom1030 a
M. Mazeman a donc obtenu 735 voix conserva
trices, 704 voix libérales.
Donc si 516 électeurs conservateurs n'avaient
pas voté poor M. Vandenpeereboom il eut obtenu
3o voix de moins que MM. Malou et Vao Reoinghe
et il eut dû concourir au ballotage. 60 électeurs
n'ont pas voté pour M. Mazeman, en appliquant la
moitié de ces voix a M. Vandenpeereboom il n'eut
encore obtenu que le même nombre de voix que
MM. M alou et Van Reoinghe.
Ce sont donc les électeurs conservateurs qui
fidèles a l'engagement contracté ont donné la
majorité fa M. Vandenpeereboom au 1" tour de
scrutin et ce sont les manœuvres déloyales du parti
libéral qui l'ont enlevé fa MM. Malou et Vao
Reoinghe en substituant des billets; il ne leur a
manqué que 15 fa 16 voix et si M. Carton seul en a
échangé a5, ces 25 votes leur doonait au delfa de
la majorité au 1" tour de scrutin.
On demande si une parole donnée et violée par
le parti libéral en substituant no grand nombre de
billets, acceptée et loyalement exécutée par le parti
conservateur ne constitue pas on fait plus grave et
plus scandaleux que l'offre d'une pièce de 5 francs
fa on électeur afin de l'indemniser de ses frais de
déplacement. Néanmoios le parti conservateur n'a
pas cru pouvoir adresser utilement fa la Chambre
une protestation, des faits de cette nature n'ayant
jamais été pris en considération s'ils eussent pu
supposer que la Chambre se serait pour la 1" fois
montré si soucieuse de la sincérité et de la moralité
des élections, ils l'eussent fait bien certainement.
Nous pourrions encore ajouter ici le récit des
intrigues déloyales mises en œuvre, afin d'indis
poser M. Mazeman contre M. Malou et contre le
parti conservateur afin de le déterminer fa se
déclarer candidat libéral le jour de l'élection mais
en homme d'honneur M. Mazeman a résisté éner-
giquement fa ces sollicitations et déclaré qu'il vou
lait entrer au Sénat indépendant et libre de tout
engagement envers qui que ce soit.
Ces faits n'ayant pu exercer aucune influence
sur le résultat de l'élection, il est fort inutile d'en
donner le détail mais si nous y sommes provoqués
oons en publierons toutes les circonstances. Nous
nous serions aussi abstenus de publier les détails
scandaleux de cette élection si M. Vandenpeere
boom ne nous y eut provoqué par son singulier
discours.
TS>10 I
MODÉRATION.
Depuis les dernières élections, les vieux libéraux
et les jeune» sont occupés fa se chamailler fa qui
mieux mieux. Leurs feuilles trois fois sincères nous