43me Année. Mercredi 3 Août 1859. No 4,366. FOI CATHOLIQUE. CONSTITUTION BELGE. DÉPÊCHES TÉLÉGRAPHIQUES. LES ÉCHASSES DE NAMUR. REVUE POLITIQUE. LE PROPAGATEUR POUR LA VILLE 6 FR. PAR AN, 4 FR. POUR 6 MOIS, 2-50 POUR TROIS MOIS. POUR LE DEHORS FR. 7-50 PAR AN, S FR. POUR 6 MOIS, 2-75 POUR 3 MOIS. 7PR.ES, 3 AOÛT. DÉPÈCHES FRANÇAISES. Marseille, samedi, 3o juillet. Il y a eu trois jours de fêtes l'occasion de l'inauguration du Roi. Les nouvelles d'Egypte annoncent que l'Autri che a renoncé son opposition au canal de Suez. La malle de l'Inde, du 17 juin, nous apprend que les troupes européennes se sont soumises aux nouvelles conditions du service. Nena-Saïb reste toujours dans le Népaul, où un fort parti empêche de le livrer aux Anglais. DÉPÊCHES ITALIENNES. Turin, lundi, ier août. La Gazette pièmontaise publie un décret relatif a l'érection, aux frais de l'État, d'un monu ment Solferino, en souvenir des victoires des armées alliées et comme un durable témoignage de la reconnaissance des Italiens envers l'armée française commandée par Napoléon III, qui s ex- posa héroïquement, dans la mémorable bataille du 24 juin, pour la cause de l'indépendance italienne. Turin, samedi, 3o juillet. Les dames de Milan ont ouvert une souscription pour faire hommage l'Impératrice des Français d'uu monument en marbre exprimant leur recon naissance et leur espérance. Le dictateur de Modène a convoqué les comices populaires. Sont électeurs tons les citoyens âgés de 21 ans, sachant lire et écrire. Turin, 29 juillet. On mande de Bologne que le gouvernement des Romagnes vient d'adopter le Code Napoléon. Cette L'histoire que nous allons rapporter est d'où prince qui savait et qui ne savait pas; exigeant sur un point, tolérant sur un autre mauvais mélange. Un prince est trop en vue pour être variable; on ne règne estimé qoe lorsqu'on est constant. Le prince dont nous parlons était Jean I", comte de Namur, de la maison de Dampierre. Il avait épousé Ma rie d'Artois, bonne princesse sans doute, car pourquoi une princesse serait-elle méchante? mais qui avait le malheur d'être née aussi en dehors de l'espèce humaine. C'était du reste un heureux ménage, quoiqu'un peu dans les hauteurs. Jean et Marie tenaient Namur une cour assez brillante. Ils avaient le sire de Gosnes pour cham bellan, le sire de Marbais pour grand maître, le sire d'Atrive pour graod - maréchal le sire de Fumai pour maître-d'hôtel, le sire de Balâtre pour grand panetier, le sire de Dave pour grand-veneur, le sire d'Oultremont pour grand-guidon ou gar dien de la bannière. Ils avaient ud grand-grnyer ou conservateur des forêts, un gouverneur de la ville, un grand-aumônier, qui était le prévôt de Saint-Pierre, un archiconfesseur, qui était l'abbé de Floreffe, un grand bailli, et d'antres dignitaires. Ils vivaient des revenus de leurs domaines par ticuliers et des impôts qui déjà alors frappaient mesure a été accueillie avec enthousiasme par la population. Triesle, le 28 juillet. Des nouvelles particulières de la Toscane por tent qu'un mouvemeut a eu lien Monlécatino en faveur de la dynastie grand-ducale. A Livourne, il y a eu un mouvement républicain. Tous deux ont été réprimés et de nombreuses arrestations opérées. Correspondance autrichienne DÉPÊCHES SUISSES. Berne, samedi soir, 3o juillet. L'Assemblée fédérale a adopté une loi contre les enrôlements des sujets suisses au service de l'étran ger,.et qui leur défend l'entrée dans des corps de troupes, excepté les troupes nationales des autres États, sous peine d'une condamnation la réclusion de un trois mois et la perte des droits civils pendant une période de un cinq ans. Les enrôleurs et tous ceux qui coopéreront aux enrôlements seront punis de deux mois trois ans de réclusion et d'une amende qni pourra aller jusqu'à mille francs, et de la perle de leurs droits civils pendant cinq dix ans. La session a été clôturée. a»U'. Entre les causes sérieuses d'inquiétude que recèle la situation présente de l'Europe, il y a lieu de placer la sourde irritation qui se fait jour au moindre choc daos les rapports de la Fraoce l'Angleterre. Celle-ci, ayant pr>s ombrage de ce que soo ancienne rivale poursuivait ses armements malgré la conclusion de la paix, une note du Moniteur retourna en termes assez acerbes le reproche contre l'Angleterre elle-même. Depuis lors cependant, grâces, dit-un, l'intervention de M. de Persigoy, une note a paru promettant une les villes et le commerce droits de toi ou de barrière, de thonlieu ou d'étape, de foire et de marché, droits d'entrée aux portes de Namur, droits de navigation snr la Sambre, droits de justice, haute,, moyenne et basse, droits de sens, dîmes, épaves, aubaine. Toutes ces petites rede vances, malgré leur modération, faisaient au bout de l'au un capital que le comte de Namur dépen sait joyeusement, aidé de sa femme et de sa cour, ne songeant pas que quelquefois ils dissipaient en choses vaines les sueurs du pauvre. Quand ils manquaient d'argeut, sans mauvaise intention et sans malice, mais élevés regarder la masse des bonnes gens cumiue une machine pro duire, ils établissaient un nouvel impôt. Toute la peiue était de l'imaginer, d'en supputer les résul tats et de l'affermer ou d'en vendre l'exercice. Ces choses se passaient au commencement du quatorzième siècle, époque de fermentation, mo ment où les nations partout rompaient leurs langes. Jean de Namur avait accompagné en Italie l'empereur Heuri VII, son suzerain, dans son expé dition contre les Guelfes. En son absence, Marie d'Artois avait gouverné le comté de Namur elle avait chargé ses sujets d'impôts récents et de petites vexaiions toutes nouvelles. Mais comme ils n'a vaient pas encore dit nou, lorsqu'elle disait oui elle suivait sa marche. réduction an pied de paix dans le plus bref délai. Il en est même qui croient qu'une entente se serait établie entre les deux puissances occidentales au snjet de la réorganisation fntore de l'Italie. Tou jours est-il que le langage du ministère anglais au parlement est remarquable par le ton tranchant avec lequel il dispose des trôoes, des provinces et jusque du libre arbitre des souverains de la pénin sule. Sans doute on croirait aisément que le cabinet britannique compte avant tout sur l'alliance et les manœuvres du Piémont, s'il se prévalait moins des dispositions prétendues de la France et ne lui assignait des vues et des principes identiques anx siens. C'est ainsi que lord John Russell déployant devant la Chambre des Communes toute la politi que du cabinet en Italie, a eu soin de l'étayer de l'adbésion de la France. Or, le programme du cabinet britannique n'est autre que celui de la révolution. En principe, reconnaître aux peuples révoltés le droit de se constituer comme ils -l'en tendent, c'est-à-dire, sanctionner le triomphe et la domination des sociétés secrètes dont l'Italie est couverte; et, dans l'application, sacrifier aux con voitises de Victor-Emmanuel et aux clamenrs des révolutionnaires les souverains légitimes de Parme, de Modèue et de Toscane, et imposer ao Saint-Père, faute d'oser davantage, la sécularisation de son gouvernement, sous le titre mieux sounant de réformes. Quant la Confédération italienne, cette conception paraît lord John, comme tout le monde, nne chimère. Au reste, l'entente entre les puissances occiden tales fût- elle aussi assurée, sur la question italienne, qoe les paroles de lord Russell tendent le faire craindre, encore la confiance dans le maintien de la paix se trouve-t-elle singulièrement ébranlée. Malgré l'alliance franco-anglaise, observe un Cependant eo l'année i3i5, pendant que Jean de Namur était Paris, occupé négocier un traité d'alliance entre le roi Philippe le Bel et l'emperear, Marie d'Artois ayant inventé de nouvelles taxes, ce fut la goutte d'eau qni fit déborder le vase. Entou rés de voisins qui regimbaient contre le joug, ayant sous les yenx l'exemple des Brabançons, des Liégeois et des Flamands, qui venaient tout fraî chement de se révolter avec profit pour leurs franchises, les Namurois, las de trop de patience, s'agitèrent; et un beau matin la foule tumultueuse s'amassa avec confusion, en groupes mécontents, la place Saint-Aubain, an marché Saint-Pierre, la Piconnette. Rapidement les murmures devinrent des plaintes vives, les plaintes des grondements, les gronde ments des ciis, les cris des hurlements. Des hom mes armés parurent, et dans cette ville appauvrie, l'émeute devint en quelques heures une pleine in- snrrection. La souveraine, étonnée de voir le peuple d'un autre avis que le sien, voulut d'abord s'opposer au torrent; mais on lui rappela qu'en 1206 (il n'y avait pas encore soixante ans), le peuple de Namur, opprimé par sa comtesse Marie de Brieone, l'avait chassée de la ville, quoiqu'elle fût impératrice. Marie d'Artois De put croire un tel récit; ce qu'on loi disait lui paraissait tout nouveau et par conséquent impossible.

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Le Propagateur (1818-1871) | 1859 | | pagina 1