43me Année. Samedi 27 Août 1S59. No 4,373.
DONA CLARA (1522).
REVUE POLITIQUE.
LE PROPAGATEUR
j i >- f>'' r fi f\ l\, 1
POUR LA VILLE 6 FR. PAR AN, P0RR DEHORS FR. 7-50 PAR
4 FR. POUR 6 MOIS, 2-50 POUR FOI CATHOLIQUE. CONSTITUTION BELGE. AN, 5 FR. POUR 6 MOIS, 2-75
TROIS MOIS. POUR 3 MOIS.
7FB.S5, 27 AOÛT.
Une dépêche de Berne annonce que les pléni-
potenliaires français et autrichiens ont réglé
l'affaire de la Lombardie avec le consentement de
la Sardaigne. Les ratifications des souverains sont
attendues. L'affaire des duchés, ajoute-t-on, sera
traitée directement a Vienne et h Paris.
Mais pendant que les puissances délibèrent ou
se préparent h délibérer, la révolution, forte de la
complicité du Piémontse maintient dans les
duchés et les légations, organise une armée, pro
mulgue des lois, se fait des créatures et des adhé
rents, et assied sa domination sur des bases sinon
légales au moins régulières. Plus que jamais il est
douteux, en présence de la longue inaction de la
France, que Napoléon III intervienne les armes h
la main en faveur des princes dépossédés. Peut-
être qu'avant que de rompre en visière b la révolu
tion italienne, l'ancien allié de Victor-Emmanuel
recherchera la sanction d'un Congrès européen.
Quant la réduction de Bologne, il semble qu'on
laisse les événements se développer pour que le
gouvernement pontifical comprenne que cette
partie des États Romains lui échapperait définiti
vement, si le gouvernement français n'intervient
en sa faveur. Sans doute on espère par ce moyen
extorquer plus facilement du Saint Père les con
cessions dont on vise h se faire un titre aux yeux
du libéralisme. Les catholiques qui se souviennent
de la lettre de i84g Edgar Ney, ont b ce sujet
les plus graves inquiétudes.
Le langage de la Patrie, dont les accointances
officielles sont connues, n'est pas de nature b les
rassurer. Après avoir poursuivi le cardinal Anto-
nelli d'une hostilité aussi implacable que déloyale,
elle applaudit aujourd'hui b son remplacement b la
(Sditb et fik. Voir le n° du Propagateur.)
IV.
CHARLES-QUINT.
Ma fille, êtes-vous là? disait une voix douce
bla porte de la celluie qu'occupait Dona Clara.
La porte s'ouvrit, et la mère Marie-Ephrem
entra, l'air un peu agité. Elle tenait un papier b
la main.
Ma très-chère fille, dit-elle, vous avez
enteudu du bruit dans le monastère
Il est vrai, ma mère, et je me demandais ce
qui pouvait troubler le calme de cette maison.
C'était, ma fille, un événement bien imprévu;
1 arrivée d un courrier venant de Borgos, et appor
tant des dépêches qui vous sont adressées. Tenez,
ma chere fille, prenez-en connaissance, et fasse la
divine bonté qu'elles soient b votre satisfaction!
Doua Clara lut rapidement
Mon Dieu! s'écria l-elle, l'empereur me
mande b Burgos! La litière qui est là doit in'ein-
uiener?
présidence du conseil d'État, mais de manière b
raviver encore les espérances de la révolution. Ce
qu'attend, ce qu'exige du Saint Père un gouver
nement qui revendique le titre de fils aîné de
l'Église, ce n'est rien moins qu'on changement
complet de système.
Pour en revenir aux duchés, on sait que c'est
toujours au nom de la liberté et de l'iodépendance
que les meneurs repoussent le retour des princes
légitimes. Ce qui ne les empêche point d'instituer
une dictature despotique et de décréter l'absorp
tion dans la monarchie sarde de trois pays jusqu'ici
indépendants. C'est que la liberté, ainsi que le
constatait dernièrement un publiciste, la liberté
pour les révolutionnaires est uo moyen, ce n'est
pas un but. Dans la grande révolution française,
toutes les assemblées qui discutaient des constitu
tions, ne manquaient pas de proclamer les libertés
les plus étendues. Seulement la Constitution votée,
ou introduisait b la fin par post-scriptum un
article supplémentaire qui remettait, toutes les
libertés b l'époque où la révolution aurait triomphé
de ses enuemis. De sorte que la liberté demeurait
un futur contingent, et que l'on jouissait en réalité
du despotisme le plus écrasant qui ait jamais pesé
sur l'espèce humaine. On ne néglige pas aujour
d'hui ces belles traditions. La première demande
de M. de Cavour, au commencement de la guerre,
a été de faire voter la dictature, et la guerre finie,
la dictature continue. M. Ralazzi s'en sert pour
supprimer les journaux qui ne sont pas de son avis.
Puis quand le gouvernement piémontais a ainsi
fermé la bouche b tous ceux qui pourraient le con
tredire, il déclare que l'opinion est la reine du
monde et demande qu'ellesoit exclusivement con
sultée sur les destinées de l'Italie. Cette reine du
monde me paraît régner en ce moment en Italie
avec des menottes aux mains et des entraves aux
pieds.
Ma fille, dit la boone religieuse, que votre
cœur se rassure Dieu sera avec vous, et cette
maisoo sera toujours la vôtre. Toutes nos sœurs
voot prier pour l'heureux succès de votre voyage.
Venez faire vos préparatifs; car, vous le savez,
saint Paul l'a dit, il faut obéir aux princes.
Charles-Quint était seul dans son cabinet quand
Dona Clara y fut introduite. Il était très-jeune
encore et déjà b l'apogée delà puissance; sa petite
taille, ses traits, pâles et sans beauté, n'auraieul
eu rien de bien imposant, sans l'éclair de ses yeux,
au regard b la fuis impérieux et spirituel, tempéré
par une bonté un peu malicieuse. Il était simple
ment vêtu de noir, et il portait au cou le collier de
la Toison-d'Or, fondé par sou bisaïeul, Philippe-
le-Bon. A la vue de Doua Clara vêtue de deuil, il
parut quelque peu ému, et il la reçut avec une
hieuveillance courtoise, digne d'un prince et d'un
chevalier.
J'ai vguIu vous voir, Madame, lui dit-il,
afin de vous témoigner que je m'associe b vos
regrets. Don Alvar de Mouioy était un loyal ser
viteur de ses princes, et quelques jours de rébellion
ne m'ont pas fait oublier soixante ans de service.
Clara balbutia quelques mots étouffés par les
larmes.
Si don Alvar avait vécu, poursuivit Charles,
La Chambre est déjà très-fatiguée de la corvée
extraordinaire que le ministère lui a imposée au
milieu de chaleurs accablantes, et elie s'est ingéniée
hier b chercher les moyens propres b abréger
sa session. M. David voulait une séance du soir, M.
d'Hoffscbmidt demandait le vole immédiat des art.
2 et 3 du projet de loi relatif aux travaux publics et
le renvoi des autres articles b la session prochaine:
M. Van der Donckt proposait des séances com
mençant b midi précis Celle dernière motion a été
adoptée après un débat assez long.
Ce point décidé, la Chambre a procédé b la
discussion géuérale du projet de loi des travaux
publics, et divers députés ont été entendus M. De
Renesse a sollicité pour le Limbonrg M. A. Van
den Peereboom a demandé l'exécution d'un canal
de la Lys b l'Yperlée, demande qui a été combattue
par M. B. Diimortier; l'honorable député de Rou-
lers s'est prononcé pour la canalisation de la
Mandel. A la suite de quelques observations de M.
le ministre des travaux publics, M. A. Vanden
Peereboom a retiré l'amendement qu'il avait
présenté.
Le gouvernement a fait connaître qu'il main
tenait les crédits demandés pour Blankeuberghe et
qu'il proposait d'ajourner la discussion de celai
figurant au projet pour un chemin de fer de
Bruxelles b Louvain, jusqu'à ce que le district de
Louvain fût représenté b la Chambre.
Les paragraphes 2 et 3 de l'art, i "ont éléadoplés
L'Indépendance a prétendu, par l'organe d'un
correspondant, que M. le ministre de la France b
Bruxelles a été absent pendant tout le temps qu'a
duré la discussion, dans nos Chambres, sur les
fortifications d'Anvers.
Sa conclusion a été qu'il y avait Ib une preuve
il«urait reçu des marques de ma clémence et je
ne puis mieux faire que d'étendre sur sa fille les
bienfaits qoe j'aurais voulu lui accorder. Voici,
ajouta-t-il en prenant un parchemiu sur la table,
voici, madame, l'acte qui vous restitue tous vos
biens; recevez-les de la main de votre roi et
enseignez b vos fils la loyauté héréditaire dans
votre maison et dont il me semble lire l'expression
sur vos traits.
Dona Clara prit le parchemin, et remercia le
prince avec la reconnaissance la pins vraie; mais il
n'y avait pas de joie au fond de son cœur. Il
reprit avec plus de douceur encore
J'ai parlé de vos fils, noble demoiselle, et
vous n'êtes pas mariée je n'ai pas oublié que c'est
au roi b pourvoir les orphelines de noble lignage,
et j'espère qne vous ne refuserez pas un époux
choisi par moi.
Dona Clara fit un faible geste de refus, et elle
pâlit.
Vous ne me refuserez pas, continua l'empe
reur, et vous permettrez que je vous nomme celui
b qui je destioe votre main; c'est un de mes plus
Charles-Quint était absent d'Espagne lorsque éclata la
ligue des communes. A son retour il se montra pour tou,
les rebelles plein de clémence et de géuérosité.