43me Année. Samedi 17 Septembre 1859. 4,378.
pour la ville 6 fr. par an, p0dr le dehors fr. 7-50 par
4fr. pour 6 mois, 2-50 pour FOI CATHOLIQUE. CONSTITUTION BELGE. an, 5 fr. pour 6 mois, 2-75
trois mois. p0cr 3 mois.
17 Septembre.
REVUE POLITIQUE.
LE PROPAGATEUR
Les feuilles publiques publient d'intéressants
détails au sujet des derniers événements qui vien
nent de se passer en Chine.
Aux termes du traité signé Tien-Tsin, le 28
juin 1858, les ratifications devaient en être échan
gées Pékin, et les ministres de France et d'Angle
terre avaient, en conséquence, quitté Shang-Haï
pour se rendre dans la capitale du Céleste-Empire,
après avoir aononcé leur départ au commissaire du
gouvernement chinois. La brillante escadre anglaise,
composée de douze canonnières et de plusieurs
autres bâtiments de différentes dimensions, et les
deux vapeurs français prenaient leur mouillage au
Peï-ho le 16 juin. On n'apercevait aucun mouve
ment dans les forts de Takou. Uoe embarcation fut
envoyée terre, et alors se présenta un mandarin
avec mission d'interdire l'escadre le passage du
fleuve. On reconnut bientôt que l'embouchure du
Peï-ho avait été fermée au loin par de nombreuses
estacades.Sur le refus formel des autorités chinoises
de faire enlever toutes ces barrières, et après un
délai de trois jours, les ordres furent donnés, le
25, aux canonnières de marcher en avant pour
tenter le passage en forçant les estacades. Le
Plower et l'Opossum forent assez heureux pour
forcer les deux premières barrières, la troisième les
arrêta. Jusqu'en ce moment, de même que durant
les pourparlers, le silence était complet dans les
forts, pas une bannière, pas un mouvement, on les
aurait cru aisément déserts. Tout d'un coup, au
moment où les deux canonnières britanniques se
trouvaient engagées, tandis que deux autres tou
chaient, uoe horrible décharge porta en plein sur
le Plower,qui portait le pavillon de l'amiral Hope.
Ce fut le signal d'une affreuse boucherie. A l'instant
même une grêle de boulets tombent sur les canon
nières avancées, qui répondent bravement; mais
déjà la place n'est plus tenable pour l'amiral
atteint de deux blessures. Le pavillon est transporté
sur une autre canonnière, et l'action devient géné
rale. Déjà trois canonnières coulaient. On tenta de
débarquer les 13 a i3oo hommes dont on pouvait
disposer. Mais, pour comble de malheur, les hom
mes sont obligés de patauger dans la boue jusqu'à
la ceinture leurs munitions sont vite avariées.
L'ennemi tire sur ces braves qui ne peuvent faire
usage de leurs armes. Il est neuf heures du soir,
46o hommes sont tués ou blessés. Les canonnières
ont épuisé leurs munitions; les débris des troupes
regagnent leurs bâtiments avec des fatigues et des
périls impossibles décrire. Outre les trois canon
nières démolies, deux autres avaient coulé durant
l'action, on les retira pendant la nuit. Les alliés
étaient de retour Shang-Haïle 9 juillet.
Les conséquences de ce guet -apens, observe une
correspondance de Canton, seront immenses, si le
seul remède que l'honneur permette, c'est-à-dire
une prompte vengeance n'est immédiatement tirée:
ou renoncer tout jamais toute influence, tout
honoeur dans l'extrême Orientou infliger au
Tartare le châtiment que sa fourberie ruérile.
Le Moniteur français dit son tour que le
gouvernement de l'Empereur et celui de Sa Majesté
Britannique se concertent pour infliger le châti
ment et pour obtenir toutes les réparations qu'exige
un acte aussi éclatant de déloyauté.
Les affaires de Cochinchine, écrit-on l'Uni
vers, maicheal lentement. Les négociations conti
nuent, mais on doute qu'elles aboutissent; car au
moment où elles ont été ouvertes, la persécution a
redoublé de foreur.
Une dépêche de Marseille confirme les succès
décisifs remportés par les Russes dans le Caucase
et notamment la perte, par Schamyl, de toute son
artillerie. Quant la prise de ce chef, dont la nou
velle a été fort répandue, la dépêche n'en dit mot.
Rien de nouveau dans la question italienne.
Une correspondance de Rome au Journal de
Bruxelles fait au sujet de la politique française
l'égard du Saint Père, la réflexion suivante: Nous
assistons, il faut l'avouer, ou étrange spectacle et
les siècles venir auront le droit d'être sévères vis-
à-vis du nôtre! Nous voyous, d'un côté, on peuple
qui se révolte et qui secoue l'autorité de son
souverain, ou plutôt une minorité factieuse qui
s'empare du pouvoir par la violence et s'y main
tient par la terreur. Cette minorité chasse les
religieux, s'empare de leurs biens, entre en lutte
avec l'Eglise, procède l'établissement de son
règne par des incarcérations et des assassinats, se
livre aux infamies de Veruchio et parvient, par
l'intimidatiou et l'exclusion, réunir un semblant
d'assemblée qui vote, au nom de la majorité
qu'elle ne représente pas, la séparation des
Légations d'avec le reste des États-Pontificaux. De
l'autre, on aperçoit un souverain plein de bonté,
libéral, sage, uniquement occupé du bien-êlTe de
ses sujets, possédant toutes les qualités qui font les
saints et les grands rois, joignant son titre de
souverain temporel, celui de Pontife suprême, de
vicaire de Jésus-Christ, étant doublement père de
ses sujets et leur prodiguant nu double amour.
Ce souverain, le plus vénérable qui soit au monde,
veut rappeler, sous son obéissance, ses sujets
révoltés et délivrer les bons de l'oppression des
méchants.
Entre ces deux parties, dont l'une est si digne
de respect et dont l'autre a fort peu de droit
notre estime, la France s'interpose, de son autorité
privée, et s'attribue le privilège de décider enite
le souverain et ses sujets. L'iniquité et la révolte
ont gain de cause et la justice et la vertu sont
coudamuées! La postérité rte ratifiera pas cette
incroyable sentence et en demandera un compte
sévère celui qui l'a portée.
1.
Lors des événements jamais regrettables de
1867, plusieurs d'entre les plus intrépides défen
seurs de nos institutions et de nos libertés, se
laissèrent maîtriser par un pénible découragement.
Ils doutèrent un moment du régime constitutionnel,
et de ses avantages. Il n'y a rien en cela de bien
étonnant, alors qu'on voyait une bande d'émeuliers
imposer la loi des ministres issus de la majorité
parlementaire, majorité légalement envoyée aux
Chambres par la nation. Pourquoi se demandèrerit-
ils, continuer une lutte inutile; puisqu'il suffit,
pour annihiler nos efforts, que les chefs du parti
libéral excitent les passious de la multitude, et
prennent d'assaut le terrain dont les catholiques se
sont conslitntionnellement rendus les maîtres? A
quoi bon combattre si vaillamment dans le cercle
de nos droits constitutionnels, quand ces droits
doivent céder devant la force brntale de la rue,
pompeusement qualifiée du nom de spontanéité
foudroyante?
Ils se rappelaient anssi le changement que le
parti libéral avait introduit dans la loi électorale,
et cela dans l'unique but d'établir jamais la
suprématie de leur opinion. Ils voyaient bien que
l'incertitude allait s'emparer des esprits. On De sut
donc quoi se résoudre. Fallait-il abandonner la
défense, sacrifier de sang froid, un libéralisme
exclosif et antireligieux, des libertés qu'on avait
obtenues au prix de tant d'efforts et de dévoue
ment? Ou bien fallait-il recommencer la lutte avec
courage et énergie, malgré les circonstances si
défavorables? L'hésitation était naturelle; on ne
sut donc quelle partie prendre; tant l'amour propre
avait été froissé, taDt le sentimeot national avait été
ébranlé jusque dans ses fondements!
Les hommes, qui avaient défendu daDs le parle
ment les principes conservateurs et catholiques,
donnèrent alors uoe marque éclatante de leur
attachement la patrie. Malgré la position désavan
tageuse où les émeutes de 1857 les avaient poussés,
malgré l'impossibilité de réussir dans les élections,
les conservateurs ne se laissèrent pas entraîner on
découragement complet; ils se rappelèreol qu'ils
avaient accepté le régime constitutionnel, et que,
par conséquent, iis devaient aussi en accepter les
suites quelque défavorablesqu'ellesfussent.Comme
catholiques ils se firent un devoir essentiel de
combattre vaillamment en faveur d'une bocne
cause, et d'attaquer sans relâche tout ce qui respire
le mal; on résolut donc de se tenir sur la brèche,
afin de parer les coups que le libéralisme allait
porter nos institutions nationales.
Les conservateurs retournèrent au parlement
avec une minorité de 38 voix. Cette minorité faible
par le nombre, mais forte par la conviction et
la conformité des sentiments dont ses membres
étaient animés, devait bientôt s'accroître et devenir
formidable ponr le ministère. D'ailleurs la confor
mité de vues que professent les catholiques, ne
peut s'ébranler ni s'anéantir, puisque les principes,
qu'ils défendent, sont invariables comme Dieu qui
en est la source; et ce n'est pas un moindre sujet
de crainte pour tout libre-penseur.
LA RUPTURE DE LA PAIX EN CHINE.
Sous ce titre, on lit dans VOst deutscJie Post
L'Europe avait fondé de grandes espérances
sur les récents traités avec la Chine. Oo croyait
déjà celle-ci ouverte la civilisation et an christia
nisme. En France, surtout, on s'abandonnait aux
pins belles illusions. Et voilà que les Chinois les
détruisent tout coup, et que les rapports des
puissances occidentales avec le gigantesque empire
redeviennent les mêmes qu'avant la dernière guerre.
On se demande si le récent événement sur
venu en Chine u'aura pas quelques influences sur
les affaires de l'Europe. La France et l'Angleterre,
dont l'alliance en Occident est très-relâchée, sont
unies en Orient pour une ceuvrre commune de
civilisation pacifique, dans laquelle les a troublées