43me Année. Samedi 8 Octobre 1859. Ao 4,384. pobr la tille 6 fr. par an, 4 fr. pour 6 mois, 2-50 pour trois mois. FOI CATHOLIQUE. CONSTITUTION BELGE. pour le dehors fr. 7-50 par an5 fr. pour 6 mois, 2-75 pour 3 mois. TPRiSS, 8 Octobre. REVUE POLITIQUE. DES RÉVOLUTIONS. LE PROPAGATEUR Nous possédons aujourd'hui le teste authentique de l'allocution prononcée par N. S. P. le Pape dans le consistoire secret du 36 septembre. Ainsi que déjà nous l'avons dit dans notre n* du 5, le Souverain Pontife y dénonce les actes révolution naires et sacrilèges qui se commettent dans les Romagnes; il se félicite des témoignages consolants de fidélité rendus sa personne et l'Église par le clergé et les populations catholiques de ces malheureuses contrées Sa Sainteté rappelle égale ment les censures et les peines ecclésiastiques encourues par tous ceux qui, dans ces provinces, ont donné leur appui, leurs conseils, leur assenti ment ces actes de rébellion sacrilège, ou en ont favorisé en quelque autre manière l'accomplisse ment. Il n'est au pouvoir de personne, disons-nous avec l'un de nos grands journaux catholiques, d'amoindrir la portée des paroles qui partent de si haut; elles seroDt recueillies jusqu'aux extrémités de la terre, car partout ou il y a des peuples il y a des catholiques. Ceux-là même que nous avons coutume de combattre ne refuseront pas leur res pect cette tranquille mais forte expression des tristesses do chef de l'Église et de ses plaintes si grandement fondées. Ce langage est de l'histoire, on ne le contredira pas. Pie IX a fait pour son peuple plus qu'aucun roi des temps modernes. Si l'Italie peut jamais arriver, nous ne disons pas l'unité, qui est une chimère contredite par l'histoire, mais une cer taine cohésion dans les limites compatibles avec ses antécédents, c'est du Pape actuel qu'elle pouvait l'espérer. Il avait mis hardiment la main l'œuvre au début de son règne. Les premières innovations émanées de son libre arbitre forent aussitôt tournées contre lui, et l'on s'en faisait une arme poor exiger davantage. Au lieu d'être reconnaissant de sa bonne volonté et de laisser les populations se façonner des habitu des nouvelles, on remuait les esprits poor rniner la papauté, pour évincer le souverain temporel. Et Pie IX ne se lassait pas d'essayer, dans la mesure du possible, les réformes dont il voulait la réalisation. Un des hommes les plus éminents du libéralisme européen fut mis par lui la tête des affaires. Le comte Rossi fut regardé comme un obstacle aux projets occultes du carbonarisme. On ('égorgea la porte même de l'assemblée. Nous n'entendons pBS retracer ici l'histoire lamentable de i848, les violences, les assassinats, la fuite du Pape, les excès des dictateurs et de leurs satellites, leurs dilapidations sacrilèges. Une armée française mit fin celte orgie révolution naire.... Les brèches faites aux finances par les dicta teurs étaient effrayantes. La sage parcimonie de Pie IX a tout réparé. Le crédit s'est raffermi. Des entreprises sans nombre ont eu lieu sa voix, pour ouvrir ses sujets une nouvelle ère de prospérité. Et cependant le peuple romain est un de ceux qui paient le moins d'impôts. Partout ailleurs, le déficit produit par la tourmente révolutionnaire est encore combler. C'est au milieu des améliorations déjà accom plies et des améliorations h la veille de l'être, que le génie de la révolution ébranle de nouveau la Péninsule. Cette fois-ci les armées françaises sou tiennent l'ambition piémontaise et combattent pour une cause qui a pour champion ce même Garibaldi qui a versé le saog français au profit du carbona risme ennemi du trône, de l'autel et de l'ordre social. L'empereur Napoléon s'est toujours défendu de la pensée de servir les intérêts révolutionnaires. Mais si c'est contre son gré, c'est soos son égide apparente que tous les genres de spoliation s'exé cutent, que tous les droits sont remis en question, que l'on travaille ruiner Kautorité du Saint-Père. Ce n'est point, coup sûr, sans motif que l'épiscopat français s'émeut de l'attitude équivoque où se complaît depuis si longtemps le gouvernement impérial. Deux illustres prélats, notamment, Mgr Parisis, évêque d'Arras, et Mgr Dopanloup, é»êqoe d'Orléans, ont signalé dans leurs mandements la situation pénible faite au Père commun des fidèles. La croisade pour le maintien intégral du pouvoir temporel du Pape est passée l'état de fait accompli et l'on s'attend lui voir prendre de sérieoses pro portions. Il importe que l'empereur Napoléon opte entre Pie IX et Victor-Emmanuel on plutôt Garibaldi, entre l'Église et la révolution. De pins longues tergiversatioos ne pourraient que lui aliéner la confiance des catholiques et renforcer les rangs du parti légitimiste. C'est néanmoins au moment même où les catho liques fraoçais, ceux-là du moins qui avaient bien auguré de l'Empire, attendent et réclament de la part du gouvernement impérial quelque apaisement leurs trop justes appréhensions, c'est en ce moment qu'une feuille catholique, le Mémorial de L'Allier, vient de recevoir un avertissement pour avoir stigmatisé,comme elles le méritent, l'ambition et la déloyauté de Victor-Emmanuel, dans ses procédés l'égard du Souveraio Pontife. Le Mémorial est administrativemenl condamné du chef d'injure pour un souverain allié de la France. Le gouvernement révolutionnaire de Bologne poorsuit son œuvre et ses attentats. Un décret du 1" octobre ordonne i° de faire précéder tout acte public de la formule suivante Sous le règne de S. M. le Roi Victor-Emmanuel; 2* d'élever les armoiries de la maison de Savoie; 3*de faire prêter, par tous les agents civils et militaires de l'État, le serment de fidélité an Roi, aux statuts et aux lois fondamentales. On annonce toujours comme prochaine la con clusion de la paix. Un congrès eu'opéen réglerait ensuite certaines questions pendantes et notamment la situation de l'Italie centrale. Il en est qui croient que la paix ue serait signée qu'entre la France et l'Autriche, et qu'entre celte dernière puissance et la Sardaigne il n'y aurait de conclu qu'un prolon gement de l'armistice. Unecorrespondaoceromaine dit d'ailleurs: Ou prévoit ici la reprise des hostilités entre l'Autriche et le Piémont, aidé de l'Italie centrale et appelant son aide les révolutionnaires des Marches, de l'Ombrie et des Deox-Siciles. La Péninsule, dès que le traité de Villafranca aura été signé Zurich entre l'Autriche et la France, la Péninsule s'appar tiendra. La partie du programme de Napoléon qui conservait les duchés, aura été abandonnée et la partie qui favorisait la révolution aura seule été ratifiée. Peut-être la promesse de laisser alors l'Autriche pacifier l'Italie aura-t-elle décidé de la conclusion de la paix. Mais il n'en est pas moins vrai, si l'on en croit l'impression des Autrichiens et des Allemands, que l'Empereur François-Joseph est très-revenu des sentiments qu'il conçut nn instant poor le vainqueur de Solferino. Le jeune et chevaleresque Hapsbourg était loin de penser, lorsqu'il signait,, la douleur dans l'âme, les préli minaires du traité de Villafranca, que les conditions de ce traité dossent être l'objet de si longues dis putes et qoe les droits des princes ses alliés dussent subir de telles atteintes. Personne ne peut contester que les émeutes, les rébellions et les révolutions ne se soient prodnites en Europe depois un siècle d'one manière effrayan le; et pour qui conoait l'histoire contemporaine, il est devenu clair comme le jour que tous ces boulever sements n'ont produit en général ni liberté, ni ni gloire, ni bocheur, mais bien la servitude, la honte, la misère. 11 n'y a rien en cela qui doive trop nous sur prendre; après chaque bouleversement, les monar ques, il est vrai, ont relevé leurs trônes, ils les ont même polis, dorés, ornés de pierreries; mais sous cet éclat apparent, un ver rongeur les mine et les résout en poussière; la plupart des gouvernements ont èn effet oublié de fortifier les bases qui les supportent et sans lesquellq^il n'y a ni liberté, ni véritable progrès possible. Les révolutionnaires auront leurs coudées fran ches aussi longtemps que les trônes ue seront pas soutenus par la religion, la justice, la force et la sagesse; ce sont-là les quatre colonnes qui sou tiennent les états et qui doivent les rendre stables et prospères. La Religion, le soutien le pins fort est certai nement dans le cœur de quelques monarques, mais ne compte pas dans les conseils de leurs cabinets et beaucoupmoins encore ne vivifie-t-elle guère leurs législations, vexatoires l'Église. Les révolution naires les louent, les félicitent de maintenir si bien les droits du palais et de l'État, on se laisse prendre ces louanges, endoctriner par ces flatteries et l'on ne voit pas que les gouvernements ont plus craindre des applaudissements des révolutionnaires qoe de toutes leurs imprécations. Si nous passons l'autre colonnecelle de la justice, elle n'existe plus depuis qu'une théorie erronée sur la clémence a réduit singulièrement les droits de la justice. Si la justice avait véritablement régné en notre siècle, jamais les révolutionnaires n'auraient osé exciter des bouleversements. Quatre têtes tout au plus jetées bas aux débuts d'uoe rébellion auraient donné réfléchir aox révolutionnaires avant qu'ils ne se risquassent plus avant. Mais les philosophes voltairiens ont si bien faussé toutes les nolioBs du juste et de l'injuste

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Le Propagateur (1818-1871) | 1859 | | pagina 1