43me Année.
Mercredi 30 Novembre 1859.
No 4L,399.
pour la ville 6 fr. par an,
4 fr. pour 6 mois, 2-50 pour
trois mois.
FOI CATHOLIQUE. CONSTITUTION BELGE.
pour le dehors fr. 7-50 par
an,,5 fr. pour 6 mois, 2-75
pour 3 mois.
7FB.SS, 30 Novembre.
Nous apprenons avec plaisir qne la
souscription ouverte l'effet d'offrir une
médaille d'honneur M. Barthélémy Du*
mortier, l'éloquent et courageux représen
tant, recueille en cette ville de nombreuses
adhésions. Les signatures honorables, qui
en peu de jours ont couvert la liste de
souscription, attestent que nos concitoyens
ont noblement tenu s'associer cet acte
de respect, d'estime et de juste reconnais
sance envers l'un des plus vaillants et des
plus anciens défenseurs de l'indépendance
Belge, de nos libertés nationales et des
glorieuses traditions de 1830.
ÉDUCATION RELIGIEUSE.
LE PROPAGATEUR
l
suffisance enfin qui pousse' le jeune homme h
dédaigner ses semblables pour n'adorer que soi-
même?
II n'en est pas ainsi de l'éducation foncièrement
religieuse; elle connaît le secret de réunir la double
élude de la science divine et de la science humaine,
et donne !i chacune la place qui lui convient.
Jamais la religion méconnaît-elle l'utilité et la
nécessité des sciences humaines? Elle a toujours
recommandé l'étude de toutes les sciences, des
langues, des arts, des lettres. Elle s'en est même
constituée la gardienne an moyen-âge; et sans la
tendre sollicitude de cette mère industrieuse, les
chefs-d'œuvre taut admirés de l'antiquité ne
seraient même pas parvenus jusqu'il nous. C'est
donc b tort qu'on accuse la religion d'être l'ennemie
des lumières; ceux qui soutiennent un tel paradoxe,
font preuve d'une ignorance protonde, ou d'une
haine implacable contre l'Eglise.
Encore de nos jours la science humaine, que
l'éducation religieuse cultive, est aussi vaste, aussi
complète, pour ne pas dire plus profonde, que
toute instruction 'libérale; et de plus, les lumières
de la foi mettent au grand jour un nombre infiui de
vérités, que la raison, laissée b ses propres forces,
ne serait jamais en état de. découvrir.
En effet b qui sommes-nous redevables de nos
vastes connaissances en métaphysique, en mathé
matiques, en sciences naturelles, si ce n'est b ceux
qui avaient reçu le bienfait d'one éducation
religieuse? Quels hommes que les Bonnet, Euler,
Kepler, Leibnits, Clarke, Pascal, Bossuet, Newton,
Malebranche, Descartes, Bacon qui étonnent l'uni
vers par les vastes travaux qu'ils nous ont légués.
Mais que l'on compare les œovres des philosophes
de l'antiquité avec celles des philosophes chrétiens
Mettez les œuvres de Cicéron b côté de celles de
S'-Augustin, les œovres de Platon b côté de celles
de S'-Tbomas d'Aqnin, Sénèque b côté de S1-Paul,
Aristote b côté de Bossuet, Épictète, Marc-Aurèle,
b côté de Bonrdalone, de Massillon, de Fénélon, de
Pascal, de Leibnits, et dites, s'il n'y a pas pour le
fond, dans le produit de ces derniers, une justesse,
une perfection, une solidité de vue, infiniment
supérieures? Quels rares esprits enfin, quels poètes;
que La Bruyère, Addissoo, Dante, le Tasse, Cor
neille, Racine, Boileau, Lafonlaine, Chateaubriand,
Joseph de Maistre Mais qui est ce qui avait formé
tous ces grands hommes, si ce n'est l'éducation
religieuse, que nos savants progressistes voudraient
bannir de la société comme une superfélation
Mais encore cette éducation n'a-t-elle pas des
dogmes explicateurs des phénomènes physiques,
psycologiques géologiques? N'a-t-elle pas une
histoire qui seule indique nettement l'action de la
divine providence dans les événements d'ici-bas?
N'a-t-elle pas une poésie étincelante de magni
ficence, indiquée dans la Bible? N'a-t-elle pas une
littérature autre que la littérature sensoetle, égoïste
et sceptique des lettrés libéralement éduqués de
nos jours? Littérature que les grands écrivains et
les grands orateurs du catholicisme ont su revêtir
des formes les plus brillantes de la pensée?
Si l'éducation religieuse fait tant pour l'esprit,
que ne fait-elle pas pour le cœur? Non, jamais les
sentences orgueilleuses des auteurs païens, ni les
L'éducation religieuse ouvre l'intelligence de
l'enfant b la vérité pure et totale, qui seule est
capable de satisfaire son esprit naturellement
curieux; c'est ce que nous avons démontré dans
notre n'* précédent. Aujourd'hui nous verrous que
cette même éducation unit encore, dans une étroite
alliance, la double étude de la science divine et de
la science humaine, tout eu estimant les qualités
qui font le cœur droit, au-dessus de celles qui
rendent l'esprit brillant et varié.
Il est vrai, l'édncalion libérale ou antireligieuse
fait de nos jours grand étalage de science; b
l'entendre elle seule tient la clef de tout savoir, elle
seule possède la lumière. Qu'elle ait de la science
humaine, nous ne le contestons pas; niais la place
qu'elle lui donoe, est-ce bien la place qui lui est
due? Chez elle la science est tout, la religion et la
morale ne tiennent que le second raog, ou peut-
être sont réduites b zéro. Mais de quoi nous servira
cette forte dose de science, si nous ignorons la
chose essentielle? La science sans religion ni morale
ne sert qu'a rendre le jeune homme en quelque
sorte plus ignorant, et toujours plus malheureux.
La raison eu est simple; seule elle ne peut éclairer
son esprit ni satisfaire son cœur; elle est plutôt,
comme nous avons vu dans notre article précédent,
noe source d'erreurs pour l'esprit, de travers pour
l'intelligence. Il en est de même du cœur qui ne
peut être satisfait aussi longtemps que l'esprit n'est
pas en possession de la vérité qu'il recherche.
En effet que produit ordinairement la science
humaine sans religion ni morale, n'est-ce pas de
rendre un jeone homme hautain, indiscipliné,
emporté, plein de lui-même pour ne rien dire de
plus? Et n'eussions-nous pour preuve que les
maisons d'éducation ou la religion est bannie,
ce serait une preuve assez forte pour dessiller les
yeux aux moins clairvoyants. Que remarquons-
nous ordinairement dans ces sortes de maisons, si
ce n'est une suffisance pleine d'arrogance; suffisance
qui porte b eovier les plus hautes dignités, les
postes les plus brillants; suffisance qui fait mépriser
toutes les lois, insulter b toutes les autorités;
maximes paradoxales du dix-huitième siècle, ni les
élncabérations panthéistiques et radicales de notre
époqne, ne pourront satisfaire le cœur dn jenne
homme, ce cœnr est bien mieux rempli par les
sublimes leçons et les sublimes espérances dont
seul le catholicisme possède le trésor.
D'ailleurs l'édocalion religieuse ne repoosse pas
les maximes des sages, b quelque siècle et b quelque
école qu'ils appartiennent; mais cette source
unique ailleurs, est encore enrichie chez elle par
la inorale de l'Évangile.
Nous concluons, que sans on enseignement radi
calement religieux, il n'y a point de vérité com
plète, point de vraie lumière, point de science
profonde capable de satisfaire l'esprit et le cœur dn
jeune homme; mais la religion et la morale se
joignent-elles b l'instruction, tont rentre dans
l'ordre, et l'esprit et le cœur du jeune homme sont
satisfaits. Par conséquent l'éducation religieuse seule
peut atteindre le premier but que nous avons
indiqué daDS notre n'" précédent; de rendre
le jenne homme vraiment intelligent, en loi don
nant la vérité, rien que la vérité.
{La suite un prochain n'.)
r obo
On nous écrit de Lonvain, le 34 novembre
Je me bâte de vous donner la description du
grand banquet, que les étudiants de l'Université
catholique ont donné hier, mercredi, b Mgr. de
Ram et an corps professoral et qui a dignement
clôturé les fêtes du 35* anniversaire de cette
grande institution nationale. Plus de 5oo convives,
y compris une soixantaine d'anciens étudiants et le
corps académique, remplissaient la belle salle de
notre Société de la Table Ronde, que la Commis
sion avait mise b la disposition des étudiants. Mal
heureusement le local ne pouvant pas contenir un
plus grand nombre de personnes, aucune publicité
n'avait été donnée dans les journaux b cette mani
festation, pour ne pas être dans la pénible néces
sité de refuser les demandes d'anciens étudiants, an
oombre de plus de 3,000 dispersés dans tous les
pays. Ou s'était dooc borné b quelques invitations
particulières, et on avait clos de bonne heore les
listes ponr les étudiants actnels de l'Université,
dont beaucoup n'ont pu être inscrits faute de place
et malgré leurs vives réclamations.
La salle avait été décorée avec goût et orne'e des
drapeaux de tous les pays étrangers qui comptent
des étudiants b Louvain la France, l'Angleterre,
la Hollande, la Suisse, le Luxembourg, la Prusse,
les États-Unis y étaient représentés. Au lond, sur
l'estrade de l'orchestre se trouvait la statue du
Roi, entoure'e d'arbustes et de fleurs; les immen
ses tables étaient richement garnies.
Dans le but de rendre la fête plus agréable b
tout le monde, les étudiants avaient résolu de se
réunir par sociétés, dont chacune avait un chef de
file et qui se plaçaient ensemble. Le corps acadé
mique, présidé par Mgr. de Ram, occupait la table
d'honneur, b laquelle trois membres de la commis
sion directrice avaient pris place. A cinq heures,
lorsque tous les étudiants eurent pris place, le corps
académique fut introduit dans la salle, au son de
la Brabançonne, jouée par un fort bon corps de
mnsiqne, qui était placé dans les galeries supé-