43me Année.
Mercredi 22 Février 1860.
No 4,423.
22 Février.
LE PROPAGATEUR.
POUR LA VILLE 6 FR. PAR AN,
4 FR. POUR 6 MOIS, 2 50 POUR
TROIS MOIS.
FOI CATHOLIQUE. CONSTITUTION BELGE.
POUR LE DEnORS FR. 7-50 PAR
AN, 5 FR. POUR 6 MOIS, 2-75
POUR 5 MOIS.
7 F. 22
REVUE l'OLII IQUE.
M. Thoovenel u'en est point resté cette pre
mière dépêche, doot nous avons rendu compte
dernièrement, et dans laquelle il s'était dooué tant
de peine pour rejeter, au mépris de la vérité et du
bon seos, tous les torts sur le gouvernement du
Saint-Père. Il a repris sa thèse dans une lettre a
M. de Graniont, ambassadeur Home, et publiée
par le Moniteur.
Après avoir parlé de la sagesse et de la néces
sité des conseils donnés au S'-Siégepar le chef du
gouvernement français, M.Thouveoel déclare qu'il
est plus qu'urgeot, s'il en est temps encore, que le
gouvernement pontifical, reconnaissant le caractère
vrai de la situation, abandonne le terrain religieux
sur lequel il s'est placé, pour revenir "sur le terrain
des intérêts temporels seuls véritablement engagés.
A cette condition, ajoute le ministre, le gouverne
ment impérial pourrait encore prêter son appui h
une politique conciliante.
Il s'agit donc de faire peser sur le Souverain-
Pontife la responsabilité de la situation des États -
Romains, et la dépêche le dénonce a l'Europe
comme étant l'auteur de tout le iual par l'opiniâ
treté qu'il a mise a repousser les conseils de l'Em
pereur. «Ce rôle de donneur de conseils, observe
h ce sujet un écrivain politique, est facile. Rien de
plus aisé que d'affirmer que si l'on avait suivi tel ou
tel plau de conduite, les embarras où l'on se trouve
actuellement auraient été évités. Mais est-ce
bien Napoléon III qu'il appartient de faire un
grief Pie IX, de ce qu'au sortir de la tourmente
révolutionnaire de 184g, il ne se soit pas hâté de
rétablir daos ses États le régime constitutionnel?
L'empereur des Français, lors de sou avènement,
fit espérer un retour plus ou moins rapproché la
liberté politique et cependant la compression
gouvernementale semble gagner encore en inten
sité. Si donc le gouvernement français se réserve
lui-même le droit de décider quelle époque la
liberté devjeudra possible en France, le gouverne
ment romain est le meilleur juge du moment où
elle le deviendia dans les États Pontificaux. On
prête ce sujet M.Thiers un mol aussi juste que
piquant Je ne savais pas que la liberté politique
fut une denrée assez commune eu France pour
qu'on en fît un objet d'exportaiiuu. a
Remarquons ici, avec un publiciste, que le Pape
n'avait pas seulement compter avec ses sujets,
mais avec un voisin puissant et ambitieux le
Piémont qui convoite de longue main la Roma-
gue, et d'une conspiration révolutionnaire qui a
des ramifications eu Italie et que l'ambition plé-
montaise excite et soudoie au besoin. Les conces
sions réclamées du Pape, c'est-dire une adminis
tration séparée pour les Légations, avec un gouver
nement laïque entoure d'un cunseil formé par
l'élection, ces concessions n'eussent rien pie'venu,
et n auraient servi, en quelque sorte, que d'étape
a une séparation complète des Rornagnes pour
aboutir a la déchéance totale de la puissance tem
porelle. Témoin Pie IX lui même en 1847 et
i848; témoin la duchesse régente de Parme, dont
la sagesse, l'esprit libéral de gouvernement d'ooI
point empêché la révolution d'éclater dès que les
circonstances ont permis aux factieux d'opérer le
mouvement qu'ils tramaient depuis longtemps.
Ce qui gène, ce qui vexe avant tout le gonverne-
meot impérial c'est l'attitode énergique prise par
le clergé et tout le parti catholique. Le pouvoir se
trouve engagé dans une voie où il y a des abîmes
et où il doit toujours avancer en frappant ceux qui
veulent l'arrêter; voilà ce qui attriste les évêques
et inquiète les fidèles. Une nouvelle circulaire
ministérielle a donc surgi. Celle-ci émane de
M. Rouland. Adressée au corps épiscopal, elle
énumère les coutumes, les lois, les principes qui
constatent en France côté de l'autorité de l'Église
sur la société religieuse, l'indépendance de l'Etat
régulateur de la société civile. Au surplus l'Empe
reur ne saurait tolérer que la liberté qu'il a
concédée l'Eglise devienne un moyen d'agitation.
Les dissentiments qui se sont élevés entre l'Empe
reur et le Pape ne touchent point aux questions
religieuses, mais seulement aux affaires temporelles.
11 uous paraît inutile de faite ressortir les
meuaces contre l'indépendance de l'Eglise de
France, que recèle cette admonition minislériellej
De graves complications se préparent eu Italie
et menacent encore une fois la paix du monde. Le
Piémont, d^nt toute la politique consiste pêcher
en eau trouble, cherche évidemment susciter
l'Autriche une querelle quelconque. L'idée fixe du
gouvernement sarde, qui ne lui laisse point de
repos, c'est de réduire sous sa domination la
péninsule toute entière depuis les Alpes jusqu'au
détroit de Messine.
Des correspondances italiennes du Constitu
tionnel annoncent une circulaire diplomatique de
M. Cav our, par laquelle le gouvernement sarde
protesterait près des grandes puissances contre
l'enrôlement de soldats autrichiens pour le service
de Rome et de Naples, déclarant que, si ces
enrôlements continuent, il y aura lieu a un appel
aux aimes de la part du Piémont. Toujours est-il
que le gou.ernemeut de Turin poursuit activement
ses préparatifs militaires.
D'iuire part, suivant la Gazelle de Cologne, (et
certes le fait n'a rien que de très vraisemblable,}
on se familiariserait Vienne avec la pensée d'une
nouvelle guerre dans la Péninsule.
Les feuilles progressives, pour concilier
au peuple recollé des Romagnes, l'appro
bation et la sympathie du peuple belge, ne
cessent de représenter la révolution de
l'Emilie comme tout fait analogue
l'insurrection belge de 1850. N'est-ce pas
là couvrir d'opprobre une des pages les
plus glorieuses de notre histoire nationale?
Heureusement ce rapprochement porte
faux en effet, qui ne voit clairement, que
la révolution romagnole diffère d'avec la
révolution belge et dans ses principes, et
dans son but et dans ses moyens? Quels
sont donc les principes des révolution
naires romagnols, si ce n'est la négation de
tous les principes d'ordre, d'équité, de
justice? Quel est le but que se proposent
ceux qui excitent les populations de l'Emi
lie, si ce n'est l'anéantissement du pouvoir
temporel du Pape, pour arriver plus facile
ment par là l'extinction de son pouvoir
spirituel? Quels sont les moyens qu'em
ploient les révolutionnaires pour atteindre
ce but, si ce n'est la violence, la spoliation
justifiées par le (ail accompli?Qu'on
examine un insianl par quels hommes,
avec quel argent et quels secours, les ré
cents attentats ont élé commis dans la
Ilomagne, et l'on verra percer la vérité de
ces assertions. Et puisqu'on ose mettre en
parallèle la révolution romagnole avec
celle qui en 1830 a valu aux Belges une
place parmi les nations de l'Europe!
MANDEMENT POUR LE CARÊME.
JEAN-BAPTISTE MALOU,
par la miséricorde de Dieu et la grâce du
Saint-Siège apostolique, Èvêque de Bruges,
prélat domestique de Sa Sainteté et assistant
au trône pontifical, au clergé et fidèles de
notre diocèse, salut et bénédiction.
Nos Très Chers Frères!
Comme les rochers séculaires placés au milieu
des mers, résistent aux flots irrités qui les batteot
de toutes paits et ue les ébranlent jamais, ainsi
l'Église catholique fondée par Notre Seigneur
Jésus-Christ, au sein des nations, résiste depuis
plus de dix - huit siècles aux efforts du paganisme,
de l'hérésie, du schisme, des passious humaines, et
en triomphe toujours.
Ce n'est ni aux combinaisons de la science, ni
aux habiletés de la politique, ni aux prestiges du
pouvoir, ni l'influence des richesses que l'Église
catholique doit cette solidité inébranlable; mais
la main toute-puissanle de son divin auteur qui eu
a placé lui-même la pierre fondamentale. Lorsqu'il
l'établit dans le monde, il promit de rester avec elle
jusqu'à la consommation des siècles; c'est-à-dire
de veiller sa conservation et d'empêcher que les
portes de l'enfer ne prévalent jamais contre elle.
Cette pierre fondamentale de l'Église vous est
connue, N. T. C. F. A défaut d'autre signe, vous
pourriez la reconnaître aux efforts que l'impiété et
l'anarchie dirigent contre elle, pour la renverser et
pour la détruire. Celle pierre c'est l'autorité
suprême du successeur de S1- Pierre c'est le pou
voir spirituel du souverain Poutife; c'est le droit
de gouverner, d'administrer et de diriger l'Eglise
universelle, dont jouit le Vicaire de Jésus-Christ;
c'est la juridiction, plus vaste que celle des Rois et
des Empereurs, dont se trouve investi le pasteur des
pasteurs; juridiction quis'élend toutes les coutrées
du monde, et qui, dépassant même les bornes de
cet univers, sert ouvrir et fermer les portes du
Ciel.
Le souverain Pontife a donc élé placé la tête
du bercail de notre Seigneur Jésus-Cbtist et il en
est seul le premier pasteur. Tous ceux qui appar
tiennent au troupeau fidèle doivent donc vivre
sous la houlette de ce berger spirituel et lui rester
unis par la communion ecclésiastique; c'est-à-dire