43me Annee. Samedi 25 Février 1860. A° 4,424.
4 FR. POUR 6 MOIS, 2 50 POUR FOI CATHOLIQUE. CONSTITUTION BELGE. AN, 5 FR. POUR 6 MOIS, 2-75
3 S 25 Février.
REVUE POLITIQUE.
LE PROPAGATEUR.
POUR LA VILLE 6 FR. PAR AN, POUR LE DEIIORS FR. 7-50 PAR
TROIS MOIS. POUR 5 MOIS.
La triste impression que la circulaire du ministre
des cultes, M. Rouland, a produite parmi les
catholiques français, est loin d'être effacée. Le
Siècle a bien caractérisé celte pièce, en déclarant
qu'elle est la copie exacte de tous ses articles
publiés sur l'altitude des é.èques.
M. Billault, ministre de l'intérieur, est venu
renchérir en quelque sorte sur son collègue, dans
une circulaire adressée aux préfets. Cette lettre est
une menace l'adresse de ceux qui distribuent des
brochures contre la séparation des Romagnes, et
des membres du clergé qui feraient en chaire des
allusions a cette question.
Une troisième circulaire es! encore attendue,
celle-ci émanant du ministère de la justice et
annoncée déjU dans la circulaire de M. Billault. On
pense qu'elle sera écrite peu près dans le même
ordre d'idées que celle du ministre de l'intérieur,
dont elle sera la confirmation juridique. Aussi le
Siècle triomphe, et déclare que le gouvernement
qui vient d'aborder la plus grande question que
Dotre temps ait résoudre, aura toutes ses
sympathies.
Il n'est plus de doute que la Russie et la Prusse
ne se soient déclarées contre la spoliation des Étals
de l'Italie centrale, que méditent les cabinets de
Londres et de Paris, et que le Piémont brûle
de consommer. On dit également que les deux
cours du nord proposeraient des conférences entre
les cinq grandes puissances pour le règlement des
affaires d'Italie. Un rapprochement s'opère d'ail
leurs entre l'Autriche, la Russie et la Prusse.
Toutefois la lutte parlementaire, engagée en ce
moment a la Chambre des Communes d'Angleterre,
lient encore en suspens les deux partis. On conçoit
la portée immense que dans les circonstances actuel
les doit avoir sur les résolutions éventuelles des
puissances, de la France surtout, le triomphe, soit
du cabinet de Palmerston, soit de l'opposition
conservatrice. Au reste, c'est au retour du traité de
commerce anglo-français que se vide ce grand
débat, dont l'objet principal est bien plutôt la
question italienne et romaine. Dans un vote préli
minaire, le ministère a obtenu une majorité de 293
voix contre 23o. Mais le vote ne portait que sur
une question de forme et n'a pas une importance
décisive.
Une correspondance de Modène signale les actes
d'oppression, commis par le gouvernement du
dictateur, et cite, eotre autres, un décret qui
ordonne a quiconque veut écrire un émigré, de
porter sa lettre ouverte la police, qui décide si
cette lettre peut ou ne peut pas être envoyée.
C'est encore le même gouvernement qui vient de
supprimer la société de S'-Vincent dont le donbie
crime c'était, en premier lien, d'avoir pris tâche
la conservation de la foi et des mœurs au sein d'une
population misérablement exploitée par un ramas
d'étrangers sans ptincipes, c'étaient ensuite d'avoir
servi naguère d'iutermédiaire "a la bienfaisance
inépuisable du duc proscrit.
Le remarquable discours prononcé au Sénat par
Mgr le duc de Brabant reçoit dans la piesse étran
gère les éloges les plus mérités. En France notam
ment, les journaux de tonte nuance, le Constitu
tionnel, VUnion, les Débals s'accordent rendre
hommage la justesse des idées, a la grandeur des
aperçus qui distinguent le travail du noble orateur.
Mgr le Comte de Flandre arrivera en celle ville
mardi prochain et descendra chez M. le Baron
Mazeman, sénateur. S. A. R., en sa qualité de
général commandant une brigade de grosse cava
lerie, vient inspecter les deux escadrons du 2°
cuirassiers, en garnison en cette ville. S. A. R. se
présentant comme général et non comme prince, il
n'y aura pas de réception officielle. Après l'in
spection, Mgr le Comte de Flandre réunira en un
banquet l'hôtel de la Têle d'Or, le corps d'offi
ciers du 2e cuirassiers. Le départ de S. A R. est fixé
pour le même jour.
Le Sénat a discuté mercredi le budget de l'inté
rieur. Quelques observations ont été présentées sur
le rétablissement du grade d'élève universitaire
M. de Rasse a parlé en faveur de ce rétablissement,
qui a été combattu par MM. de Ribeaucourt, de
Selys et Dellafaille. Le ministre de l'intérieur a
déclaré que, dans le courant de celte session, serait
présenté un projet de loi rétablissant ce grade.
Il a aussi fait connaître qu'il déposerait inces
samment un projet portant révision des lois sur la
milice.
Un assez vif débat a eu lieu sur un amendement
présenté par MM. De Block, d'Omalius, Vau de
Woestyne, Dellafaille et de Lacoste, tendant h
supprimer le crédit de 12,000 fr. alloué par la
Chambie aux cours normaux de l'État. Cet amen
dement a été rejeté par 29 voix contre 16.
M. le prince de Ligne, président du Sénat, est
parti pour l'Italie. Sou absence durera un mois et
peut-être plus. Le voyage du prince, au milieu de
la session parlementaire, et sans qu'on puisse lui
assigner aucun but politique, est la source de beau
coup de commentaires.
Les gens les mieux informés n'y voient qu'une
preuve de plus de l'état de froideur dans laquelle
sont tombées, depuis quelques mois, les relations
du prince avec le ministère.
M. le comte de Cltambord vient d'adres
ser de Venise, la lettce suivante M.
Villemain
Veuise, 25 janvier.
Le comte de Chambord M, Villemain,
Vous venez, monsieur, de rendre la Religion
et la société un service dont, pour ma part,
j'éprouve le besoin de vous remercier, Une politi
que ténébreuse a cru le sens moral assez affaibli et
l'opinion suffisamment comprimée pour pouvoir
impunément, sous une vaine apparence de zèle et
une feinte douceur, justifier, encourager, favoriser,
après avuîr formellement promis de l'empêcher,
une odieuse spoliation, dont la conséquence inévi
table serait de remettre bientôt la force la place
du droit.
Eu effet, quelle possession plus antique, plus
légitime, plus digne par sa faiblesse même de tous
les respects, plus souvent garantie par les traités,
plus universellement proclamée nécessaire au repos
du monde, que le domaine temporel de la Papauté
Comment ne pas reconnaître dans cette œuvre des
siècles une disposition de la Providence qui a voulu
assurer par l'a au chef de l'Église, source principale
et centre vénéré de la civilisation chrétienne,
l'indépendance spirituelle dont il a besoin pour
remplir sa sainte et saiutaire mission! Qui ne
comprend qu'annuler un droit si sacré,c'est annuler
tous les droits; que dépouiller le souverain dans la
personne du successeur de saint Pierrec'est menacer
tous les souverains, et que renverser son trône dix
fois séculaire, c'est saper le fondement de tous les
trônes?
Il est triste de voir la France setvir d'instrument
contre sa conscience, son cœur, ses traditions, tous
ses intéiêts, des entreprises qui ne peuvent
aboutir qu'à de nouveaux bouleversements. Aussi,
dans ce commun pétil, aux voix épiscopales qui ont
jeté le cti de douleur n'ont pas tardé se joiudre
d'autres voix non moins courageuses non moins
zélées pour soutenir la cause du droit et celle de la
liberté confondues et attaquées toutes deux ensem
ble dans leur plus auguste représentant, le Pontife-
Roi
Mais nul ne l'a fait avec plus d'énergie, de raison,
de talent et d'éloquence que l'auteur du remarqua
ble écrit intitulé la France l'Empire et la
Papauté.
Je n'ai pu lire sans en être vivement touché, ce
qu'il dit en finissant au Pontife si doux, si confiant,
si généreux, maintenant abreuvé de tant d'amer
tumes.
Vivez, persistez, souffiez... dans vos droits
ancieus reconnus si longtemps et naguère encore,
vous maintenez, vous défeudez le droit public de
FEurope, l'inviolabilité des faibles puissances et
des titres légitimes. Avec vous, vous aurez la foi
de tant d'âtues catholiques le respect du saint
asile des consciences et l'amour de la liberté véri
table, celle qui croit en Dieu et eu la dignité
morale de l'homme.
Puissent ces belles et louchantes paroles être
euteodues de tous! Combien il est regrettable que
sous l'oppression qui étouffe aujourd'hui au fond
du cœur les plus nobles sentiments, l'abseuce d'une
sage liberté, livrant la merci de l'arbitraire tous
les droits, tous les principes, laisse sans défense,
sans protection, sans aucune garantie les plus chers
intérêts de la France, de la religion, de la société.
Recevez, etc. Signé Henri.
On écrit de Paris la Gazette de Liège
La grande-duchesse Stéphanie de Bade qui vient
de mourir était la personne qui avait peut être le
plus sûrement jugé le caractère de son neveu Louis-
Napoléon aujourd'hui Empereur des Français.
Ce n'est pas le lieu ni le moment de rapporter
ces jugements et de montrer par quelles voies est
passé le fils de la reine Hortense, si contenu, si
dangereux, si compromettant dans sa jeunesse,
pour arriver la condition où nous le voyons
aujourd'hui.
On sait que la duchesse Marie de Bade, fille de
la grande-duchesse Stéphanie, avait dernièrement,