A la date du 23 mars, le ministre de la guerre a porté la connaissance de l'armée que par arrêté royal du i3 de ce mois, le sons-lieute nant Victor-Charles-Ghislain Detournay, du 4' régiment d'artillerie, est déchu de son grade, pour absence illégale de son corps pendant plus de quinze jours. Vendredi 5 heures, ont eu lieu Bruxelles, au milieu d'une immense affluence d'assistants, les funérailles de Joseph Schoofs. Il faudrait remonter haut dans l'histoire de nos vieilles chroniques flamandes pour retrouver un second exemple d'une célébrité populaire pareille la sienne. Joseph Schoofs, modeste maréchal-ferrant du faubourg de Louvaio S'-Josse-ten-Noode est mort il y a deux jours, la suite d'uD malheureux accident, en tombant dans une cave. Il a été transporté au champ du repos avec un appareil funèbre des plus touchants. Ces honneurs lui étaient dus. Il était le célèbre organisateur des divertissements populaires du vieux faubourg de S'-Josse-ten-Noode, et se glorifiait joyeusement du litre posthume de maire du XIII0 siècle. Il était connu de tous, comme modèle du travail et de la récréation. A quatre heures et demie, un cortège nombreux était réuni devant l'hôpital Saint Jean, au moment de la levée du corps. La société d'harmonie de S'-Josse-ten-Noode, avec son drapeau voilé d'un crêpe funèbre, un second corps de musique, com posé d'une cinquantaine d'artistes d'élite et dirigé par M. Paqoe, ouvraient le cortège en exécutant des marches usitées pour ces tristes cérémonies. Venait ensuite le cercueil porté par les doyens et les notabilités des laborieux disciples de S'-Éloy; les coins du poêle étaient tenus par les sommités du métier et des réunions populaires de S1-Josse-ten- Noode. Cinquante mille personnes au moins assis taient au convoi, la plupart appartenant la classe laborieuse et toutes les sociétés populaires de Bruxelles et des environs. Sur le cercueil étaient déposés les insignes que la reconnaissance des habitants du faubourg avaient décernés Joseph Schoofs, avec l'uniforme de maire du XIII' siècle; parmi ces insignes, un ornement simulant la Toison d'Or figurait au pre mier rang. Le cortège s'est avancé lentement pour se diri ger vers le grand cimetière de S'-Josse-ten-Noode, par les boulevards du Jardin-Botanique et de l'Observatoire. La foule était tellement compacte que la circulation étaitdeveuue fort difficile. Arrivé h la porte de Louvaio, le convoi funèbre est des cendu la chaussée de ce nom, jusqu'à l'église de la commune, toujours au milieu d'une affluence de plus en plus considérable. Le faubourg tout entier était en deuil. Des draperies noires se trouvaient suspendues de distance en distance au milieu de la chaussée; les cloches de l'église Saint-Joseph liu- taient le glas des morts. Le clergé de la paroisse communale a donné l'absoute puis le cortège s'est remis en marche vers le cimetière, où plusieurs discours ont été prononcés. La police de S' Josse-ten Noode avait dû se multiplier au passage de ce convoi si extra ordinaire, et l'on a pu constater que tout s'est passé con venablement et avec nn recueillement digne de la cérémonie. Les circonstances qui avaient entouré l'accident dont Schoofs est mort ajoutaient singulièrement l'intérêt qui s'attachait la renommée de cet hom me précieux. Joseph Schoofs avait assisté le jour même l'enterrement d'une personne alliée sa famille. On prête un mot charmant l'un de nos représentants au sujet de la loi abolissant les octrois. Comme on l'interrogeait sur le projet de M. Frère, il répondit sans balancer Je n'y vois au fond que la mise la pension des communes. Le mot a fait fortune. Il a été d'autant plus remarqué qu'il émane d'un homme qui, l'appel nominal, est toujours du parti de la majorité. On a parlé d'une grave indisposition de M. Van Dormael, dépoté de Louvain. Cet honorable membre pourra reprendre son siège la Chambre d'ici peu de jours, s'il ne survient pas de com plications nouvelles dans son état. M. Van Dor mael est, pour ainsi dire, rétabli de son indispo sition. Mgr. Sacré de Merchtem, diocèse de Malines, président du collège ecclésiastique beige Rome, nommé Camérier d'honneur du Pape le i4 février, vient de recevoir une nouvelle promotion de la part de Pie IX. Il a été transféré la classe des Camériert secrets surnuméraires de Sa Sainteté le 15 de ce mois. Un accident est arrivé la semaine dernière dans l'après-midi, Flémalle-Grande (Liège). Le sieur L. W...., fermier, était occupé labourer avec une charrue attelée de deux chevaux dans une terre située au-dessus de cette commune, quand tout coup le terrain s'est effondré, et il a disparu avec ses deux chevaux dans l'excavation formée par cet enfoncement. Il est parvenu sortir du trou, qui, du reste n'est pas très-profond, avec un cheval. Quant l'autre, il a été étranglé par le collier. Dans la Campine on vient de vendre une sapinière raison de trois francs par arbre. Il y en avait deux mille cinq cents par hectare. A trente- deux ans, l'hectare a donué sept mille cinq cents francs; sans compter les éclaircies et le terrain. DÉPÊCHES TÉLÉGRAPHIQUES» DÉPÊCHES FRANÇAISES. Paris, 25 mars. Un traité par lequel le roi de Sardaigne consent sous la réserve de la sanction des Chambres, la réunion de la Savoie et de l'arrondissement de Nice la France, a été signé le 24 mars Turin. Paris, lundi soir, 26 mars. Une dépêche de Madrid annonce que l'Espagne a signé hier, deux heures de relevée, les préli minaires de la paix avec le Maroc. Il y a armistice. ANGLETERRE. Le Morning- Post fait l'histoire des proposi tions concernant la Toscane depuis la paix de Villafranca. Ç'a été d'abord le rétablissement du grand-duc Léopold, ou de son fils. On a proposé ensuite l'élection d'un autre prince, l'exclusion des membres des familles souveraines des grandes puissances. Puis on a mis en avant le fils de la duchesse de Parme, le priuce Thomas, fils du duc de Gênes, avec une régence, le prince de Cariguau avec droit de réversion eu faveur du Piémont, en cas de mort de ce piitice sans héritier. Le Piémont a successivement décliné ces pro positions. La France maintenant propose une administra tion séparée pour la Toscane. FRANCE. M. Villemain, l'érudit et spirituel académicien, est en ce moment fort la mode dans certains salons parlants de Paris. Il est fort recherché, se porte merveille, et cependant il ne se passe pas de jour qu'on ne fasse courir le bruit qu'il est iodisposé plus ou moins gravement. Voici pourquoi. M. Villemain a l'habitude invincible de se retirer chez lui chaque soir dix heures sonnant. Quel que soit le lieu où il se trouve, quel que soit l'intérêt qu'offre la conversation dans laquelle il est engagé, il se lève brusquement, sans plus écouter celui qui parle, sans achever ce qu'il a commencé dire, prend son chapeau et sort comme le moine qui^ aç son de la cloche, s'arrêtait en écrivant et ne terminait pas l'O qu'il avait commencé. Cela est si vrai que dans plus d'une maison, ces brusques interruptions sont acceptées comme des fins de feuilleton qoe l'on reprend au numéro suivant. Les personnes qui ne sont pas initiées ce détail humoristique et hygiénique de la vie du spirituel académicien se persuadent que sa retraite précipitée est le résultat d'un malaise subit. Elles plaignent l'aimable causeur, et, leur tour, sorties du saloD, elles répandent fort ingénuement la nouvelle qoe M. Villemain s'est trouvé tout-à-coop malade et a dû quitter la veille le salon où il se trouvait mais pour recommencer le lendemain. Le Monde publie la note suivante, propos des détails donnés par le Constitutionnel au sujet de l'excommunication dont est menacé le roi de Sardaigoe; nous les reproduisons titre de rensei gnement Le roi de Sardaigne n'a point reçu, ne pouvait recevoir, ni un premier, ni uo deuxième monitoire (1). L'excommunication dont il est ici question est nne censure lalœ sentenlice, a jureelle est encourue par le seul fait, sans monitions préalables, parce que la loi renferme un avertissement perma nent tous les prévaricateurs. Les monitions préalables sont réservées pour les censures commi natoires, sententiœ ferendœ, comme parle l'École. Mais, dans l'espèce, le juge doit pronoocer une sentence déclaratoire après avoir entendu l'accusé, l'Église ne condamnant personne sans l'entendre. En acceptant les détails et les faits avancés par le Constitutionnel, il faut les traduire ainsi en français Pie IX a écrit Victor-Emmanuel une lettre pour l'avertir que ses actes tombent sous le coup des peines portées par les décrets du Concile de Trente et des Souverains-Pontifes, et lui deman der connaissance des raisons pouvant atténuer ou justifier sa conduite. La réponse royale n'ayant pas paru acceptable, le juge a prononcé la sentence déclaratoire qui constate, l'extérieur, que le Roi est réellement atteint par les foudres de l'Église. Mais avant cette sentence (le second monitoire du Constitutionnel), il était déjà personnellement frappé. Maintenant nul ne peut en ignorer. Seulement, le Saint- Père, pour ne pas inquié ter les consciences des sujets catholiques, permet de regarder le souverain comme un excommunié toléré et non dénoncé. Leurs rapports avec le maître ne les exposeront poiut encourir l'excom munication mineure. Pie VII avait fait les mêmes réserves miséri cordieuses dans sa bulle du 10 juin 1809, pour un cas analogue. Mais celte indulgence du Pape n'est qu'en faveur des fidèles; le coupable est toujours obligé de se conduire comme excommunié, la censure ayant tous ses effets par rapport lui. Un avare de nos environs, dit Autorité de Duukerque, habitait hors barrière une maison peu sûre. Placé eotre l'horrible alternative de se voir dévaliser ou d'acheter et de nourrir un chien de garde, il avait fini par inventer un moyeu terme: c'était de s'apprendre soi-même aboyer de façon effrayer les rôdeurs de nuit. Subterfuge inutile! Un jour, il trouva sous sa porte une som mation du percepteur des contributions d'avoir payer 10 fr. d'impôt pour son nouveau chien de garde I On écrit de Saint-Brieuc, au journal le Monde, qu'une brochure en langue bretonne, publiée par M. l'abbé Lemeur,' sur la question romaine, vient d'être saisie chez M. Prudhomrae, imprimeur Saint-Brieuc (1) Lisez munition. Le monitoire n'est pas adiessé aux coupables, mais aux tideles, pour les obliger révéler ce qu'ils savent sur certains faits.

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Le Propagateur (1818-1871) | 1860 | | pagina 2