43me Année. Samedi 7 Avril 1860.
JEHAN DE LA CAMBE.
pour la ville 6 fr. par au, potr le dehors fr. 7-50_par
4 fr. pour 6 mois, 2-50 pour foi catholique. constitution belge. as, 5^fr. pour 6 mois, 2-zo
trois mois. pocr 5 mois.
7?B,aSs 7 Avril.
revee politique.
il
LE PROPAGATEUR.
Les jonrnanx officiels français affirment de nou
veau l'occupation prochaine de la ville éternelle
par les troupes de Naples. Cédant aux conseils du
gouvernement impérial, M. de Cavour aurait con
senti k ne point protester contre l'entrée des
trottes napolitaines dans les Etats romains. Le roi
des Deox-Siciles, de son côté, déclarerait que cette
intervention ne constituait pas un danger pour
la Romagoe ni une menace contre les forces
militaires piémontaises qui occupent ce pays.
Un article du Constitutionnel cherche a prouver
que le gouvernement de France et la France elle-
même n'étaient point excommuniés. La démonstra
tion do Constitutionnel est vivement rétorquée
par les amis du Siècle qui haussent les épaules
devaot la pusillanimité de la feuille officieuse. Ces
derniers se tiennent pour hien et dûment excom
muniés et s'en font gloire. Penser autrement,
d'après eox, ce serait adopter uue politique puérile.
Quand nous serions tousexcoromuniés, s'écrient-ils,
a qui cela ferait-il du mal? Après tout, il y a de la
fraocbise dans cette incurable impiété, et l'on se
surprend, chose inouïe! k préférer cette impudence
de l'athéisme, préférable k l'hypocrisie de ceux qui
se jouent de tontes les choses sacrées, en ayaot l'air
de les respecter.
M. Louis Veuillot a été arrêté dans la journée
du 3 avril en arrivant k Paris. On a saisi sur lui
plusieurs correspondances, et les dépêches mêmes
adressées an nonce par la Cour de Rome. Ces
dépêches ont été remises daos la soirée au nonce.
On ne dit point si elles avaieut été lues. M. Louis
Venillol a été mis en liberté, mais on loi a demandé
la promesse de se présenter k la première réquisi
tion.
(suite et fin.) Voir le n° 4*4^5 du Propagateur.
LA FAMINE.
Vingt ans s'étaient écoulés, apportant avec enx
les graves enseignements et les mélancoliques
leçons de l'expérience. Comme autrefois, Jehan de
la Cambe habitait Lille; comme autrefois, il était
riche et considéré rien n'était changé dans sa
posilionextérieure; maisune transformation entière
s'était faite dans le fond de son âme. Détaché du
monde et de ses illusiousson cœur, vide de
l'amour des créatures, s'était rempli d'nn immense
amour pour Dieu et pour ses frères, et chaque jour
cette ardente charité s'épanchait en raille actes
admirables de foi, de compassion et de ferveur.
Non content d'orner avec magoificeoce les saints
autels de contribuer k la piété publique par
L'eglise de Saint-Sauveur Lille doit la munificenoe
de Jehan de la Cambe un très-riche ornement en velours
rouge, qui existait encore au dix-huitième siecle, et qui a été
vendu ou lacéré pendant la révolution. <t Après les atrocités de
la révolution française, rien de plus triste que ses bêtises,
disait, il y a peu de temps, un spirituel archéologue.
M. Louis Veuillot, d'après la Patrie et le Pays,
n'a pas été arrêté. Mais on a saisi des papiers
qui ont été mis sons la main de la justice. Admi
rez l'iosinuation qui résulte du rapprochement de
ces deux faits. Il est évident qne M. Louis Veuillot
est coupable et qu'on lui pardonne.
Les journaux anticatholiques sous prétexte de
libéralisme, éprquvent depuis quelque temps désa
gréments sur désagréments. Ç'a d'abord été le
fameux massacre commis par les gendarmes du
Pape, réduit par l'ordre du jour du général de
Goyon k ses proportions véritables. Ç'a été ensuite
l'incident de l'enlèvement des armes de Savoie k la
maison du consul piémontais de Pezzaro, que les
journaux libéraux italiens ont été forcés de démen
tir eux-mêmes.
Aujourd'hui, après avoir fait un tableau si
sombre de l'irritation qui règne en Sicile, après
avoir répété que le pouvoir du Roi n'y tenait pins
qu'à un fil, les journaux anti-catholiques sont forcés
de coovenir que la tentative faite par quelques
factieux k Palerme a complètement échoué et qoe
les iosurgés n'ont point trouvé de concours chez
la populatioD dit l'Indépendance.
Voici ce qui complétera la déconvenue des
organes de la révolution. La Patrie, dans une note
signée du secrétaire de la rédaction, dit que la Sicile
est tranquille, malgré les excitations des agents
anglais, qu'il est impossible de ne point sigoaler.
On assure, ajoute la Patrie, que des étrangers
cherchent k organiser en Sicile un parti qui deman
derait son annexion k l'Angleterre. C'est sans
doute un moyen de répondre k l'annexion de la
Savoie.
L'exemple des lies-Ioniennes, qui sont sous les
yeux des Siciliens, donne peu de chances de succès
aux idées anglaises. Toutes les puissances, dit la
Patrie, n'en doivent pas moins veiller pour
empêcher les désordres que peuvent occasionner
ces excitations.
des fondations pleines de zèle, il s'était fait le père
et le nourricier des indigents; toute la tendresse
que les saints ont eue pour les pauvres, ces digni
taires de l'Église de Jésus-Christ, affluait aussi dans
son âme. Les veuves, les orphelins, les infirmes,
les délaissés, conuaissaient le chemin de cette
grande maison, au seuil de laquelle ils étaient
toujours bien accueillis, et dorn les valets, dociles
aux intentions du maître, leur oflraieut un visage
compatissaot et des mains secourables. Ce fut sur
tout durant une grande famine qui désola la
Flandre, vers l'année i46i, que Jehan de la
Cambe manifesta ces trésors de charité qui faisaient
de loi le refoge des misérables. Dieu, dont la
bonté est l'essence, met dans le cœur de ses élns
quelque étincelle de cette compassion miséricor
dieuse, afin que les affligés et les malheureux ne
puissent pas douter de sa providence, dont ils
trouvent ici-bas une image visible. Heureux celui
qui ouvre son cœur k cette grâce! heureux celui
qui veille sur les besoins des pauvres; car le
Seigneur le délivrera au jour mauvais, le Seigneur
retournera son lit pour soulager ses infirmités
(Ps. XL.)
La famioe se prolongeait et la détresse angmen-
tait de jour eo jour; et tant de misères assiégeaient
L'émente de Palerme, honteusement avortée,
était sans doute la première tentative de ce parti
étranger.
Un mouvement carliste a éclaté en Espagne. Le
général Ortega avec 3,ooo hommes a proclamé
Roi don Carlos. Anx dernières nouvelles le mou
vement était concentrée k Tortose, ville située
près de Valence.
On ajoute que lorsque les troupes ont appris
qu'Orlega les avait trompées sur leur destination,
elles ont refusé de marcher et elles ont répondu au
cri de Vive Charles VI, par celui de Vive la
Reine! Ortega prit alors la fuite avec quatre
personnes inconnues; il fut poursuivi par ses trou
pes elles-mêmes. On a espérance de capturer
Ortega. Les troupes trompées ont fait leur soumis
sion; elles sont arrivées k I.érida. Les îles Baléares
sont paisibles; la nation entière est tranquille.
Tons les députés présents k Madrid ont présenté k
la Reine leurs protestations de dévouement.
Les dépêches espagnoles avouent que le général
Ortega a pu échapper jusqu'ici aox recherches des
aotorilés restées fidèles k la reine Isabelle. Cette
particularité est déjk un indice des ramifications du
complot dans les localités voisines de Tortose que
le comte de Montemolin et le prince Ferdinand
parviennent k prendre position dans le pays, et il
est indubitable, disent les nouvellistes qne nons
écoutons, que l'insurrection pourra se propager et
ne pas se terminer en fin de compte aussi facilement
qu'on aime k l'espérer k Madrid.
Le télégraphe nous apporte aujourd'hui des
nouvelles qui prouvent que l'entente cordiale de la
France et de l'Angleterre a fait place k une anti
pathie ouverte la Patrie, de Paris, publie un
article dans lequel le cabinet anglais est formelle
ment accosé d'exciter des troubles en Sicile, et d'y
avoir formé un parti qui demanderait l'annexion de
cette île k l'Angleterre. Le journal semi-officiel
BMMMTER «IliWM
chaque jour la maison et le cœur de Jehan, qne ses
ressources, quoique grandes, commençaient k
s'épuiser. Ses greniers étaient vides le blé qu'ils
renfermaient avait été semé, d'une main libérale,
dans le sein affamé des pauvres; et pourtant, k
chaqne heure, de nouvelles infortunes venaient
frapper k cette porte toujours hospitalière et bien
veillante. Jehan donnait k ces malheureux les der
nières provisions de sa cave les derniers écus de
son épargne, et nul encore de ceux qui venaient au
nom de Jésus Christ n'était parti les mains vides.
Les domestiques murmuraient parfois; Pierron
surtout, le vieil écuyer, disait Notre maître
nous réduira k l'écnelle et k la besace! Mais ses
gronderies échouaient contre l'inaltérable douceur
et la charité obstinée de Jehan. Un jour, une pau
vre femme vint k la porte, tout en pleurs, pâle,
affaiblie, sollicitant par grâce, pour l'amour de
Dieu, un peu de blé. Ce fut Pierron qui la reçut,
et l'histoire prétend qu'il la reçut assez mal. Cepen
dant il informe son maître de la demande; Jehan
fut touché de compassioD, et il dit k Pierron avec
beaucoup de douceur Va, mon fils, monte au
grenier; balaie, s'il !e faut, le plancher; et le blé que
tu trouveras, tu le donneras k cette pauvre femme.
A ces paroles, Pierron se récria son maître