43me Année. No 4,439. LE PROPAGATEUR POUR LA VILLE 6 FR. PAR AN, 4 FR. POUR 6 MOIS, 2 50 POUR TROIS MOIS. FOI CATHOLIQUE. CONSTITUTION BELGE. POUR LE DEHORS FR. 7-50 PAR AN, 5 FR. POUR 6 MOIS, 2-75 POUR 5 MOIS. 7 S S 18 AVRIL. Ce qui alarme et doit alarmer tous les hommes graves que préoccupe l'avenir du pays, c'est la manie dépensière du gouvernement actuel, c'est la facilité, nous allions dire, la légèreté avec laquelle il décrète coup sur coup les dépenses les plus con sidérables; c'est son imprévoyance, c'est sa témérité qui le poussent rejeter tout conseil contraire ses vues. En moins d'un an, nous avons vu apporter b la législature Le projet colossal de fortification d'Anvers et d'exécution d'immenses travaux publics. Une soixantaine de millions odI été afTeclés b ses ouvra ges, et les excédants, quoique problématiques, des recettes ont été engagés; Le projet d'abolitiou des octrois qui enlève annuellement b l'Etat trois millions et demi de ses revenus; Le projet qui alloue un million et demi de francs b la création d'une marine militaire Des budgets qui tous comportent de fortes augmentations. Celui de la guerre pour 1861, si on tient compte de l'année bissextile actuelle, présente uueauginentation réelle,de 100 mille ftancs. Eu outre, on annonce pour la rentrée de la Chambre la présentation i" d'un projet décrétant encore de grands travaux publics; 2® une loi allouant des fonds considérables pour l'établisse ment d'une école d'agriculture centiale. Nous sommes loiu d'avoir éuuiuéré ici toutes les dépenses extraordinaires que les Chambres ont votées et auront b voter encore dans la session actuelle; mais ce qui précède suffit déjà pour justi fier les appréhensions des hommes sérieux sur l'avenir financier du pays. On voit, d'un côté, sans cesse aggraver la dette publique, le ministère engage les exercices futurs et lègue b ses successeurs des embarras inextricables de tout genre. D'autre part, il y a des intérêts très-respectables qu'il néglige et que, dans un avenir peu éloigné, il faudra satisfaire. Comment? Nous l'ignorons, et nos petits hommes d'Étal l'ignorent comme nous, car ils agissent comme ces fils de famille prodigues qui, dépensant leur patrimoine sans souci de l'ave nir, s'écrient Apres rnci le déluge! A la moindre crise financière, commerciale ou alimentaire, il est b craindre que la Belgique ne portela peinedela prodigalité et de l'imprévoyance, de ses gouvernants étourdis. Patrie de Bruges.) On vient de distribuer b MM. les membres de la Chambre des Représentants le tarif général des droits d'octroi en vigueur en i858, avec la statisti que de leur produit pendant la même année. Il y avait en Belgique, pendant cette année, 78 villes soumises b l'octroi. Pour ces villes, les droits d'octroi se sont élevés b la somme de 12,116,311 fr. 5g c. Seuie la ville de Bruxelles a perçu 2,975,018 fr. 67 c.; Gand, i,555,5o8 fr. 74 c.; Anvers, 1,389,467 fr. 2 c.; Bruges, 464,762 fr. 67 c.; Courtrai, 158,189 fr. 54 c.; Alost, io5,3o6 fr. 27 c.; Hasselt, 94,695 fr. 5t c.; Liège, 1,485,819 fr. 55 c.; Louvain 385,942 fr. 28 c.; Malines297,628 fr. 96 c.; Mon», 349,942 fr. 45 c.; Namnr, 220,557 fr.; Ostende, 173,331 fr. 74 c.; S'-Nicolas, 164,990 fr. 5 1 c.; Tournai, 326,5i2 fr. 8 c.; Turnhout, 343,o37 fr. 75 c.; Ypres, 129,001 fr. 4 c. La Chambre des Représentants a repris ses travaux, hier mardi 17 avril, b 2 heures. Son ordre du jonr comprend les objets suivants Tirage des sections. Code pénal, lit. V. liv. II (0" 33 et g5). Feuilleton de pétitions, n® 8 (n® 89). Budget des dotations pour l'exercice 1861 (u° 96). Budget des non valeurs et des rem boursements pour l'exercice 1861 (n® 99); droit d'entrée sur les moules (n® 100); droit d'enregis trement auquel est assujetti i'acte de naturalisation du sieur d'Omon (n* 101). On lit daus une correspondance particulière Au milieu des sombres perspectives du moment, le regard des catholiques s'arrête avec bonheur sur le général de Laraoricière, debout auprès de Pie IX. L'épée de Pie IX ne pouvait reposer entre de plus nobles mains. Le général est content de ce qu'il a vu, il a trouvé b Ancône, b Rome, tous les éléments d'une excellente armée, de beaux hommes, des officiers pleins de dévouement. Le cheval est bien équipé, écrivait-il, il y a quelques jours, bien harnaché, bien sellé, et il ne lui manque que du cœur au ventre, nous lui en dounerons. L'efTtoi s'est répandu dans les antres de la démagogie; le général exprimait encore cette pensée, avec une gaîté française qui le caractérise si vivement. Avant mon arrivée b Rome, on émentier coûtait 3osons; aujourd'hui le comité révolutionnaire De trouve plus des émeutiers qu'b 5 francs. Je puis vous certifier que ces paroles sont authentiques. Le général de Lamoricière est parti, non-seule ment en miIitaire intrëpide, mais en chrétien achevé. Il écrivait b son noble ami, le général Bedeau, en ce moment b Nantes: Mon cher ami, vous serez étonné de ma résolution; elle m'aurait étonné moi-même, il y a quelques jours. Je pars, parce que le Pape m'appelle; je pars, parce que mon devoir me le commande; je ne sais pas si je réussirai, je sais seulement que si je meurs b la >1 peine, Dieu daignera peut-être m'adraettre b la récompense éternelle. Le gouvernement français a accordé an général de Lamoricière, l'autorisation de prendre le com mandement des troupes pontificales. C'est le noDce qui l'a demandée et obtenue. Causant avec l'Em pereur du départ du général, il lui dit Que me répondrait Votre Majesté, si je lui demandais l'autorisalion de prendre do service auprès du Pape. Eh! bien, je n'y verrais pas d'incon- vénienls. Je vous la demande, sire, reprit le nonce. Elle fut, séance tenante, accordée. Le général de Lamoricière n'a voulu par lui- même faire aucune démarche. Il écrivait b uo de ses amis Je ne demanderai pas l'autorisation. Si je dois perdre ma nationalité, j'en serai fâché, mais je m'en consolerai. Je sois sûr qu'b mon entrée dans l'autre monde, Saint-Pierre ne me rejettera 'pas, parce que de Français je suis devenu Romain. Cette noble détermination du général Lamori cière continue b produire le meilleur effet et les meilleurs résultats. Je vous ai déjb parlé de l'appro bation qu'elle rencontre chez les chefs du parti libéral, M. Dufaure, M. Duvergier de Hauranne, M. Thiers. Les membres les plus éminents de l'armée ne tiennent pas un autre langage; un de nos jeunes généraux les plus distingués, dont un motif de prudeoce m'engage b vous taire le Dom, un des nos glorieux blessés de Sébastopol, un de nos héros de Solferino, disait devant moi Je ne connais que deux hommes en ces temps-ci, Mgr Dupanloup et le général de Laraoricière. Et un personnage de beaucoup d'esprit qui se trouvait Ib, ajoutait: Bientôt on les confondra l'un avec l'autre, on dira Mgr Lamoricière et le général Dupanloup. Je ne peux m'empêcher de vous mentionner enfin une très belle lettre, qu'une femme entourée des respects de l'Europe entière, Mm® la duchesse de Parme, vient d'écrire sur le même sujet. Ua jeune exilé de Parme, qui habite Paris, l'avait consultée sur son intention d'aller rejoindre le géoéral de Lamoricière b Rome; la princesse loi répondit: Mon enfant, je voudrais pouvoir vous aider dans la noble résolution que vous prenez, je veux vous envoyer du moins la seule chose que je puisse vous donner, ma bénédiction rna- ternelle. Allez défendre un saint sous la conduite d'un héros ESAii ET LES LENTILLES. Il y a un an, lorsque les soldats français ont traversé Nice pour aller en Italie, je me suis, entre les premiers, mêlé b l'enthousiaste accueil qui leur a été fait. Il en a été de même lorsqu'une partie de l'armée victorieuse a repassé par Nice. Pourquoi hier, le 1" avril, suis-je resté enfermé dans mon jardin, pendant l'entrée des soldats français faisant également partie de l'armée d'Italie? Certes, ce n'est pas que j'aie moins d'admiration, moins de tendresse pour ces braves soldats pour ces brillants esclaves du devoir. Ce n'est pas que j'aime moins l'aspect de ces mâles, francs et gais visages, que j'ai moins de plaisir b serrer leurs loyales et rudes mains. Il y a une autre raison Il y a un an, l'empressement unanime du peuple de Nice avait de la grandeur et de la noblesse; ces acclamations, ces vivats, ces couronnes, ces palmes, ces pluies de (leurs s'adressaient aux braves sol dats qui allaient combattre pour l'indépendance de l'Italie, b la France qui, sans aucun intérêt que celui de la justice, allait faire l'Italie libre jusqu'à l'Adriatique. Aujourd'hui, ce même peuple niçois, beaucoup moius unanime qu'alors et surtout beaucoup moins unanime qu'on ne l'écrit en France, témoigne par ses acclamations de sa joie d'appartenir b la France. Et pourquoi ces populations sont-elles si joyeu ses d'appartenir b la France? Je vous défie d'en trouver vingt-cinq qui atta chent b ce changement de nationalité Une idée noble ou généreuse; qui soient fiers d'appar tenir b la nation qui est sans contredit l'avant-garde de la civilisation et l'ardente ouvrière du progrès. Écoutez-les; Lisez les arguments par lesquels on les séduit leurs vœux, leurs espérances ne s'appliquent qu'b des avantages matériels. On ne leur en présente, on ne leur en promet,

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Le Propagateur (1818-1871) | 1860 | | pagina 1