43me Année. Mercredi 2 Mai 1860. LA PERSÉCUTION. LE PROPAGATEUR. POUR LA VILLE 6 FR. PAR A3, FR. POUR 6 MOIS, 2-50 POUR TROIS MOIS. FOI CATHOLIQUE. CONSTITUTION BELGE. POUR LE DEHORS FR. 7-50 PAR AN, 5 FR. POUR 6 MOIS, 2-75 POUR 3 MOIS. 7??.3S, 2 MAI. REVUE POLITIQUE. Les correspondances de Rome affirment que M. de Corcelles est sur le point de devenir ministre de l'intérieur des États du Saiut-Siége. On sait que cet homme d'État est l'ancien ambassadeur de la République de i848 Rome. Ses opinions reli gieuses s'accordent fort bien, en dépit des révolu tionnaires, avec les idées parlementaires qu'il a toujours professée*. Que diront maintenant nos libéraux d'uo gouvernement auprès duquel M. de Corcelles préside aux affaires de l'intérieur et dont M. de Lamoricière est le général? Des nouvelles tiès-rassurantes arrivent de Sicile. Tout parait calme dans les villes quelques bandes vaincues et fuyardes, errent dans la campagne. Il est é.ident, pour tout esprit impartial et malgré les bruits alarmants dont la presse piémoritaise s'est faite le complaisant porte-voix, que l'insur rection sicilienne n'a pas eu, beaucoup près, l'importance qu'on lui a attribuée. Il est d'ailleurs indubitable que les excitations de l'étranger ne lui ont point fait défaut. Victor - Emmanuel continue son voyage en Toscane. L'archevêque de Pise, Mgr. Corsi, a quitté le chef-lieu de son diocèse au moment de la visite du Roi; il n'y a point eu de démarche offi cielle du clergé. Le public et la Bourse se sont assez préoccupés d'une brochure nouvelle de M. About, le triste contempteur du gouvernement pontifical, intitu lée Nouvelle carte de l'Europe, laquelle on assignait une origine officielle. La presse gouver nementale s'est empressée de démentir cette der nière appréciation et De reconnaît dans l'œuvre de M. About qu'un caractère privé. Ce désaveu sémi-officiel a cependant rencontré bien des incré dules et n'a pu prévenir une baisse 'a la Bourse. (Scitb.) Voir le n° 4>44a d" Propagateur. Les jours, les mois s'écoulaient. La France, toujours ensanglantée plus meurtrie que meur trière gémissait sous le poids d'une domination détestée, préparant sa vengeance, tout en se sou mettant encore. A mesure qu'un nouveau maître arrivait pour gouverner Paris, sa tête était abattue par ceux même qui l'avaient élevé la veille et qu'il fatiguait de ses ciimes. La persécution qui s'étendait sur le pays jadis théâtre unique de fêles et de plaisirs, développa des beautés morales que le bonheur et la tranquil lité font périr. Tombés en un jour du faîte des grandeurs au pied d'un échafaud, des femmes, des enfants, des vieillards y vinrent mourir comme jadis les premiers chrétiens dans l'enceinte du Colyssée. Remplies de souvenirs de la veille, encore parées pour ainsi dire de guirlandes et de fleurs, des jeunes filles, des jeunes femmes allaient la mort comme leurs fêtes. L'une (mademoiselle de Béranger), entendaut condamner sa mère, cria Vive le Roi Les nouvelles reçues de Vienne ne permettent malheureusement plus de douter de la triste vérité. La mort inopinée du ministre des finances, M. de Brock est un suicide: il était impliqué dans les accusations qui ont déjà déterminé le général Eynatten se donner la mort. On sait qu'il s'agit de malversations commises par l'admioislration autrichienne pendant la dernière guerre. Le Constitutionnel fait sur cet événement déplorable les réflexions suivantes: En Autriche, comme partout en Europe aujourd'hui, le rang ne met plus personne 'a l'abri des atteintes de la loi. Les plus élevés et les plus humbles sont égaux devant la justice. Mais, qu'il nous soit permis de le dire, la circonstance actuelle révèle chez l'empereur François-Joseph une énergie la hauteur des plus difficiles devoirs de la souveraineté. Après les désastres du dehors, le jeune monarque autrichien a eu supporter des désastres domestiques. Il lui était réservé d'éprou ver, dans sa propre capitale et autour de sa personne, de nouveaux et douloureux mécomptes. Loiu de défaillir, son courage moral l'a élevé au-dessus de tous ces malheurs. Il a voulu, quoi qu'il pût arriver et contre qui que ce fût, connaître la vérité tout entière. Par cette attitude énergique, Don seulement l'honnêteté triomphe, mais un chef d'État et son gouvernement s'honorent et grandis sent dans l'estime du monde. Les dépêches du Mexique qui nous viennent de Londres,témoignent de celte politique envahissante de l'Angleterre qui dans des vues d'intérêt person nel cherche par tous les moyens s'immiscer dans les affaires des autres peuples. L'ambassadeur britannique aurait proposé un armistice de six mois entre les partis de Miramon et de Juarez. Des élections de députés se feraient dans le pays sous la protection anglaise, ainsi que la réunion d'un congrès où l'on élaborerait nue nouvelle constitu tion. Si ces propositions ne sont pas adoptées au milieu du tribunal, et ses quatorze ans recurent la double couronne de l'amour filial et du martyre. Marie-Antoinette, dont le seul crime fut d'être reine et d'avoir porté une couronne, a souffert bien des morts anticipées avant que le coup de grâce vînt loi apporter le repos. Elle fut grande jusqu'à sa dernière heure. Elle eut le vrai courage de la femme accablée, la faiblesse silencieuse; ses forces étaient épuisées, elle était presque morte avant d'arriver l'échafaud, mais toutes les grâces de la femme se révélaient au milieu de cette faiblesse et d'une dignité que rien ne peut démeolir. Toutes les vertus furent poursuivies; la foi, le sermem, l'honneur, furent obligés de se cacher ou de fuir. Plus de liens, plus de fraternité. Les églises furent dévastées, les croix brisées et profa nées; les prêtres furent rois mort avec une incon cevable furie, le calendrier même remplacé par des noms de légumes et de fleurs. Un homme arrué dans ces horribles jours des extrémités du pôle eût pensé que Dolre France était au pouvoir d'ennemis d'une autre foi et d'une autre nature que nous! et pour achever ces innombrables folies, une femme habillée de mousseline dorée et cou ronnée de fleurs faisait la statue de la raison, au milieu de nos places publiques. Le fils dénonçait Mexico (ce qui est assez probable), le ministre anglais transportera sa résidence Vera-Cruz, centre du parti de Juarez, qu'il reconnaîtra comme constituant le gouvernement légitime du pays. Au reste nous croyoos que l'insuccès de Miramon dans sa récente attaque contre Vera-Cruz n'est point étranger au changement de front que l'An gleterre fait mine de prendre. Un journal se demande ce que penseront les États-Unis de la médiation que propose John Bull. Jonathau et son frère aîné vont se rencontrer sur le terrain toujours scabreux d'une succession h partager. Il est vrai que celte succession n'est pas encore ouverte. Espérons que ce sera le Mexique lui-même qui profitera du eoDflit d'influence qui va, sans doute, s'élever. Monsieur le lieuteDaDt-général Baron Chazal, ministre de la guerre, est arrivé dimanche soir en cette ville, par le train de 8 heures. M. le ministre, qu'accompagnait Mm° la baronne Chazal, a été reçu, sa descente de convoi, par les autorités civiles et militaires de la ville. M. le ministre et les autorités ont pris place dans des calèches décou vertes qui les ont conduits l'hôtel de Monsieur le sénateur Baron Mazeman où ils sont descendus. Un baDquet splendide attendait dans les somptueux appartements de M. le Baron sénateur, M. le ministre, Mm° la baronne Chazal et les autorités. La musique du n* de ligne a donné au général- ministre une sérénade composée des plus beaux morceaux de son répertoire. Le leodemaiD M. le ministre est allé inspecter la caserne de cavalerie et ses dépendances et prendre de concert avec l'autorité civile les mesures néces saires pour le rétablissement de l'école d'équitation. Ensuite M. le géuéral Chazal a reçu chez M. Mazeman, les autorités de la ville, puis M. le ministre est allé visiter la caserne d'infanterie. A heure de l'après-midi, par suite des ordres son père, et le père son fils. Mais pour réparer ces infamies, au sein de nos prisons, un père mourait pour son fils; entendant arriver le geôlier qui demandait le jeune homme C'est moi, dit-il, ne faites pas de bruit, évitez mon père un adieu trop déchirant. Il fut la mort avec joie. André Chénier, victime d'une haine fraternelle, et plus encore de son génie qui était assez pour le faire condamner, mourut vingt-cinq ans, plein de talent et d'espérance. Quel dommage, disait-il en montrant son frontj'avais encore tant de choses-la. Toutes les sciences eurent leurs mar tyrs, toutes les vertus et toutes les grandeurs. On ne voit réellement pas comment ceux qui gouver naient alors se rendaient eocore une si profonde justice, en comprenant ainsi tout ce qui leur était supérieur. Madame Elisabeth suivit de près la reine. Son crime, elle, fut de n'avoir jamais commis de faute. Elle mourut comme un ange, en souriant ses bourreaux. Dans les provinces, la meme persécution s'éten dait sur les mêmes individus. A Quiberon, madame de C***, jeune femme de seize ans, jeune mère de quelques jours, reçut la mort avec son mari; fusillés eo même temps, morts tous deux la même

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Le Propagateur (1818-1871) | 1860 | | pagina 1