43me Année.
Mercredi 16 Mai 1860.
No 4,447.
FOI CATHOLIQUE. CONSTITUTION BELGE.
REVUE POLITIQUE.
EDMOND ET HENRIETTE.
LE PROPAGATEUR.
POUR LA VILLE 6 FR. PAR AN,
4 FR. POUR 6 MOIS, 2-50 POL'R
TROIS MOIS.
POUR LE DEHORS FR. 7-50 PAR
AN, 5 FR. POUR 6 MOIS, 2-75
POUR 3 MOIS.
T?R3S, 16 MAI.
Une dépêche arrivée Vambassade napoli
taine, Bruxelles, annonce qu'un conflit a eu
lieu devant Marsala, entre la flotille de Gari-
baldi et l'escadrille napolitaine. Un bateau de
Garibaldi, le Lotnbardo, a été coulé avec tous les
hommes bord; un second, le Piemonte, a été
pris également avec tout son équipage. On
ajoute que les révolutionnaires qui montaient
un troisième bâtiment auraient débarqué sur le
territoire de Naples, au nombre d'environ 4oo.
Ils auraient eu le sort des premiers, s'ils
n'avaient été protégés par une corvette anglaise
sous un prétexte que trouvent toujours, quand
ils le veulent, lord Palmerston et les hommes
de son parti. Il y avait environ i .200 Piémon-
tais en tout.
Les flibustiers débarqués sont cernés par
5,ooo Napolitains, et leur bateau est gardé
vue par plusieurs frégates. Garibaldi n'est
pas au nombre des prisonniers. On ne sait pas
s'il était sur le bateau coulé, ou sur celui qui a
pris terre.
Plusieurs feuilles françaises rapportent que
le cabinet des Tuileries aurait cru devoir
exprimer son étonnement de la négligence
inouïe dont le gouvernement du Roi Eiclor-
Emmanuel a fait preuve l'égard des projets
de Garibaldi. La réponse, telle quelle, de M.
de Cavour aurait, ajoute-t-on, paru satis
faisante.
Quoiqu'il en soit, la presse officieuse de
France semblaitla veille du désastre du
flibustier, se préparer prendre son égard
une altitude moins superbe et moins militante,
v En serait il de même, se demande un journal,
pour l'annexion de la Sicile que pour toutes les
autres? Le Cousiilutionnel excuse aujourd'hui
la condufte de M. de Cavour, qui n'a pas
(Suite.) Voir le n° 4>446 du Propagateur.
En relranchant, des trois cents livres de pain que
les enfants consommaient pendant cet espace de
temps, les quatre-vingt-seize livres accorde'es par le
curé, il en restait payer deux cent treDte-quatre
livres. Le pain bis dont ils se contentaient necoûtait
alors que deux sous la livre,ce qui employait vingt-
trois livres huit sous. Il ne restait donc que quatorze
livres douze sous pour acheter des pommesde terre,
du sel et pour payer le savon, les aiguilles, le fil
et le cotou des ouvrières. Aussitôt qu'Henriette
était levée, elle peignait, débarbouillait, babillait
ses enfauts; toujours munie d'une aiguille enfilée,
elle raccommodait les trous ou les accrocs de
la veille. Pendant qu'avec son heureuse activité elle
réparait leurs vêtements, elle faisait faire la prière
aux plus jeunes, ensuite elle leur donnait,
déjeùuer, des pommes de terre cuites dans du lait,
ou du fromage mou sur du pain; puis, après
empêché le départ de Garibaldi. Il eût été
dangereux, dit-il, de s'opposer par la force
aux desseins d'un homme qu'une partie de la
Péninsule considère comme un héros, et qui
représente une véritable force populaire, n
Le gouvernement anglais ne dissimule plus
ses sympathies pour la révolution sicilienne.
Un M. Keating, la Chambre des Communes,
a évidemment exprimé les vues politiques du
cabinet, dans un discours tout-à-fait favorable
la cause des insurgés, déclarant qu'il n'y
avait pas violation des lois internationales entre
l'Angleterre et le royaume de Naples tant que
dans le premier de ces pays, les partisans de la
révolution se bornaient recueillir des sous
criptions en faveur de l'insurrection sicilienne.
D'autre part, 1e Daily-News, otgane reconnu
de lord John Russell, recommande vivement la
souscription pour l'insurrection italienne.
Le gouvernement encourage au grand
jour les enrôlements de volontaires pour la
Sicile qui se poursuivent, dit on, en Angle
terre avec une activité et un succès incroyables.
Par une étrange contradiction ce gouvernement
est profondément hostile aux enrôlements qui se
font en Irlande pour l'armée pontificale
/'Observer demande que l'autorité applique les
lois du royaume pour les empêcher. Le
désintéressement des principes est une chose
rare dans la diplomatie moderne de l'Europe
mais il faut avouer que nul gouvernement
n'étale le cynisme de sa politique fondée sur
l'intérêt avec autant d'impudence que l'Angle
terre.
Mais quel peut être cependant le mobile qui
fait agir en cette circonstance Vinfluence et les
capitaux de l'Angleterre? Le peuple anglais
est trop positif pour se passionner plalonique-
ment pour une idée. Il n'y a pas longtemps que
le limes avouait qu'à ses yeux indépendance
italienne ne valait ni un shelling, ni une goutte
de sang anglaisMais susciter des embarras
avoir mis dans le panier de ces enfants un caté
chisme et un second morceau de pain, elle envoyait
les deux petites filles b l'école des sœurs et les
garçons h celle des frères lazarites.
Jamais on ne les voyait s'arrêter dans les pro
menades. Sans se détourner, sans oser parler h
personne, ils se rendaient b l'école, et étaient
toujours les premiers placés sur les bancs.
Dans les collèges des riches, comme dans les
écoles des pauvres, sans qu'ils puissent s'en empê
cher, les maîtres s'attachent de préférence a cenx
de leurs élèves qui font le plus de progrès. Par
devoir, ils donnent leurs soins a tous leurs écoliers;
mais un penchant auquel ils ne peuvent résister, et
dont on ne saurait les blâmer, porte leurs cœurs
vers les enfants qui savent écouter les leçons et en
profiter.
Charles, Amédée et Léon ayant le plus grand
besoin de s'instruire, furent bientôt les premiers de
leurs classes en peu de temps ils acquirent une jolie
écriture, une bonne ortographe et la connaissance
des calculs les plus nécessaires. De leur côté, Adé
laïde et Sophie étaient les petites filles citées dans
leur école pour leur bonne conduite et leurs
Empereur, combattre indirectement l'influen
ce catholique dans un allié du Saint-Siège,
entretenir le trouble et le désordre sur le
continent pour éviter que l on décide, sans la
Grande-Bretagne, et contre elle, les grandes
questions qui s'agitent en Orient, c est un but
qui suffit expliquer la conduite du cabinet
anglais, sans qu'il faille même faire entrer en
ligne de compte les vues qu'on lui prête juste
titre sur la Sicile.
Un incident, dont les feuilles publiques nous
ont entretenu ces jours derniers, témoigne de la
surexcitation qu'éprouve l'esprit public en
Allemagne en présence des projets d'envahisse
ment que l'on prêle au gouvernement français.
On sait que la Prusse, après avoir en haine de
l'Autriche entravé le mouvement national lors
de la guerre de Lombardie, cherche aujourd hui
profiter des malheurs de sa rivale, pour
établir sa prépondérance sur les moindres États
de la Confédération. Ceux-ci se sont émus de
ces tendances peu latentes, et c'est ainsi que le
ministre de l'intérieur du Hanovre, M. de Bor-
ries a déclaré la Chambre des Députés, que
les États moyens de l'Allemagne voulaient
maintenir leur autonomie et qu'au besoin, pour
la conserver, ils n'hésiteraient pas faire
alliance avec l'étrangerCes paroles ont produit
l'effet le plus détestable. Quelque aient été les
intentions de M. de Borries, l'Allemagne toute
entière a ressenti une inquiétude égale h son
indignation. Plusieurs journaux allemands
prétendent que le ministre n'a tenu ce langage
que parce que son gouvernement a reçu des
propositions très brillantes de la France. On
assure que la France a offert d'autres Cours
allemandes de les seconder, le cas échéant,
dans leur lutte contre la Prusse et le mouve
ment unitaire.
A Paris, ces démarches, de la part de la
diplomatie française, sont énergiquement con
testées et démenties mais le bruit seul de leur
existence avait en Allemagne été la cause d'une
telle agitation que le journal officiel du royaume
de Saxe a cru devoir déclarer que le cabinet
n'avait reçu de la France nulle proposition de
ce genre, et qu'il y avait des raisons de croire
progrès. Henriette avait prié la supérieure de
rendre ses petites sœurs habiles dans le tricot et la
filature du lin; elle savait qu'on ne devient habile
tricoteuse et fileuse qu'en commençant fort jeune a
acquérir ces utiles talents. Elle se réservait de
montrer son état h ses sœurs quand elles auraient
fait leur première communion.
Tous les matins, après le départ des plus jeunes
enfants pour leurs écoles, Henriette, Edmond,
Henri, Julie, se réunissaient pour faire leur prière;
ils déjeûoaient ensuite, et, sans perdre un seul
instant, Edmond s'enfermait avec Henri pour lui
enseigner les calculs, la tenue des livres de com
merce, et pour perfectionner son écriture. Le
parrain de ce jeune homme était un des plus riches
marchands de Compiègne; il avait promis de se
charger de lui aussitôt qu'il pourrait se rendre utile
son magasin. C'était pour hâter ce moment
qu'Edmond se donnait tant de peine h instruire son
frère. Après cela, il se livrait cinq b six heures sans
interruption l'étude de ces chers livres de chirur
gie et de médecine.
Henriette et Julie auraient pu gagner plus de
trente-trois livres par mois, tant elles étaient