43me Année. Samedi 2 Juin 1860. A0 4,452. PARIS ET LES PARISIENS. 4 FR. POUR 6 MOIS, 2-50 POUR FOI CATHOLIQUE. CONSTITUTION BELGE. AN, S^FR. POUR 6 MOIS, 2-/0 7??.SS, 2 Juin. LE PROPAGATEUR. POUR LA VILLE 6 FR. PAR AN, POUR LE DEHORS FR. 7-50i PAR TROIS MOIS. POUR 5 MOIS. REVUE POLITIQUE. Les nouvelles et dépêches qui nous parviennent par la voie de Sardaigne, annoncent l'entrée de Garihaldi Palermedont une partie de la popula tion aurait fait cause commone avec lui. C'est le 27, que le célèbre flibustier a commencé l'attaque de la ville. La lutte continuait avec acharnement. Le feu des forts et celui des frégates napolitaines, embossées daos le port, soutenaient les efforts des iroupes. Le Cork Examiner publie un article fort curieux sur l'émigration irlandaise. Chaque semaine voit partir 600 personnes; la plupart sont des jeunes gens et des femmes de 18 5o ans. Qu'est-ce qui les pousse b s'expatrier ainsi, sinon l'espoir de trouver en Amérique une condition meilleure? L'Irlande se dépeuple sensiblement et déjà les bras y manquent la terre. Quelle accu sation contre le gouvernement anglais, si hypo critement attentif aux douleurs des nations qui ne portent pas sou joug Le gouvernement suédois vient de remporter, daus la Diète du royaume, un succès auquel tous les amis de la liberté applaudiront de grand cœur. La proposition royale tendant b l'abolition des peines (exil et autres) édictées contre ceux qui abandonnent la religion de l'État, a été votée par trois des quatre Ordres de la Diète, et a par suite obtenu force de loi. Le Prince-régent de Prusse a inauguré le 26 mai le chemin de fer de Sarrebruck. En s'adressaot aux corporations rangées devant la gare avec leurs drapeaux et leurs emblèmes, il a renouvelé, suivant le récit de la Gazette de Cologne, les protesta tions patriotiques qui dans le discours prononcé par lui b la clôture des Chambres prussiennes ont si foit ému l'Allemagne et l'Europe. Jamais, aurait-il dit aux applaudissements de la foule, il ne (Suite.) \oir le n° 4,4^1 du Propagateur, Le Parisien connaît tout et ignore les choses les plus élémentaires; on vous enseignera l'histoire, la philosophie, on vous désignera le nom des étoiles; mais demandez au premier passant comment pousse le blé, je ne suis pas certain qu'il puisse vous répondre; les Parisiens ressemblent aux médecins qui analysent les maladies les plus étranges et qui ne peuvent expliquer la fièvre. En quittant un savant qui vous racontera les voyages de Bruce en Abyssinie, ceux de Houghtoo, de Mungo-Park, de Burkharotde Caillé, de Combes et de Tamisier, en Afrique, vous rencon trerez un bourgeois qui, en parlant de l'Atlas, vous dira comme Sainville, dans la Rue de la Lune, qu'il en possède un magnifique dans son cabinet. Aimez-vous la bonne musique, allez au Conser vatoire, où les œuvres d'Haydn, de Mozart, de Beethoven, sont exécutées avec une perfection que n'ont jamais pu atteindre les Allemands et les Italiens; voulez-vous avoir une idée de la permettra qu'un pouce de terrain allemand soit perdu pour l'Allemagne. En fermant la session des Chambres, le Prince s'était exprimé en ces termes Appuyée sur une confiance réciproque, sur les sentiments fidèles et traditionnels du peuple, sur la puissance encore accrue de l'armée, sur l'ordre de nos finances, la Prusse peut attendre avec assurance et avec la protection de Dieu les événements qui se prépa rent. Un correspondant du Journal de Bruxelles, publiciste renommé dans les lettres françaises, se demande ici quels peuvent être ces événements et jette un coup d'oeil sur la situation de l'Europe. C'est d'abord la question d'Italie. Au moment où Victor-Emmanuel et M. de Cavour s'arrêtent ou paraissent s'arrêter, la révo lution reprend sa marche avec Garihaldi. C'est lui qui tient aujourd'hui la tête du mouvement. Le correspondant de la feuille bruxelloise met ici dâns toute son évidence la complicité morale et matérielle du Piémont, de l'Angleterre et même Je la France, daus l'expédition contre le Roi des Deux-Siciles. Il y a donc évidemment un effort puissant pour généraliser la situation révolution naire de l'Italie, par la destruction de la royauté napolitaine d'abord, par l'abolition de la puissance temporelle du Pape ensuite, par l'expulsion de l'Autriche de la Vénétie, qui serait le dernier acte de ce drame politique dans lequel les préliminaires de Villafranca et la paix de Zurich n'ont que la valeur d'un entr'acte. Il est difficile que ce drame arrive b sou dénoùment sans une nouvelle guerre, car l'Autriche ne cédera pas la Vénétie sans com bat. C'est probablement dans la prévision d'un nouveau choc militaire que le gouvernement français, loin de retirer ses troupes de Rome, les aogmente, et qu'il fait faire de grands travaux b Civita-Vecchia, qui devient son port militaire et sa base d'opération. D'autres difficultés viennent poindre en Alle- musique sauvage, de la musique telle qu'on la comprend aux îles Marquises, traversez le premier pont venu vous êtes certain d'y trouver cinq ou six aveugles mélomanes les ponts n'ayant été construits que pour y loger les émules de Patachon. Si ces soli ne vous suffisent pas, allez aux cafés- concerts. Le Parisien se croit libre; il prétend vivre b sa guise! Le malheureux oublie qu'il est esclave. Son tyran est soo portier. L'Égypte avait ses sept plaies; Paris les résume toutes en une seule; le portier Ou a cru, pendant un instant, que l'espèce des portiers allait eufin disparaître; mais elle a été remplacée par le concierge, b peu près comme le caoutchouc remplace la gomme élastique. Le concierge est l'homme le plus utile, le plus désagréable, le plus féroce, le plus indispensable que je connaisse. Vos amis, vos lettres, vos jour naux vos parents ne parviennent jusqu'à vous qu'après avoir passé par les mains de votre cou- cierge. Parmi vos connaissancesil n'admet dans sa maison que celles qui lui sont sympathiques, et en général, le portier n'aime personne, b l'excep tion de son chat, et malheui b vous, si vous avez la funeste idée de vous plaindre; vous êtes condamné magne. C'est la Hongrie qui est toujours la pierre d'achoppement de la politique autrichienne, et qui, 00 peut le dire, énerve son action en Italie. Malgré Magenta et Solferino, il est b croire que si l'Autriche n'était pas paralysée par cet obstacle, elle ne laisserait pas le Piémont poursuivre par des expéditions clandestines son œuvre révolutionnaire en Italie, et attacher ou laisser attacher b la monar- chienapolitaioece brûlot qu'on appelle Garihaldi. Une autre difficulté se produit en Allemagne, c'est le différend avec le Danemarck, au sujet du Schleswig. La Prusse prétend voir consommer l'union intime de ce pays avec le Holstein; mais ni la politique de la cour de Copenhague, ni les aspirations du Schleswig lui-même ne veulent de cette annexion d'un pays puremeut danois avec un duché allemand, et de son absorption dans la Confédération germanique. On assure que le cabinet de Copenhague songerait b saisir les puissances européennes de la question. Le gouvernement français, mécontent de la Prusse, que l'on dit avoir repoussé les ouvertures du cabinet des Tuileries concernant certains changements éventuels des frontières françaises sur le Rhin, le gouvernement français serait heureux d'entrer par cette porte, et de trouver un prétexte heureux d'intervenir, en vue de ses propres desseins, dans les affaires de l'Allemagne. Voilà donc un second théâtre sur lequel peuvent se produire les événements prévus par le Régent de Prusse. Il y en a un troisième, c'est l'Orient? Le malade, c'est aujourd'hui l'expression consacrée pour désigner l'empire turc, est dans un état qui empire tous les jours,et son médecin le plus proche, le cabinet de S'-Pétersbourg, vient de proposer une nouvelle consultation. Le cabinet de Vienne s'en alarme, le cabinet de Saint-James s'en offense et s'en irrite, le cabinet de Berlin est froid et indifférent, le cabinet de Paris observe un silence équivoque. Le cabinet de Constantiuople oppose une fin de nou-recevoir absolue; ce qui se passe b un martyre plus ou moins long; vous devenez le Robinson parisien; la vie pour vous est un désert; vous n'entendez plus parler de vos amis, vous ne recevez plus ni lettre, ni journaux, ni cartes de visite; vous êtes rayé du nombre des locataires; vos créanciers seuls ont la permission de vous voir. Sans Paris, le monde n'existerait pas. Paris est la source d'un grand fleuve qui féconde les pays qu'il parcourt. Tout vient b Paris, tout sort de Paris. Il n'y a plus de jardins Paris et l'on vend chaque année pour plusieurs millions de fleurs. Eu partaot pour la campagne, on emporte de Paris une provision de bouquets. Êtes-vous b Dieppe, b Boulogne, au Havre, demandez b un pêcheur un turbot, un saumon, il vous priera d'attendre quel ques heures, le train de Paris n'étant pas encore arrivé. Paris fabrique tout, depuis les étoffes anglaises jusqu'aux biscuits de Reims, qu'il expédie dans celte ville de pains d'épice; ce que Paris ne fabri que pas, il le vend; cherchez la chose la plus impossible, la plus inconnueet vous la trouverez b Paris. C'est b Paris que l'on possède les plus beaux diamants, les pierres les plus précieuses, les tissus les plus merveilleux de l'Asie; l'Aftique est de-

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Le Propagateur (1818-1871) | 1860 | | pagina 1