La rumeur publique signalait depuis longtemps
cette femme comme se livrant des actes de
brutalité sur sa fille aînée on disait que, l'hiver
dernier, cette frêle créature avait été enfermée des
journées et des nuits entières, presque nue et
probablement sans nourriture, dans un réduit
ouvert tous les vents, et, que, nonobstant sa
faiblesse et les souffrances qu'elle endurait, sa mère
se livrait sur elle a des traitements révoltants.
M. l'adjoint de i" classe, prévenu par des
voisins, se rendit vendredi dernier, veille de la
mort de l'enfant, au domicile de sa mère, et Ik il
put se convaincre de la vérité des bruits qui
couraient. En effet, on dit qu'en présence de ce
fonctionnaire, la malheureuse petite fille, réduite k
un état de maigreur effrayant qui la faisait ressem
bler un squelette, sortit de son grabat, composé
d'une botte de paille infecte, et se traîna jusqu'au
plat qui, quelques instants auparavant, contenait la
pitance du chien, et, chose horrible et que l'on ne
croira que difficilement, la malheureuse eofant
dévora les bribes dédaignées par l'animal!
La petite fille étant morte le lendemaio, la
justice fit piocéder l'autopsie du cadavre par MM.
les docteurs Lemarcband et Decamps, et l'on nous
assure qoe, de l'opinion de ces deux hommes de
l'art, il ressort clairement que la malheureuse
enfant est morte de faim!!!
La coupable mère, qui a fait preuve d'une
cruauté aussi atroce, a été arrêtée hier, vers 4
heures du matin, par M. le commissaire en chef.
Quant au nommé P., il a été aussi placé sous
la main de la justice, comme complice des actes
affreux et des mauvais traitements qui ont amené
la mort de l'enfant.
Les nouvelles de Haarleinmermeerpolder
sont des plus tristes par suite de la dernière
tempête. Plusieurs habitants ont dû chercher
ailleurs un abri. A la hauteur d'Edam un vaisseau
chargé de vaches a sombré; le batelier ainsi que le
compagnoo et le propriétaire du bétail ont péri
dans ce sinistre. Près d'Enkhuisen ont également
sombré deux vaisseaux chargés de bétail. Pareil
malheur a eu lieu près de Hoorn, où l'on craint que
l'équipage n'ait péri eo même temps. A Oostzaan,
deux personnes, revenant k terre dans un petit
bateau, ont été jetées k la mer et se sont noyées.
On se donne beaucoup de peine pour dé
truire, en les écrasant ou en les brûlant, les chenil
les qui, cette année, dévastent certaius arbres k
fruits, particulièrement les pommiers.
Il est un moyen très-simple et très-économique
de s'épargner cette besogoe, peu agréable pour
celui qui la fait et qui peut avoir de graves incon
vénients pour les arbres sur lesquels on la pratique.
Il consiste k asphyxier les chenilles.
Une seule goutte d'huile, et surtout d'huile de
noix, déposée au moyen d'une barbe de plume sur
un paquet de chenilles, si gros qu'il soit, les frappe
de mort instantanément jusqu'à la dernière. Il n'est
pas nécessaire que l'huile atteigne les chenilles
pour les tuer il suffit de toucher la bourse où elles
se réfugient l'odeur seule paraît suffire pour les
tuer.
DÉPÊCHES TÉLÉGRAPHIQUES.
Londres, mardi matin, 5 juin.
Le Times publie une déclaration que don Juan
vient d adresser aux Corlès. L'abdication de
mou frère, dit le prince dans ce document, me
force de réclamer les droits de ma famille k la
couronne d'Espagne, mais je ne permettrai pas un
appel aux armes.
Marseille, mardi, 5 juin.
Depuis la victoire remportée par Garibaldi en
Sicile, on craint Rome une démonstration. De
fortes patrouilles françaises circulent dans la ville.
Londres, 6 juio.
Le Times a reçu les nouvelles suivantes de
Hong Kong, sous la date du a5 avril
Le public est toujours dans l'espérance rela
tivement aux termes précis de la réponse de la
Chine l'ultimatum des ministres étrangers, bien
qu'on sache que le caractère de cette réponse est
hostile. On annonce maintenant de Shanghaï que
l'ultimatum a été renvoyé aux autorités chinoises,
mais sans la demande d'indemnité qui devait on
le sait, faire partie de toute communication ulté
rieure, après que les premières conditions offertes
eurent été repoussées. Si c'est, en effet, ce qui a eu
lieu, la conséquence sera probablement d'engager
le gouvernement chinois k persévérer dans sa
politique.
On assure qoe si des hostilités éclataient, il
n'y aurait pas de blocus cependant au sud du golfe
de Pecheli.
De Irès-fâcheuses nouvelles nous arrivent du
Japon, mais nous sommes eocore sans les détails.
Une lutte sérieuse a eu lieu k Jeddo entre les parti
sans d'un des grands pricces et ceux du régent;
ces derniers auraient été battus. Le régent lui-
même a été poignardé, mais on ne sait pas eocore
si le coup qu'il a reçu est mortel. Les étrangers
sont très-alarmés et k bon droit, malgré les mesu
res qoe le gouverneur de Jeddo ait prises pour
assurer leur sécurité, car le chef des insurgés est
très-puissant et très-opposé k toutes les concessions
que le dernier traité a faites aux étrangers.
Les deux généraux de brigade français sont
arrivés, de sorte que l'état-major des deux nations
est maintenant au complet.
Paris, mercredi soir, 6 juin.
La Patrie et le Pays publient ce soir des
dépêches de Sicile annonçant d'une manière
positive que l'armistice est prolongé indéfiniment.
Cette détermiuation fait supposer, ajoutent ces
journaux, que les affaires de Sicile viennent d'en
trer dans uue période de négociations par voie
diplomatique.
ANGLETERRE.
La comtesse de Neoilly et le duc de Nemours
ont rendu visite lundi au Roi des Belges, au palais
de Buckingham.
S. M. le Roi des Belges, accompagné de la
Reine et du prince-conjoint, s'est rendu dans la
soirée au concert de la Société Philharmonique.
Une regrettable collision a eu lieu jeudi soir
sur le London and North Western railway. Plu
sieurs personnes ont été blessées grièvement. Le
train express qui avait quitté Londres k 2 heures
45 minutes se trouvait entre Stafford et Crewe,
près Bosford quand il rencontra un train de
matériaux qui décrivait une courbe etpar con
séquent, n'avait pu voir veuir le train express.
Quelques waggous du train de matériaux, quatre
ou cinq ce qu'il parait, oui été mis en morceaux.
Dans l'un de ces waggons, était une femme qui a
été Irès-grièvement blessée. Parmi les voyageurs
du train de Londres, uu soldat a seul été blessé.
La ligne a été embarrassée quelque temps.
FRANCE.
Mgr l'évêque d'Orléaos vient de traverser Paris,
se rendant en Dauphiué et en Savoie, où il va se
reposer pendant cinq a six semaines de ses glorieux
travaux. Quand Mgr Dupanloup succombe sous
l'excès de la fatigue, c'est aux montagnes de son
pays qu'il va demander la santé, et il en revient
toujours avec des forces nouvelles pour de nou
veaux combats.
Son beau livre sur la Souveraineté temporelle
des Papes sera mis en vente k la fin de cette
semaine. Déjà, on en prépare des éditions spéciales
k Bruxelles et k Genève, et des autorisations ont
été accordées par l'illustre prélat pour des traduc
tions anglaise et allemande. On s'occupe également
k Rome d'une traduction italienne.
On me rapporte un mot du courageux évêque,
qui peint bien sa grande âme Monseigueur,
lui disaient quelques piètres de son diocèse qui
redoutaient pour lui le fardeau de tant de travaux,
vous en faites trop. C'est possible, répondit-
il, j'en ferais peut-être moins, si tout le monde en
faisait assez.
ITALIE.
On lit daDS le Callolico
Le bruit court k Florence que l'avocat
Thomas Corsi, qui n'a aucune relation de parenté
avec l'illustre archevêque de Pise, avait été chargé
d'offrir k Mgr Limberti, archevêqqe de Florence,
la croix des Saints-Maurice et Lazare de la part de
Sa Majesté; mais que le Prélat a refusé cet honneur,
en disant que la croix qu'il portait sur sa poitrine
lui pesait deja bien assez.
On écrit de Rome, 28 mai
Le général en chef est rentré k Rome hier an
soir après avoir inspecté toute la province de
l'Ombrie et pris les mesures nécessaires k la défense
des frontières. Un corps de six mille hommes
campe sur cette province, un autre corps également
de six mille hommes couvre les Marches. C'est
donc k une armée de douze mille hommes et non
point de 20 ou de 3o mille, comme on l'a dit,
qu'est confiée la sûreté du domaine pontifical. Si
l'on y joint trois ou quatre mille hommes qui
composent les bataillons de dépôt, on arrive au
chiffre de quinze a seize raille hommes.
A côté de l'armée régulière, il faut tenir compte
de la réserve urbaine dont le chiffre prend des
proportions considérables. Dans les campagnes,
l'ardeur des paysans contre les révolutionnaires
est extrême, surtout après les brigandages des
volontaires piémontais k Latera et Aile Grotte. Ils
demandent tous des armes.
On écrit de Rome, 2 juin, triste nouvelle
que voici La santé du cardinal Wiseman in
spire toujours les plus graves inquiétudes. Après
divers temps d'arrêt dans sa maladie, des rechutes
successives sont venues enlever k pen près tout
espoir de guérison. L'Angleterre et l'Église per
dront dans S. Ern. l'archevêque de Westminster
un de leurs personnages les plus savants et les plus
distingués.
D'après une lettre de Gênes, adressée le 3
juin au Siècle, une nouvelle expédition révolu
tionnaire portant un appui k l'insurrection, est
partie le même jour de cette ville. Elle se compo
serait d'un bâtiment k vapeur chargé d'armes, de
munitions et de y k 800 hommes tons choisis. On
n'avait voulu accepter que des Italiens et de vieux
soldats. Les officiers avaient été convoqués k 2
heures et demie, pour recevoir le mot d'ordre k
l'Acqua-sola, la promenade la plus fréquentée de
Gênes.
Le Times publie une correspondance de Turin
qui contient une annonce semblable et nomme
même le chef de l'expédition, M. de Medici. Cette
correspondance ajoute que plusieurs officiers
sardes, entre autres M. Tecchi, aide-de-camp du
Roi, ont demandé leur démission au prince, qui
aurait fait tout son possible pour les détourner de
leur projet de faire partie de l'expédition, mais
qu'il avait fioi par accéder k leur demande, en
promettant qu'à leur retour, ils reprendraient leur
grade dans l'armée sarde sans perdre leur rang
d'ancienneté.
Ainsi, dit Wnion, Gênes est encore, sous les
yeux du gouvernement sarde, le port d'embarque
ment public des auxiliaires de Garibaldi. Sept ou
huit cents hommes s'y réunissent, y frètent un
navire, le chargent d'armes et de munitions et
prennent la mer sans même dissimuler leur but.
On lit dans une correspondance de Rome
Parmi les nombreux volontaires qui viennent
mettre leur dévouement au service de la Papauté,
il s eo rencontre un, méritant assurément une
mention toute spéciale. Un jeune officier turc,
aide-de-camp du célèbte général Orner-Pacha, est