44me Année.
Mercredi 18 Juillet 1860.
No 4,465.
MADEMOISELLE LEGRAS.
LE PROPAGATEUR
pour la ville 6 fr. par an,
4 fr. pour 6 mois, 2-50 pour
trois mois.
FOI CATHOLIQUE.
CONSTITUTION BELGE.
pour le deiiors fr. 7-50 par
an, 5 fii. pour 6 mois, 2-75
pour 3 mois.
T??.2S, 18 Juillet.
REVUE POLITIQUE.
Devant les horreurs déjà consommées en Syrie,
devant celles qui ne sont qoe trop b craindre, on
conçoit la généreuse unanimité avec laquelle, d'un
bout de l'Europe b l'antre, les peuples, malgré les
tergiversations, les inquiétudes jalouses ou les
arrière-pensées égoïstes des gouvernements, de
mandent une prompte el éclatante réparation.
L'Angleterre parait s'unir de tout son cœur ce
mouvement de l'opinion; et en même temps, au
milieu de l'indignation que témoignent la plupart
des journaux anglais, il est aisé de voir une vieille
tendresse pour l'empire ottoman une confiance
obstinée dans les ressources qu'il possède pour sa
propre régénération et pour le redressement de ses
abus, une sollicitude inquiète pour le respect scru
puleux de son initiative et de son indépendance.
Le Times seul (mais c'est beaucoup) ne craint
pas de mettre en cause le divan lui-même; et il se
bâte d'ajouter Nous sommes persuadés que le
gouvernement turc, qui, grâce aux armes et b la
diplomatie britanniques, a maintenant centralisé
l'autorité de l'empire tout entier, et qui perçoit
facilement les impôts dans les pays actuellement
menacés, aurait pu, sans peine, réprimer les Druses
et les bandes vagabondes de Kurdes et d'Arabes
qui sont b leur suite. Il est du devoir de l'Angle
terre de veiller b ce que cette répression s'accom
plisse d'une manière efficace.
Les nouvelles d'Italie indiquent l'état critique
où se trouve en ce momeut le parti révolutionnaire.
M. La Farioa, représentant des intérêts piémontais
en Sicile, est maintenant chassé par ordre de
Garibaldi, et en des termes peu flatteurs Le
gouvernement, dit la noie du journal officiel de
Palerme, le gouvernement qui veille b la sûreté de
Louise de Marillac, née b Paris le 12 août
îôgi, était fille de Louis de Marillac, seigneur de
Ferrières,et de Marguerite Le Camus. Elleeut deux
frères; l'un fut garde des sceaux pendant la régence
de Marie de Médicis; l'autre, maréchal de France,
connu dans l'histoire par ses disgrâces. Elle épousa,
en 1613, Antoine Legras, secrétaire de la Reine,
d'nne famille de la bourgeoisie de Paris; ce qui fait
que, selon l'usage du temps, qui voulait que les
filles de condition lorsqu'elles se mésalliaient
gardassent le nom de Mademoiselle00 n'a
jamais donné d'autre litre b mademoiselle Legras,
et que nous le lui conserverons également pendant
le cours de celte histoire.
Malgré les plus exactes recherches, il a été im
possible de connaître en détail ses premières années;
saos doute elles méritaient d'être connues. Après
lui avoir vu remplir tant de devoirs envers l'huma
nité, nous devons supposer qu'elle fut uue bonne
filie et une bonne atnie. il ue nous en reste pour
preuve que ce peu de lignes, trouvées dans le tes
tament du comte de Marillac, son père
Ma filie a fait ma p|us graode consolation en ce
monde; elle me fut dounée par la Provideoce, pour
adouci; Ies afflictions dont ma vie a été remplie.
la tranquillité publique ne pouvait tolérer la
présence d'individus tels qoe La Farina, Giselli et
Tolti. Les deux derniers sont Corses et expulsés
comme affiliés b la politique du cootineot. Ce mot
continent embrasse beaucoup d'Etals: On peut
y voir le Piémont, ou la France, ou l'Autriche, etc.
Garibaldi défie bien des adversaires. En attendant,
M. La Farina entraîne avec lui les ministres du
dictateur, lesquels ont donné leur démission et sout
remplacés par MM. Interdonato, l'historien Amati
et Errante. C'est le troisième ministère constitué
depuis un mois par le gouvernement provisoire de
Palerme.
Ce qui donne b ce nouveau changement une
gravité particulière, dit le Constitutionnel, c'est
que.le ministère qui se retire avait été formé sous
la pression d'une démonstration populaire. Ce
n'est donc pas seulement avec la politique du
cabinet de Turin que Garibaldi vient de rompre:
c'est aussi avec l'opinion sicilienne, du moins avec
cette portion de l'opinion qui avait exigé et obtenu
le renvoi du ministère Crispi.
Ce n'est pas le seul danger de ce coup d'Etat. On
sait du reste que depuis deux mois, le Piémont n'a
cessé, grâce b la complicité de son gouvernement,
d'alimenter l'insurrection sicilienne. Or, si nous en
croyons quelques journaux officieux de France, on
serait tellement blessé b Turin de la conduite tenue
par Garibaldi, qu'on inclinerait fort b s'opposer
désormais, et cette fois avec la sincérité des gens
qui se vengent, b tout nouvel embarquement
d'hommes et de munitions pour la Sicile.
La question de l'alliance de Naples et du Pié
mont se présente aujourd'hui fort obscure. L'Opi
nione, qui annonçait hier la prochaine arrivée b
Turin de MM. Manna et Winspeare, en qualité de
négociateurs, dément cette arrivée dans sou dernier
numéro et appuie plutôt sur les iuconvéuienls
d'une entente faite b la hâte et sur le dommage qui
pourrait eu résulter pour le Piémont.
Il est b regretter de ne pouvoir conoalire les
différentes circonstances qui lui ont mérité ce
souvenir paternel. Ces lignes isolées, écrites au
milieu de pensées graves et sérieuses, font néan
moins deviner ce qui dut exister de reconnaissance
dans le cœur qui les a dictées, el surtout de bonté
dans celle qui,les inspira.
Son père mourut; et, en i6i3, comme nous
l'avous déjà dit, alors âgée de 22 ans, elle épousa
M. Legras, homme d'un caractère dur, austère,
injuste, et paraissant destiné b devenir le premier
exercice de charité de l'ange qui lui était donné.
Toujours malade,devenu infirme en peu d'années,
aigri par ses souffrances, il faisait le malheur de tout
ce qui l'entourait. Mademoiselle Legras comprenait
trop le bonheur de consoler les autres pour manquer
l'occasion qui s'offrait, unie b son premier devoir.
Jeune, agréable, recherchée, elle se voua b une
solitude absolue et ne quittait pas le lit du malade.
C'est même b ce lit de souffrances qu'elle commença
b s'exercer dans les soins qu'elle devait plus tard
donner b l'humanité tout entière. Ses parents, ses
amis, étonnés du courage avec lequel elle persistait
dans sa retraite, le lui dirent uu jour qu'ils la
trouvèrent en larmes, accablée par les mauvais
traitements qu'elle recevait de sou mari.
Ils lui offrirent de partager an moins avec elle
les soins qu'elle s'obstinait a lui rendre seule.
Eh quoi! leur dit-elle, que ferais je donc
Peut-être le retard que subit la négociation dé
pend-il du changement du ministère napolitain
annoncé par UDe correspondance do Times. Sui
vant cette source, le cabinet Spioelli et Martino
serait remplacé a Naples par un cabinet composé
d'hommes appartenant b une nuance plus avancée
de l'opinion libérale. Pour le moment, M. de la
Grecca chargé par le gouvernement napolitain
d'une mission extraordinaire pour la France et
l'Angleterre, a débarqué b Marseille et s'achemine
sur Paris, où il est parvenu sans doute, au moment
où nous mettons sous presse.
La Patrie de Paris applaudit aux paroles pro
noncées le i3, par lord Russell, b la Chambre des
communes et par lesquelles le ministre montre
assez bien d'éloignemeut pour toute annexion de
l'Italie méridionale b la Sardaigne. Il relève en
particulier ces paroles de loi d John
Pour ma part, je doute beaucoup que la
populatiou du Nord de l'Italie, sous le même
sceptre que la populatioo du Midi de l'Italie,
puisse former un gouvernement ferme el nui.
A quoi la Patrie s'empresse d'ajouter qu'entre
celte idée et celle de la confédération italienne, il
n'y a pas loio, pour peu qu'on consente b être
logique.
Il n'est pas improbable que la conférence tant
annoncée au sujet de la neutralité des districts
savoisiens finisse par se réunir. La dernière inter
pellation de M. Kioglake b ce sujet, vers la fin de
la séance du i3 juillet, a provoqué quelques
éclaircissements de la part de lord Russell. 11 re'sulte
du langage de cet homme d'État, que la Prusse et
l'Autriche accepterait la conférence sous certaines
conditions. D'autre part, les correspondances alle
mandes prétendent que les difficultés qui s'opposent
b la réunion ne sout pas loin d'être re'solues, et que
la Russie y acquiesce, de même que l'Angleterre.
L'impression du conflit entre la Chambre des
pendant ce temps-lb? Où irais-je tandis qu'il
soufîie? Non, je ne puis accepter ce que vous 111e
proposez. Ma place est ici, et j'y demeurerai.
C'est ainsi que se passa sa jeunesse tout entière.
Enfin, après douze années de mariage ou plutôt de
prison, elle devint veuve. Mais pour elle ce ne fut
que changer de dévouement. Elle employa la liberté
qui lui restait b réaliser le désir de toute sa «ie, et
se consacra par un vœu solennel aux exercices de
la charité.
C'était sous le règne de Louis XIII, b cette
époque où la misère était portée b un tel excès
d'oubli el d'abandon, que les pauvres, devenus des
brigands, volaient la nuit dans Paris, pour se pro
curer du pain a eux el b leur famille.
Leurs malheurs n'inspiraient même plus aucun
intéiêt. La pauvreté, la plus respectahledes misères
humaines, avait perdu son noble caractère. Ce mot
se confondait avec celui du crime on appelait les
pauvres des bandits. On les fuyait avec horreur.
Monter, en ceten>ps-lb,dausleursmansardes solitai
res, eût paru une folie et une imprudence mortelle.
Oo leur jetait en passant, mais de loio en loin, quel
ques pièces de monnaie qu'ils saisissaient avec
avidité eu se débattant entre eux.Souvent même ces
sortes d'aumônes amenaient des crimes el des assas
sinats; mais ils restaient impunis. Ces hommes sem
blaient eu dehors de l'humanité,et personne ue s'en
occupait ni pour les punir ui pour les plaindre.
{Pour être continué.)