-
Décidément, nous n'aurons pas le bon
heur de posséder dans notre ville, pendant
la kermesse, notre Koi Bien-Aimé et son
auguste famille. Mais il paraît toutefois
certain que S. M. le Roi des Belges et LL.
AA. R. et 1. Mgr le duc et Mme la duchesse
de Brabant viendront Ypres vers la fin
du mois prochain.
Le tir la cible offert aux gardes civiques
belges et aux corps de Sapeurs-Pompiers
du Royaume et de l'étranger avait attiré
dimanche dernier Poperinghe un grand
nombre de tireurs. Une foule de personnes
des environs s'y était donné rendez-vous,
car, outre le tir, il y avait kermesse et
festival. Les convois ordinaires ne suffisant
point pour transporter tout ce monde, l'ad-
minislrationduchemin de fer delà Flandre
Occidentale, avait organisé des trains spé
ciaux. La ville de Poperinghe était encom
brée d'étrangers; et, il n'y avait pas moyen
de trouver dîner l'hôtel ni d'y passer la
nuit. Les amateurs du tir avaient espéré
que le tir commencerait 5 heures, mais
le premier coup n'a été tiré que vers les six
heures du soir, et le tir a dû recommencer
le lendemain. Le sieur Van Elslande, musi
cien au corps de Sapeurs-Pompiers de la
ville d'Ypres, a remporté le premier prix.
Le sieur Charles Vanaerde, de cette
ville, s'était rendu dimanche d'Dixmude,
en compagnie - de quelques-uns de ses
collègues, afin de servir la table de M. le
Gouverneur. Au milieu de la nuit, il se
trouva tout à-coup indisposé au point que
ses compagnons jugèrent propos d'appe
ler un médecin. L'homme de l'art s'aper-
cevant que le mal faisait des progrès
rapides ordonna d'administrer immédiate
ment l'Extrême Onction au malade. 11 était
plus que temps, car quelques secondes
après avoir reçu les secours de la Religion,
Charles Vanaerde avait cessé de vivre.
Il laisse dans la désolation une veuve
et huit enfants en bas-âge.
A van t-hier, un grand orage s'est déchaîné
sur notre ville et ses environs. Le ciel était
d'une noirceur effrayante, les éclairs sillon
naient les nues sans interruption, le ton
nerre grondait avec un fracas épouvantable,
le vent soufflait avec violence et la pluie
tombait par torrents. L'orage a causé bien
des dommages la campagne, dans plu
sieurs endroits le colza et le lin ont beau
coup souffert.
La commune de Passchendaele a eu
déplorer un événement bien regrettable
on y est occupé bâtir un nouveau local
pour l'école communale; déjà cette con
struction est en voie d'achèvement. D'après
les on dit, il paraîtrait que les plans donnés
par l'architecte n'ont pas été exactement
suivis et celui-ci devait venir avant-hier
pour examiner la bâtisse. Or, le fils de
l'entrepreneur chargé des travaux de con
struction de l'école en question, le nommé
Polley, de Beveren, s'allendant, tort
ou raison, quelques observations de la
part de l'architecte, en conçut une crainte
si vive qu'il résolut de mettre fin ses
jours! Dans la nuit du 15 au 16 c\ il
accomplit son funeste projet, en se préci
pitant dans un puits, situé proximité de
l'école, dans lequel il trouva la mort. Le
corps fut retiré le lendemain. Nous renon
çons décrire le désespoir du père la vue
du cadavre de son malheureux fils.
Les récoltes dans nos environs sont des
plus belles. Jamais de mémoire d'homme,
la terre n'a promis une récolle aussi
abondante.
Lords et la Chambre des Communes n'est pas
encore apaisée en Angleterre. La commission
exécutive de l'association pour la défense de la
Constitution a voté des résolutions violentes
contre le droit qu'a pris la Chambre-Haute de
maintenir un impôt dont la suppression avait été
votée par la Chambre des Communes, sur la
proposition du chancelier de l'Échiquier.
Le Constitutionnel contient un article de M.
Graudguillot, destiné h rassurer une fois de plos
l'Europe sur les intentions de la France. Si l'Eu
rope est alarmée, c'est, dit M. Grandguillot, la
faute des anciens partis. L'accusation est au moins
singulière. Nous publions plus loin cet article
curieux.
Le roi de Suède sera couronné en qualité de roi
de Notwége le 20 de ce mois, k Drondjelm, avec
beaucoup de solennité. Tout le corps diplomatique
assistera h cette cérémonie.
Mentionnons encore qae les dernières dépêches
de Chine parlent d'une vaste conspiration contre
l'empereur qui aurait été découverte k Pékin. Un
parti très-fort, qui a des ramifications parmi les
révoltés de Nanking, veut, dit-on, renverser la
dynastie actuelle. Par suite de cette découverte, de
nombreuses arrestations auraient été faites dans
la capitale de la Chine.
Le gouvernement français vient de faire une
nouvelle tentative pour rassurer l'Europe sur ses
intemions.C'est le Constitutionnel qui a été chargé
de cette tâche. Voici l'article qu'il publie
Combien de temps encore la malveillance
systématique et intéressée abusera-t-elle de la
crédulité du public étranger pour répandre en
Europe les bruits les plus faux sur les actes et les
intentions de l'Empereur?
Le spectacle qui s'offre k nos yeux, depuis plus
d'une année, est en effet bien étrange; et jamais
peut-être conspiration plus perfide n'a été ourdie
avec plos d'ensemble, poursuivie avec une activité
plus infatigable.
Cette conspiration est née du dépit qu'ont
éprouvé les vieux partis dès qu'ils ont vu la France
retrouver, sous l'Empire, la grandeur que leur
impuissance lui avait fait perdre sous les régimes
précédents.
La gloire de notre campagne d'Italie, les
avantages de l'annexion de la Savoie et du comté
de Nice trompaient leurs coupables espérances en
donuant une nouvelle force au régime sorti des
suffrages de la nation. Ils ne pouvaient ouvertement
blâmer des actes sanctionnés par l'assentiment
national. Que firent-ils alors? Ils choisirent une
tactique beaucoup plus babile qui consistait a ré
pandre dans toute l'Europe, au moyen de leurs
journaux, de leurs émissaires et de leurs relations,
des craintes sur la politique et l'ambition de la
France comme sur les vues de l'Empereur.
Malgré les gages de sécurité que devaient
donner k l'Europe la conduite antérieore du sou
verain de la France et la modération dont il avait
fait preuve après les guerres les plus heureuses;
malgré les dénégations officielles et officieuses de
son gouvernement, les bruits les plus ridicules
circulèrent partout, et prirent une consistance qui
est, encore aujourd'hui, l'objet de notre étoune-
uieut.
Ainsi, en Angleterre, an moment ou l'Empe
reur met sur le pied de paix son armée de terre et
de mer; où les troupes françaises et anglaises font
cause commune en Chine, où le traité de commerce
tend resserrer les liens entre les deux nations,
une panique inexplicable se répand d'un bout k
l'autre de la Graude-Bretagne. La malveillance
s'attache aux plus petits faits pour démontrer que
celui qui a été le plus fidèle allié et le plus loyal
voisin de ce pays veut jeter la France dans une
guerre sans cause comme sans profit contre le
peuple anglais.
Eu Espagne, après tous les témoignages de
sympathie que nous avons donnés k ce pays pendant
la guerre du Maroc; an moment où, pour prouver
l'estime que lui inspire le peuple espagnol, l'Em
pereur demande pour lui aux cabinets de l'Europe
leraog de grande puissance, on le fait accuser par
les journaux de Madrid d'ambitionner la frontière
de l'Ebre ou les Baléares.
D'un autre côté, pour alarmer le Portugal, on
sème parmi les populations la nouvelle que, par un
arrangement secret avec l'Espague, cette dernière
puissance doit absorber leur nationalité.
Eu Allemagne, pour compromettre l'entente
qui s'est établie Vtllafranca quand les deux
Empereurs se sont noblement serré la rnaiu, ou
veut faire croire que l'Empereur Napoléon a dé
cidé l'anéantissement de la maison de Habsbourg.
a Pour inquiéter les petits princes de la Con
fédération, ou suppose uu accord par lequel la
France s'entendrait avec la Prusse afin de les
absorber.
Pour inquiéter la Prusse, ou annonce que la
France va recommencer une guerre européenne
afin de reprendre les froutièies du Rhin.
Pour exciter les défiances de l'Allemagne
entière, 00 imagine uu traité secret couclu entre
elle avec le Danemark.
Les relations les plus amicales unissent l'Em
pereur et le Roi des belges, et une entrevue ré
cente les a encore cimentées. Le Roi Léopold a
emporté, de son séjour Biarritz, tous les bons
seutiments qu'il y a laissés lui-même; et c'est
après des témoignages d'un accord si loyal, au
moment ou le traité de commerce va être renouvelé
entre les deux pays, que l'on prête l'Empereur le
dessein d'envahir la Belgique!
Enfin, il n'est pas jusqu'à l'Italie dont on ne
veuille nous aliéner l'affection et la reconnaissance;
et, dans ce but, on invente nous ne savons quelle
convention absurde avec Turin, convention qui
tendrait k réclamer soit Gênes, soit la Sardaigne, en
compensation de l'annexion de la Sicile au Piémont.
Il suffit d'énumérer cette série de mensonges et
de craintes créés plaisir, pour en démontrer la
futilité. Quant nous, nous aurions accueilli de
pareilles tuventious avec le dédain qu'elles méii-
teut, si, malheureusement, elles n'avaient trouvé,
en Europe, une créance trop facile qui entrelient
partout la défiance et nuit la marche des affaires.
Il est juste, au moins, que la responsabilité de
ce malaise revienne k ceux qui le produisent. Nous
avons pour eux plus de pitié que d'indignation.
Oui, nous plaignons sincèrement des hommes qui,
préférant les tristes passions de parti aux nobles
satisfactions du patriotisme, s'efforcent de troubler
la sécurité de leur pays dans l'intérêt de leurs
rancunes personnelles.
Le pays entier s'apprête k fêter avec enthou
siasme le 29* anniversaire du règne de notre
Roi bien-aiuié.
Ypres ne restera pas en arrière dans cette
démonstration pati iotique.
Comme dans toutes les villes de la Belgique,
k l'exception de Bruxelles, le Te Deum sera chanté
le dimanche 22 de ce mois.
Après cette cérémonie religieuse aura lieu, sur la
Grand'Place, la revue du bataillon de la garde
civique et du corps des Sapeurs Pompiers.
Ensuite un banquet réunira les officiers de ce9
deux corps. Les membres de l'administration com
munale y assisteront.
Le soir la musique des Pompiers exécutera
quelques morceaux d'harmonie sur la Grand'Place.
Nous apprenons en ootre, que les habitants arbo
reront, le même jour, les drapeaux aux couleurs
nationales et que le soir, il y aura une brillante
illumination.
Les circonstances se prêtent admirablement k
une démonstration de ce genre.
On lit dans le Tablel, de samedi, i4 juillet
Les nouvelles qui nous arrivent successivement
constatent une marche progressive dans la con
valescence de S. Em. le cardioal-archevêque
Wiseman. Le bulletin de santé du 7 juillet